1882 - Université Libre de Bruxelles
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294 L’ATHENÆUM BELGE<br />
La secon<strong>de</strong> divison <strong>de</strong> la faune pélagique<br />
renferm e les types les plus divers, types dont<br />
les plus proches parents sont, ou terrestres, ou<br />
littoraux, ou abyssaux. Il m’est seulem ent possible<br />
d’en indiquer ici quelques-uns. Quoique<br />
un grand nombre <strong>de</strong> Cilio-flagettata soient<br />
pélagiques, les véritables Infusoires (Ciliata) ne<br />
se rencontrent généralem ent pas très loin <strong>de</strong>s<br />
cötes; au moins en a-t-on signalé très peu<br />
ailleurs jusqu’à présent. Ceux qu’on connaît<br />
appartiennent à une seule famille <strong>de</strong>s P eritrich a,<br />
Ie3 T intinnidæ . Codonella, l’un d’eux, est rem arquable<br />
en ce qu’il a la forme d ’une cloche et<br />
possè<strong>de</strong> une coquille protectrice en silice.<br />
Il y a aussi <strong>de</strong>s Actinies qui se sont adaptées<br />
à la vie pélagique. On les rencontre parfois en<br />
gran<strong>de</strong> quantité à la surface <strong>de</strong> l’Océan. Elles<br />
sont exactem ent semblables aux formes littorales,<br />
excepté à la base, qui, au lieu d 'être<br />
aplatie pour adhérer aux roches, est fermée <strong>de</strong><br />
manière à contenir une certaine quantité d ’air.<br />
Suspendues par la bouée ainsi constituée, elles<br />
flottent à la surface la bouche en bas. L’une<br />
d’elles, M inyas ccen<strong>de</strong>a, est rem arquable en ce<br />
qu’elle appartient à ce petit nom bre d’animaux<br />
pélagiques colorés en bleu-foncé. Il y a aussi<br />
<strong>de</strong>s Insectes pélagiques, Halobates, <strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong>s Hémiptères, étroitem ent alliés à ceux qui se<br />
prom ènent à la surface <strong>de</strong> nos étangs. On rencontre<br />
les Halobates glissant sur les vagues, en<br />
pleine mer, et cela au milieu <strong>de</strong>s plus terribles<br />
tem pêtes<br />
Il y a beaucoup <strong>de</strong> poissons pélagiques. J’ai<br />
déjà parlé <strong>de</strong> la daura<strong>de</strong> (Coryphœna) J'appellerai<br />
maintenant votre attention sur le rare Regalecus.<br />
On supposait autrefois que cet animal était<br />
pélagique, mais le Dr Günther est convaincu<br />
qu’il se tient dans les profon<strong>de</strong>urs, quoi qu’il<br />
n’ait encore jamais été ram ené par la drague,<br />
mais trouvé m ort à la surface. Il y a ainsi un<br />
certain nombre <strong>de</strong> poissons sur les mœurs <strong>de</strong>squels<br />
les ichthyologistes diffèrent d’opinion. Les<br />
jeunes Regalecus vivent dans les couches superficielles<br />
et, peut-être, la famille à laquelle ils<br />
appartiennent m ontrera-t-elle encore d’autres<br />
connexions entre les faunes pélagique et abyssale.<br />
Les Ophidiens pélagiques sont aussi très<br />
intéressants comme représentant aujourd’hui les<br />
serpents m arins <strong>de</strong> l’Eocèno ( T ïanophis). Quoiqu’ils<br />
se rapprochent <strong>de</strong>s rivages à l’époque <strong>de</strong><br />
la reproduction, ils n ’en passent pas moins la<br />
plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur vie en pleine mer et<br />
sont spécialement adaptés, notamment par la<br />
structure <strong>de</strong> leurs poumons et la forme <strong>de</strong> leur<br />
queue, à ce genre d’existence.<br />
Il existe un lézard, l'Am bly n h inchus, <strong>de</strong>s îles<br />
G allapagos,déerit par M. Darwin dans son journal,<br />
qui, quoique ne m éritant pas l’épithète <strong>de</strong><br />
pélagique, va pourtant dans la mer et constitue,<br />
mais <strong>de</strong> très loin, une sorte <strong>de</strong> représentant <strong>de</strong>s<br />
gigantesques lézards pélagiques <strong>de</strong>s temps<br />
mésozoïques, les Mosasaures.<br />
Tant <strong>de</strong> groupes du règne animal contribuant<br />
à la vie pélagique, il est rem arquable que certains<br />
n ’y scient point représentés. Ainsi il n ’y a<br />
pas d'Epouges adultes pélagiques, ni d’Alcyonaires,<br />
ni <strong>de</strong> Géphyrées, ni <strong>de</strong> Brachiopo<strong>de</strong>s, ni<br />
<strong>de</strong> Lamellibranches, ni, enfin, d’Echino<strong>de</strong>rmes.<br />
Si nous prenons en considération les modifications<br />
subies par les Actinies, les Némertiens, les<br />
Synascidies et les Gastéropo<strong>de</strong>s, pour occuper<br />
la haute mer, il est facile <strong>de</strong> concevoir comment<br />
les Lamellibranches, par exemple, auraient pu<br />
<strong>de</strong>venir pélagiques. Il suffit <strong>de</strong> se les figurer<br />
volant dans l'eau comme <strong>de</strong>s papillons, à la<br />
manière <strong>de</strong> Lim a h ians. On aura <strong>de</strong> même une<br />
idée d’Echini<strong>de</strong>s pélagiques, d’après M inyas,<br />
<strong>de</strong> Comatulcs pélagiques, nageant avec leurs<br />
bras, etc... Cependant ni Lamellibranches, ni<br />
Echino<strong>de</strong>rmes n’ont existé sous cette forme,<br />
dans toute la série <strong>de</strong>s couches géologiques, si<br />
on excepte le Saccoma <strong>de</strong>s schistes lithographiques.<br />
En ce qui concerne l’histoire <strong>de</strong> la faune<br />
pélagique dans le passé, il ne peut y avoir <strong>de</strong><br />
doute, comme le professeur Weismann le dit très<br />
bien, que l’origine <strong>de</strong>s anim aux et <strong>de</strong>s végétaux<br />
doive être recherchée dans l’Océan. Il est probable<br />
qu’une fraction considérable <strong>de</strong> la vie<br />
primitive appartenait à la pleine mer et a donné<br />
naissance à la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s êtres <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> actuelle. L’embryogénie do tous les<br />
animaux marins vient confirmer cette vue, <strong>de</strong>s<br />
larves pélagiques transparentes i<strong>de</strong>ntiques<br />
appartenant à <strong>de</strong>s groupes très différents. On<br />
peut à peine expliquer cette ressemblance par<br />
l’adaptation, et il y a plutö t lieu <strong>de</strong> croire à une<br />
origine ancestrale commune. Parmi les Monères<br />
.existent, d ’ailleurs, <strong>de</strong>s formes pélagiques, car<br />
Haeckel en a trouvé (Protom yxa aurantiaca)<br />
adhérant à <strong>de</strong>s coquilles <strong>de</strong> Spirale, qui flottaient<br />
à la surface.<br />
Les ri cherches intéressantes du Dr Nathorst (1)<br />
nous ont appris que <strong>de</strong>s Scyphoméduses! pro<br />
ches parentes <strong>de</strong> celles qui nagent dans les<br />
eaux <strong>de</strong> Southampton, faisaient déjà partie <strong>de</strong><br />
la faune pélagique <strong>de</strong>s m ers cambriennes, pendant<br />
que la boue <strong>de</strong> cette époque fourmillait<br />
d'Annéli<strong>de</strong>s analogues à celles d’aujourd’hui.<br />
En même temps, <strong>de</strong>s Brachiopo<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s Coraux,<br />
<strong>de</strong>s Echino<strong>de</strong>rmes, <strong>de</strong>s Crustacés, etc.., existaient<br />
déjà sur les cötes.<br />
La faune pélagique précam brienne doit donc<br />
avoir contenu <strong>de</strong>s représentants adultes et<br />
sexués <strong>de</strong> la Planula, les larves bilatérales <strong>de</strong>s<br />
Echino<strong>de</strong>rmes, l'E p h yra (qui existe encore<br />
aujourd’hui), la Troehosphère et le Nauplius.<br />
Durant la pério<strong>de</strong> cam brienne furent ajoutés le<br />
Cypris, ancêtre <strong>de</strong>s Cirrhipè<strong>de</strong>s, la forme souche<br />
<strong>de</strong>s Vertébrés et le trilobite A egtina, aux yeux<br />
énorm es, qui se tenait, sans doute, dans un<br />
endroit où la lum ière n ’était pas très vive et qui<br />
doit, peut-être, être compté parmi les formes<br />
pélagiques. A l’époque silurienne, les P téro <br />
po<strong>de</strong>s se joignirent à cette phalange. Ils offrent<br />
alors quelques types gigant esques, maintenant<br />
éteints, ayant près d’un pied <strong>de</strong> long, tandis,<br />
qu’un autre genre vit encore actuellem ent. Les<br />
Hétéropo<strong>de</strong>s font aussi leur apparition (Belterophon)<br />
avec les larves <strong>de</strong> Cirrhipè<strong>de</strong>s et les Graptoliles.<br />
Les requins et les raies abondaient dans<br />
la pleine mer., mais les Ganoï<strong>de</strong>s s’étaient déjà<br />
retirés dans les eaux douces. Dès le début <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> secondaire, les Globigérines viennent à<br />
la lum ière en compagnie <strong>de</strong> quelques Radiolaires,<br />
et les Céphalopo<strong>de</strong>s dibranches se montrent<br />
sous la forme <strong>de</strong> Bélemnites. Les Reptiles,<br />
dont les ancêtres avaient quitté l’eau, retournent<br />
dans cet élément, et les Ichthyosaures,<br />
aux yeux énorm es, poursuivent leur proie dans<br />
les profon<strong>de</strong>urs ou à la surface pendant la nuit.<br />
Un peu plus tard, ce sont les Mosasaures, qui<br />
atteignent <strong>de</strong>s dimensions comparables à celles<br />
<strong>de</strong>s Cétacés.<br />
Au commencement <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> tertiaire, ou<br />
même vers la fin du Crétacé, divers Mammifères<br />
prirent la m er, et parmi eux les Baleines, qui<br />
quittèrent les rivages pour toujours. Quelques<br />
animaux pélagiques paraissent cependant d’origine<br />
récente. Tel est Ianthina, qu’on n ’a point<br />
encore re n co n tré, pas plus qu’aucune autre<br />
forme parente, à l’état fossile.<br />
La faune pélagique se compose d o n c : en<br />
prem ier lieu, d’êtres provenant d’ancêtres pélagiques<br />
<strong>de</strong>puis les temps les plus reculés ; en<br />
second lieu, <strong>de</strong>s types terrestres ou littoraux,<br />
qui se sont successivem ent ajoutés aux précé<strong>de</strong>nts.<br />
(1 ) S ven ska V etensk. A k a d . H an d ., N ° 7, B d. X V I I I .<br />
C H R O N IQ U E .<br />
Le prix quinquennal <strong>de</strong>s sciences naturelles, pour<br />
la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1877-1881, a été décerné à M. L : G.<br />
<strong>de</strong> Koninck, professeur ém érite à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong><br />
Liège, membre île la classe <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’Académie<br />
royale <strong>de</strong> Belgique, pour ses mémoires sur la<br />
paléontologie prim aire <strong>de</strong> l’Australie et pour sa<br />
<strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la faune du calcaire carbonifère <strong>de</strong><br />
la Belgique.<br />
Le jury chargé <strong>de</strong> décerner ce prix, constate,<br />
dans son rapport adressé à M. le Ministre <strong>de</strong> l ’intérieur,<br />
qu'il à eu à exam iner an nombre inaccoutumé<br />
d'œuvres sérieuses dans les trois règnes <strong>de</strong> la nature;<br />
mais son attention <strong>de</strong>vait se porter particulièrem ent<br />
sur les ouvrages qui se sont appliqués à dévoiler<br />
nos faunes anciennes. Les oeuvres sur lesquelles son<br />
attention s’est particulièrem ent arrêtée sont dues à<br />
M. P : J. Van Bene<strong>de</strong>n et L -G. <strong>de</strong> Koninck.<br />
Pendant la seule pério<strong>de</strong> quinquennale <strong>de</strong>rnière,<br />
M. P : J. Van Bene<strong>de</strong>n a publié, sur la distribution<br />
géographique <strong>de</strong>s mammifères m arins, non moins<br />
<strong>de</strong> douze mémoires et notices, fruit <strong>de</strong> longues<br />
recherches qui ont nécessité à la fois une complète<br />
compétence et <strong>de</strong>s relations scientifiques très étendues.<br />
Cette série <strong>de</strong> travaux ne constitue cependant<br />
qu’une sorte d’appendice à l’œuvre que M. Van Bene<strong>de</strong>n<br />
exécute su r les Cétacés fossiles. Dès 1876, il<br />
commençait, dans 'les « Annales du Musée royal<br />
d’histoire naturelle «, la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s innom brables<br />
ossements exhumés du sol tertiaire à Anvers et<br />
figurant dans les galeries <strong>de</strong> cet établissement.<br />
A pporter la lumière au milieu d'amas <strong>de</strong> ces restes<br />
qui m esurent un volume <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 200 mètres cubes,<br />
en extraire les débris <strong>de</strong>s espèces variées et<br />
encore inconnues <strong>de</strong> plusieurs époques géologiques<br />
et rapporter les ossements épars chacun à son<br />
espèce propre, était la tâche qu’il s’imposait. Secondé<br />
par M. Depauw, l’habile contröleur <strong>de</strong>s<br />
ateliers du Musée, M. Van Bene<strong>de</strong>n a pu faire<br />
paraître la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> dix-huit espèces d'Amphi-<br />
thériens, <strong>de</strong> trois genres <strong>de</strong> Baleines et <strong>de</strong> huit espèces<br />
<strong>de</strong> Balénoptères réparties en quatre genres. Ce sont<br />
autant <strong>de</strong> formes que la science n’avait pas encore<br />
cataloguées. Il suffira <strong>de</strong> rap p eler que ces <strong>de</strong>scriptions<br />
sont accompagnées d'atlas comprenant 127 planches<br />
in-plano, pour donner une idée <strong>de</strong> l’extension du<br />
travail ; et encore les m atériaux qu'il reste à faire<br />
connaître et dont l’élaboration est déjà fort avancée,<br />
atteignent-ils peut-être la même étendue que celle<br />
qui vient d’ê tre décrite.<br />
Pendant la même pério<strong>de</strong>, M. L : G. <strong>de</strong> Koninck<br />
a publié <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> travaux qui sont en quelque<br />
sorte l ’expression du program m e qu’il s’est<br />
imposé dans sa carrière : la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s fossiles<br />
siluriens, dévoniens et carbonifères <strong>de</strong> l’Australie,<br />
dans les Mémoires <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong><br />
L iège, et la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s poissons, <strong>de</strong>s céphalopo<strong>de</strong>s<br />
et <strong>de</strong>s gastéropo<strong>de</strong>s du calcaire carbonifère <strong>de</strong><br />
la Belgique, dans les Annales du Musée. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
ouvrage n’aurait peut-être pu l’em porter dans la<br />
décision du jury sur l ’œuvre cétologique <strong>de</strong> M. Van<br />
Bene<strong>de</strong>n, l’un et l’autre étant d'une importance<br />
m agistrale. Mais il a paru au jury que les publications<br />
<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Koninck sur l’Australie, s’adjoignant<br />
à son grand travail sur le calcaire carbonifère belge,<br />
faisait définitivement pencher la balance en sa<br />
faveur.<br />
— Un intéressant travail, dont l’auteur est M. Paul<br />
Thomas, professeur à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Gand, vient<br />
<strong>de</strong> paraître dans la Philologische W ochenschrift.<br />
Il est intitulé : " De l ’état <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s philologiques<br />
en Belgique, 1870 <strong>1882</strong> " . M. Thomas y passe successivement<br />
en revue l’archéologie, l’histoire a n <br />
cienne, l’histoire <strong>de</strong> la philosophie, l’histoire littéraire,<br />
l'histoire <strong>de</strong> l’art, la philologie dans le sens<br />
restreint : gram m aire, critique, exégèse; les publications<br />
périodiques. Une mention spéciale est<br />
accordée à la Société pour le progrès <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
philologiques et historiques, fondée eu 1873, et dont<br />
la Revue <strong>de</strong> l’instruction publique est l’organe.<br />
M. Thomas examine ensuite la situation <strong>de</strong> l’ensei-