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1882 - Université Libre de Bruxelles

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274<br />

école particulière, où les élèves pouvaient venir<br />

s’exercer entre eux (voir Baes, passim, et notam ­<br />

ment p. 139). Les académies, les vraies écoles<br />

s’ouvrirent en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s gil<strong>de</strong>s. Tandis que<br />

ces innovations se répandaient, celles-ci continuaient<br />

à s’appauvrir par <strong>de</strong>s procès dispendieux<br />

; chacune d’elles s’obstinait à se réserver<br />

le monopole <strong>de</strong> la vente dans la ville où elle était<br />

établie, s’efforçant d’exclure les étrangers, les<br />

peintres attachés à la cour, d’empêcher les exhibitions<br />

d’œuvres faites ailleurs, <strong>de</strong> rendre plus<br />

difficile, plus onéreux l’octroi <strong>de</strong> la maîtrise.<br />

L’histoire <strong>de</strong>s gil<strong>de</strong>s artistiques consisterait<br />

donc, pour une bonne part, dans l’exposé <strong>de</strong>s<br />

violations subies par leurs statuts dans l’intérêt<br />

<strong>de</strong> l’art, au profit <strong>de</strong>s grands artistes. Il y aurait<br />

par conséquent grand péril à rentrer dans la<br />

voie qu’elles ont parcourue et qui fut souvent<br />

rem plie pour elles <strong>de</strong> déceptions.<br />

M. Baes appartient à l’école qui voit un abîme<br />

entre la peinture antique et la peinture du<br />

moyen âge. « Non seulem ent, dit-il, il est dém<br />

ontré que les prem iers chrétiens créèrent une<br />

formule artistique nouvelle en opposition absolue<br />

avec celles <strong>de</strong> la peinture et <strong>de</strong> la sculpture<br />

païennes, mais il est aisé <strong>de</strong> se convaincre<br />

que, dans le Nord, l’art du moyen âge entier<br />

procè<strong>de</strong> d’un même plan religieux, la tradition<br />

chrétienne, et s’édifie sur <strong>de</strong>s données placi<strong>de</strong>s,<br />

chastes, un peu ascétiques, alliées à un naïf et<br />

sincère réalism e. » Rien n’est essentiel comme<br />

<strong>de</strong> faire ressortir ce q u ’il y a d’erroné et même<br />

<strong>de</strong> contradictoire dans cette phrase. La peinture<br />

chrétienne, au contraire, est une continuation<br />

manifeste <strong>de</strong> l’art antique, mais un autre sentiment<br />

la dom ine; quan ta l’art du Nord, s’il est<br />

profondément chrétien, profondém ent religieux<br />

au moyen âge, c’est comme l’art du Midi : Cima-<br />

buc, Giolto et, plus tard, Fra Angelico ne diffèrent<br />

pas sous ce rapport <strong>de</strong> Jean Van Eyck ou<br />

<strong>de</strong> Van<strong>de</strong>r W ey<strong>de</strong>n, avec cette nuance cependant<br />

que ce sont ceux-ci, ces artistes prétendû-<br />

m ent si froids du Nord, qui les prem iers ont<br />

peint <strong>de</strong>s sujets tels que Adam et Eve sans vêtem<br />

ents. Bethsabée au bain et d’autres nudités,<br />

dont, à la même époque, les annales <strong>de</strong> l’art<br />

italien no fournissent pas d ’exemples, si j’ai<br />

bonne mémoire.<br />

M. Bacs a donné à son travail un titre particulier<br />

: La peinture flam an<strong>de</strong> et son enseignem<br />

ent sous le régim e <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> S a in t-<br />

Luc. Or, ce titre, auquel les commissaires<br />

désignés par l’Académie n’ont fait aucune<br />

objection, est inexact <strong>de</strong> tout point. L’art <strong>de</strong> la<br />

peinture ne vivait pas en Belgique sous le<br />

régime <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> Saint-Luc, il vivait<br />

sous celui <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> m étiers, rarem ent composés<br />

uniquem ent <strong>de</strong> peintres ; il n’y avait<br />

qu’exceptionnellem ent, comme à Anvers, <strong>de</strong>s<br />

confréries placées sous l’invocation <strong>de</strong> l’apötre-<br />

artiste. A <strong>Bruxelles</strong>, qui <strong>de</strong>puis le xve siècle<br />

disputa à Anvers la gloire d’être un <strong>de</strong>s centres<br />

<strong>de</strong> l’écolc, la ville où vécurent Van<strong>de</strong>r Wey<strong>de</strong>n,<br />

Van Orley, Otto Venins, Teniers, il n’en existait<br />

pas. Les peintres <strong>de</strong> Gand avaient pour patronne<br />

la Vierge (1) , ceux <strong>de</strong> Bruges pour patron<br />

saint Jcan-Baptiste (2), ceux <strong>de</strong> Tournay, saint<br />

Maur (H)<br />

La question <strong>de</strong> l’Académie était pourtant bien<br />

posée : D éterm iner le régime auquel était<br />

(x) M . B aes, p. ?.6.<br />

(2) Ibi<strong>de</strong>m .<br />

(3) Ibi<strong>de</strong>m , p. 27.<br />

L’ATH EN Æ U M BELGE<br />

soum ise la profession <strong>de</strong> peintre. Les traits<br />

connus <strong>de</strong> la biographie <strong>de</strong>s grands artistes<br />

auraient dû être surtout mis en relief. En<br />

réalité, ce sont eux qui firent m archer l’école<br />

flaman<strong>de</strong>, et non les règles plus ou moins<br />

futiles <strong>de</strong> tels ou tels corps <strong>de</strong> m étier ou gil<strong>de</strong>s.<br />

Grâce à leur talent, ils se créèrent <strong>de</strong>s situations<br />

qui leur perm irent d’ouvrir <strong>de</strong>s voies nouvelles,<br />

qui facilitèrent aux autres artistes le chemin<br />

<strong>de</strong>s honneurs et <strong>de</strong> la fortune. L’organisation <strong>de</strong><br />

la gil<strong>de</strong> reste un objet secondaire, à cöté duquel<br />

l’appréciation <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong>s<br />

Van Eyck, <strong>de</strong> Mabuse, <strong>de</strong> Rubens offre un bien<br />

plus grand intérêt. Le m étier naît d’abord, puis<br />

il se forme <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> Saint-Luc; enfin,<br />

quand l’insuffisance <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières est bien<br />

constatée, quand elles se bornent à faire célébrer<br />

<strong>de</strong>s messes, à organiser <strong>de</strong>s banquets et à soutenir<br />

<strong>de</strong>s procès, on les remplace par <strong>de</strong>s<br />

écoles et <strong>de</strong>s académies.<br />

M. Baes a donc modifié les term es <strong>de</strong> la<br />

question, et son mémoire s’en ressent. Il n’y<br />

règle pas, me sem ble-t-il, l'ordre qui aurait dû<br />

y prési<strong>de</strong>r. L’ouvrage, au surplus, n ’a pas <strong>de</strong><br />

subdivisions, car on ne peut appeler <strong>de</strong> ce nom<br />

un grand nombre d’indications placées d’espace<br />

on espace, et auxquelles ne suppléent qu’im parfaitement<br />

un in<strong>de</strong>x chronologique et une table<br />

alphabétique <strong>de</strong>s matières.<br />

Le travail <strong>de</strong> M. Baes renferm e incontestablement<br />

<strong>de</strong> bonnes idées et <strong>de</strong>s vues d ’une justesse<br />

indéniable. Ses plaintes sur la déca<strong>de</strong>nce dont<br />

nous sommes menacés, sur l’accroissem ent <strong>de</strong>s<br />

oeuvres m édiocres sont fondées,m ais les moyens<br />

préconisés seraient-ils efficaces? Pense-t-on<br />

avoir tout dit lorsqu’on exalte l’action <strong>de</strong>s<br />

associations? Ce rêve <strong>de</strong> la reconstitution <strong>de</strong>s<br />

anciennes corporations sous une forme nouvelle<br />

n ’est-il pas <strong>de</strong> nature à provoquer <strong>de</strong>s illusions<br />

fâcheuses? Ne faut-il pas craindre <strong>de</strong> donner à<br />

l’esprit <strong>de</strong> coterie et d’exclusivisme <strong>de</strong>s forces<br />

nouvelles ? S’associer, c’est parfait, surtout pour<br />

celui qui, en prönant partout et toujours l'esprit<br />

d’association, réussit à se faire placer, par ses<br />

paroles plutöt que par ses œ uvres, au prem ier<br />

rang. A l p h o n s e W a u t e r s .<br />

Tlie H am ilton Palace Collection. Illustrated<br />

priced catalogue. London, Reminglon, <strong>1882</strong>,<br />

in-4°, 244 p. et 59 grav.<br />

La maison Reminglon vient <strong>de</strong> publier le catalogue<br />

illustré, avec l’indication <strong>de</strong>s prix d’achat,<br />

<strong>de</strong> la célèbre collection Hamilton, dont la vente<br />

a eu lieu, en 17 vacations, du 17 juin ait 20 juillet<br />

<strong>de</strong> cette année. Il com prend2,213 num éros;<br />

la vente a produit la somme colossale <strong>de</strong><br />

397,562 liv. st. 6 sh.Cette publication, en même<br />

temps qu'elle nous donne le nom <strong>de</strong>s acquéreurs<br />

<strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> la collection Hamilton, nous permet<br />

<strong>de</strong> nous rendre compte du goût <strong>de</strong> l’époque<br />

et <strong>de</strong> la valeur relative attachée aux diverses<br />

œ uvres d’art. L’examen <strong>de</strong>s prix semble prouver<br />

que la gran<strong>de</strong> peinture, les œ uvres sérieuses<br />

doivent m alheureusement cé 1er le pas à la manie,<br />

à la curiosité, aux objets <strong>de</strong> l’art joli et gracieux :<br />

les objets <strong>de</strong> curiosité sont bien plus recherchés<br />

que les œuvres <strong>de</strong>s grands maîtres. Je ne puis<br />

dénier une certaine valeur artistique à <strong>de</strong>s<br />

meubles Louis XIV ou Louis XVI ; mais jamais<br />

le plus beau meuble du dix septièm e ou du dix-<br />

huitièm e siècle ne vaudra, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong><br />

l’art, le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s Rubens ou <strong>de</strong>s Van Dyck.<br />

L’engouem ent, la manie du moment rem placent<br />

le goût artistique véritable. En Belgique, et aussi<br />

quelque peu dans les provinces rhénanes, on<br />

recherche actuellem ent avec la plus gran<strong>de</strong><br />

avidité les porcelaines et surtout les grès.<br />

Dans la plupart <strong>de</strong> nos villes, un salon sans pots<br />

<strong>de</strong> grès ornant les bahuts ou les cheminées et<br />

sans porcelaines fixées aux m urs <strong>de</strong>vient aussi<br />

rare qu’une maison où l’artiste a le plaisir <strong>de</strong><br />

retrouver <strong>de</strong> belles gravures reproduisant les<br />

tableaux <strong>de</strong> nos grands m aîtres. Chacun orne<br />

son salon plus ou m oins suivant ses moyens. Le<br />

riche aura du vieux chine, le bourgeois du chine<br />

ou du japon mo<strong>de</strong>rne ; même à défaut <strong>de</strong> cela, il<br />

surchargera ses m urs d’assiettes peintes, avec<br />

plus ou moins <strong>de</strong> goût, par lui-m ême ou par ses<br />

filles. On en revient ainsi à l'engouem ent du<br />

siècle <strong>de</strong>rnier dont l'art n ’eut qu’à se plaindre et<br />

les fabricants <strong>de</strong> Delft qu’à se louer. Nous ne<br />

nous élevons, qu’on veuille bien le rem arquer,<br />

que contre la manie, tout en reconnaissant que<br />

parm i ces faïences et ces porcelaines il s’en<br />

trouve plus d’une ayant une valeur artistique<br />

véritable.<br />

Il semble qu’en Angleterre on en est au même<br />

point que chez nous. Les m eilleures toiles n’ont<br />

atteint, à la vente Hamilton, que <strong>de</strong>s prix ordinaires,<br />

tandis que les enchères pour les meubles<br />

Louis XIV et Louis XVI ont été poussées à <strong>de</strong>s<br />

sommes folles. Les honneurs <strong>de</strong> la vente ont été<br />

pour une arm oire Louis XIV, d’après un <strong>de</strong>ssin<br />

<strong>de</strong> Lebrun, acquise par M. S. W erlheim er, pour<br />

la somme <strong>de</strong> 12,075 liv. (n° 672). Trois meubles<br />

Louis XVI ont atteint ensem ble 24,360 liv.<br />

(n°a 1296, 1297, 1298). Par conlre, un portrait<br />

<strong>de</strong> juif (n° 751), portant pour inscription :<br />

1474 A ntonellus Messanus m e p in x it, a été<br />

adjugé à M. C. Se<strong>de</strong>lm eyer pour 514 liv. 10 sh.;<br />

et l’Assomption <strong>de</strong> la Vierge, attribuée à Sandro<br />

BoHicelli (n° 417), à la National Gallery pour<br />

4,777 liv. 10 sh. Le portrait du duc d ’Olivarez,<br />

peint par Rubens,a été acheté parM .W inckvvorth<br />

pour 472 liv. 10 sh. (n° I l ); M. Duncan a acquis<br />

le Daniel au m ilieu <strong>de</strong>s lions, une belle œuvre <strong>de</strong><br />

notre grand m aître, pour 5,145 liv. (n° 80), et<br />

la Naissance <strong>de</strong> Vénus pour 1,680 liv.(n°44). Que<br />

sont donc ces prix en com paraison <strong>de</strong> la valeur<br />

attachée aux meubles U>uis XIV et Louis XVI ?<br />

Je n ’ignore pas que les tableaux hors ligne<br />

étaient relativement rares dans la collection<br />

Hamilton, que plus d ’une attribution était douteuse<br />

; mais, même en tenant compte <strong>de</strong> ce fait,<br />

le résultat <strong>de</strong> la vente ne nous donne pas moins<br />

le droit <strong>de</strong> constater que le grand art est délaissé<br />

pour faire place à la manie du moment, et qu’en<br />

Angleterre comme en maint autre pays, l’éducation<br />

artistique du riche n ’est pas plus avancée<br />

que celle du peuple.<br />

Parm i les gravures du catalogue, nous appellerons<br />

surtout l'attention sur celles <strong>de</strong>s trois<br />

œ uvres <strong>de</strong> Rubens, acquises par MM. Duncan et<br />

W inckw orth, <strong>de</strong>s beaux bustes d’Auguste, <strong>de</strong><br />

Tibère, <strong>de</strong> Vespasien et d ’une Niobi<strong>de</strong>, enfin sur<br />

celle d’un émail <strong>de</strong> Limoges, représentant l'Adoration<br />

<strong>de</strong>s Mages, qui provient <strong>de</strong> la collection<br />

Defournetet a été acquise par M.E.Altenborough<br />

pour 1,832 liv. 5 sh. A d o l f d e C e u l e n e e r .<br />

L E M A R É C H A L B U G E A U D .<br />

Le m aréchal Bugeaud, d'après sa correspondance<br />

in tim e et <strong>de</strong>s docum ents inédits, 1784-<br />

1849, par le comte H. d’I<strong>de</strong>ville. Tome II.<br />

Paris, Firmin Didot. In-8°, 602 p.<br />

Ce <strong>de</strong>uxièm e volume est surtout consacré aux

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