1882 - Université Libre de Bruxelles
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du mouvement scientifique, à mesure qu'on avance.<br />
Mais il est très rem arquable que l'allure <strong>de</strong> ce développement<br />
soit très peu influencée par les circonstances<br />
extérieures. On cherche vainement <strong>de</strong>s m arques<br />
irréfutables <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s grands événements<br />
politiques et <strong>de</strong>s guerres les plus prolongées et<br />
les plus désastreuses, sauf dans un ou <strong>de</strong>ux cas<br />
particuliers. Ce3 cas ne se présentent que dans les<br />
moments où le trouble s’étend à une portion fort<br />
considérable <strong>de</strong> l'Europe. Au contraire, ce sont les<br />
événements glorieux ou im portants <strong>de</strong> la science<br />
elle-même, comme la découverte <strong>de</strong> Neptune et le<br />
passage <strong>de</strong> Vénus <strong>de</strong> 1S74, qui se m arquent, par le<br />
nombre <strong>de</strong>s productions, dans la courbe <strong>de</strong> l’activité<br />
astronomique.<br />
» Une autre considération qui découle <strong>de</strong> l'inspection<br />
<strong>de</strong> cette statistique, c'est l'importance relative<br />
<strong>de</strong>s langues, dans les périodiques <strong>de</strong> la science mo<strong>de</strong>rne.<br />
Depuis un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux siècles, c’est-à-<br />
dire <strong>de</strong>puis la création <strong>de</strong> la Société royale <strong>de</strong> Londres<br />
et la fondation du Jo u rn a l <strong>de</strong>s S a vants, la<br />
langue latine n'a eu qu'une part minim e aux communications<br />
insérées dans les collections académiques<br />
et les revues. Deux langues mo<strong>de</strong>rne3 marchent<br />
<strong>de</strong> pair, dans ces communications, le français et<br />
l'anglais; l’allemand se place un peu au <strong>de</strong>ssous.<br />
Les autres langues sont tout à fait secondaires;<br />
parmi colles-ci, l’italien tient le prem ier rang. Il<br />
est curieux <strong>de</strong> rem arquer qu’eu égard au chiffre <strong>de</strong><br />
sa population, l’Espagne est, pour l'astronomie, le<br />
<strong>de</strong>rnier pays <strong>de</strong> l'Europe occi<strong>de</strong>ntale. »<br />
bibliographie tournaisienne. Recherches su r la<br />
vie et les tra v a u x <strong>de</strong>s im p rim eurs et <strong>de</strong>s libraires<br />
<strong>de</strong> Tournai, par Emile Desmazières. Tournai, typographie<br />
V« H. Casterm an, <strong>1882</strong>, 768 pages gr. in-8°.<br />
— Ce volume, qui est un tirage à part <strong>de</strong>s B ulletins<br />
<strong>de</strong> la Société historique et littéraire <strong>de</strong> Tournai,<br />
tomes 18 (1880) et 19 (1881), est le fruit <strong>de</strong> vingt<br />
années <strong>de</strong>s patientes recherches d’un bibliophile.<br />
Outre une nomenclature très exacte <strong>de</strong>s publications<br />
faites à Tournai jusqu’au commencement <strong>de</strong> ce<br />
siècle, il comprend <strong>de</strong>s notices détaillées sur les<br />
travaux d’une cinquantaine <strong>de</strong> libraires et d'im prim<br />
eurs tournaisiens.<br />
Le prem ier livre imprimé à Tournai ne date que<br />
<strong>de</strong> 1010, et 1 im prim erie n ’y fut jam ais très florissante<br />
avant notre siècle. La cause doit en être a ttribuée,<br />
dit M. Desmazières, aux règlements auxquels<br />
elle était soumise. Cependant, dès le commencement<br />
du XVIe siècle, il y avait déjà un libraire,<br />
Antoine Durieu, qui fit im prim er à P aris les<br />
ouvrages qu'il édita. Les autres libraires tournaisiens<br />
qui vinrent après lui dans le XVIe siècle, firent<br />
im prim er à Anvers, à Louvain, à Douai et à Cambrai.<br />
A partir du règne <strong>de</strong> Louis XIV, on im prim a à<br />
Tournai beaucoup d 'édits, d'ordonnances, <strong>de</strong> placards<br />
et <strong>de</strong> règlements <strong>de</strong> toute nature, qui, après<br />
avoir été enregistrés au Parlem ent <strong>de</strong> cette ville, et<br />
plus tard, sous le gouvernement autrichien, au<br />
siège du bailliage <strong>de</strong> Tournai et du Tournaisis,<br />
étaient lus a u x bretèques <strong>de</strong> la ville, le peuple a ssemblé<br />
après son <strong>de</strong> trom pette. Plus tard, sous la<br />
République française, ou y im prim a aussi un grand<br />
nombre <strong>de</strong> proclamations et <strong>de</strong> documents officiels<br />
émanés <strong>de</strong>s nouvelles autorités adm inistratives et<br />
m ilitaires. Nous signalons à la Commission pour la<br />
publication <strong>de</strong>s anciennes lois et ordonnances les<br />
documents publiés sous la domination autrichienne,<br />
et dont les titres ou l'analyse nous sont donnés par<br />
M. Desmazières; il y en a bon nombre qui ne sont<br />
pas mentionnés dans la Liste chronologique publiée<br />
par cette commission.<br />
Trois tables complètent l'ouvrage : une <strong>de</strong>s noms<br />
d'auteurs, une autre <strong>de</strong>s ouvrages anonymes, et une<br />
table analytique <strong>de</strong>s ordonnances, édits, placards,<br />
proclamations, règlements, traités <strong>de</strong> paix, etc ;<br />
celle-ci n’est pas lu moins utile ; elle est très détaillée,<br />
mais elle laisse quelque peu à désirer.<br />
Il s'est glissé dans l’impression quelques erreurs<br />
<strong>de</strong> chiffres, presque inévitables dans un livre <strong>de</strong> ce<br />
L’ATHENÆUM BELGE<br />
genre ; nous nous bornons à attirer sur ce point<br />
l’attention <strong>de</strong> l'auteur pour qu’il n ’oublie pas <strong>de</strong><br />
joindre un errata au supplément qu'il prépare.<br />
M. Desmazières a réuni les ouvrages publiés par<br />
un même libraire ou un même im prim eur; nous<br />
aurions préféré, pour faciliter les recherches, qu'il<br />
eût adopté, autant que possible, l’ordre chronologique.<br />
Malgré ces légers défauts, la Bibliographie<br />
tourna isienne doit être estimée à l’égal <strong>de</strong>s autres<br />
excellents recueils du même genre, qui ont vu le jo u r<br />
dans notre pays. O.<br />
Trübner's Catalogue o f D ictionaries and G ram <br />
m a rs o f the p rin cip a l languages o f the w orld. Second<br />
édition London, T rübner. — La prem ière<br />
édition <strong>de</strong> ce catalogue, publiée en 1872, renferm ait<br />
1,100 articles; la nouvelle n'en contient pas moins<br />
<strong>de</strong> 3,000, répartis dans l’ordre <strong>de</strong>s langues et dialectes<br />
principaux, au nombre <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400. L'éditeur<br />
n’a pas eu en vue d'épuiser la liste; son but a été<br />
<strong>de</strong> réunir les titres <strong>de</strong>s ouvrages qui peuvent être<br />
acquis sans difficulté. Même en tenant compte <strong>de</strong><br />
ce caractère d'utilité pratique qu’il a voulu donner à<br />
son travail, on constatera <strong>de</strong>s lacunes. Pour notre<br />
part, nous en signalerons quelques-unes. Sous la<br />
rubrique N éerlandais, nous ne trouvons pas m entionnée<br />
l’excellente gram m aire <strong>de</strong> Brill. P o u r le<br />
wallon, on cite : la gram m aire élém entaire <strong>de</strong><br />
L. M .(M ichiels), les dictionnaires <strong>de</strong> Grandgagnage,<br />
Remacle et Sigart. Il faut y ajouter : Lobet, dictionnaire<br />
du dialecte <strong>de</strong> Verviers ; Dasnoy, dictionnaire<br />
du Luxem bourg; Forir, dictionnaire wallon<br />
(le plus riche et le plus im portant aussi pour son<br />
autorité); J. Hubert, dictionnaire (2e édition 1868).<br />
M algré ces lacunes, d’ailleurs inévitables, le catalogue<br />
publié par M. Trübner m érite d’être recommandé<br />
aux linguistes et aux philologues comme un gui<strong>de</strong><br />
très utile.<br />
De M ogador à B iskra , par Jules Leclercq. Paris,<br />
Challamel. — L a M u jer M arroqui, estudio social<br />
por D. Felipe Ovilo y Canales, oficial <strong>de</strong>l Cuerpo<br />
<strong>de</strong> sanidad m ilitar, médico que fué <strong>de</strong> la legacion<br />
<strong>de</strong> Espana en Tanger y <strong>de</strong>l Cuerpo sanitario <strong>de</strong><br />
M arruecos, etc. Segunda edicion, illustrada con<br />
cromos al lâpiz y dibujos à la pluma. M adrid, F. Fé.<br />
— Dans le volume où il raconte, avec le même talent<br />
que nous avons eu plus d'une fois l ’occasion <strong>de</strong> lui<br />
reconnaître, une excursion au Maroc et en Algérie,<br />
M. J. Leclercq trace un tableau très sombre <strong>de</strong> la<br />
situation politique et sociale du Maroc. “ Que l'empire<br />
<strong>de</strong>s shérifs, d it-il, soit réform é ou non, il n'est<br />
pas besoin d’être prophète pour prédire qu’il ne<br />
restera plus longtemps le <strong>de</strong>rnier boulevard <strong>de</strong> l’islamisme<br />
: töt ou tard,cette riche contrée inexploitée<br />
tom bera, comme l'Algérie, sous la tutelle d'une<br />
puissante nation. « E t il rappelle ces mots d'un<br />
Anglais, M. Hooker : “ Il n'y a <strong>de</strong> progrès possible<br />
dans 1'état lamentable du Maroc que si ce pays passe<br />
sous la loi d’un peuple civilisé assez fort pour briser<br />
prom ptem ent la résistance inévitable <strong>de</strong> la classe<br />
dirigeante, assez éclairé pour avoir à cœur la prospérité<br />
<strong>de</strong> la nation m aro cain e » En effet, tandis<br />
que l'A lgérie, après un <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong> domination<br />
française, s’est transform ée à l’européenne, le Maroc<br />
reste fermé à toute civilisation : le <strong>de</strong>spotisme y<br />
règne en m aître souverain, et il est favorisé par<br />
une religion basée sur la doctrine fataliste du<br />
Coran.<br />
Loin <strong>de</strong> contredire ces conclusions, M. Ovilo<br />
vient les renforcer : l’empire du M aroc, écrit-il, est<br />
<strong>de</strong>stiné à disparaître dans u n prochain avenir <strong>de</strong> la<br />
carte politique <strong>de</strong>s nations. Comme M. Leclercq, il<br />
estime que si cet E tat barbare se soutient encore<br />
dans le voisinage <strong>de</strong> l'Europe civilisée, c’est grâce à<br />
la mutuelle jalousie <strong>de</strong>s nations chrétiennes. Il est<br />
intéressant, ajoute-t-il, d’étudier la physionomie <strong>de</strong><br />
ce peuple près d'être absorbé par d’autres plus vigoureux<br />
et plus -civilisés et les causes q u i le précipitent<br />
à sa ru in e; mais ce qui m érite surtout l'attention,<br />
c’est la condition du sexe faible dans ce pays où les<br />
traditions du Levant ont rencontré un terrain si<br />
favorable à leur développement. Ces considérations<br />
l'ont engagé à détacher l’étu<strong>de</strong> sur la fem m e au<br />
M aroc d'un grand travail qu’il a publié l'an <strong>de</strong>rnier<br />
dans la R evista contemporanea sous le titre général<br />
: Estudios p o liticos y sociales sobre M a rruecos.<br />
Le Maroc, comme toutes les nations m ahom étanes,<br />
a son plus grand ennemi dans son organisation<br />
politique et religieuse. Il suffit <strong>de</strong> considérer<br />
l ’état social <strong>de</strong> la femme dans ce pays pour saisir<br />
une <strong>de</strong>s principales causes du triste état <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nce<br />
dans lequel il est tombé. Le point <strong>de</strong> vue<br />
auquel s’est placé M. Ovilo est neuf, et il donne lieu<br />
à <strong>de</strong>s considérations pleines d'intérêt. Grâce à ses<br />
fonctions et à une longue expérience, l’auteur a pu<br />
recueillir une quantité d'informations qu’on ne trouverait<br />
point ailleurs. Son livre a donc la valeur d'un<br />
document historique. Il est illustré d'un grand nombre<br />
<strong>de</strong> planches artistem ent exécutées.<br />
C H R O N IQ U E .<br />
Le ju ry chargé d’examiner les ouvrages dram atiques<br />
en langue française présentés au concours<br />
triennal <strong>de</strong> 1879-1881 a adressé le rapport suivant<br />
au m inistre <strong>de</strong> l’intérieur :<br />
» Le ju ry a le regret do ne pouvoir proposer aucun<br />
ouvrage dram atique pour le prix du concours<br />
triennal. Cette décision a été prise à l’unanim ité,<br />
après une discussion qui a fait valoir les m érites <strong>de</strong><br />
plusieurs concurrents, m ais qui n’en a pas désigné<br />
un, spécialement, comme <strong>de</strong>vant em porter la couronne.<br />
» Le ju ry n’a pas besoin <strong>de</strong> rappeler que ce résultat<br />
négatif a déjà eu <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts. En Belgique,<br />
comme en France, comme en Allemagne, on est<br />
venu déclarer plus d ’une fois qu'il n ’y avait pas lieu<br />
à décerner <strong>de</strong>s prix institués par l’E tat. Les parties<br />
<strong>de</strong> talent, les détails heureux ne suffisent pas pour<br />
certaines récompenses publiques. Il y faut un effort<br />
assez vigoureux,une œuvre assez considérable, pour<br />
qu’on y reconnaisse officiellement ce qui a le plus et<br />
le mieux m arqué en trois années <strong>de</strong> production dramatique.<br />
» Parm i les pièces qui lui ont été présentées, et<br />
dont la liste compte vingt-neuf numéros, vingt neuf<br />
pièces ou recueils <strong>de</strong> pièces, le jury a rem arqué une<br />
comédie d'un auteur qui a obtenu le prix au <strong>de</strong>rnier<br />
concours. Cette comédie est inégale, et les bons<br />
morceaux, <strong>de</strong> verve franche ou d ’émotion forte, n ’y<br />
rachètent pas assez les scènes m alhabiles, les h ardiesses<br />
choquantes, l'éloquence <strong>de</strong> convention.<br />
L ’œuvre a pourtant <strong>de</strong>s qualités soli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s paroles<br />
m ordantes, et surtout, cet instinct <strong>de</strong> la scène que<br />
le ju ry avait signalé, il y a trois ans, dans A n d ré<br />
Vésale, M a th il<strong>de</strong> Gilbert, et l 'Employé.<br />
» Amenant d’un débutant, cette comédie assez singulièrem<br />
ent intitulée: l'A ltru iste , avait <strong>de</strong>s p romesses<br />
dignes d ’être encouragées. Mais on <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
plus que <strong>de</strong>s promesses à un auteur déjà couronné.<br />
E t pour se faire connaître à <strong>de</strong>ux fois, les coups<br />
d’essai ne sont plus suffisants.<br />
» Le jury a goûté aussi l'esprit, la vivacité <strong>de</strong> bon<br />
ton, la langue recherchée d’un recueil <strong>de</strong> proverbes<br />
ou comédies en un acte. Mais l’auteur <strong>de</strong> ces petites<br />
pièces, qui n’a pas été étranger à l’institution du<br />
prix triennal <strong>de</strong> littérature dram atique, sait mieux<br />
que personne les conditions qu’il faut rem plir pour<br />
être vainqueur d’un pareil concours. La plupart <strong>de</strong>s<br />
comédies contenues dans le volume intitulé : A cöté<br />
<strong>de</strong> la R am pe, n’appartiennent pas à la pério<strong>de</strong><br />
réglementaire <strong>de</strong> 1879-1881. Et le petit acte détaché,<br />
qui se nomme L a H aie m itoyenne,et qui est récent,<br />
est un peu mince pour être chargé d ’un prix. Il y a<br />
<strong>de</strong>s m érites piquants qui semblent plutöt faits pour<br />
être applaudis dans un salon que pour être honorés<br />
p ar un gouvernement.<br />
* D 'autres œuvres ont attiré l’attention du ju ry .<br />
Des drames historiques, où l'exactitu<strong>de</strong> d ’événements<br />
d ’autrefois se mêle à <strong>de</strong>s inventions violentes;<br />
<strong>de</strong>s tragédies intimes qui se piquent aussi <strong>de</strong> faire <strong>de</strong><br />
l'histoire, l'histoire <strong>de</strong> tous les jours qui peut être<br />
plus surprenante que 1 histoire d’un jo u r historique;<br />
<strong>de</strong>s comédies qui ont la louable intention d'étudier,<br />
en Flandre, <strong>de</strong>s travers flamands. Des qualités diverses,<br />
à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés différents, peuvent être sig n alées<br />
dans ces diverses tentatives. Ce qui leur m anque,<br />
c’est l'art <strong>de</strong> faire une pièce, et parfois aussi <strong>de</strong><br />
l 'écrire.