1882 - Université Libre de Bruxelles

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En plusieurs endroits on rencontre «les erreurs
de dessin qui, par leur reproduction fréquente,
révèlent l’emploi d’un pinceau inhabile à triom pher
de certaines difficultés. Ou peut noter aussi, dans un
grand nombre de compositions, la dureté et l'étran-
geté des physionomies de la plupart des personnages;
il y a là une exagération qui semble voulue,
peut-être dans l'intention d'accentuer la réprobation
inspirée par les Juifs : d’un cöté, les hommes
vertueux ou religieux sont dépeints avec des formes
un peu triviales ou m atérielles, les mauvais ou les
coupables, les bourreaux des m artyrs par exemple,
affectent un air trop barbare. Quelques pages trahissent
dans le dessin une faiblesse exceptionnelle, et
parfois aussi les petits ornements des bandes m arginales
sont traités avec négligence. Mais où nos
artistes se relèvent, où ils affectent ce culte de la
réalité qui a porté si haut l'école des Pays-B as,c’est
dans la reproduction des sites etdesédificesqui ornem
entent la plupart des épisodes. Rien de m erveilleux
comme les milliers d’animaux et de plantes qui
couvrent les marges des pages et au milieu desquels
figurent de3 paons, de grands papillons, des écureuils,
des fleurs splendides.
Quelle part dans ces merveilles assigner à chacun
des collaborateurs? Où s'arrêta le travail de Mem-
ling? Où chercher ce qui appartient à Liévin d’Anvers
plutöt qu'à V ander Meire et réciproquem ent?
Cette dernière question ne pourra être résolue que
lorsqu’on aura retrouvé un manuscrit dù à Liévin
seul. Il est certain que, dans les groupes d ’hommes
armés, on retrouve le faire qui distingue la predella
du Crucifiement de Saint-Bavon, œuvre de Vander
M eire. La collaboration de V ander Goes semble
aussi attestée par les lettres V. G., qui sont tracées
sur la banderole d’une trompette embouchée par un
ange (f°729), et, à ce propos, ajoutons qu’on retrouve
ailleurs les armoiries de la ville de Gand, cette patrie
de Vander Goes et de Vander Meire.
Une dernière question reste à poser. Pour qui fut
commandé cet ensemble de peintures? On a déjà
supposé que ce fut pour un prince de la maison de
Bourgogne, soit Marie de Bourgogne, soit Philippe
de Bourgogne. Rien ne justifie ces hypothèses, non
plus que celle qui se prononce pour le pape Sixte IV.
Il semble pourtant que ce soit pour un Bourguignon
éminent, à en juger par la prédilection que les
peintres du m anuscrit m ontrent pour les arm oiries
de la famille ducale de Bourgogne et des maisons
alliées. Ce fut sans doute aussi pour un prince de
l'Eglise, ami des arts, opulent et de mœurs peu
sévères. Si l'on ajoute que la Vierge Marie et les
saints Jean sont, dans le Missel, les objets d’une
prédilection m arquée, on est amené à supposer que
le m anuscrit fut commandé, dans les dernières années
de sa vie, par Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai,
où l'église principale était placée sous le
vocable de Notre-Dam e.
Ce Jean de Bourgogne était précisément le prélat
grand seigneur, ami du luxe et mondain, qui devait
prendre plaisir à s’entourer d'objets de grand prix.
Fils naturel de Jean Sans Peur, duc de Bourgogue,
ec d’une demoiselle à qui les uns donnent le nom
d'Agnès de Croy et les autres de M arguerite de Bor-
selen, il parcourut la plus grande partie du xve siècle
en n’y laissant guère de traces honorables. Sa naissance
le fit élever à de hautes dignités, qu’il rem plit
d’une m anière très médiocre. Il avait à peine 9 ans
environ lorsqu’il fut élevé aux fonctions éminentes
du prévöt de Saint-Donatien de Bruges et 4e chancelier
de Flandre ! Bientöt on en fit aussi un prévöt
de Saint-Pierre de Lille et uu chanoine de N otre-
Dame de Cambrai. Le siège épiscopal de cette dernière
ville étant devenu vacant, en 1440, il fut
choisi pour l'occuper, grâce à l’influence toute-puissante
de son frère, le duc de Bourgogne. Mais loin
d ’imiter les vertus du vénérable Pierre d'Ailly, il
habita rarem ent sa ville épiscopale et se borna à
faire adm inistrer son diocèse par ses suflragants.
Jean de Bourgogne affectionnait le séjour de
Bruxelles, où il partageait les plaisirs et les fêtes
de la cour ducale. Appelé à faire partie du conseil
L’ATHENÆUM BELGE
de Philippe de Bourgogne, il n’y joua pas un r öle
prépondérant,com m e le président Rolin, Guillaume
Fillastre et d’autres personnages. Ses m œurs étaient
fort relâchées, et il laissa une nombreuse postérité,
née surtout d'une demoiselle de Bruxelles, M arguerite
Absalons, et qui a perpétué, jusqu’au xix°siècle,
le nom des B ourgogne-Herlaer.
Toutes les indications chronologiques concordent
pour reconnaître dans ce prélat l'am ateur qui provoqua
l’exécution du Missel Grim ani. Ayant toujours
habité nos provinces sans avoir visité l'Italie,
au moins pour autant qu’on le sache, il resta fidèle
à cette prédilection pour l ’a rt ogival, qui fut générale
de son temps. Un prêtre plus scrupuleux
n'aurait probablement pas toléré dans les m iniatures
ces nudités qui, sans y (jfre fréquentes, y apparaissent
cependant. Enfin, m ort en 1480, Jean de Bourgogne
a pu employer le talent de tous ces hommes
qui commencèrent à briller du temps de Charles le
Tém éraire : Memling, G érard Vander Meire, Liévin
Van Lathem , Hugues Vander Gces. Si l'on accepte
son nom comme celui du parrain du Missel, on
comprend que ce dernier a pu être exécuté à B ruxelles,
dans la résidence de prédilection du prélat.
C'est en effet dans cette ville que Memling a commencé
sa glorieuse carrière, sous la direction de
Roger Vander W eyden ; Vander Meire y a également
vécu, et. Van Lathem a pu facilement y venir
d ’Anvers. Toute autre solution est entourée de
difficultés presque insurm ontables; aucune ne se
concilie, comme celle-ci, avec les exigences de la
chronologie, de l’histoire artistique et des menus
détails des m œurs du temps. Resté inachevé par la
m ort de celui qui voulait en enrichir sa librairie, le
m anuscrit a pu parvenir entre les m ains d’Anto-
nello de Messine et être vendu par son interm édiaire
au cardinal Dominique G rim ani, qui y aura
fait ajouter une m iniature par Jean Gossart dit
Mabuse ou de Maubeuge, lorsque celui-ci vint en
Italie vers l’année 1510. Présentée de la sorte, l ’histoire
du Missel paraît susceptible de peu d’objections
: elle offre, au surplus, ce grand avantage
qu'elle confirme en tous points les renseignements
recueillis il y a près de quatre siècles sur le m anuscrit
par l’anonyme de Morelli.
SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE. Séance du 1er ju illet.
— M. Van Segvelt communique la note suivante
: M. G. Maspero, directeur général des
Musées d’Egyp'.e, a publié, en collaboration avec
M. E . Brugsch, dans un ouvrage trop modestement
intitulé la Trouvaille de Deir-et-B a h a ri (1881), le
résultat des étonnantes découvertes faites dans cette
localité qui ont amené au jo u r les momies de plusieurs
des plus illustres Pharaons. Au m ilieu d’une
foule de renseignements historiques de prem ier
ordre, j ’ai trouvé à glaner un fait intéressant l’entomologie.
Un cercueil renferm ait la momie de Sor-
keri-Am enhotpou Ier (ou Amenhotep ou Améno-
phis Ier), le roi illustre qui a préparé la gloire de
la XVIIIe dynastie. Elle était enveloppée des pieds
à la tête de guirlandes de fleurs rouges, jaunes et
bleues, selon l’usage constant des Egyptiens de
l'époque thébaine, ainsi qu’on peut le voir, d’ailleurs,
par la photographie. Une guêpe, attirée par les
fleurs, était entrée dans le cercueil au m oment de
l'enterrem ent ; elle s’y est conservée intacte et nous
a fourni un exemple, probablement unique, d'une
momie de guêpe. De Rhoné, dans son R ésum é
chronologique de l’histoire d'E gypte, place l'avé-
nement au tröne de Thoutmès Ier, successeur
d’Amenhotep 1er, en l'an 1663 avant l ’ère chrétienne.
Nous aurions donc là un insecte qui, selon la pittoresque
expression de notre savant collègue M. de
B orre, aurait ses papiers bien en règle, et dont
l’état civil ferait rem onter la m ort à 3550 ans. C’est
certainement le seul insecte d’une si haute antiquité
ayant date certaine. Malheureusement, M. Maspero
ne donne aucun ranseignement sur l’espèce à laquelle
appartient cet individu. — Liste des Squillides du
Musée royal d’histoire naturelle de Belgique,par M.de
Borre. - Le même m em breappelle l’attention sur les
recherches faites par M. Freunthaller concernant la
périodicité du hanneton commun. — Sur quelques
variétés ou aberrations des Zygæna de Belgique, par
M. de Selys-Longchamps. — Septièmes Addenda à
la faune des coléoptères de Belgique, par M. Donc-
kier. — L ’assemblée choisit le Pellenberg pour
l’excursion du 13 août.
B IB L IO G R A P H IE .
Philosophie. — Enseignement. — Législation, Ju risprudence,
Economie politique, Statistique. —
Sciences m athématiques, physiques et naturelles.
— Anatomie et Physiologie norm ales et pathologiques,
Médecine. — A rt. Archéologie. — Philologie.—
Géographie.— Histoire. — Bibliographie.
— Revues générales, Recueils généraux de
Sociétés savantes. — Livres.
Rivista di filosofia scientifica. Mai-juin. Carlo
Darwin (Morselli). — La filosofia positiva della
storia (Rosa). — Gli eretici in economia politica e
la loro missione nella sociologia (Boccardo). —
L’uniformità nelle îeggi dell’ evoluzione anim ale
(Romiti). — La riproduzione delle percezioni di
movimento nello spazio tattile (Buccola). — Rivista
bibliografica. — Rivista dei periodici.
Revue internationale de l’enseignement. 7. De
l’enseignement de la philologie dans une Faculté des
lettres (G raux).—-, De l’enseignement des littératures
et des langues m odernes dans une Faculté des lettl’es
(Beljame). — Les écoles supérieures à la Chambre
des députés de Prusse (W iese). — Essai sur l’éducation
d’un prince, d’après un ancien m anuscrit
(Ménard).—Revue rétrospective : Education spéciale
ou professionnelle (Saint-Simon).— Les conférences
de la Faculté des lettres de Paris (Bréal). — Plan
d’études des écoles supérieures en Prusse. — N ouvelles.
Journal des tribunaux.31. La réforme électorale,
historique d'après le droit belge, législation comparée.
La loi du 3 m ars 1831.
Le Palais. 14. Contrefaçon de m arque de fabrique
et usurpation de nom (Terlinden). — De l ’indemnité
due au bailleur au cas où, le bail étant résilié
par la faute du preneur, la chose n’a pu être relouée
au même prix. — Les conférences de M. le docteur
Schoenfeld sur la responsabilité pénale des aliénés
(Lacomblé). — Les discussions parlem entaires à la
Conférence du Jeune B arreau de Bruxelles (Maus).
— Compétence en m atière de quasi-délit.
Journal du droit international privé. 3. 4. De la
condition juridique des sociétés anonj’mes françaises
en Alsace-Lorraine (Kauffmann). — Le droit international
privé dans la législation italienne (Esper-
son). — De quelques difficultés en m atière d’exécution
de jugem ent étranger en France. — De
l’extradition dans les rapports de la Finance avec
M adagascar (Cremazy). — Questions et solutions
pratiques. — Jurisprudence.
Revue critique de législation. 7. Jurisprudence
en m atière d’enregistrem ent (Testoud). — Le projet
de code m ilitaire et de procédure pénale pour les
troupes de la Confédération suisse (Lucas). —
Modifications à introduire dans la législation relative
aux sociétés et à la négociation des valeurs m obilières.
R apport. — Un paragraphe de l'E sprit des
lois (Barckhaus^n). — Note sur la natu relles effets
et la prescription de l'action paulienue (Planiol). —
Bibliographie.
Annalen des deulschen Reichs. 6. Das deutsche
Gesandtschafis-, K or.sular-und Seerecht. Fortsetzung
(Zorn).^ — Die Einkom m ensverhâltnisse des
preussischen Volkes, 1877-81.
Revista général de legislacion y jurisprudencia.
M ai-juin. Del legado de espeoie (Montero Rios). —
La jurisdiccion de hacienda y la represeif.acion del
Estado en juisio (Miquel Ibargilen). — Program a
de economia politica y estadistica (Alas). — La
libertad de testai' y las légitim as (Costa) — Las
m inas y et fuero de Vizcaya (Rodriguez). — Pago
de costas por et liliganle rebelde (Acacio Charrin).