1882 - Université Libre de Bruxelles
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quiétant et d’étrange, qui ne laisse pas que <strong>de</strong><br />
frapper vivement le visiteur qui, pour la prem<br />
ière fois, contemple ces êtres disgraciés. Toutefois,<br />
malgré la répulsion que paraissent <strong>de</strong>voir<br />
inspirer leurs formes, la chair <strong>de</strong>s poulpes est<br />
appréciée et d’un usage courant dans l’alimen<br />
tation.<br />
Nous avons eu l’occasion <strong>de</strong> constater que,<br />
cuite, cette chair, <strong>de</strong>venue blanche et ferme,<br />
offrait un goût rappelant à la fois le hom ard et<br />
la crevette.<br />
Il est curieux <strong>de</strong>voir les poulpes se précipiter<br />
sur les moules et sur les crabes qu’on leur<br />
donne comme nourriture et que le gardien ne<br />
craint pas <strong>de</strong> leur présenter d’une main qu’ils<br />
enveloppent parfois <strong>de</strong> leurs hi<strong>de</strong>ux tentacules<br />
tout garnis <strong>de</strong> suçoirs.<br />
Dans un autre bassin on voit évoluer <strong>de</strong> com <br />
pagnie, et avec un curieux ensemble, <strong>de</strong>s<br />
légions <strong>de</strong> calm ars <strong>de</strong> petite taille, les tentacules<br />
rapprochés et étendus, nageant en arrière à<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur syphon, et dont les corps, brillam<br />
m ent argentés, resplendissent comme autant<br />
<strong>de</strong> cylindres <strong>de</strong> métal on fusion. Ailleurs, on voit<br />
les seiches lancer, lorsqu’on les irrite, d’épais<br />
nuages d’une encre brune — la sépia — à la<br />
faveur <strong>de</strong>squels ces rusés animaux parviennent<br />
à dérober leur retraite ou leur fuite à leurs ennemis<br />
stupéfaits.<br />
Les crustacés, aux carapaces soli<strong>de</strong>s et parfois<br />
bien étranges, forment encore un curieux<br />
groupe. La cigale <strong>de</strong> m er, entre autres, ou<br />
ScyLlarus latus, présente une forme qui nous<br />
est absolument inconnue, et d’une étrangeté<br />
rare ; <strong>de</strong> même que tous les autres habitants <strong>de</strong><br />
l’Aquarium, ce crustacé appartient cependant ù<br />
la faune du Golfe. De petites espèces, au corps<br />
opalin ou diaphane, évoluent légèrem ent comme<br />
d ’impalpables sylphes, dans le cristal <strong>de</strong>s eaux,<br />
où on les distingue à peine.<br />
Les grands crustacés, hom ards, langoustes,<br />
crabes, etc., si soli<strong>de</strong>ment blindés dans leur<br />
massive arm ure, et aux airs batailleurs et fanfarons,<br />
paraissent pré<strong>de</strong>stinés à jouer le r ölè<br />
<strong>de</strong> guerroyeurs et <strong>de</strong> redresseurs <strong>de</strong> torts. En<br />
dépit <strong>de</strong> leur aspect belliqueux, ces porte-pinces,<br />
et en général tous ces crustacés, petits et gros,<br />
m archeurs ou nageurs, se chargent d ’un r öle<br />
moins glorieux mais plus utile. C’est à eux qu’est<br />
dévolue la mission <strong>de</strong> faire disparaître les corps<br />
m orts et les détritus <strong>de</strong> toute espèce, qui finiraient<br />
par empoisonner les eaux et les rendre<br />
inhabitables aux autres animaux.<br />
L’association bien connue du B ernard-l’Her-<br />
m ite — dont une coquille abandonnée forme la<br />
<strong>de</strong>m eure et un heureux supplém ent <strong>de</strong> cuirasse,<br />
— <strong>de</strong> l’annéli<strong>de</strong>, commensal indiscret qui s’y<br />
loge avec lui, et enfin <strong>de</strong> l’actinie aux goûts<br />
voyageurs qui complète le trio errant, en fleurissant<br />
l’habitation du Pagure, cette association,<br />
dis-je, est bien représentée à l’Aquarium <strong>de</strong><br />
Naples. Le crustacé est <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille, très<br />
curieux à observer et l’anémone est fort belle,<br />
<strong>de</strong> couleur orangée.<br />
Un <strong>de</strong> ces Pagures em portait, avec sa maison<br />
am bulante, un véritable jardin vivant d’anémones<br />
épanouies, <strong>de</strong> diverses gran<strong>de</strong>urs.<br />
Passant à <strong>de</strong>s groupes inférieurs, nous rem<br />
arquons, avec les principaux types <strong>de</strong> la faune<br />
malacologique du Golfe — si riche en mollusques<br />
<strong>de</strong> toute espèce — <strong>de</strong>s hydrozoaires aux<br />
ramifications élégantes, <strong>de</strong>s polypiers gracieux<br />
et fleuris, semblables à <strong>de</strong>s arbrisseaux chargés<br />
<strong>de</strong> fleurs vivantes et animées. Au moindre choc<br />
L’ATHENÆUM BELGE 91<br />
on voit disparaître, avec une prodigieuse rapidité,<br />
ces m illiers d ’étoiles orangées, roses ou<br />
blanches.<br />
D’autres bassins renferm ent <strong>de</strong>s colonies<br />
d’annéli<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> serpules aux corolles éclatantes<br />
et variées, dont les houppes verticillées, étalées<br />
avec grâce comme la couronne d’élégants palm<br />
iers, se réfugient, à la plus légère alerte,<br />
dans <strong>de</strong>s fourreaux <strong>de</strong> sable ou <strong>de</strong> calcaire.<br />
Arrêtons-nous aussi <strong>de</strong>vant les réservoirs<br />
contenant <strong>de</strong> riches parterres d ’anémones aux<br />
couleurs vives, véritables bouquets anim és,<br />
diaprant et réjouissant les paysages sous-marins,<br />
comme le font les fleurs <strong>de</strong> nos prés et <strong>de</strong><br />
nos jardins.<br />
Partout enfin se révèle et s’agite autour <strong>de</strong><br />
nous, dévoilant ses luttes et ses souffrances, ses<br />
joies et ses amours, un mon<strong>de</strong> merveilleux et<br />
brillant, plein d’intérêt et <strong>de</strong> mystère. Avant <strong>de</strong><br />
nous arracher au charme <strong>de</strong> cette vision trop<br />
rapi<strong>de</strong>, contemplons encore la Méduse à la chevelure<br />
flottante, et dont les mouvements g racieux<br />
sont si curieusem ent rhythm és, que les<br />
anciens avaient, pour ce motif, surnommé cette<br />
opale vivante le « poumon <strong>de</strong> mer ».<br />
Admirons enfin les Hydroméduses, les Pen-<br />
natules, les Cténophores, les Siphonophores,<br />
etc., toutes raretés que le naturaliste n ’a guère<br />
l’occasion d'observer et dont plusieurs se tro u <br />
vent soigneusem ent retenues dans <strong>de</strong>s cylindres<br />
<strong>de</strong> cristal im mergés dans les bassins aux points<br />
les plus favorables à l’observation. Ces êtres si<br />
curieux complètent un ensem ble <strong>de</strong> m erveilles,<br />
bien digne d’attirer l’attention du naturaliste<br />
comme celle <strong>de</strong>s simples curieux <strong>de</strong> la nature.<br />
(A continuer.) E r n e s t V a n d e n B r o e c k .<br />
FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DANS LA PROVINCE<br />
DE NAM UR.<br />
Pendant l’année 1881, la Société archéologique<br />
<strong>de</strong> N am ur a continué les fouilles qui, sous son intelligente<br />
direction, ont fourni à la science historique<br />
<strong>de</strong> précieux éléments. Le rapport suivant,<br />
adressé à M. le m inistre <strong>de</strong> l’intérieur, donne<br />
d’intéressants renseignements sur les résultats <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>rniers travaux :<br />
» Comme les années précé<strong>de</strong>ntes, la Société archéologique<br />
<strong>de</strong> N am ur a commencé ses fouilles dans<br />
la province dès les premiers jours <strong>de</strong> m ars 1881 et<br />
les a continuées jusqu’à la mi-novembre.<br />
» Nous avons exploré d’abord un petit camp<br />
situé à Vogenée, près <strong>de</strong> W alcourt ; c’était un <strong>de</strong><br />
ces postes où la population du pay3 se réfugiait à<br />
l'époque <strong>de</strong>s incursions <strong>de</strong>s Germains au IV0 et au<br />
Ve siècle. Il est établi sur un prom ontoire entouré<br />
<strong>de</strong> ravins profonds. Un certain nombre <strong>de</strong> sépultures<br />
<strong>de</strong> Francs furent découvertes à l’extérieur du<br />
camp et non loin <strong>de</strong> ses retranchem ents.<br />
» Pendant le mois <strong>de</strong> m ai, la Société a fait exécuter<br />
<strong>de</strong>s fouilles dans un tumulus situé à W agnée,<br />
près d'Assesses. Un puits funéraire en maçonnerie,<br />
d e 2 m50 <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, avait été creusé dans le soi<br />
sous la tombe ; on y pénétrait par un couloir long<br />
<strong>de</strong> 5 m ètres et parfaitem ent conservé. Ce mo<strong>de</strong><br />
d’inhumation fut rarem ent employé dans notre pays<br />
au Ier ou au IIe siècle, époque <strong>de</strong> l’érection <strong>de</strong> ce<br />
tumulus. Il avait été fouillé, on n’y trouva plus que<br />
quelques tessons <strong>de</strong> poterie romaine.<br />
»! Les territoires <strong>de</strong> Rochefort et <strong>de</strong>s communes<br />
voisines. Eprave et Resteigne, ont été très peuplés<br />
sous la domination rom aine et à l’époque qui suivit<br />
les invasions germaniques. La Société archéologique<br />
nia pas exploré m oins d'une douzaine <strong>de</strong> cimetières<br />
antiques dans ces trois localités. C'est,<br />
croyons-nous, à la présence <strong>de</strong> filons <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong><br />
plomb dans le voisinage, ainsi qu’à la proximité <strong>de</strong><br />
voies rom aines, qu’il faut attribuer l’importance<br />
<strong>de</strong> la population dans une contrée aussi ari<strong>de</strong>.<br />
» Cette année, nous avons fait <strong>de</strong>s fouilles au<br />
Tombois et au Chemin <strong>de</strong>s Morts, à Resteigne.<br />
C’étaient <strong>de</strong>s cimetières francs <strong>de</strong>s Ve et VI0 siècles,<br />
ils nous ont donné <strong>de</strong>s arm es et <strong>de</strong>s objets faisant<br />
partie <strong>de</strong> l’équipement <strong>de</strong>s guerriers. Sur leurs<br />
compagnes, nous avons recueilli <strong>de</strong>s bagues, <strong>de</strong>s<br />
bracelets, <strong>de</strong>s boucles, <strong>de</strong>s colliers, etc.<br />
•• L a fin <strong>de</strong> l’été a été occupé en recherches sur<br />
les territoires <strong>de</strong> Beauraing et <strong>de</strong>s environs; nous<br />
avons fouillé <strong>de</strong>ux cimetières francs dans cette<br />
localité, un à Baronville, un à Feschaux et un à<br />
Vaucenne ; l’exploration <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, qui est très<br />
vaste, n’est pas encore term inée. Les armes et les<br />
objets divers rencontrés dans ces fouilles ne présentent<br />
rien <strong>de</strong> particulier ; on peut signaler<br />
cependant quelques belles boucles en bronze dont<br />
les plaques sont couvertes d'ornem ents qui rappellent<br />
l'ancien art persan.<br />
>• La plupart <strong>de</strong> ces cimetières ont été pillés peu<br />
<strong>de</strong> temps après leur abandon et lorsqu'ou connaissait<br />
encore l’emplacement réservé à la sépulture <strong>de</strong>s<br />
chefs; jamaiSj en effet, nous ne rem arquons <strong>de</strong><br />
trace <strong>de</strong> violation dans la partie du champ <strong>de</strong>stinée<br />
aux serfs, dont la pauvreté ne pouvait tenter les<br />
voleurs.<br />
» Le nom que porte l’emplacement <strong>de</strong> ces cimetières,<br />
l’examen <strong>de</strong>s dépouilles qu’ils nous abandonnent,<br />
les légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s fontaines voisines, les<br />
traces <strong>de</strong>s superstitions païennes que l’on rencontre<br />
à cöté <strong>de</strong>s signes du christianisme, sont autant <strong>de</strong><br />
documents précieux qui jettent un rayon <strong>de</strong> lumière<br />
sur l'histoire et les moeurs <strong>de</strong> ces populations.<br />
» De l’ensemble <strong>de</strong> nos fouilles, nous pouvons conclure<br />
que les Francs qui se sont établis en si grand<br />
nombre dans le sud <strong>de</strong> la province, étaient les<br />
mêmes qui se sont avancés dans le nord <strong>de</strong> la France<br />
jusqu’à l’embouchure <strong>de</strong> la Seine. P artis <strong>de</strong>s bords<br />
<strong>de</strong> la Moselle et du R hin, ils ont suivi les gran<strong>de</strong>s<br />
voies romaines et les D iverticulum qui traversaient<br />
la province pour se diriger sur Bavay et Cambrai.<br />
L a femme d'un guerrier franc, trouvée par l’abbé<br />
Cochet à Everneu, près <strong>de</strong> Dieppe, qui portait à la<br />
ceinture une plaque d ’argent revêtue <strong>de</strong> figures<br />
symboliques em pruntées au christianism e prim itif,<br />
n ’était-elle paB la compagne <strong>de</strong> cette femme ensevelie<br />
sur le Tige, entre Eprave et Rochefort?<br />
Comme celle-ci, elle portait à la ceintura une<br />
boucle en fer revêtue d’une plaque d’argent, et cette<br />
plaque représentait le même sujet, frappé avec la<br />
même m atrice. Nous pourrions m ultiplier ces rapprochem<br />
ents.<br />
» Depuis cette année, nous prenons la mesura<br />
exacte <strong>de</strong>s squelettes, bien conservés, que nos fouilles<br />
m ettent au jour. Les personnes qui s'occupent d'anthropologie<br />
y trouveront uu sujet d’étu<strong>de</strong> aussi neuf<br />
qu'intéressant.<br />
» Dans le courant <strong>de</strong> cet été on a trouvé, sous lo<br />
pavement <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Spontin, <strong>de</strong> très curieuses<br />
pierres tombales du xivcsiècle, <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong> Beau-<br />
fort-Spontin; nous nous sommes rendus <strong>de</strong> suite sur<br />
les lieux pour veiller à leur conservation.<br />
«• A Dinant, une crypte intéressante du XH° siècle<br />
a été rencontrée en faisant <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> canalisation;<br />
nous en avons fait un relevé qui nous perm<br />
ettra <strong>de</strong> la publier avec d ’autres cryptes romanes<br />
existant dans la province.<br />
« La Société a fait paraître en 1881 <strong>de</strong>ux livraisons<br />
du tom eX V '<strong>de</strong>ses Annales; elle fait im prim er,<br />
en ce moment, le <strong>de</strong>rnier volume <strong>de</strong>s Fiefs du<br />
comté <strong>de</strong> Nam ur, publication d’une gran<strong>de</strong> im portance<br />
pour l’histoire <strong>de</strong>s familles et <strong>de</strong>s localités »<br />
LA COMMISSION RU BEN S. ,<br />
La commission instituée pour recueillir tous le<br />
documents relatifs à Rubens vient <strong>de</strong> publier le prem<br />
ier fascicule d'un Bulletin <strong>de</strong>stiné à faire connailre<br />
ses travaux et à servir d ’organe <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> ; il<br />
a pour titre : B ulletin-Rubens, Annales <strong>de</strong> la<br />
Commission officielle instituée par le Conseil comm<br />
unal d’Anvers pour la publication <strong>de</strong>s documents<br />
relatifs à la vie et aux œuvres <strong>de</strong> Rubens. (Anvers,<br />
Im prim erie V D eB acker; <strong>Bruxelles</strong>, M uquardt).<br />
Cette première livraison est précédée d ’une introduction<br />
dans laquelle la Commission, composée <strong>de</strong><br />
MM. Gachard, prési<strong>de</strong>nt, Ruelens, secrétaire, <strong>de</strong><br />
Burbure, Génard et Rooses, membres, caractérise<br />
ainsi l’entreprise dont elle s’est chargée :<br />
« La même pensée prési<strong>de</strong> à la confection du<br />
R ecueil <strong>de</strong>s documents et du B u lletin : c’est que<br />
rien n’est à négliger pour l’histoire <strong>de</strong>s hommes qui