31.07.2013 Views

1882 - Université Libre de Bruxelles

1882 - Université Libre de Bruxelles

1882 - Université Libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

252<br />

fique est en jeu. Pour le prouver, citons ici, au<br />

risque <strong>de</strong> blesser la mo<strong>de</strong>stie d’un <strong>de</strong> nos plus<br />

illustres savants, les Recherches su r La faune du<br />

Littoral <strong>de</strong> Belgique, si connues et si appréciées<br />

<strong>de</strong> tous les biologistes. Depuis, quelques jeunes<br />

naturalistes privilégiés, ayant pu profiter <strong>de</strong><br />

l’installation si incomplète où cos recherches ont<br />

vu le jour, y ont élaboré <strong>de</strong>s iravaux d’une réelle<br />

valeur.<br />

Tout milite donc on faveur <strong>de</strong> l’établissement,<br />

sur notre littoral, d'un laboratoire zoologique,<br />

et le gouvernem ent ferait œuvre utile en com ­<br />

blant cette lacune regrettable <strong>de</strong> notre enseignem<br />

ent biologique. Les recherches failes su r la<br />

faune du littoral seraient le complément indispensable<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s théoriques <strong>de</strong> zoologie,<br />

d ’anatomie et <strong>de</strong> physiologie comparées, d'em ­<br />

bryologie; le laboratoire maritim e <strong>de</strong>viendrait<br />

ainsi une véritable annexe <strong>de</strong> l’université; ce<br />

serait, pour l’élève, une école d ’apprentissage<br />

où, après s’ètre exercé sous la conduite du professeur,<br />

il aurait bientôt acquis les aptitu<strong>de</strong>s<br />

nécessaires pour se livrer, avec fruit, à <strong>de</strong>s travaux<br />

biologiques dans une station étrangère.<br />

Le point du littoral à choisir im porte assez<br />

peu, et les frais d'installation ne seraient pas<br />

considérables. Un bâtiment pouvant contenir<br />

une douzaine <strong>de</strong>travailleurs,quelquesaquarium s<br />

convenablement disposés, une petite bibliothèque<br />

spéciale, un bateau d ’un faible tonnage,<br />

m uni <strong>de</strong>s instrum ents nécessaires aux sondages<br />

et aux dragages, tels sont les besoins<br />

m atériels les plus urgents auxquels il faudrait<br />

pourvoir.<br />

L’élu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la biologie ne sera en général pour<br />

l’élève qu’une étape, mais une étape im portante,<br />

indispensable, avant d’arriver aux élu<strong>de</strong>s cliniques.<br />

Nous le répétons, celui qui, méconnaissant<br />

cette vérité, aura négligé <strong>de</strong> faire l’éducation<br />

<strong>de</strong> ses sens, <strong>de</strong> s’initier aux secrets <strong>de</strong> la<br />

m élho<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’esprit scientifiques, sera im parfaitement<br />

préparé aux étu<strong>de</strong>s médicales. Il n’en<br />

peut être autrem ent : la clinique consistant dans<br />

l’application, faite au lit du mala<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s données<br />

scientifiques, a dû suivre le sillon tracé par la<br />

biologie. On l’a dit avant moi, elle est <strong>de</strong>venue<br />

bien plus savanle et bien plus complexe qu’autrefois;<br />

elle utilise, pour reconnaître les affections<br />

morbi<strong>de</strong>s ou pour les traiter, une foule <strong>de</strong><br />

moyens dont, jadis, on ne soupçonnait pas même<br />

l’existence (1) .<br />

Plusieurs membres du corps médical qui, au<br />

sortir <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> l’école, sont allés à l’étranger<br />

compléter leur éducation scientifique, se rappellent<br />

encore ce qu’était, il y a vingt ans, la<br />

leçon <strong>de</strong> clinique donnée par certaines célébrités<br />

en vogue à cette époque. Le professeur,<br />

ayant à sa suite un cortège peu nom breux<br />

d ’élèves, parcourait les salles <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, s’a rrêtant<br />

à un ou plusieurs lits ; il passait ensuite<br />

dans un am phithéâtre, où déjà l’atteudait la<br />

masse <strong>de</strong>s auditeurs qui avaient jugé inutile <strong>de</strong><br />

suivre la visite du m aître, et là, aux applaudissements<br />

<strong>de</strong> l’assemblée, il donnait, ex cathedra,<br />

une leçon sur un ou plusieurs <strong>de</strong>s cas qui avaient<br />

plus particulièrem ent attlirè son attention.<br />

C’était, si l’on peut ainsi dire, l'ère <strong>de</strong>s cliniques<br />

à distance Elle a passé. Hâtons-nous<br />

d’ajouter que ce n ’était pas le mo<strong>de</strong> partout en<br />

usage, et que, dans notre pays, il n’a jamais<br />

trouvé d’im itateurs. Qui voudrait y recourir<br />

aujourd’hui, <strong>de</strong>vrait commencer par faire table<br />

rase <strong>de</strong> tous les progrès réalisés par l’enseignement<br />

clinique.<br />

Permettez-moi maintenant <strong>de</strong> vous introduire,<br />

pour un instant, dans une salle <strong>de</strong> clinique où<br />

l’instruction se donne d’après toutes les exigences<br />

<strong>de</strong> la science mo<strong>de</strong>rne.<br />

Un <strong>de</strong>s élèves a commencé, sous la direction<br />

du maître, l’examen du mala<strong>de</strong> qui fait l’objet <strong>de</strong><br />

(1 ) D iscours <strong>de</strong> M . le professeur R . Boddaert.<br />

L’ATHENÆ UM BELGE<br />

la leçon. Déjà l’interrogatoire, conduit suivant<br />

certaines règles, l’a mis au courant <strong>de</strong>s symptömes<br />

subjectifs. Il examine l’habitu<strong>de</strong> extérieure<br />

du sujet, le palpe, le percute, l’ausculte, mesure<br />

sa tem pérature à l’ai<strong>de</strong> du thermom ètre, explore<br />

l’état <strong>de</strong> la circulation et <strong>de</strong>s diverses fonctions.<br />

Mais le therm om ètre n ’est pas le seul instrument<br />

auquel il <strong>de</strong>vra reco u rir; souvent, soit<br />

pour arriver au diagnostic, soit pour juger<br />

<strong>de</strong> la marche <strong>de</strong> l’affection, il <strong>de</strong>vra prendre<br />

le tracé du pouls, à <strong>de</strong>s intervalles voulus,<br />

à l’ai<strong>de</strong> du sphygm ographe. D’autres instruments<br />

seront employés au besoin, les uns pour<br />

m esurer les dim ensions <strong>de</strong>s diverses parties du<br />

corps, les autres pour s’assurer <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la<br />

sensibilité tactile, d’autres encore qui, grâce à<br />

un éclairage spécial, perm ettent <strong>de</strong> plonger les<br />

regards dans la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> nos organes.<br />

Ce n’est pas tout : les diverses sécrétions, le<br />

sang du mala<strong>de</strong> feront l’objet d’un examen chimique<br />

et microscopique; <strong>de</strong>s instrum ents grossissants,<br />

une série <strong>de</strong> réactifs et d’appareils chimiques<br />

viennent ainsi s'ajouter à l’outillage<br />

clinique.<br />

Cette pâle esquisse ne peut donner qu’une idée<br />

très imparfaite <strong>de</strong>s multiples conditions que<br />

nécessitent aujourd’hui les installations cliniques.<br />

D’ailleurs, les exigences <strong>de</strong> la clinique externe<br />

ou chirurgicale ne sont pas celles <strong>de</strong> la clinique<br />

interne; les cliniques ophthalmologiques, <strong>de</strong>s<br />

maladies cutanées, <strong>de</strong>s femmes en couches,<br />

réclament chacune leur organisation spéciale.<br />

Avec son appareil compliqué, les soins minutieux<br />

quelle prend à suivre la marche <strong>de</strong> la maladie,<br />

à contröler les effets du traitem ent institué, tout<br />

cela en suivant rigoureusem ent les errem ents <strong>de</strong><br />

la métho<strong>de</strong> scientifique, la clinique ne trouve<br />

pas dans les salles ordinaires <strong>de</strong> l’höpital, si<br />

bien aménagé qu’il soit, toute sa liberté d’allure;<br />

calquée sur les sciences biologiques dans son<br />

m odus faciendi, elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, comme elles,<br />

<strong>de</strong>s installations spéciales. Aussi les instituts<br />

cliniques existent-ils m aintenant dans plusieurs<br />

villes universitaires d’Allemagne; certains<br />

d’entre eux, celui <strong>de</strong> Bonn, par exem ple, sont<br />

<strong>de</strong> vrais monum ents élevés à la science.<br />

Il n’entre pas dans mes intentions <strong>de</strong> m’arrêter<br />

sur les conditions auxquelles doit répondre<br />

un institut clinique, ni d’insister davantage sur<br />

l’utilité <strong>de</strong> semblables établissem ents; ici encore,<br />

l’expérience est faite, et la Belgique, qui a à<br />

cœ ur <strong>de</strong> se tenir à la hauteur du progrès scientifique,<br />

ne peut tar<strong>de</strong>r à suivre, dans cette<br />

voie, le bon exemple donné par les pays<br />

voisins.<br />

J’arrive au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ralum sur lequel je<br />

crois <strong>de</strong>voir attirer votre attention. Deux<br />

branches dont personne ne contestera l’im portance<br />

se trouvent inscrites, <strong>de</strong>puis toujours, au<br />

program m e <strong>de</strong> nos Facultés <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine : l’une<br />

s’occupe <strong>de</strong> questions graves, élevées, dont la<br />

solution intéresse le bien-être <strong>de</strong>s populations<br />

et le progrès hum anitaire; l’autre, aussi d’un<br />

intérêt social, apprend à éclairer la justice dans<br />

les cas où la liberté, la vie et l’honneur <strong>de</strong>s<br />

citoyens sont en jeu. J’ai nommé l’hygiène et la<br />

mé<strong>de</strong>cine légale.<br />

Reléguées jusqu’en 1876 parmi les m atières à<br />

certificat, leur inscription au programme, comme<br />

on l’a dit « n’était qu’une belle apparence, qu’un<br />

mirage trom peur (1). » Depuis, cette déchéance<br />

a fait place à une ère meilleure ; mais est-ce à<br />

dire que les branches auxquelles nous faisons<br />

allusion occupent enfin, dans_ le cadre <strong>de</strong> l’enseignement<br />

médical, le rang qu’elles m éritent?<br />

Personne n’oserait le prétendre, et s’il m’était<br />

permis d’exprim er, à ce sujet, ma pensée tout<br />

entière, je dirais que les cours d’hygiène et <strong>de</strong><br />

(x) C ours d ’hygiène fait p ar M . le D ' F é lix P utzeys, profse-<br />

seur à l’U niversité <strong>de</strong> L iè g e . D iscours d ’ouverture.<br />

mé<strong>de</strong>cine légale réclam ent une réforme complète.<br />

Le caractère éminemment pratique <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>ux branches est si évi<strong>de</strong>nt, qu’il n’échappe<br />

pas même aux personnes absolument étrangères<br />

à l’art <strong>de</strong> guérir. Et cependant, le croirait-on?<br />

alors qu’une large part était accor<strong>de</strong>e à l’enseignement<br />

pratique <strong>de</strong>s autres branches médicales,<br />

seul, celui <strong>de</strong> l’hygiène et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine légale<br />

restait purem ent théorique.<br />

Toutefois ce n’est pas dans un cours théorique<br />

que le futur mé<strong>de</strong>cin apprendra à se familiariser<br />

avec les grands et si intéressants problèmes<br />

dont l’hygiène m o<strong>de</strong>rne recherche la solution.<br />

Comment serait-il en état, après avoir étudié<br />

exclusivement le cahier du professeur, d’approfondir<br />

les questions si complexes se rapportant<br />

au sol que nous foulons et sur lequel sont<br />

bâties nos <strong>de</strong>meures ? Où ira-t-il puiser, si ce<br />

n’est dans <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> laboratoire, les<br />

connaissances nécessaires p o u rju g erd e la composition<br />

chimique <strong>de</strong>s gaz du sol, <strong>de</strong> sa température<br />

et <strong>de</strong>s variations qu’elle présente, <strong>de</strong>s<br />

oscillations <strong>de</strong> la nappe d’eau souterraine? Ni<br />

les livres, ni la leçon verbale ne lui fourniront<br />

les notions indispensables pour parler avec<br />

autorité <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong> l’air confiné <strong>de</strong><br />

nos appartem ents, <strong>de</strong>s divers systèmes <strong>de</strong> ventilation<br />

et <strong>de</strong> chauffage, <strong>de</strong>s altérations <strong>de</strong> l’eau<br />

<strong>de</strong> boisson, <strong>de</strong>s multiples sophistications <strong>de</strong> nos<br />

substances alimentaires.<br />

Mais le cadre <strong>de</strong> mon discours m’oblige à me<br />

restreindre et m’empêche <strong>de</strong> tracer, même à<br />

grands traits, le plan à suivre dans l’enseignement<br />

<strong>de</strong> l’hygiène. D’ailleurs, mon excellent<br />

collègue, M .le D r Félix Putzeys, professeur à<br />

l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Liège, dans sa leçon inaugurale<br />

<strong>de</strong> l’avant-<strong>de</strong>rnière année académique, a fait<br />

toucher du doigt la plaie que je découvre, et .a<br />

savamment exposé les réformes qu’appelle,<br />

dans nos universités, l’enseignem ent <strong>de</strong> l’hygiène.<br />

La m é<strong>de</strong>cine légale a cela <strong>de</strong> commun avec<br />

l’hygiène qu’elle suppose, chez oelui qui la cultive,<br />

<strong>de</strong>s notions très étendues sur les sciences<br />

physico-chim iques, sur toutes les branches <strong>de</strong><br />

la biologie et en même tem ps <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> guérir.<br />

Il faut que le mé<strong>de</strong>cin légiste soit à la fois physicien,<br />

chim iste, anatom iste, mé<strong>de</strong>cin, pharm a-<br />

cologiste; car les renseignem ents qu’on lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> peuvent varier dans <strong>de</strong> larges limites<br />

et porter sur <strong>de</strong>s faits d’ordres très différents.<br />

Toutefois, <strong>de</strong> même aussi que l’hygiène, la mé<strong>de</strong>cine<br />

légale ne vit pas exclusivement d’emprunts<br />

; elle n ’est tributaire <strong>de</strong>s autres sciences<br />

que dans une certaine mesure, et, après s’être<br />

assimilé leurs métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recherches, elle<br />

conserve son autonom ie, son caractère propre.<br />

Il pourra paraître étrange que cette branche<br />

<strong>de</strong> la m é<strong>de</strong>cine, toute basée sur l’observation<br />

rigoureuse <strong>de</strong>s faits, et qui, pour arriver à ses<br />

fins, ne peut se passer <strong>de</strong> l’expérimentation, n’ait<br />

été enseignée jusqu’à présent, dans nos écoles,<br />

que théoriquem ent. Il faut qu’elle soit bien puissante,<br />

cette force d’inertie contre laquelle,<br />

hélas ! se heurte trop souvent celui qui cherche<br />

à innover utilem ent dans l’enseignem ent supérieur,<br />

quand on voit les tentatives faites en<br />

France, il y a plus <strong>de</strong> quarante ans, par un<br />

homme <strong>de</strong>s plus autorisés, Devergie, pour donner<br />

un caractère pratique à l’enseignement <strong>de</strong> la<br />

mé<strong>de</strong>cine légale, <strong>de</strong>m eurer si longtemps stériles.<br />

Pour nous, l’éloquent plaidoyer que nous<br />

trouvons, à ce sujet, dans la prem ière édition<br />

du livre <strong>de</strong> Devergie, n’a rien perdu <strong>de</strong> son<br />

actualité : « Si nous portons nos regards, dit<br />

l’auteur, sur la manière dont la mé<strong>de</strong>cine légale<br />

est enseignée en France, nous ne verrons partout<br />

que <strong>de</strong>s cours du genre <strong>de</strong> ceux oui constituent<br />

la théorie <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine. Dans ces<br />

cours, rien <strong>de</strong> pratique, à l’exception peut-être

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!