Thèse Sciences Cognitives - Olivier Nerot
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Mémorisation par forçage des dynamiques chaotiques dans les modèles connexionnistes récurrents<br />
L’expérience décrite demandait à des personnes de fixer un point blanc sur un écran,<br />
et d’imaginer une tomate sur cet écran. A leur insu, l’expérimentateur projetait sur l’écran<br />
une image de tomate, en dessous du seuil de perception, puis augmentait lentement et<br />
progressivement l’intensité de l’image projetée. Cette expérience a montré qu’il était<br />
possible de dépasser le seuil de perception visuel (qui ferait dire à une personne<br />
extérieure qu’elle voit une tomate sur l’écran), sans perturber les personnes en imaginant<br />
déjà une sur l’écran. Ceci, à tel point que ces personnes pensaient que l’image projetée<br />
était leur image mentale.<br />
Ainsi, il semblerait bien qu’il y ait une forme d’équivalence au niveau cérébral entre<br />
une image mentale et une image perçue. Si l’on suppose que les dynamiques<br />
neuronales sont le seul support du moi-neuronal, ceci indique que les dynamiques<br />
rappelées par la mémoire sont les mêmes que celles induites par la perturbation due à la<br />
perception, et ainsi que la perception perturbe les dynamiques libres du cerveau en les<br />
forçant.<br />
3. Perturbation par des informations de même support<br />
Une autre expérience, rapportée elle aussi par Changeux [[37]], a été réalisée afin de<br />
montrer que l’image mentale utilise les mêmes supports que la perception. Dans ce but,<br />
Segal & Fusella [[176]] ont projeté une tache blanche sur un écran, de telle sorte que<br />
celle-ci soit en dessous du seuil de perception visuelle, puis ont progressivement<br />
augmenté l’intensité de cette tache, jusqu’à ce que la personne qui l’observe voie la<br />
tache. Dans le cas où il a été demandé aux personnes d’imaginer l’image d’un arbre sur<br />
l’écran, l’instant où la tache lumineuse est perçue est en retard par rapport à l’instant de<br />
perception du groupe auquel a été demandé d’imaginer la sonnerie du téléphone.<br />
Ainsi, l’image mentale entre en compétition avec l’image perçue dans le cas où celleci<br />
est de même modalité. Cette expérience est en accord avec l’idée que le système qui<br />
se représente un percept utilise les mêmes supports que la dynamique obtenue lors de la<br />
présentation initiale du percept, car les canaux auditifs et visuels ne s’adressent pas aux<br />
mêmes zones du système. Cette idée va aussi dans le sens d’une modularisation<br />
fonctionnelle du système.<br />
4. Pas d’entrée, pas de sortie<br />
Un schéma classique de l’interaction avec l’environnement est celui de la perceptionaction<br />
: le système percevant perçoit son environnement, le traite, puis agit sur son<br />
environnement en le modifiant.<br />
Le schéma du forçage remet en cause cette boucle perception-action, puisque le<br />
système n’est plus vu comme une boîte noire associant sous forme de réflexes ses<br />
sorties à ses entrées, mais comme un système ‘baignant’ dans son environnement, en<br />
interaction permanente avec lui. Le système et son environnement s’informent en<br />
permanence.<br />
La notion même de systèmes, indépendants et en relation les uns avec les autres,<br />
peut être interprétée d’un point de vue plus global, où tous sont contenus dans un<br />
système général, et où chacun segmente selon ses concepts ce qu’il perçoit de son<br />
environnement (Figure 2-4, p.30).<br />
UN MODELE CONNEXIONNISTE DE LA MEMOIRE 101