1882 - Université Libre de Bruxelles
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toire dans les universités alleman<strong>de</strong>s et spécialement<br />
l’organisation <strong>de</strong>s cours pratiques, vient<br />
do publier les résultats <strong>de</strong> son enquête. Ce tra <br />
vail, extrêm em ent instructif, est en même temps<br />
d’une lecture fort agréable. M. Fre<strong>de</strong>ricq est un<br />
excellent observateur : ses rem arques sont fines<br />
et judicieuses ; ses im pressions, vives et nettes,<br />
sont rendues avec une verve pleine <strong>de</strong> franchise.<br />
Il nous conduit tour à tour aux universités <strong>de</strong><br />
Berlin, <strong>de</strong> Huile, <strong>de</strong> Leipzig et <strong>de</strong> Goettingue.<br />
Il nous introduit dans le cabinet <strong>de</strong>s professeurs<br />
et dans les cercles d’étudiants. Il nous fait comprendre<br />
cette vie scientifique <strong>de</strong> l’Allemagne, si<br />
intense et si fécon<strong>de</strong>; il nous initie à cette existence<br />
universitaire, si originale et si variée. Ici,<br />
c’est le compte rendu d’une brillante leçon <strong>de</strong><br />
31. von Treitschkc; là, le récit d'une visite à l’éminent<br />
historien von Ranke; plus loin, la <strong>de</strong>scription<br />
animée d’une soirée d’étudiants à Goettingue.<br />
M. Fre<strong>de</strong>ricq esquisse en quelques traits justes<br />
et piquants le portrait <strong>de</strong>s professeurs et <strong>de</strong>s savants<br />
qu’il a entendus ou avec qui il a conversé.<br />
Enfin — et ceci est l’essentiel — il nous apporte<br />
<strong>de</strong>s renseignem ents nombreux, précis, puisés<br />
aux m eilleures sources, sur l’organisation <strong>de</strong><br />
ces cours pratiques d’histoire dont l’utilité, que<br />
dis-je? la nécessité s’impose à tous les bons esprits<br />
Il relève, en term inant, certaines critiques<br />
peu m esurées que M. Seignobos avait adressées<br />
à l’enseignem ent historique allemand, et conclut<br />
en ces term es : « Au reste, plus encore que la<br />
France, la Belgique a grand besoin <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong><br />
l’exemple <strong>de</strong> l’Allemagne. On peut dire, sans<br />
m anquer <strong>de</strong> patriotism e, que, pour l’histoire, nos<br />
universités belges ont, non pas beaucoup, mais<br />
tout à envier à l’Allemagne ; car nous n ’avons<br />
pas m êm e, comme fiche <strong>de</strong> consolation, ce<br />
vernis littéraire brillant <strong>de</strong>s cours oratoires <strong>de</strong><br />
la France, que M. Seignobos appelle si "bien « la<br />
rhétorique <strong>de</strong> l’histoire. »<br />
Les Idées prem ières dans l'enseignem ent <strong>de</strong><br />
M. Paul Voituron ont beaucoup <strong>de</strong> points <strong>de</strong><br />
cbntact avec la brochure du même auteur sur la<br />
Reforme <strong>de</strong> L'enseignement m oyen, dont nous<br />
avons rendu compte dans l'A thenæ um belge du<br />
15 juillet 1880 : ce sont les mêmes principes,<br />
les mêmes tendances, la même métho<strong>de</strong>. M. Voituron<br />
est un spiritualiste convaincu, un esprit<br />
soli<strong>de</strong> et réfléchi ; au rigoureux enchaînem ent<br />
<strong>de</strong>s propositions et <strong>de</strong>s preuves, on reconnaît le<br />
logicien exercé.<br />
Il constate en prem ier lieu que la pédagogie<br />
repose su r la philosophie, qu’elle n ’est rien<br />
autre chose qu’une application <strong>de</strong> la psychologie.<br />
Des <strong>de</strong>ux manières <strong>de</strong> concevoir l’âme, celle du<br />
spiritualism e et celle du sensualisme, dérivent<br />
<strong>de</strong>ux pédagogies différentes. M. Voituron soumet<br />
la conception sensualiste à une critique<br />
pressante. Pour lui, les idées prem ières sont les<br />
idées rationnelles, générales et absolues. « Ce<br />
sont ces idées que 1 instruction doit s’attachera<br />
éclaircir dans l’intelligence <strong>de</strong> l’enfant. » —<br />
Quelles seront les matières <strong>de</strong> l’enseignem ent?<br />
Ou trouvera-t-on une science concrète dont les<br />
éléments puissent fournir les idées prem ières et les<br />
lois <strong>de</strong> la pensée sous une forme accessible aux<br />
jeunes intelligences, et dont l’élu<strong>de</strong> fasse faire aux<br />
élèves <strong>de</strong>s exercices qui les habituent à l ’usage <strong>de</strong><br />
ces idées et à l’application <strong>de</strong> ces lois ? Ce n’est pas<br />
parmi les sciences naturelles et m athém atiques qu'il<br />
faut la chercher Il n’y a qu’une science qui<br />
réunisse les conditions exigées, c’est celle <strong>de</strong>s règles<br />
du langage, c’est à dire la gram m aire et la syntaxe...<br />
. L a gram m aire apprend à parler et à écrire<br />
d ’après les lois essentielles <strong>de</strong> l’esprit, et, par conséquent,<br />
aussi, à penser conformément à ces lois.<br />
L’ATHENÆUM BELGE 127<br />
Elle est une logique élém entaire et pratique Qui<br />
cultive sa langue cultive, par cela même, sa pensée<br />
sous toutes ses faces, car il n ’est pas d ’exercice intellectuel<br />
qui fasse pénétrer plus sûrem ent et plus<br />
complètement au fond même <strong>de</strong>s idées. Ceci nous<br />
m ontre quel non sens professent ceux qui opposent<br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mots à celle <strong>de</strong>s choses, comme si les<br />
mots n’exprim aient pas, dans leurs formes, les<br />
idées prem ières, les véritables réalités, les lois essentielles<br />
<strong>de</strong> l’esprit et <strong>de</strong>s choses, c’est-à-dire le fon<strong>de</strong>m<br />
ent même <strong>de</strong> toute science !<br />
Dans l’enseignem ent secondaire, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
langue m aternelle ne suffit pas : il faut y joindre<br />
celle <strong>de</strong>s langues étrangères. Mais quelles langues<br />
choisira-t-on, les langues anciennes ou les<br />
langues vivantes? M. Voituron se déclare on<br />
faveur <strong>de</strong>s langues anciennes ; il s’attache à<br />
dém ontrer que l’organism e du latin (et du grec)<br />
est supérieur à celui <strong>de</strong>s langues mo<strong>de</strong>rnes. —<br />
Reste à déterm iner la métho<strong>de</strong> qu’il convient <strong>de</strong><br />
suivre dans l’enseignement. M. Voituron donne<br />
la préférence à la métho<strong>de</strong> dogmatique rationnelle.<br />
Il reproduit, avec <strong>de</strong>s développements<br />
nouveaux, les argum ents qu’il avait déjà exposés<br />
dans sa Réform e <strong>de</strong> l’enseignem ent m oyen.<br />
Nous ne nous dissim ulons pas que la thèse<br />
<strong>de</strong> M. Voituron heurte <strong>de</strong> front l’opinion courante,<br />
et que le système d’enseignement qu’il<br />
combat tend à prédom iner. Le tem ps nous apprendra<br />
ce que vaut ce système. Quoi qu’il en<br />
soit, nous recom mandons vivement la lecture<br />
du travail <strong>de</strong> M. Voituron à tous les amis <strong>de</strong> l’instruction,<br />
et nous félicitons l’auteur du cou rage<br />
avec lequel il défend ses convictions.<br />
Nous n’étonnerons personne en disant que<br />
l’opuscule <strong>de</strong> M. Delbœuf renferme <strong>de</strong>s rem arques<br />
ingénieuses, exprimées d ’une façon spirituelle<br />
et attrayante. Le savant professeur <strong>de</strong><br />
Liège prend fait et cause pour ce pauvre latin<br />
que tant <strong>de</strong> gens sont im patients <strong>de</strong> sacrifier sur<br />
l’autel du « mo<strong>de</strong>rnisme ». Eh ! sans doute lo<br />
latin est difficile : mais ne faudrait-il pas exciter<br />
l’intérêt <strong>de</strong> l’élève par ces difficultés mêmes, qui<br />
sont si propres à aiguiser le jugem ent et à<br />
développer l’esprit d’analyse? Voilà ce que<br />
M. Delbœuf conseille <strong>de</strong> faire; mais il ne se<br />
borne pas à donner <strong>de</strong>s conseils : il prêche<br />
d’exemple en commentant quelques phrases latines<br />
détachées et <strong>de</strong>ux fables <strong>de</strong> Phèdre. On<br />
trouvera dans ces commentaires <strong>de</strong>s observations<br />
excellentes (p. ex., su r l’absence <strong>de</strong> l’article en<br />
latin et sur les inconvénients qui en résultent);<br />
d’autres sont peut-être au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la portée<br />
<strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong>s commençants (celles qui sont<br />
relatives à la copule, au mo<strong>de</strong>, à la valeur <strong>de</strong><br />
l’ablatif); d’autres enfin conduisent l’écolier<br />
par <strong>de</strong>s détours qui ne nous sem blent pas<br />
absolum ent nécessaires (p. ex., la note sur vénérant).<br />
P o u r apprécier en connaissance <strong>de</strong> cause la<br />
métho<strong>de</strong> pédagogique <strong>de</strong> M. Delbœuf, nous <strong>de</strong>vrions<br />
avoir sous les yeux la Chrestomalhie<br />
Latine qu’il a composée en collaboration avec<br />
M. Yserentant, professeur à l’Athénée <strong>de</strong> Malines.<br />
Cet ouvrage est sous presse, et nous espérons<br />
qu’il paraîtra bientôt. Détachons, pour finir, une<br />
page étincelante d’esprit, remplie <strong>de</strong> haute<br />
raison :<br />
... Ne trouvez vous pas que ces sortes <strong>de</strong> problèmes,<br />
comme le latin en offre à chaque ligne, sont<br />
bien propres à. développer l’esprit d’analyse et <strong>de</strong><br />
raisonnem ent, tout au moins aussi précieux que la<br />
faculté d’observation ? Il est bon certainem ent, je<br />
suis loin d’en disconvenir, d’apprendre aux enfants<br />
à voir <strong>de</strong> leurs propres yeux et à découvrir par eux-<br />
mêmes que les mouches n’ont que six pattes, tandis<br />
que les araignées en ont huit, et, par suite, à tirer<br />
la conclusion que, si l’insecte a un nom bre im pair<br />
<strong>de</strong> mem bres, c’est qu’il a été victime d’un douloureux<br />
acci<strong>de</strong>nt. Mais l'observation ne fournit et ne<br />
peut fournir que <strong>de</strong>s données La simple lecture <strong>de</strong>s<br />
syllabes et <strong>de</strong>s mots, c’est déjà do l’observai ion. Ce<br />
qui importe, c’est <strong>de</strong> savoir tirer parti <strong>de</strong> ces données,<br />
les m ettre en oeuvre, arriver à form uler ou,<br />
tout au moins, à comprendre <strong>de</strong>s lois. Or, ou peut<br />
se <strong>de</strong>m an<strong>de</strong>r si les sciences naturelles, qui s'appliquent<br />
à son<strong>de</strong>r les mystères les plus intimes <strong>de</strong> la<br />
vie, et qui sont à peine écloses, sont bien propres,<br />
dans les étu<strong>de</strong> à moyennes, à faire obtenir ce résultat.<br />
Les anim aux et les plantes sont trop différents<br />
<strong>de</strong> nous pour que nous puissions aisé ment en pénétrer<br />
la nature ; et le plus simple, le plus rationnel est<br />
encore, à ce qu'il semble, <strong>de</strong> donner comme tâche<br />
aux jeunes intelligences d 'e n tre r en com m union avec<br />
<strong>de</strong>s intelligences sœurs, et <strong>de</strong> découvrir la pensée<br />
hum aine, la plus belle <strong>de</strong>s fleurs terrestres, sous<br />
l’enveloppe plus ou moins transparente <strong>de</strong> la langue.<br />
La société ne vit que d interprétations, et celui-<br />
là est le mieux arm é pour le combat <strong>de</strong> la vie, qui<br />
sait le mieux comprendre ses semblables. Or, vous<br />
pouvez m ettre l’enfant, au so rtir <strong>de</strong> l’école prim aire,<br />
au milieu d'un entourage <strong>de</strong> penseurs d’élite. Seulem<br />
ent leur manière <strong>de</strong> s’exprimer s’éloigne assez bien<br />
<strong>de</strong> celle qui lui est fam ilière. C’est à lui m aintenant<br />
<strong>de</strong> comprendre leur langage. Cela ne vaut-il pas<br />
mieux que <strong>de</strong> commencer son éducation en essayant<br />
<strong>de</strong> lui faire entendre ce que, sous les ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> la<br />
corolle, l’étamine peut dire au pistil ! Réservons lui<br />
cette jouissance pour plus tard.<br />
P. Thomas.<br />
b u l l e t in .<br />
Bibliographie générale <strong>de</strong> l'astronom ie ou Catalogue<br />
m éthodique <strong>de</strong>s ouvrages, <strong>de</strong>s mémoires et<br />
<strong>de</strong>s observations astronomiques publiés <strong>de</strong>puis l’o rigine<br />
<strong>de</strong> l’im prim erie jusqu'en 1880, par J . C. Houzeau<br />
, directeur <strong>de</strong> l’Observatoire royal <strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong>,<br />
et A. Lancaster, bibliothécaire <strong>de</strong> cet établissement.<br />
Tome II. <strong>Bruxelles</strong>, <strong>1882</strong>, gr. in-8°. — Avec le quatrième<br />
fascicule, qui vient <strong>de</strong> paraître, accompagné<br />
d ’une introduction et îles tables, se term ine la publication<br />
du tome II <strong>de</strong> l’im portant travail entrepris<br />
par MM. Houzeau et Lancaster. Ce volume renferme<br />
les mémoires et notices insérés dans les collections<br />
académiques, les revues et jo urnaux; les<br />
autres volumes contiendront : les ouvrages publiés<br />
séparément (t. I), les observations astronomiques<br />
(t. III), En publiant d'abord le tome II, les auteurs<br />
ont voulu répondre au besoin le plus pressant. Aujo<br />
u rd ’hui, en effet, comme ils le font rem arquer, les<br />
mémoires insérés dans les collections académiques<br />
et les notices <strong>de</strong>^journaux spéciaux constituent la.<br />
partie principale <strong>de</strong> la littérature d'un grand nombre<br />
<strong>de</strong> sciences. Il suffit <strong>de</strong> lire l’introduction pour<br />
apprécier l’importance d’un pareil travail <strong>de</strong> dépouillement<br />
appliqué aux publications astronomiques<br />
avec cette précision dans l’arrangem ent systématique<br />
et ce soin <strong>de</strong>s détails qui font le mérite<br />
d ’une oeuvre vraim ent scientifique.<br />
Dans une note lue récemment à la classe <strong>de</strong>s<br />
sciences <strong>de</strong> l’Académie royale <strong>de</strong> Belgique, M . Houzeau<br />
fournit au sujet du tome II <strong>de</strong> la B ibliograp<br />
h ie générale <strong>de</strong> l'astronom ie les renseignements<br />
qui suivent ; c’est un intéressant résumé <strong>de</strong> l'introduction:<br />
“ Ce volume est consacré aux mémoires et notices<br />
insérés dans les collections académiques et les jo u rnaux<br />
scientifiques. Il contient environ trente mille<br />
articles, exclusivement <strong>de</strong>s observations astronom iques<br />
proprem etjt dites, qui sont réservées pour un<br />
autre volume. Outre les dépouillements fournis par<br />
le R epertorium com m entationum <strong>de</strong> Reuss, et le<br />
Catalogue o f scientific papers <strong>de</strong> la Société Royale<br />
<strong>de</strong> Londres, on a relevé directem ent les articles d ’un<br />
grand nombre <strong>de</strong> revues et d'ouvrages collectifs,<br />
plus spécialement consacrés à I astronomie. Ce dépouillement<br />
direct entre pour environ 40 p. c. dans<br />
le total <strong>de</strong>s articles.<br />
» Plusieurs faits qui ne sont pas sans intérêt ressortent<br />
<strong>de</strong> la statistique présentée dans l’introduction.<br />
On est frappé d ’abord du développement croissant