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Thèse Sciences Cognitives - Olivier Nerot

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Mémorisation par forçage des dynamiques chaotiques dans les modèles connexionnistes récurrents<br />

comportements émergents. La vision de notre monde étant devenue parfaitement non linéaire,<br />

faite de désordre, d’imprédictibilité, il est compréhensible que les modèles développés le<br />

deviennent aussi, attirant de nombreux chercheurs vers des interprétations ‘chaotiques’. Ce<br />

caractère ‘attractif’ du chaos, ayant permis d’attirer à lui nombre de chercheurs depuis plusieurs<br />

années, a aujourd’hui l’avantage d’identifier un domaine d’interaction commun pour les acteurs<br />

des sciences cognitives.<br />

De nombreuses études tentent de justifier biologiquement cette approche, en calculant les<br />

dimensions fractales de la dynamique des neurones biologiques [[9]][[188]]. Après une période<br />

d’enthousiasme, la validité de cette approche est actuellement remise en cause [[140]] : les faibles<br />

valeurs des dimensions obtenues (de l’ordre de 10), seraient dues essentiellement à la faiblesse<br />

des outils mathématiques utilisés 15 . Ainsi, savoir si les dynamiques neuronales sont des chaos<br />

déterministes de basse dimension est donc encore un problème ouvert. Mais la plupart de ces<br />

études critiques ne nient pas l’existence d’un chaos neuronal : elles remettent en cause l’idée d’un<br />

chaos de basse dimension, mesurable et quantifiable, et support exclusif du moi-neuronal.<br />

Une autre idée limite encore cette possibilité de mesure du chaos neuronal : la mesure de<br />

la complexité d’un système perturbé par son environnement contient à la fois une mesure portant<br />

sur le système, et une autre portant sur l’environnement du système 16 . Cette idée, développée<br />

dans [[117]], limite encore la possibilité d’une quantification exacte de la dimension fractale de la<br />

dynamique des neurones biologiques, car ceux-ci perçoivent en permanence leur environnement,<br />

ceci étant d’autant plus vrai que la plupart des mesures réalisées se situent dans des aires<br />

participant à la perception. Il est possible de penser qu’un cerveau, coupé d’absolument toute<br />

perception extérieure, en environnement constant, se stabiliserait sur un attracteur de basse<br />

dimension, voire même un cycle limite, confirmant ainsi de façon un peu brutale l’idée d’un chaos<br />

de basse dimension !<br />

Malgré le fait que la réponse à ce débat ne soit pas encore connue, la plupart des<br />

chercheurs s’accordent à penser qu’un système tel que celui du cerveau possède de grandes<br />

chances de posséder un comportement chaotique : il y a en effet peu de chances pour qu’un<br />

système de plusieurs centaines de milliards d’équations non-linéaires, couplées par groupes de<br />

plusieurs milliers, ne possède pas de propriétés caractéristiques des systèmes chaotiques,<br />

observables dans des systèmes de trois équations couplées.<br />

Nous conclurons donc que les systèmes chaotiques peuvent être un support descriptif de<br />

certains phénomènes observés dans la mémoire humaine, et peuvent même avoir valeur<br />

explicative. Nous utiliserons donc davantage le chaos comme un nouveau type de support<br />

d’information dans les modèles connexionnistes, en supposant qu’ainsi le réseau se rapproche de<br />

son modèle biologique, mais en aucun cas nous ne supposerons que le chaos puisse être une<br />

propriété suffisante caractérisant un cerveau biologique . Nous restreignons le rôle du chaos à<br />

celui de source d’enrichissement des modèles développés, comme c’est le cas dans des<br />

domaines de plus en plus nombreux (astrophysique, sociologie, psychiatrie...)<br />

15 Un phénomène symptomatique de la remise en cause de cette approche est la réécriture récente de<br />

l’article de Theiler ([[188]] corrigé par [[189]]), remettant en cause ses premiers résultats, qui participèrent<br />

à l’idée d’un chaos cérébral de basse dimension.<br />

16 De façon imagée, le même principe peut s’appliquer à la détermination des lois de rebond d’une balle. Si<br />

on lance celle-ci dans une pièce, le tracé de sa trajectoire donnera plus que les lois de rebond de la balle : il<br />

sera possible de tracer, dans de bonnes conditions d’expérience, une partie de la géométrie de la pièce où la<br />

balle a été lancée.<br />

48<br />

PREMIERE PARTIE : ANALYSE

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