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1882 - Université Libre de Bruxelles

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Mais Bugeaud était un agronome consommé<br />

et sa nouvelle vie fut loin d ’être oisive ; il avait<br />

pris pour <strong>de</strong>vise les mots ense et aratro ; il<br />

manie la charrue, il donne l’exemple à ses<br />

ouvriers, il institue le prem ier comice agricole<br />

<strong>de</strong> France, etc. La principale cause <strong>de</strong> nos<br />

divisions, disait-il un jour à la tribune, c’est la<br />

difficulté <strong>de</strong> placer toutes les capacités inoccupées;<br />

ne pouvant pas toujours prendre place<br />

au budget qu’elles se disputent, elles <strong>de</strong>viennent<br />

turbulentes ; eh bien ! quand l’agriculture sera<br />

mieux connue et donnera <strong>de</strong>s résultats certains,<br />

elle <strong>de</strong>viendra une carrière qui absorbera toutes<br />

les intelligences oisives et que leur oisiveté rend<br />

si dangereuses. Le canton <strong>de</strong> Lanvuaille, où il<br />

<strong>de</strong>m eurait, était <strong>de</strong>venu, au point <strong>de</strong> vue agricole,<br />

un <strong>de</strong>s plus avancés du centre et du Midi ;<br />

le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> culture que recom mandait Bugeaud<br />

s’était répandu dans le Périgord et le Limousin ;<br />

le pays, auparavant sans végétation ou semé <strong>de</strong><br />

maigres bruyères, avait pris un nouvel aspect.<br />

Aussi Bugeaud était-il aimé <strong>de</strong>s paysans, et beaucoup<br />

gar<strong>de</strong>nt encore précieusem ent dans leur<br />

mémoire le souvenir du m aître <strong>de</strong> la Durantie;<br />

la régénération agricole qu’il avait entreprise<br />

réussit surtout par l’effet que produisait sa parole<br />

à la fois grave et affable, to u t à fait propre à toucher<br />

et à ébranler la nature un peu abrupte du<br />

Périgourdin; il prononçait ses allocutions en<br />

patois, « au coin du feu <strong>de</strong> la ferme, sur la botte<br />

<strong>de</strong> paille à la grange, sur la place <strong>de</strong> l’église<br />

comme dans les solennités cham pêtres <strong>de</strong>s<br />

distributions <strong>de</strong> primes. » M. d’I<strong>de</strong>ville nous<br />

donne le passage d’un <strong>de</strong> ces discours tenus par<br />

Bugeaud dans un comice agricole (pp. 185-186);<br />

cette simple citation prouve que Bugeaud savait<br />

parler aux laboureurs leur propre langage, leur<br />

enseigner d’une façon à la fois énergique et naïve<br />

ce qu’ils ignoraient, leur faire com prendre les<br />

questions les plus compliquées <strong>de</strong> l’industrie et<br />

<strong>de</strong> l’économie sociale.<br />

En 1830, le gouvernem ent <strong>de</strong> Louis-Philippe<br />

nomma Bugeaud général; il entra à la Chambre,<br />

comme député <strong>de</strong> la Dordogne, et y défendit<br />

vigoureusement <strong>de</strong> sa parole, quelquefois ru<strong>de</strong><br />

et brutale, la m onarchie <strong>de</strong> juillet. Aussi, lorsque<br />

la duchesse <strong>de</strong> Berry est faite prisonnière,<br />

après son échauffourée en Vendée, et enfermée<br />

à la cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> Blaye, c’est Bugeaud que le<br />

gouvernem ent constitue le gardien <strong>de</strong> la princesse.<br />

« Je vous assure, écrivait-il à un ami,<br />

que j ’aurais préféré conduire 6,000 hommes à<br />

don Pedro, ou au Grand Turc. Ce m étier <strong>de</strong><br />

gardien convient peu à mon caractère et à mon<br />

esp rit; mais il faut obéir; car nous autres soldats,<br />

nous ne <strong>de</strong>vons pas agir selon nos convenances,<br />

mais m archer quand on nous ordonne<br />

<strong>de</strong> m archer ». Néanmoins, cette délicate mission<br />

lui valut mille outrages, et c’est <strong>de</strong>puis lors que<br />

Bugeaud voua une haine implacable aux journaux<br />

qui l’avaient alors déchiré sans pitié.<br />

Le 25 janvier 1834, dans une discussion sur le<br />

budget <strong>de</strong> la guerre, un <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> l'opposition<br />

extrêm e, Dulong (fils naturel <strong>de</strong> Dupont<br />

<strong>de</strong> l’Eure) apostropha violemment Bugeaud. Ce<br />

<strong>de</strong>roier avait dit, <strong>de</strong> sa place, à M. Larabit :<br />

« O n commence par obéir, et l'on réclam e<br />

après »; Dulong, également <strong>de</strong> sa place, cria à<br />

Bugeaud : « L ’obéissance conduit-elle jusqu'à<br />

se faire geölier? ». Un duel eut lieu au bois <strong>de</strong><br />

Boulogne entre Dulong et Bugeaud; « on nous<br />

a mis à trente pas, écrit le général, pouvant<br />

m archer l’un et l’autre jusqu’à vingt. Je l’ai<br />

couché en joue <strong>de</strong>ux fois pour le faire tirer,<br />

L’ATHENÆÜM BELGE 51<br />

mais sans succès; arrivés à la lim ite, j’ai cru<br />

pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> me donner le prem ier feu, ayant une<br />

très bonne arm e. Ayant abaissé mon pistolet<br />

dans la ligne <strong>de</strong> son nez jusqu’à sa cravate, mon<br />

coup est parti contre ma volonté, et je lui ai<br />

cassé la tête. Il est tombé rai<strong>de</strong>, et il a respiré<br />

jusqu’à ce matin à six heures. Ce malheureux<br />

était le plus grand insolent du cöté gauche. Le<br />

malheur arrivant, il vaut mieux qu’il soit tombé<br />

là qu’ailleurs. Les dieux ont été justes. Vous<br />

voyez comme il m’avait outragé ! »<br />

Ici s’arrête le prem ier volume <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong><br />

M. d’I<strong>de</strong>ville; on y rem arquera surtout le Journal<br />

tenu par Bugeaud pendant son séjour à Blaye et<br />

la correspondance assidue qu’il avait alors avec<br />

M. d’Argout, m inistre <strong>de</strong> l’intérieur, et le m aréchal<br />

Soult, m inistre <strong>de</strong> la guerre et prési<strong>de</strong>nt<br />

du Conseil. Le second volume sera consacré à<br />

la carrière du maréchal en Afrique; la vie <strong>de</strong><br />

luttes politiques et parlem entaires dans laquelle<br />

s’usaienl cette puissante organisation et ce<br />

robuste tem péram ent, — dit M. d’I<strong>de</strong>ville, — va<br />

bientôt cesser, et nous ne tar<strong>de</strong>rons pas à<br />

retrouver le général Bugeaud sur son véritable<br />

terrain, <strong>de</strong>vant l’ennemi, en Afrique. C.<br />

Esquisse géologique du Nord <strong>de</strong> la France et<br />

<strong>de</strong>s contrées voisines, par J . Gosselet, professeur<br />

à la Faculté <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> Lille,<br />

m em bre associé <strong>de</strong> l’Académie royale <strong>de</strong> Belgique.<br />

Deuxième édition. Fascicules I et II.<br />

Terrains prim aires et terrains secondaires.<br />

Lille, 1880-1881.<br />

L’intérêt qui s’attache aux publications du<br />

savant professeur <strong>de</strong> géologie <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s<br />

sciences <strong>de</strong> Lille, nous engage à faire connaître,<br />

avant son achèvement complet, cette nouvelle édition<br />

<strong>de</strong> l’E squisse géologique. La prem ière édition<br />

com portait en tout, y compris les terrains<br />

tertiaires, 215 pages, dont 107 consacrées aux<br />

terrains prim aires. Dans celle-ci, le prem ier<br />

fascicule (terrains prim aires) comprend 167<br />

pages; le <strong>de</strong>uxièm e (terrains secondaires) se<br />

term ine à la page 278. Une addition très heureuse<br />

a été introduite dans cette nouvelle édition<br />

: chaque fascicule est accompagné d’un<br />

Atlas qui contient : 1° <strong>de</strong>s planches représentant<br />

les fossiles caractéristiques <strong>de</strong> chaque terrain;<br />

2° <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong>s mers aux principales<br />

époques géologiques ; ces cartes ont moins pour<br />

but <strong>de</strong> faire connaître les mers telles qu’elles<br />

existaient réellem ent que <strong>de</strong> rappeler la distribution<br />

actuelle <strong>de</strong>s terrains ; 3° <strong>de</strong> nombreuses<br />

coupes.<br />

L’Esquisse géologique nous intéresse non pas<br />

seulem ent parce qu’elle traite <strong>de</strong> la géologie <strong>de</strong><br />

la Belgique, mais surtout parce que l’auteur s’est<br />

occupé tout particulièrem ent <strong>de</strong> nos terrains<br />

prim aires, au sujet <strong>de</strong>squels il a d’ailleurs<br />

publié antérieurem ent environ cinquante brochures<br />

ou mémoires.<br />

L’étu<strong>de</strong> spéciale <strong>de</strong> chaque terrain est précédée<br />

<strong>de</strong> considérations générales qui font parfaitement<br />

connaître les caractères paléonlologiques,<br />

pétrographiques, y compris les roches<br />

cristallines subordonnées lorsqu’il y a lieu, la<br />

stratigraphie et la distribution géographique.<br />

Le terrain silurien est divisé en trois étages:<br />

le silurien inférieur ou cambrien, le silurien<br />

moyen et le silurien supérieur.<br />

L’étage silurien inférieur ou cambrien (terrain<br />

ar<strong>de</strong>nnais <strong>de</strong> Dumont) constitue quatre massifs<br />

en Ar<strong>de</strong>nne, dont <strong>de</strong>ux grands, ceux <strong>de</strong><br />

Rocroy et <strong>de</strong> Stavelol, et <strong>de</strong>ux petits, ceux <strong>de</strong><br />

Serpont et <strong>de</strong> Givonne. M. Gosselet divise cet<br />

étage en <strong>de</strong>ux assises, le Devillo-Revinien et le<br />

Salmien. Le Devillo-Revinien comprend quatre<br />

zones dans le massif do Rocroy : les ardoises<br />

<strong>de</strong> Fum ay; les schistes <strong>de</strong> Revin; les ardoises<br />

<strong>de</strong> Deville; les schistes d e Bogny (I).<br />

Les massifs <strong>de</strong> Givonne et <strong>de</strong> Serpont sont<br />

constitués par la zone <strong>de</strong>s quartzites <strong>de</strong> Givonne.<br />

Dans le massif <strong>de</strong> Stavelot, les quartzites <strong>de</strong>s<br />

Hautes-Fagnes représentent le Devillo-Revinien.<br />

Le salmien constitue la partie périphérique<br />

du massif <strong>de</strong> Stavelot. On le divise on <strong>de</strong>ux<br />

zones : les quartzophylla<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Lienne ; les<br />

schistes violets oligistifères <strong>de</strong> Viel-Salm.<br />

L’étage silurien moyen constitue le massif du<br />

Brabant et la ban<strong>de</strong> du Condroz. M. Gosselet le<br />

divise en <strong>de</strong>ux assises : le Lan<strong>de</strong>ilien et le Caradocien.<br />

Le prem ier se partage en trois zones ;<br />

1° quartzites <strong>de</strong> Blanmont; 2° schistes aimanti-<br />

fères <strong>de</strong> Tubize ; 3° schistes bigarrés d’Oisquercq;<br />

le Caradocien, en <strong>de</strong>ux : 1° les schistes <strong>de</strong> Gembloux;<br />

2° les schistes <strong>de</strong> Fosse.<br />

L’étage silurien supérieur n ’a pas encore été<br />

rencontré en Belgique.<br />

Le terrain <strong>de</strong>vonien comprend trois étages :<br />

l’inférieur, le moyen et le supérieur.<br />

L’étage <strong>de</strong>vonien inférieur est divisé par<br />

M. Gosselet en quatre assises : G edinnien,<br />

Taunusien, Coblenzien, Efélien.<br />

Cinq zones, réunies en <strong>de</strong>ux sous-assises,<br />

composent le Gedinnien. Le Gedinnien inférieur<br />

comprend : 1° poudingue <strong>de</strong> Fépin ;<br />

2° arkose <strong>de</strong> W eismes ; 3° schistes fossilifères<br />

<strong>de</strong> Mondrepuits et <strong>de</strong> Levrezy, ainsi que les<br />

quartzophylla<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Braux. Le Gedinnien supérieur<br />

est formé <strong>de</strong> : 4° schistes bigarrés<br />

d'Oignies et schistes <strong>de</strong> Joigny ; 5° schistes et<br />

quartzites <strong>de</strong> Saint-Hubert, schistes et psammites<br />

<strong>de</strong> Fooz.<br />

Le Taunusien ne comporte qu’une seule zone,<br />

le grès d’Anor, qui, sur le bord septentrional,<br />

prend un facies spécial : c’est le grès d ’Ausse.<br />

Le Coblenzien ou Grauwacke se divise en<br />

quatre zones : grauwacke <strong>de</strong> Montigny, etc. ;<br />

grès noir <strong>de</strong> Vireux et <strong>de</strong> Wépion ; schistes<br />

rouges et poudingue <strong>de</strong> Burnot ; grauwacke<br />

<strong>de</strong> Hierges et <strong>de</strong> Rouillon.<br />

L’Eifelien ne comprend qu’une seule zone :<br />

les schistes <strong>de</strong> Couvin à Calceola sandalina.<br />

L’étage <strong>de</strong>vonien moyen comple une seule<br />

assise : le Givetien. Il ne comprend qu’une zone<br />

dans le bassin <strong>de</strong> Dinant, le calcaire <strong>de</strong> Givet.<br />

Dans le bassin <strong>de</strong> Namur, il se compose <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

zones : le poudingue <strong>de</strong> Pairy-Bony ; le calcaire<br />

d’Alvaux.<br />

L’étage <strong>de</strong>vonien supérieur peut se diviser en<br />

<strong>de</strong>ux assises : le Frasnien et le Famennien. Dans<br />

le bassin <strong>de</strong> Dinant, sur le rivage méridional ou<br />

côte <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>nne, le Frasnien se divise en <strong>de</strong>ux<br />

zones : schistes et calcaires <strong>de</strong> F rasne; schistes<br />

<strong>de</strong> Matagne. Sur le rivage septentrional, côte<br />

du Condroz, le Frasnien présente le faciès du<br />

calcaire <strong>de</strong> Ferrière la-Gran<strong>de</strong>. Dans le bassin <strong>de</strong><br />

Namur, le rivage méridional ou littoral du Condroz<br />

est représenté par le calcaire <strong>de</strong> Huy. Sur<br />

(1) D ans ce com pte rendu, <strong>de</strong> infime que dans l ’ou vrage <strong>de</strong><br />

M . G osselet, nous com m ençons toujours p ar les terrains,<br />

étages, assises et zones les plus anciens. N ous ne donnons que<br />

les terrains qui existent en B elgiqu e. M . G osselet a pris, pour<br />

dénom m er les zones, les noms imposés p ar les géologues qui<br />

les ont le plus spécialem ent étudiées. P ou r les terrains prim<br />

aires, ces noms sont surtout tirés <strong>de</strong>s lo calités: pour les<br />

secon daires, plus particu lièrem ent <strong>de</strong>s fossiles. Pour les<br />

assises, l’auteur em ploie une nom enclature univoque.

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