1882 - Université Libre de Bruxelles
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L'ATHENÆUM BELGE<br />
BUREAUX :<br />
R U E DE L A M A D E L E IN E , 26, A B R U X E L L E S .<br />
S o m m a ir e . — Ad. De Ceuleneer, Un Diplöme<br />
m ilitaire <strong>de</strong> T rajan (H. Schuermans). — Le<br />
Voyage à Rome <strong>de</strong> l’em pereur Henri V II, publié<br />
par la Direction <strong>de</strong>s Archives <strong>de</strong> Prusse (H. Hymans).<br />
— Bertagnolli, L’A griculture en Italie.<br />
— Concours quinquennal <strong>de</strong>s sciences m orales et<br />
politiques. — Théodore Schwann. — Chronique.<br />
— Sociétés savantes. — Bibliographie.<br />
O U V R A G E S N O U V E A U X .<br />
Notice sur u n diplöme m ilita ire <strong>de</strong> T ra ja n ,<br />
trouvé a u x environs <strong>de</strong> Liège, par Ad. <strong>de</strong> Ceuleneer.<br />
Liège, G randm ont-Don<strong>de</strong>rs.<br />
Un journal rapportait il y a quelques mois<br />
qu’ « un travailleur, so n dant le fond <strong>de</strong> la Meuse,<br />
entre Chokier et Flém alle », avait ram ené au<br />
jour une plaque <strong>de</strong> cuivre portant <strong>de</strong>s caractères<br />
gravés <strong>de</strong> l’époque rom aine, et que cette plaque<br />
avait été déposée au musée <strong>de</strong> la Société d ’art<br />
et d’histoire du diocèse <strong>de</strong> Liège. Un « travailleur<br />
sondant le fond <strong>de</strong> la Meuse », ce ne pouvait<br />
être qu’un ouvrier <strong>de</strong>s bateaux dragueurs<br />
qui, précisém ent en 1880, approfondissaient le lit<br />
<strong>de</strong> la Meuse « entre Chokier et Flémalle » ; aussi<br />
l’adm inistration <strong>de</strong>s ponts et chaussées ouvritelle<br />
aussitöt une enquête pour savoir si telle<br />
était réellem ent l’histoire <strong>de</strong> la découverte. Il<br />
est, en effet, stipulé dans le cahier général <strong>de</strong>s<br />
charges <strong>de</strong> toute entreprise <strong>de</strong> travaux publics,<br />
que les objets d’art ou d’antiquités décom brés<br />
dans les déblais, etc., appartiennent à l’É tat;<br />
l’État, déjà propriétaire <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s trésors<br />
découverts dans le domaine public, stipule ainsi<br />
avec les entrepreneurs et leurs ouvriers que la<br />
secon<strong>de</strong> moitié qui reviendrait à ceux-ci aux<br />
termes <strong>de</strong> l’art. 716 du Co<strong>de</strong> civil, vientaccroître<br />
la prem ière moitié. Cette stipulation n ’est nullement<br />
contraire à l’ordre public; car il est permis<br />
<strong>de</strong> renoncer à pareil droit : sans cette renonciation,<br />
on ne serait pas admis à prendre<br />
part aux travaux adjugés.<br />
Quel qu’ait été le résultat <strong>de</strong> l’enquête, on<br />
n’en était pas moins sous le coup d’une revendication<br />
<strong>de</strong> l’État, lorsque s’ouvrit, en ju illet<br />
1881, la belle Exposition <strong>de</strong> l’art ancien<br />
au pays <strong>de</strong> Liège. Celle-ci avait obtenu le célèbre<br />
diptyque <strong>de</strong> Saint Lam bert qu’avait bien<br />
voulu lui confier le Musée <strong>de</strong> Berlin; elle ne<br />
pouvait m anquer <strong>de</strong> chercher à fixer l’attention<br />
du public sur la fameuse plaque <strong>de</strong> cuivre qui<br />
comm ençait à être connue à l’étranger; aussi<br />
avisa-t-on aux moyens <strong>de</strong> l’exhiber sans péril;<br />
une sauve-gar<strong>de</strong>, pendant la durée <strong>de</strong> l’Exposition,<br />
fut sollicitée et gracieusem ent accordée<br />
<strong>de</strong> la p art du départem ent <strong>de</strong>s finances, au<br />
nom duquel doivent être intentées toutes les<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> revendication <strong>de</strong> l’État. Bien en prit<br />
aux directeurs <strong>de</strong> l’Exposition <strong>de</strong> Liège d ’avoir<br />
eu recours à cette précaution ; car les autres<br />
départem ents m inistériels, soit celui <strong>de</strong>s tra<br />
J o u r n a l u n iv e r s e l d e la L itté r a tu r e , d e s S c ie n c e s e t d e s<br />
Arts. P A R A IS S A N T L E 1 er E T L E 15 D E C H A Q U E M O IS .<br />
5 me ANNEE.<br />
N ° 3 - 1 er F É V R I E R 1 8 8 2<br />
vaux publics, qui doit veiller à l’exécution du<br />
cahier <strong>de</strong>s charges cité, soit celui <strong>de</strong> l’intérieur,<br />
tuteur du Musée royal d’antiquités, ne restaient<br />
pas inactifs, et ils continuaient leurs dém arches,<br />
auxquelles il fallut, à un moment donné, opposer<br />
la déclaration du départem ent <strong>de</strong>s finances.<br />
Les dépositaires <strong>de</strong> la plaque <strong>de</strong> bronze eurent,<br />
du reste, soin <strong>de</strong> protéger leur possession et<br />
<strong>de</strong> paralyser les recherches <strong>de</strong> l’État qui, comme<br />
<strong>de</strong>m an<strong>de</strong>ur, doit prouver le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> son<br />
action : le précieux objet, rem is par un tiers au<br />
bureau <strong>de</strong> l’Exposition, fut exhibé sous le nom<br />
d’un mem bre <strong>de</strong> la commission du Musée d’antiquités<br />
<strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong>, qu’on plaça ainsi dans la<br />
nécessité <strong>de</strong> se constituer lui-m ême le gardien<br />
<strong>de</strong> l’asile inviolable établi en vertu <strong>de</strong> la loyale<br />
prom esse du départem ent <strong>de</strong>s finances.<br />
Ajoutons tout <strong>de</strong> suite qu’un projet <strong>de</strong><br />
transaction est en ce moment soumis au départem<br />
ent <strong>de</strong> l ’intérieur, et que les détenteurs,<br />
quels qu’ils soient, <strong>de</strong> l’objet en question proposent<br />
<strong>de</strong> le déposer au Musée <strong>de</strong> l’Institut<br />
archéologique liégeois, moyennant échange<br />
d'une pièce religieuse qu’ils convoitent.<br />
Si ce moyen n’est pas adopté, il est à craindre<br />
que l’objet ne parte pour l’A ngleterre, où il est<br />
vivement désiré, et où on le payera très cher ;<br />
alors quel recours l’État aura-t-il, et contre<br />
qui, pour faire revenir en Belgique cette intéressante<br />
antiquité? Il est fort douteux d’une<br />
part que le domaine prouve son droit, et d’autre<br />
part qu’il trouve même un défen<strong>de</strong>ur contre qui<br />
il puisse exercer son action.<br />
Cet objet si disputé est un petit morceau <strong>de</strong><br />
bronze, grand comme la main, où on lit :<br />
...V A E . F . NERVA. TRAIANVS<br />
..ICVS. PONTIFEX. MAXIMVS<br />
...PO TESTAT. COS. 1<br />
...V S QVI MILITANT IN ALIS<br />
...V S SEX. QVAE APPELLANTVR<br />
...A . C. R . ET. I. TVNGRORVM<br />
...VRVM ET. X HISPANORVM<br />
...F ID A . VARDVLLORVM. C. R<br />
...INGONVM. ET. ÎT NERVIO<br />
...TANNIA SVB. T . AVIDIO<br />
...S . HONESTA. MISSIONE. A<br />
...QVINA. ET. VICENA PLVRA<br />
...R VN T . QVORVM. NOMI<br />
...E . IPSIS. I.IBERIS. POSTERIS<br />
...M . DEDIT. ET. CONVB1VM<br />
...S TVNC HABVISSENT. C(VM)<br />
...A V T SI Q VI...<br />
De l’autre cöté :<br />
FIDA V A R ...<br />
II LINGONVM. ET. I I N E ...<br />
IN. BRITANNIA. SVB. T. A V ...<br />
DIMISSIS. HONESTA. M ...<br />
NEPOTE. QVI. QVINA E T ...<br />
PENDIA MERVERVN...<br />
SVBSCRIPTA. SVN T...<br />
RISQVE. EORVM C ...<br />
CONVBIVM. CVM. V X ...<br />
HABVISSENT. C V ...<br />
PRIX D’ABONNEMENT :<br />
Belgique, 8 fr.par an j étranger (union postale), lO fr.<br />
On reconnaît immédiatement dans ce morceau<br />
<strong>de</strong> bronze un diplöme militaire, expédition<br />
sur bronze d'une m inute déposée dans un temple<br />
<strong>de</strong> Rome, concédant à tous les soldats ou vétérans<br />
<strong>de</strong> certains corps le privilège <strong>de</strong> cité et <strong>de</strong><br />
mariage romain.<br />
C’est là le docum ent auquel M. <strong>de</strong> Ceuleneer<br />
consacre une fort intéressante notice, et au sujet<br />
duquel on peut encore lire les étu<strong>de</strong>s suivantes :<br />
Gazette <strong>de</strong> Liège du 17 février 188), par<br />
M. Demarteau ; B ulletin <strong>de</strong>s Commissions royales<br />
d ’art et d’archéologie, XX, p. 58, par Il S. ;<br />
Revue <strong>de</strong> l’instruction publique en Belgique,<br />
1881, XXIV, p. 130, article <strong>de</strong> MM. Lallement et<br />
Roersch; Journal o f the B ritish archaeological<br />
Association, du 31 mars 1881, vol. XXXVII,<br />
part. 1, p. 93, par Roach Sm ith; Eiihem eris<br />
epigraphica, 1881, p 300, par Mommsen; B ulletin<br />
épigraphique <strong>de</strong> la Gaule, par FI. Vallentin,<br />
I, p. 138, 901, 295, avec planche. Le travail<br />
<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Ceuleneer fait partie du 1er volume<br />
<strong>de</strong> la Revue publiée par la Société d’art et<br />
d’histoire du diocèse <strong>de</strong> Liège.<br />
Voilà une « littérature » assez com plète; en<br />
quelques mois, sept notices! On a bien vite<br />
compris l’im portance extrême du diplöme <strong>de</strong><br />
Flémalle (le 71e connu, d ’après M. <strong>de</strong> Ceuloneer,<br />
mais le 69e seulem ent dans la classification<br />
<strong>de</strong> Mommsen, qu’il convient d’adopter).<br />
Pour la Belgique, le m onum ent est encore<br />
unique, et il est d’autant plus précieux qu’il<br />
m entionne <strong>de</strong>ux corps <strong>de</strong> troupes auxiliaires<br />
belges, les Nerviens et les Tungres.<br />
Sur <strong>de</strong>ux points, Mommsen adopte un avis ,<br />
déjà exprimé par l’auteur <strong>de</strong> la présente notice<br />
et opposé à celui <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Ceuleneer; l’un est<br />
la dénomination donnée à ces <strong>de</strong>ux corps auxiliaires<br />
belges : ala I Tungrorum et coh. II<br />
N erviorum , tandis que M. <strong>de</strong> Ceuleneer propose<br />
<strong>de</strong> lire cohors I Tungrorum et coh. II<br />
N erviorum ; l’autre est l’interprétation <strong>de</strong><br />
l’ablatif a , <strong>de</strong> la onzième ligne, que M. <strong>de</strong> Ceuleneer<br />
considère fort ingénieusem ent comme se<br />
rapportant au prédécesseur <strong>de</strong> Trajan, tandis<br />
que Mommsen, tout en se trouvant dans l’impuissance<br />
<strong>de</strong> citer aucun autre diplö me où soit mentionné<br />
le nom du fonctionnaire chargé <strong>de</strong> prononcer<br />
au nom <strong>de</strong> l’Empereur la m issio Honesta<br />
(démission honorable ou congé), explique le a ,<br />
par X. X .. io Nepote, et se refuse à rapporter<br />
ce <strong>de</strong>rnier surnom à Titus A v id iu s X , autre<br />
Legatus Augusti, mentionné sur le même<br />
diplöme. Mommsen cite bien <strong>de</strong>ux inscriptions<br />
lapidaires, où esl m entionné le légat qui a p ro <br />
noncé le congé au nom <strong>de</strong> l’Empereur ; mais<br />
ces exemples portent p e r (...N epotem ), et non<br />
a (...Nepote); p e r implique, en effet, une idée<br />
d’interm édiaire; a , au contraire, celle <strong>de</strong> création.<br />
En toute hypothèse, la lecture proposée par<br />
la secon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s notices citées ci-<strong>de</strong>ssus, est consacrée<br />
par tous : il faut faire <strong>de</strong> Nepote un