Thèse Sciences Cognitives - Olivier Nerot
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Mémorisation par forçage des dynamiques chaotiques dans les modèles connexionnistes récurrents<br />
Cette maximisation conduit le système à anticiper les dynamiques externes : il faut que<br />
ses variables d’états s’instancient en anticipant l’influence de l’environnement. En effet,<br />
nous définissons la perturbation comme étant l’erreur résiduelle entre la valeur de la<br />
variable d’état sous forçage, et la valeur qu’elle aurait sans forçage. Minimiser cet<br />
perturbation, c’est amener la variable d’état à anticiper ce forçage.<br />
L’image de ce comportement pourrait se retrouver dans l’exemple d’une boule de pâte à<br />
modeler, qui creuserait d’elle-même un trou sous le doigt que l’on chercherait à enfoncer<br />
: la boule chercherait, seule, à anticiper la trajectoire du doigt.<br />
3. L’effet de surprise<br />
Nous nous souvenons mieux de ce qui nous surprend 41 , ou, dit selon le vocabulaire<br />
défini dans cette thèse : un système modifie plus ses dynamiques si le percept est<br />
difficilement anticipable.<br />
Cette notion peut sembler contradictoire avec l’image que l’on se fait de la mémoire :<br />
on apprend mieux dans les domaines que l’on maîtrise déjà, et d’une certaine façon, la<br />
mémorisation est meilleure si le percept est proche de ce que l’on sait déjà. De la même<br />
façon, on reconnaît mieux un visage vu dix fois qu’une.<br />
Mais l’on reconnaîtra mieux un visage s’il est caractéristique, même vu une seule fois<br />
! La difficulté inhérente à la reconnaissance des visages est qu’ils se ressemblent tous. Il<br />
est donc nécessaire de les pratiquer tous, afin de déterminer ce qui différencie chacun.<br />
D’une certaine façon, il est possible de voir deux types différents de mémorisation<br />
derrière le même principe :<br />
à une mémorisation lente, servant à segmenter des percepts conceptuellement<br />
proches, grâce à la pratique courante de ces percepts<br />
à une mémorisation rapide, due à l’effet de surprise 42 .<br />
Nous supposerons dans cette thèse que ces deux types de mécanismes relèvent du<br />
même principe de base, qui est toujours que le système cherche à minimiser les<br />
perturbation induites. En effet, une information perçue pour la première fois, peut être<br />
considérée comme très ‘perturbatrice’, car elle n’est absolument pas conceptualisée par<br />
le système : le système est loin de l’état qu’il faudrait avoir pour reconnaître l’information<br />
perçue. Mais à chaque présentation de cette information, il en apprend un peu plus, et se<br />
rapproche donc de cet état qu’il devrait avoir. Ce faisant, la perturbation est de plus en<br />
plus finement apprise, rendant les composantes perturbantes de plus en plus discrètes,<br />
et d’intensité de plus en plus faible.<br />
Le fait que le système cherche à suivre et à anticiper l’information à venir, crée une<br />
forme de filtrage automatique de ce qui n’est pas encore appris, ni anticipable.<br />
41 Cette idée n’est pas nouvelle, et se retrouve dans la définition de Fouillé (1893), qui a dit que le sentiment<br />
de Familiarité est fait en grande partie, de la diminution du choc intérieur que constitue la surprise.<br />
(Psychologie, tome I, p.242, cité par Bergson [[17]]).<br />
42 Cet effet de surprise fait que si vous vous présentez à votre bureau avec un nez de clown, les gens se<br />
souviendront longtemps de ce jour, alors qu’ils ont oublié les centaines de fois où vous êtes apparu devant<br />
eux, de façon normale (selon la norme,selon l’usage), anticipée par eux, qui fait qu’ils ont vu plus ce à quoi<br />
ils s’attendaient.<br />
DEUXIEME PARTIE : DEVELOPPEMENT