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Thèse Sciences Cognitives - Olivier Nerot

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Mémorisation par forçage des dynamiques chaotiques dans les modèles connexionnistes récurrents<br />

cette question actuellement, et les théories sur le sujet foisonnent. Pour s’en convaincre, il suffit<br />

de voir la liste des best-sellers épistémologiques qui paraissent actuellement sur le sujet. Mais il<br />

faut espérer que ces théories continueront à foisonner jusqu’à ce que l’une d’entre elles domine,<br />

ouvrant alors la voie à bien d’autres questions, tout aussi passionnantes. Peu importe si certaines<br />

approches semblent surprenantes, si d’autres font preuve de ‘Gödelite’ caractérisée ou<br />

d’hermétisme quantique, ou encore de ‘connexionnite’, ou si certaines encore ne sont que des<br />

ébauches, cherchant à tout prix à anticiper toute idée extérieure, amalgamant cybernétique,<br />

chaos, neurologie, physique quantique, systèmes formels : la science a déjà connu de tels<br />

foisonnements contradictoires.<br />

Mais la solution est peut être ailleurs : tout comme la théorie du chaos nous a permis de<br />

voir un continuum entre l’aléatoire et le déterministe, il est possible que les sciences de la<br />

cognition nous permettent un jour de briser les clivages pensant / non pensant, naturel / artificiel,<br />

en y voyant une continuité 3 . Dès lors, il devient possible d’espérer améliorer constamment nos<br />

modèles de la cognition, et leur donner des propriétés nouvelles à la vue de nos connaissances<br />

actuelles, sans pouvoir un jour atteindre celles de l’homme, car le seul modèle strictement<br />

conforme à l’homme, qui en vérifierait toutes les propriétés, serait lui-même : toute modélisation<br />

n’est finalement qu’une approximation. Dès lors, si l’on obtient un jour cette machine paraissant<br />

douée d’intelligence et d’autonomie, celle-ci sera considérée soit comme un modèle humain, soit<br />

comme une machine améliorée, selon les référence de chacun. Le contact avec de telles<br />

machines rendra leurs propriétés naturelles à des yeux futurs : cela fait bien longtemps que l’on ne<br />

se demande plus si les miroirs dupliquent le réel , ou si les appareils photographiques<br />

emprisonnent les âmes ! Finalement les conflits actuels ne sont pas dus à la faisabilité d’une telle<br />

machine, mais au fait que chacun veut faire partager son interprétation (son modèle du réel) à<br />

l’autre 4 .<br />

Selon l’orientation de cette thèse, cette machine hypothétique sera sur chaque versant de<br />

la frontière naturel/artificiel : il s’agira d’un modèle humain par ses propriétés, et d’une machine par<br />

son architecture.<br />

Telle sera l’approche de cette thèse : trouver dans les modèles étudiés quelques pistes, ne<br />

pas utiliser de termes dont la définition dépend trop des références de chacun, et limiter notre<br />

analyse à l’observation des propriétés de nos modèles, en essayant de les rapprocher de celles<br />

des systèmes naturels. Cette approche n’aura pas pour but d’encourager l’interprétation du<br />

connexionnisme affirmant qu’il s’agit du modèle de l’esprit humain, mais simplement que ce<br />

modèle intermédiaire présente des propriétés similaires, et que l’amélioration des modèles peut<br />

permettre de retrouver autant de propriétés du modèle humain que l’on souhaite. Cette approche<br />

se situe entre une IA faible et une IA forte. En effet, selon notre approche, la modélisation<br />

informatique peut faire émerger des comportements propres à l’intelligence humaine, mais reste<br />

un modèle du système simulé. De ce point de vue, cette idée est en accord avec l’IA faible :<br />

même si les propriétés sont similaires, le modèle reste au niveau d’une simple simulation.<br />

3 Certaines théories avant-gardistes tentent aujourd’hui de le faire [[56]], en fusionnant le naturel et<br />

l’artificiel, associant l’outil à une production de nos gènes, nous réduisant au rôle d’intermédiaire entre le<br />

gène et l’outil. Il est vrai qu’il n’existe pas de définition satisfaisante d’un système dit naturel, et que l’on<br />

peut se demander ce que le carbone a de plus naturel que le silicium, sinon une virtus natura...<br />

4 En imposant notre modèle à l’autre, on rend ce dernier plus prévisible puisqu’il se comportera selon notre<br />

modèle. Il sera donc moins perturbant pour nous-mêmes. Ne peut on pas voir là une interprétation haut<br />

niveau des principes de la mémoire exposés dans cette thèse ? (Minimisation des perturbations induites ,<br />

p.103)<br />

PRESENTATION GENERALE 17

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