1882 - Université Libre de Bruxelles
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L'ATHENÆUM BELGE<br />
BUREAUX :<br />
RTJE D E L A M A D E L E I N E , 26, A B R U X E L L E S .<br />
S o m m a ir e . — L’Ecclésiaste (Em. Ouverleaux).<br />
— Bulletiu : A : R Falck et le Musée <strong>de</strong>s sciences<br />
et <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong>. Déterminisme et<br />
liberté. Passio et M iracula Beati Olaui — Les<br />
fouilles <strong>de</strong> la Société archéologique <strong>de</strong> Nam ur,<br />
en 1880. I. — Chronique. — Sociétés savantes.<br />
— Bibliographie.<br />
O U V R A G E S N O U V E A U X .<br />
L'Ecclésiaste traduit <strong>de</strong> l’Iiébreu, avec une étu<strong>de</strong>su<br />
r l’âge et le caractère du livre, par Ernest<br />
Renan. Paris, Calm ann-Lévy, <strong>1882</strong>, 1 vol.<br />
in-8°.<br />
M. Renan regar<strong>de</strong> comme indispensable au<br />
tableau qu’il a voulu faire <strong>de</strong> la conscience<br />
d’Israël, d ’examiner <strong>de</strong> près l’Ecclésiaste, le<br />
plus singulier <strong>de</strong>s livres <strong>de</strong> l’Ancien Testament,<br />
et l’un <strong>de</strong> ceux dont la foi la plus fervente ne<br />
s’est jam ais dissimulé les graves difficultés.<br />
L’étu<strong>de</strong> qu’il présente aujourd’hui est en quelque<br />
sorte le complément <strong>de</strong>s essais analogues en trepris<br />
par lui, il y a longtemps déjà, sur <strong>de</strong>ux autres<br />
livres, bien étranges aussi, <strong>de</strong> la Bible : Job<br />
.et le Cantique <strong>de</strong>s cantiques.<br />
M. Renan s’occupe d’abord <strong>de</strong> la question si<br />
obscure du nom <strong>de</strong> l’auteur : selon lui, le-nom<br />
hébreu <strong>de</strong> Cohélet n ’est qu’un mot <strong>de</strong> passe pour<br />
désigner Salom on; l’auteur, par une fiction poétique,<br />
s’attribue le röle <strong>de</strong> celui-ci, mais Salomon<br />
n’est qu’un prête-nom pour <strong>de</strong>s idées appropriées<br />
au type légendaire <strong>de</strong> l’ancien roi. Au<br />
lieu <strong>de</strong> désigner Salomon par son nom, l’auteur<br />
le désigne par les quatre lettres Q Il L T, qui<br />
sont restées jusqu’à présent inintelligibles.<br />
Les exégètes n’ont jam ais pu trouver un sens<br />
convenable à ce m ot; les juifs et les chrétiens<br />
sont généralement d’accord à le traduire par<br />
Ecclésiaste, c’est-à-dire prédicateur. Dans ces<br />
<strong>de</strong>rniers tem ps, M. Joseph Derenbourg a essayé<br />
une nouvelle explication, mais il n’a émis son<br />
opinion que sous toute réserve (Voir Rev. <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s ju ives, t. I, 1880). A son tour, M. Renan<br />
essaie une nouvelle interprétation <strong>de</strong> ce nom<br />
obscur; il cherche à l’expliquer par l’un ou<br />
l’autre <strong>de</strong> ces procédés <strong>de</strong> la cabale symbolique,<br />
si en faveur parm i les juifs, mais il n'insiste pas<br />
sur sa supposition. Quoi qu’il en soit, M. Renan<br />
incline à croire que les quatre lettres Q H L T<br />
ne form èrent pas à l’origine un mot véritable;<br />
il faudrait donc en conclure qu’on doit renoncer<br />
à en chercher l’explication d’après les règles<br />
ordinaires <strong>de</strong> l’étymologie.<br />
Malgré les attaques <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Schammaï<br />
contre celle <strong>de</strong> Hillel à propos <strong>de</strong> l’obscurité <strong>de</strong><br />
l’Ecclésiaste, malgré la nature <strong>de</strong>s graves inconvénients<br />
qu’ils reprochaient à ce livre, les juifs<br />
le tenaient pour inspiré et l’adm irent dans leur<br />
canon; la synagogue en a même prescrit la<br />
lecture pour le troisième jour <strong>de</strong> la féte <strong>de</strong>s<br />
Tabernacles. De même les chrétiens n ’en contes<br />
J o u r n a l u n iv e r sel d e la L itté r a tu r e , d e s S c ie n c e s e t d e s<br />
Arts. PA R A IS S A N T L E 1 er E T L E 15 D E C H A Q U E M O IS .<br />
5 11,e ANNÉE.<br />
N ' 1 7 - 1 “ S E P T E M B R E 1 8 8 3<br />
tèrent ni la canonicité, ni l’inspiration qui chez<br />
eux esl <strong>de</strong> foi.<br />
M. Renan n’admet pas l’opinion <strong>de</strong>s théologiens<br />
qui considèrent l’Ecclésiaste comme le<br />
livre le plus obscur <strong>de</strong> la Bible hébraïque. Il<br />
pense, au contraire, que ce livre est très clair<br />
dans son ensemble et que les difficultés n ’atteignent<br />
que <strong>de</strong>s accessoires et <strong>de</strong>s digressions,<br />
dont on n’aperçoit pas toujours le lien avec le<br />
sujet principal.<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt que cette obscurité, apparente ou<br />
réelle, vient surtout <strong>de</strong> ce que l’Ecclésiaste est<br />
une œ uvre unique en son genre, tant par la<br />
langue que par la pensée. Toute la littérature<br />
biblique est essentiellem ent religieuse, à l’exception,<br />
dit M. Renan, du Cantique