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1882 - Université Libre de Bruxelles

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^ettes sous forme <strong>de</strong> silice douce comme <strong>de</strong> la<br />

ouate. Dans les zones tempérées et chau<strong>de</strong>s, les<br />

Diatomées, quoique présentes, sont plus rares<br />

et sont, en gran<strong>de</strong> partie, remplacées par d’autres<br />

petites algues, principalem ent par les Oscil-<br />

tatorice. Comme nous passions, lors <strong>de</strong> l'expédition<br />

du Challenger, à travers la m er <strong>de</strong>s<br />

Alfouras, entre l’Australie et la Nouvelle-Guinée,<br />

nous observâmes que, durant plusieurs jours du<br />

voyage, l’eau arait adopté une coloration spéciale<br />

sous l’influence <strong>de</strong> ces algues et exhalait<br />

une forte o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> m arée. Nous rem arquâm es<br />

un phénomène analogue dans l’Atlanlique, où'<br />

d’autres végétaux m inuscules ( Tricho<strong>de</strong>m ium )<br />

brillaient parm i les vagues, semblables à <strong>de</strong>s<br />

paillettes <strong>de</strong> mica. Aux dépens <strong>de</strong> ces Cryptogames<br />

délicats, les animaux les plus simples,<br />

qui servent eux mêmes <strong>de</strong> pâture aux êtres<br />

d’une organisation plus élevée, prennent leur<br />

nourriture. Sans aucun doute, ce réservoir <strong>de</strong><br />

m atières nutritives trouve un complément important<br />

dans les débris organiques <strong>de</strong> toutes<br />

sortes amenés <strong>de</strong>s rivages par les courants et<br />

dans les algues flottant à la surface <strong>de</strong> la mer,<br />

algues dont quelques-unes (dans la m er<strong>de</strong>s Sargasses,<br />

par exemple) mènent elles-mêmes une<br />

vie pélagique. Il est très possible, en outre, que<br />

les Coccosphère-s et les Rhabdosphöres soient<br />

<strong>de</strong> nature végétale et contribuent à former le<br />

stock <strong>de</strong>s aliments pélagiques, en compagnie<br />

<strong>de</strong> quelques C ilioflagellata, tels que le Cera-<br />

tiu m (1) , qui se trouverait être ainsi, au moins<br />

physiologiquement, une planle. Cependant, en<br />

beaucoup <strong>de</strong> parties <strong>de</strong> l’Océan, les végétauxne<br />

sont pas manifestement abondants, et il m’avait<br />

toujours paru qu’ils <strong>de</strong>vaient être à peine suffisants<br />

pour satisfaire- aux besoins <strong>de</strong> la faune,<br />

jusqu’au moment où je pus prendre connaissance<br />

du travail du D1’ Karl Brandt établissant<br />

l’existence <strong>de</strong> curieuses relations m utuelles<br />

entre certains anim aux et certaines plantes,<br />

relations connues sous le nom <strong>de</strong> sym biose.<br />

Ce savant trouva que les tissus <strong>de</strong>s animaux<br />

en question étaient constamment infestés<br />

par une quantité d ’algues unicellulaires. Ces<br />

algues ne doivent pourtant point être considérées<br />

comme <strong>de</strong>s parasites, car il ressort, au<br />

contraire, <strong>de</strong> leurs rapports avec l’animal auquel<br />

elles sont attachées, un avantage mutuel. Elles<br />

se nourrissent aux dépens <strong>de</strong> l’excès d’alim ents<br />

absorbés par leur höte, tandis que celui-ci s’en-<br />

'ric h it <strong>de</strong>s composés élaborés par elles et <strong>de</strong><br />

l’oxygène qu’elles m ettent en liberté. On désigne<br />

sous le nom <strong>de</strong> sym biose une pareille association<br />

avec bénélices réciproques, et ce fut à<br />

propos d ’une <strong>de</strong>s classes les plus abondantes<br />

d’animaux pélagiques, les Radiolaires, que le<br />

rôle véritable <strong>de</strong> ces algues microscopiques fut<br />

d’abord fixé par Cienkowsky. L’un <strong>de</strong>s Radiolaires<br />

les mieux étudiés à ce point <strong>de</strong> vue porte<br />

le nom <strong>de</strong> Collozoum in erm e. Il consiste en une<br />

masse protoplasm ique grossièrem ent arrondie,<br />

traversée par <strong>de</strong> délicats pseudopo<strong>de</strong>s rayonnants,<br />

et d’un sac central sphérique, ou capsule,<br />

à l’intérieur duquel se trouve un large globule<br />

d’huile. Une <strong>de</strong>s fonctions d e .c e globule est<br />

apparem m ent <strong>de</strong> faire flotter l’animal à la su rface<br />

<strong>de</strong> l’eau . Le Collozoum inerm e possè<strong>de</strong> jusqu’à<br />

un certain point le pouvoir <strong>de</strong> s’élever ou<br />

<strong>de</strong> s’enfoncer au sein <strong>de</strong> ce liqui<strong>de</strong>, probablem<br />

ent au moyen d ’une modification quelconque<br />

du globule central. Distribuées dans la matière<br />

gélatineuse qui circonscrit la capsule, existent<br />

<strong>de</strong> brillantes cellules jaunes, que l’on surprend<br />

parfois durant le processus <strong>de</strong> segm entation Ces<br />

( 1 ) M . John M u rra y a rem arqué q ue plusieurs espèces<br />

pélagiques <strong>de</strong> C cra tiu m se rencontrent fréquem m ent sous<br />

form e <strong>de</strong> longues chaînes com posées d’individus unis en série<br />

lin éaire. J ’ai eu m oi-mêm e l’occasion d ’observer un fait a n a ­<br />

logue. C ette circonstance sem ble être une preuve <strong>de</strong> plus<br />

quant à la possibilité <strong>de</strong> la nature végétale <strong>de</strong> certains<br />

C ilio fla g ella ta .<br />

L’ATH ENÆ U M BELGE 265<br />

cellules renferm ent <strong>de</strong> l’amidon et ne sont autre<br />

chose que les algues unicellulaires appelées par<br />

Brandt Zooxanthellæ . Il est évi<strong>de</strong>nt qu'un tel<br />

organism e complexe se suffit à lui-m êm e, qu’il<br />

est indépendant, à l’égard <strong>de</strong> la nutrition, du<br />

mon<strong>de</strong> extérieur et qu’on peut très bien concevoir<br />

l’existence d’une vaste faune pélagique<br />

ayant comme base unique les Radiolaires et<br />

leurs Zooxanthellæ ., L’organisme dont nous<br />

venons <strong>de</strong> parler n ’est pas plus gros qu’une tête<br />

d’épingle. Dans la nature, <strong>de</strong>s m illiers d’êtres<br />

semblables sont réunis, pressés les uns contre<br />

les autres pour former <strong>de</strong> petits coussins gélatineux<br />

d’un <strong>de</strong>nji-pouce <strong>de</strong> long environ, et, par<br />

un tem ps calm e,on peut les observer couvrant<br />

à perte <strong>de</strong> vue la surface <strong>de</strong> l’Océan, constituant<br />

ainsi un amas considérable d’aliments pour les<br />

autres animaux. U est probable que la condition<br />

sym biotique présentée par les Radiolaires est<br />

<strong>de</strong> la plus haute im portance dans l’économie<br />

générale <strong>de</strong> la vie pélagique. Il y a encore d’autres<br />

êtres, les Cténophores, par exemple, à l’intérieur<br />

<strong>de</strong>squels on rencontre également <strong>de</strong>s<br />

algues unicellulaires. Il est, d’ailleurs, possible<br />

que la symbiose ait été plus commune dans les<br />

époques géologiques anciennes, alors que les<br />

Diatomées n’existaient pas, ou qu’elles étaient<br />

moins abondantes qu’aujourd’hui. Les Radiolaires<br />

sont dés formes caractéristiques <strong>de</strong> la vie<br />

pélagique. La plupart d’entre eux sont pourvus<br />

d’un squelette siliceux <strong>de</strong>s plus élégants,<br />

comme, par exemple, dans le Rhizospœra lepto-<br />

m ita . Ce <strong>de</strong>rnier, <strong>de</strong> même que le Collozoum,<br />

est pourvu <strong>de</strong> nombreuses Zooxanthellæ.<br />

Les animaux peuvent être pélagiques à <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>grés très divers et tom bent en conséquence<br />

dans plusieurs catégories. Il existe <strong>de</strong>s animaux<br />

pélagiques par excellence : ce sont ceux qui<br />

habitent à la plus gran<strong>de</strong> distance <strong>de</strong>s rivages,<br />

qui sont capables <strong>de</strong> passer leur vie en cet endroit<br />

et qui ne viennent qu’acci<strong>de</strong>ntellement<br />

échouer sur les cö tes. Tels sont les Radiolaires,<br />

les Siphonophores, beaucoup <strong>de</strong> Crustacés,<br />

1 ’Alciopa, Tom optéris, les Hétéropo<strong>de</strong>s, Ian-<br />

th in a , les Ptéropo<strong>de</strong>s, certains Céphalopo<strong>de</strong>s,<br />

les Salpes, les Pyrosom es et <strong>de</strong> nombreux Poissons.<br />

Tous ces animaux peuvent être convenablem<br />

ent appelés eupélagiques. Viennent alors<br />

d’autres formes, comme beaucoup <strong>de</strong> Scypho-<br />

m edusax et la plupart <strong>de</strong>s Cténophores, qui,<br />

bien que <strong>de</strong> moeurs totalem ent pélagiques, se<br />

rencontrent fréquemment en quantités considérables<br />

près <strong>de</strong>s cötes. Enfin, il existe <strong>de</strong>s animaux<br />

qui ne sont pélagiques qu’à l’état larvaire<br />

et qui, après avoir nagé durant les prem iers<br />

sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur existence, avec <strong>de</strong>s formes strictem<br />

ent pélagiques, <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt vers le fond<br />

pour satisfaire aux exigences <strong>de</strong> l’état adulte.<br />

L’inverse a lieu pourtant dans certains cas les<br />

serpents, les tortues et les oiseaux pélagiques<br />

viennent à terre pour se reproduire ou élever<br />

leurs jeunes, mais passent toutefois la plus<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur vie dans l’Océan, tandis que<br />

certaines baleines approchent également <strong>de</strong>s rivages<br />

à l’époque <strong>de</strong>s amours. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières<br />

catégories m éritent d’être désignées sous le<br />

nom d'hémipélagiques.<br />

Il n’est point possible <strong>de</strong> tracer une dém arcation<br />

tranchée entre nos <strong>de</strong>ux divisions; elles<br />

passent insensiblem ent l’une dans l’autre. Ainsi,<br />

contrairem ent à ce qui a lieu pour les Poissons<br />

volants du genre Exocœtus, ceux du genre Dac-<br />

tylopterus ne se rencontrent jam ais à <strong>de</strong> très<br />

gran<strong>de</strong>s distances <strong>de</strong> la terre; ils habitent tantôt<br />

la pleine mer, à la1 surface <strong>de</strong> laquelle on les voit<br />

exécuter <strong>de</strong> iongs sauts, soutenus qu’ils sont<br />

par leurs immenses nageoires pectorales, tantôt<br />

ies eaux peu profon<strong>de</strong>s où on les prend parfois<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’une ligne et d’un hameçon. Parmi les<br />

Scypliomedusœ et les llydrom edusœ se rencontrent<br />

tous les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong>s m œ urs pélagiques. Un<br />

grand nom bre d’animaux <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes<br />

restent attachés au fond <strong>de</strong> la m er pendant line<br />

certaine partie <strong>de</strong> leur existence, ou y reposent<br />

habituellement, quelquefois même à <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

profon<strong>de</strong>urs; d'autre part, <strong>de</strong>s formes étroitem<br />

ent alliées ne sont jamais fixées et sont totalement<br />

pélagiques.<br />

La m er <strong>de</strong>s Sargasses a une faune toute particulière,<br />

qui ne peut pas être considérée comme<br />

strictem ent pélagique, étant composée d’animaux<br />

spécialement adaptés pour se cram ponner<br />

parmi les algues flottantes qu’ils habitent. Ceux-<br />

ci diffèrent, d’ailleurs, par leurs formes <strong>de</strong>s<br />

organismes peuplant les couches supérieures do<br />

l’Océan On a beaucoup écrit sur la faune dont<br />

nous venons <strong>de</strong> parler. Sa nature aberrante nous<br />

perm et <strong>de</strong> ne point insister davantage à son<br />

égard.<br />

Le trait le plus caractéristique <strong>de</strong>s animaux<br />

pélagiques est la transparence cristalline presque<br />

universelle <strong>de</strong> leur corps.Si parfaite est cette<br />

transparence que beaucoup d’entre eux sont<br />

rendus presque entièrem ent invisibles lorsqu’ils<br />

flottent dans l’eau ,et qu’il est difficile <strong>de</strong> retro u ­<br />

ver certains autres après qu’on les a placés dans<br />

un aquarium.La peau,les nerfs,les muscles, etc.,<br />

sont absolument hyalins, mais la sélection naturelle<br />

semble avoir été impuissante en ce qui<br />

concerne une transform ation analogue du foie<br />

et du tube digestif. Ces parties restent opaque-0,<br />

<strong>de</strong> couleur jaune ou brune, ressem blant à s’y<br />

m éprendre à <strong>de</strong>s morceaux d ’algues flottantes.<br />

Les Salpes en sont un exemple familier; le Pela-<br />

gonem ertes,.un autre.<br />

Un petit nombre d’animaux pélagiques sont<br />

revêtus d’une couleur protectrice, d’uno belle<br />

teinte bleue, qui les i<strong>de</strong>ntifie avec les vagues.<br />

Tels sont M inyas cœ ruleus, Velella, Porpita,<br />

P hysalia, Glaucus, Iantliina, toutes formes qui<br />

nagent à la surface avec une partie plus ou<br />

moins considérable <strong>de</strong> leur corps hors <strong>de</strong> l’eau.<br />

La coloration bleue semble être en relation avec<br />

cette <strong>de</strong>rnière circonstance et est probablement<br />

<strong>de</strong>stinée ö protéger ces animaux contre les voraces<br />

oiseaux pélagiques, pour lesquels ils <strong>de</strong>viennent<br />

invisibles à une certaine distance.<br />

Vclella, cependant, n’échappe pas à tous ses<br />

ennem is, car une jeune tortue que nous prîmes<br />

durant l’expédition du Challenger, avait l’estomac<br />

rempli <strong>de</strong> ces Cœlentérés, et nous en trouvâmes<br />

fréquemment aussi dans les viscères <strong>de</strong>s<br />

Albati’os. Iantliina, le gastéropo<strong>de</strong> bleu bien<br />

connu, se construit une chambre cloisonnée, qui<br />

est fixée à son pied, et au moyen <strong>de</strong> laquelle il se<br />

m aintient à la surface <strong>de</strong> l’Océan. Si cet appareil<br />

vient à être détaché, l’animal s’enfonce et m eurt.<br />

On dit que le lanthina est privé d’yeux. Glaucus<br />

est un mollusque nudibranche, chez lequel les<br />

cötés du corps sont modifiés en <strong>de</strong> curieux lobes<br />

frangés, semblables à <strong>de</strong>s nageoires. Il flotte<br />

habituellement la face ventrale tournée vers le<br />

haut, justem ent comme la Paludine do nos<br />

étangs. En raison <strong>de</strong> la position spéciale que<br />

nous venons <strong>de</strong> signaler, cette face est d’uno<br />

teinte bleu-foncé,-tandis que la face dorsale, ou<br />

inférieure, est d’un blanc lustré étincelant. Nous<br />

sommes si accoutumés à voir nager les animaux<br />

le dos en l’air et à leur voir, par conséquent,<br />

une face ventrale claire et une face dorsalo.<strong>de</strong><br />

couleur plus ou moins sombre, que l’examen du<br />

Glaucus produit la plus singulière impression,<br />

et le docteur Bennett, qui décrivit les mœurs<br />

<strong>de</strong> ce mollusque, s’y trompa au point d’attribuer<br />

la teinte bleue à la face dorsale. Un poisson<br />

étrange, le Rémora, qui s’attache aux requins<br />

et aux navires, est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> couleur foncée<br />

du cöté du ventre exposé à la lumière, et <strong>de</strong> couleur<br />

claire sur le dos. chose presque impossible<br />

à croire lorsqu’on voit l’animal vivant (1) . L’expé-<br />

(1) A u tan t que je sach e, es fa it n ’a encore é té , ni figuré, ni<br />

sign alé, p ar les ichthyologistes. L o rsq u ’on p la ce le R ém ora<br />

dans l'a lcoo l, la teinte cla ire disp araît.

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