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1882 - Université Libre de Bruxelles

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L’ATHENÆUM BELGE<br />

BUREAUX :<br />

R U E DE L A M A D E L E IN E , 26, A B R U X E L L E S .<br />

S o m m a ir e . — Rubens et l’antique (H. Hymans).<br />

— L’intelligence anim ale, d’après M. G. J. Rom<br />

anes. — L ’enseignement <strong>de</strong> la biologie et <strong>de</strong> la<br />

mé<strong>de</strong>cine et les étu<strong>de</strong>s pratiques. I (C. Van Bambeke).<br />

— J : F . <strong>de</strong> Basti<strong>de</strong> à <strong>Bruxelles</strong>. — Le<br />

droit <strong>de</strong> la guerre : Honoré Bonet et Christine <strong>de</strong><br />

Pisan. — Chronique. — Sociétés savantes. —<br />

Bibliographie.<br />

R U B E N S E T L ’A N T IQ U E .<br />

Rubens und die A n tike; seine Beziehungen zu m<br />

classischen A lterthum u n d seine D arstellungen<br />

aus <strong>de</strong>r classischen Mythologie u n d Geschichte,<br />

von Friedrich Freiherrn Goeler von<br />

Ravensburg. Mit sechs Tafeln in Lichtdruck.<br />

Iena, Costenoble, <strong>1882</strong>, in-8°.<br />

Notre temps a beaucoup fait pour la gloire <strong>de</strong><br />

Rubens. S’il n ’était pas en son pouvoir <strong>de</strong> rien<br />

ajouter à la splen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s créations du m aître,<br />

il a pénétré plus avant dans sa pensée intime, et<br />

l’information acquise a eu pour effet <strong>de</strong> grandir<br />

l’admirai ion que les siècles ont vouée à l’illustre<br />

peintre. L’Allemagne savante lui rend un nouvel<br />

homm age par la plume du baron Frédéric von<br />

Ravensburg. L’auteur a entrepris <strong>de</strong> soum ettre<br />

à l’épreuve <strong>de</strong> l’investigation littéraire et historique<br />

les compositions que Rubens a puisées<br />

dans les textes anciens, et la tâche était sérieuse<br />

si l’on considère que les sujets <strong>de</strong> l’espèce s’élèvent<br />

à plus <strong>de</strong> trois cents dans l’œ uvre du<br />

m aître.<br />

Il est superflu <strong>de</strong> rappeler que Rubens était<br />

un hum aniste et un antiquaire <strong>de</strong> prem ière<br />

force. M. von Ravensburg démontre que peu <strong>de</strong><br />

fragments lui étaient restés inconnus, qu’en<br />

somme il n ’y eut probablem ent jam ais, parmi<br />

les peintres, d’homme mieux préparé aux gran<strong>de</strong>s<br />

conceptions, précisém ent à cause <strong>de</strong> l’étendue<br />

<strong>de</strong> ses connaissances classiques.<br />

Déjà M. Rooses avait caractérisé en quelques<br />

pages brillantes (1) le Rubens, fils <strong>de</strong> l’antiquité<br />

païenne, se révélant comme d’instinct jusque<br />

dans ses pages religieuses. L’éducation, tout à la<br />

fois artistique et classique du m aître, cette <strong>de</strong>rnière<br />

m archant <strong>de</strong> front avec l’autre, le séjour<br />

prolongé dans la péninsule italique donnent une<br />

saveur toute particulière à la forme que revêtent<br />

sous son pinceau la mythologie et l’allégorie.<br />

Esclave <strong>de</strong> ses auteurs, — M. von Ravensburg<br />

le prouve, — appelant même à son secours <strong>de</strong>s<br />

scoliastes assez obscurs, l’artiste ne se considère<br />

nullem ent comme lié, pour cela, par l’objectivité<br />

<strong>de</strong>s créations antiques : il est <strong>de</strong> ces<br />

mo<strong>de</strong>rnes dont on peut dire avec Ottfried Müller<br />

qu’ils opposent le plus souvent le pittoresque au<br />

beau et jam ais ce qui est plastique à ce qui est<br />

beau. C'est la très gran<strong>de</strong> différence qu’il y a<br />

entre lui et les Italiens, entre lu i et les Flamands,<br />

ses précurseurs.<br />

(1) D ie G ra p h isch cn K ü n ste. V ienne, 1880.<br />

J o u r n a l u n iv e r se l d e la L itté r a tu r e , d e s S c ie n c e s e t d e s<br />

Arts. P A R A IS S A N T L E 1 er E T L E 15 D E C H A Q U E M O IS .<br />

5me ANNEE.<br />

N ° 2 0 - 1 5 O C T O B R E 1 8 8 3<br />

Un fragment publié par De Piles et extrait du<br />

cahier d ’étu<strong>de</strong>s m anuscrites <strong>de</strong> Rubens, aujourd’hui<br />

disparu, — fragment que reproduit M. von<br />

Ravensburg, — nous fait v o ir <strong>de</strong> quelle façon le<br />

m aître entendait l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’antique dans l’éducation<br />

<strong>de</strong>s peintres. Passionné lui-même pour les<br />

restes <strong>de</strong> la statuaire <strong>de</strong> l’antiquité, s’appliquant<br />

à les réunir, il ne veut pas que les artistes<br />

se laissent entraîner en aveugles à subir leur<br />

influence. L ’effet pittoresque doit l’em porter sur<br />

toute autre considération ; l’on doit se gar<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> porter su r la toile <strong>de</strong>s statues animées, et<br />

l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’antique ne peut être salutaire qu'à<br />

la condition d’être faite par ceux qui en peuvent<br />

saisir les perfections : elle dém ontrera la distance<br />

qu’il y a entre une forme vraim ent belle<br />

et la déformation que les m œ urs mo<strong>de</strong>rnes font<br />

subir au corps humain.<br />

L’observation avait une gran<strong>de</strong> portée au<br />

temps <strong>de</strong> Rubens, car toute œuvre antique était<br />

im plicitem ent proclamée belle par les antiquaires<br />

d’alors.<br />

Ainsi donc les prédilections <strong>de</strong> Rubens ne<br />

faussent pas son jugem ent; il <strong>de</strong>m eure artiste<br />

avant d’être savant, et, esthétiquem ent parlant,<br />

son étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’antiquité est surtout subjective.<br />

C’est particulièrem ent à ce point <strong>de</strong> vue que<br />

M. von Ravensburg abor<strong>de</strong> la m atière. Il est<br />

perm is <strong>de</strong> reg retter que les très laborieuses<br />

investigations auxquelles se livre le jeune savant<br />

ne lui perm ettent pas d'envisager <strong>de</strong> plus près<br />

le peintre. En présence d ’un sujet clairem ent<br />

indiqué, il n ’est que secondairem ent intéressant<br />

<strong>de</strong> nous initier au passage précis <strong>de</strong> l’historien ou<br />

du poète suivi par l’artiste. C’est, au contraire,<br />

un renseignem ent <strong>de</strong> prem ière im portance que<br />

l’indication du parti qu’il tire <strong>de</strong> tel ou tel m onum<br />

ent <strong>de</strong> la statuaire antique. Si les renseignem<br />

ents <strong>de</strong> l’espèce ne font pas défaut dans<br />

l’étu<strong>de</strong> qui nous occupe, ils sont toutefois en<br />

petit nom bre et ne sont pas nouveaux. On pourrait<br />

certainem ent allonger la liste. Ainsi la figure<br />

du G ladiateur com battant transformée par Rubens<br />

en « F ureur » dans la Conclusion <strong>de</strong> la<br />

paix, une <strong>de</strong> ses toiles <strong>de</strong> la galerie <strong>de</strong> Médicis,<br />

la Sainte Catherine, signée « Rubens ex m arm<br />

ore antiquo », la P udicité, l’admirable statue<br />

du Vatican, transportée dans plusieurs tableaux,<br />

tantôt sous les traits <strong>de</strong> la Vierge, tantôt sous<br />

ceux d'une sainte ou d’un personnage allégorique,<br />

avec une attitu<strong>de</strong> et un jet <strong>de</strong> draperie<br />

<strong>de</strong>venus presque personnels à Rubens. Et nous<br />

pourrions citer d’autres exemples.<br />

Les liens qui unissent Rubens à l’antiquité<br />

sont en réalité visibles à travers tout son œuvre,<br />

et pas n’est besoin qu’il s’inspire <strong>de</strong> la mythologie<br />

ou <strong>de</strong> l’histoire profane pour qu’ils se fassent<br />

jour. L’hum aniste se confond chez lui à un<br />

tel point avec le peintre, que ses mouvements en<br />

apparence les plus spontanés sont parfois encore<br />

u n souvenir <strong>de</strong> ses lectures. Si la Vierge implore<br />

le Christ d’épargner le mon<strong>de</strong> qu’il s’apprête à<br />

PRIX D ’ABONNEM ENT :<br />

Belgique, 8 fr. par an ; étranger (union postale), 10 fr,<br />

foudroyer, et, dans un mouvement <strong>de</strong> sublime<br />

éloquence, découvre le sein qui l'a nourri, c’est<br />

en réalité à la source homérique que va puiser<br />

Rubens. Ce même mouvement pathétique n’est<br />

autre que celui auquel recourt Hécube au<br />

XXII0 chant <strong>de</strong> l’Ilia<strong>de</strong> pour fléchir Hector, près<br />

<strong>de</strong> succom ber sous les coups d’Achille. Nul ne<br />

croira, sans doute, que les liens <strong>de</strong> Rubens avec<br />

l’antiquité se prouvent moins par un tel rapprochement<br />

que par le choix d’un sujet nettem ent<br />

puisé dans l’histoire rom aine ou les Métamorphoses<br />

d'Ovi<strong>de</strong>.<br />

Le livre <strong>de</strong> M. von Ravensburg n'en constitue<br />

pas moins une adjonction très utile à la bibliographie<br />

rubénienne ; il sera consulté avec<br />

fruit. Peu <strong>de</strong> sources ont été négligées. L’auteur<br />

est le prem ier, croyons-nous, à citer un passage<br />

très im portant <strong>de</strong> Buccardus qui, dans son éloge<br />

<strong>de</strong> Peiresc, <strong>de</strong> 1637, désigne Rubens comme<br />

ayant apporté d’Italie en Belgique la vraie connaissance<br />

<strong>de</strong> l’antiquité. Sans être exacte, l’assertion<br />

n’en m éritait pas moins d'être recueillie.<br />

On peut faire bon m arché <strong>de</strong> quelques fautes<br />

qui dénaturent <strong>de</strong>s noms propres : Coxberger<br />

pour Coeberger; Mages pour Maugis. Il <strong>de</strong>vient<br />

toutefois impossible <strong>de</strong> ne pas relever une erreur<br />

plus grave, celle d ’accepter, avec Schneevogt,<br />

René Boyvin, un m aître du XVIe siècle, comme<br />

ayant gravé, d’après Rubens, Enée portant son<br />

père. Le même sujet traité par Rubens, actuellement<br />

au Belvédère, n’a rien <strong>de</strong> commua avec la<br />

gran<strong>de</strong> composition du m aître français, dont<br />

elle ne trahit pas le plus léger souvenir.<br />

L’étu<strong>de</strong> que l’auteur consacre à la série <strong>de</strong>s<br />

peintures <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Decius est fort intéressante.<br />

On y voit avec quel soin, quel scrupule<br />

Rubens se soum ettait à ses textes, jusque dans<br />

les moindres détails. On se plaît alors à voir le<br />

m aître, le pinceau à la main, se faisant lire <strong>de</strong>s<br />

passages <strong>de</strong> quelqu’un <strong>de</strong> ses auteurs favoris,<br />

comme le rapporte le plus proche <strong>de</strong> ses biographes.<br />

En résum é, quel que soit le sujet qu’il abor<strong>de</strong>,<br />

Rubens est <strong>de</strong> ceux dont il faut dire avec Gœthe<br />

« que leur imagination nous force à nous représenter<br />

les situations comme ils se les sont<br />

représentées à eux-m êmes et que leurs compositions,<br />

illustrant un auteur, vont bien au <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>s images que celui-ci s’est lui-même créées ».<br />

H enri H ymans.<br />

l ’ i n t e l l i g e n c e a n i m a l e . ( 1 )<br />

Les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> psychologie anim ale ayant seulem<br />

ent porté jusqu’à présent sur <strong>de</strong>s sujets restreints<br />

et ayant été faites le plus souvent sans<br />

critique, le Dr Romanes a « pensé qu’il serait<br />

désirable <strong>de</strong> réunir dans une sorte <strong>de</strong> manuel<br />

tous les faits connus <strong>de</strong> psychologie comparée,<br />

<strong>de</strong> façon que les savants et les métaphysiciens<br />

( 1 ) A n im a l In te llig e n ce. B y G e o rg e J . R om anes. In tern ational<br />

Scientific S eries. — L o n don , K e g a n P a u l, <strong>1882</strong>.

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