Thèse Sciences Cognitives - Olivier Nerot
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Mémorisation par forçage des dynamiques chaotiques dans les modèles connexionnistes récurrents<br />
Ainsi, dans son livre Artificial Minds, Stan Franklin conclut en définissant sept<br />
principes qui peuvent s’appliquer à la pensée 59 . Ce livre, paru après les orientations<br />
initiales prises dans cette thèse, semble suivre une démarche équivalente, ce qui<br />
tendrait à montrer l’intérêt des pistes suivies ici. Nous reprendrons donc chacun des sept<br />
points conclus par l’auteur afin de les comparer à certains de nos résultats :<br />
1) Le rôle de la pensée est de produire l’action suivante<br />
Ceci s’accorde au modèle d’une mémoire anticipatrice : la pensée possède un rôle<br />
actif dans le comportement du système. Ce principe complète les modèles<br />
béhavioristes, en réalisant une symbiose entre la pensée et le comportement, et,<br />
contrairement à ceux-ci, en accordant à la pensée un rôle essentiel à la conception de<br />
l’action. La pensée est l’action intérieure du système.<br />
2) La pensée doit être vue comme une notion continue, plutôt que booléenne.<br />
Il existe différents degrés entre le pensant et le non-pensant. Ceci s’accorde avec<br />
les idées initiales de cette thèse, qui considère que si deux systèmes partagent un<br />
certain nombre de propriétés, alors il existe un stade à partir duquel les deux<br />
systèmes peuvent être dits équivalents. Ce nombre de propriétés communes définit le<br />
‘degré de pensée’ de ces systèmes : il n’y a plus de clôture entre le pensant et le nonpensant.<br />
3) La pensée est un agrégat plus qu’un monolithe<br />
La pensée provient de l’organisation interne du système, et non pas d’une<br />
propriété d’une partie du système. Selon ce principe, la pensée est vue comme un<br />
principe émergent du système.<br />
4) La pensée est produite par une multitude de mécanismes disparates<br />
Pour compléter cette vision d’une émergence de la pensée dans l’organisation<br />
interne du système, nous nous accordons à dire que la pensée ne découle pas d’une<br />
propriété unique, séparant le pensant du non-pensant, mais d’une multitude de<br />
propriétés et de mécanismes, qui permettent de définir ces différents degrés dans la<br />
capacité de penser.<br />
5) La pensée opère sur les sensations afin de créer de l’information pour son usage<br />
Ceci correspond à l’idée proposée d’un rôle actif de la pensée dans la simulation<br />
interne de l’environnement. La pensée n’opère pas sur le monde environnant réel,<br />
mais sur les effets induits par l’environnement sur le système, qui peuvent être vues<br />
comme des sensations, ou des perturbations. Celles-ci sont à la source de<br />
l’adaptation du système à son environnement, pour son usage, pour son<br />
comportement dans son environnement.<br />
6) La pensée utilise l’information passée (mémoire) pour produire des actions grâce à<br />
un procédé de reconstruction plus que par un rappel<br />
Cette idée s’inscrit parfaitement dans l’approche proposée d’un modèle actif de la<br />
mémoire. La mémoire émerge car des perturbations similaires reconstruisent des<br />
perturbations induites équivalentes, et mettent le système dans deux états proches, à<br />
59 Nous privilégierons la traduction de mind par pensée, plutot que par esprit, qui possède une connotation<br />
TROISIEME PARTIE : RESULTATS