31.07.2013 Views

1882 - Université Libre de Bruxelles

1882 - Université Libre de Bruxelles

1882 - Université Libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

quiétant et d’étrange, qui ne laisse pas que <strong>de</strong><br />

frapper vivement le visiteur qui, pour la prem<br />

ière fois, contemple ces êtres disgraciés. Toutefois,<br />

malgré la répulsion que paraissent <strong>de</strong>voir<br />

inspirer leurs formes, la chair <strong>de</strong>s poulpes est<br />

appréciée et d’un usage courant dans l’alimen<br />

tation.<br />

Nous avons eu l’occasion <strong>de</strong> constater que,<br />

cuite, cette chair, <strong>de</strong>venue blanche et ferme,<br />

offrait un goût rappelant à la fois le hom ard et<br />

la crevette.<br />

Il est curieux <strong>de</strong>voir les poulpes se précipiter<br />

sur les moules et sur les crabes qu’on leur<br />

donne comme nourriture et que le gardien ne<br />

craint pas <strong>de</strong> leur présenter d’une main qu’ils<br />

enveloppent parfois <strong>de</strong> leurs hi<strong>de</strong>ux tentacules<br />

tout garnis <strong>de</strong> suçoirs.<br />

Dans un autre bassin on voit évoluer <strong>de</strong> com ­<br />

pagnie, et avec un curieux ensemble, <strong>de</strong>s<br />

légions <strong>de</strong> calm ars <strong>de</strong> petite taille, les tentacules<br />

rapprochés et étendus, nageant en arrière à<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur syphon, et dont les corps, brillam<br />

m ent argentés, resplendissent comme autant<br />

<strong>de</strong> cylindres <strong>de</strong> métal on fusion. Ailleurs, on voit<br />

les seiches lancer, lorsqu’on les irrite, d’épais<br />

nuages d’une encre brune — la sépia — à la<br />

faveur <strong>de</strong>squels ces rusés animaux parviennent<br />

à dérober leur retraite ou leur fuite à leurs ennemis<br />

stupéfaits.<br />

Les crustacés, aux carapaces soli<strong>de</strong>s et parfois<br />

bien étranges, forment encore un curieux<br />

groupe. La cigale <strong>de</strong> m er, entre autres, ou<br />

ScyLlarus latus, présente une forme qui nous<br />

est absolument inconnue, et d’une étrangeté<br />

rare ; <strong>de</strong> même que tous les autres habitants <strong>de</strong><br />

l’Aquarium, ce crustacé appartient cependant ù<br />

la faune du Golfe. De petites espèces, au corps<br />

opalin ou diaphane, évoluent légèrem ent comme<br />

d ’impalpables sylphes, dans le cristal <strong>de</strong>s eaux,<br />

où on les distingue à peine.<br />

Les grands crustacés, hom ards, langoustes,<br />

crabes, etc., si soli<strong>de</strong>ment blindés dans leur<br />

massive arm ure, et aux airs batailleurs et fanfarons,<br />

paraissent pré<strong>de</strong>stinés à jouer le r ölè<br />

<strong>de</strong> guerroyeurs et <strong>de</strong> redresseurs <strong>de</strong> torts. En<br />

dépit <strong>de</strong> leur aspect belliqueux, ces porte-pinces,<br />

et en général tous ces crustacés, petits et gros,<br />

m archeurs ou nageurs, se chargent d ’un r öle<br />

moins glorieux mais plus utile. C’est à eux qu’est<br />

dévolue la mission <strong>de</strong> faire disparaître les corps<br />

m orts et les détritus <strong>de</strong> toute espèce, qui finiraient<br />

par empoisonner les eaux et les rendre<br />

inhabitables aux autres animaux.<br />

L’association bien connue du B ernard-l’Her-<br />

m ite — dont une coquille abandonnée forme la<br />

<strong>de</strong>m eure et un heureux supplém ent <strong>de</strong> cuirasse,<br />

— <strong>de</strong> l’annéli<strong>de</strong>, commensal indiscret qui s’y<br />

loge avec lui, et enfin <strong>de</strong> l’actinie aux goûts<br />

voyageurs qui complète le trio errant, en fleurissant<br />

l’habitation du Pagure, cette association,<br />

dis-je, est bien représentée à l’Aquarium <strong>de</strong><br />

Naples. Le crustacé est <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille, très<br />

curieux à observer et l’anémone est fort belle,<br />

<strong>de</strong> couleur orangée.<br />

Un <strong>de</strong> ces Pagures em portait, avec sa maison<br />

am bulante, un véritable jardin vivant d’anémones<br />

épanouies, <strong>de</strong> diverses gran<strong>de</strong>urs.<br />

Passant à <strong>de</strong>s groupes inférieurs, nous rem<br />

arquons, avec les principaux types <strong>de</strong> la faune<br />

malacologique du Golfe — si riche en mollusques<br />

<strong>de</strong> toute espèce — <strong>de</strong>s hydrozoaires aux<br />

ramifications élégantes, <strong>de</strong>s polypiers gracieux<br />

et fleuris, semblables à <strong>de</strong>s arbrisseaux chargés<br />

<strong>de</strong> fleurs vivantes et animées. Au moindre choc<br />

L’ATHENÆUM BELGE 91<br />

on voit disparaître, avec une prodigieuse rapidité,<br />

ces m illiers d ’étoiles orangées, roses ou<br />

blanches.<br />

D’autres bassins renferm ent <strong>de</strong>s colonies<br />

d’annéli<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> serpules aux corolles éclatantes<br />

et variées, dont les houppes verticillées, étalées<br />

avec grâce comme la couronne d’élégants palm<br />

iers, se réfugient, à la plus légère alerte,<br />

dans <strong>de</strong>s fourreaux <strong>de</strong> sable ou <strong>de</strong> calcaire.<br />

Arrêtons-nous aussi <strong>de</strong>vant les réservoirs<br />

contenant <strong>de</strong> riches parterres d ’anémones aux<br />

couleurs vives, véritables bouquets anim és,<br />

diaprant et réjouissant les paysages sous-marins,<br />

comme le font les fleurs <strong>de</strong> nos prés et <strong>de</strong><br />

nos jardins.<br />

Partout enfin se révèle et s’agite autour <strong>de</strong><br />

nous, dévoilant ses luttes et ses souffrances, ses<br />

joies et ses amours, un mon<strong>de</strong> merveilleux et<br />

brillant, plein d’intérêt et <strong>de</strong> mystère. Avant <strong>de</strong><br />

nous arracher au charme <strong>de</strong> cette vision trop<br />

rapi<strong>de</strong>, contemplons encore la Méduse à la chevelure<br />

flottante, et dont les mouvements g racieux<br />

sont si curieusem ent rhythm és, que les<br />

anciens avaient, pour ce motif, surnommé cette<br />

opale vivante le « poumon <strong>de</strong> mer ».<br />

Admirons enfin les Hydroméduses, les Pen-<br />

natules, les Cténophores, les Siphonophores,<br />

etc., toutes raretés que le naturaliste n ’a guère<br />

l’occasion d'observer et dont plusieurs se tro u ­<br />

vent soigneusem ent retenues dans <strong>de</strong>s cylindres<br />

<strong>de</strong> cristal im mergés dans les bassins aux points<br />

les plus favorables à l’observation. Ces êtres si<br />

curieux complètent un ensem ble <strong>de</strong> m erveilles,<br />

bien digne d’attirer l’attention du naturaliste<br />

comme celle <strong>de</strong>s simples curieux <strong>de</strong> la nature.<br />

(A continuer.) E r n e s t V a n d e n B r o e c k .<br />

FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DANS LA PROVINCE<br />

DE NAM UR.<br />

Pendant l’année 1881, la Société archéologique<br />

<strong>de</strong> N am ur a continué les fouilles qui, sous son intelligente<br />

direction, ont fourni à la science historique<br />

<strong>de</strong> précieux éléments. Le rapport suivant,<br />

adressé à M. le m inistre <strong>de</strong> l’intérieur, donne<br />

d’intéressants renseignements sur les résultats <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>rniers travaux :<br />

» Comme les années précé<strong>de</strong>ntes, la Société archéologique<br />

<strong>de</strong> N am ur a commencé ses fouilles dans<br />

la province dès les premiers jours <strong>de</strong> m ars 1881 et<br />

les a continuées jusqu’à la mi-novembre.<br />

» Nous avons exploré d’abord un petit camp<br />

situé à Vogenée, près <strong>de</strong> W alcourt ; c’était un <strong>de</strong><br />

ces postes où la population du pay3 se réfugiait à<br />

l'époque <strong>de</strong>s incursions <strong>de</strong>s Germains au IV0 et au<br />

Ve siècle. Il est établi sur un prom ontoire entouré<br />

<strong>de</strong> ravins profonds. Un certain nombre <strong>de</strong> sépultures<br />

<strong>de</strong> Francs furent découvertes à l’extérieur du<br />

camp et non loin <strong>de</strong> ses retranchem ents.<br />

» Pendant le mois <strong>de</strong> m ai, la Société a fait exécuter<br />

<strong>de</strong>s fouilles dans un tumulus situé à W agnée,<br />

près d'Assesses. Un puits funéraire en maçonnerie,<br />

d e 2 m50 <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, avait été creusé dans le soi<br />

sous la tombe ; on y pénétrait par un couloir long<br />

<strong>de</strong> 5 m ètres et parfaitem ent conservé. Ce mo<strong>de</strong><br />

d’inhumation fut rarem ent employé dans notre pays<br />

au Ier ou au IIe siècle, époque <strong>de</strong> l’érection <strong>de</strong> ce<br />

tumulus. Il avait été fouillé, on n’y trouva plus que<br />

quelques tessons <strong>de</strong> poterie romaine.<br />

»! Les territoires <strong>de</strong> Rochefort et <strong>de</strong>s communes<br />

voisines. Eprave et Resteigne, ont été très peuplés<br />

sous la domination rom aine et à l’époque qui suivit<br />

les invasions germaniques. La Société archéologique<br />

nia pas exploré m oins d'une douzaine <strong>de</strong> cimetières<br />

antiques dans ces trois localités. C'est,<br />

croyons-nous, à la présence <strong>de</strong> filons <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong><br />

plomb dans le voisinage, ainsi qu’à la proximité <strong>de</strong><br />

voies rom aines, qu’il faut attribuer l’importance<br />

<strong>de</strong> la population dans une contrée aussi ari<strong>de</strong>.<br />

» Cette année, nous avons fait <strong>de</strong>s fouilles au<br />

Tombois et au Chemin <strong>de</strong>s Morts, à Resteigne.<br />

C’étaient <strong>de</strong>s cimetières francs <strong>de</strong>s Ve et VI0 siècles,<br />

ils nous ont donné <strong>de</strong>s arm es et <strong>de</strong>s objets faisant<br />

partie <strong>de</strong> l’équipement <strong>de</strong>s guerriers. Sur leurs<br />

compagnes, nous avons recueilli <strong>de</strong>s bagues, <strong>de</strong>s<br />

bracelets, <strong>de</strong>s boucles, <strong>de</strong>s colliers, etc.<br />

•• L a fin <strong>de</strong> l’été a été occupé en recherches sur<br />

les territoires <strong>de</strong> Beauraing et <strong>de</strong>s environs; nous<br />

avons fouillé <strong>de</strong>ux cimetières francs dans cette<br />

localité, un à Baronville, un à Feschaux et un à<br />

Vaucenne ; l’exploration <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, qui est très<br />

vaste, n’est pas encore term inée. Les armes et les<br />

objets divers rencontrés dans ces fouilles ne présentent<br />

rien <strong>de</strong> particulier ; on peut signaler<br />

cependant quelques belles boucles en bronze dont<br />

les plaques sont couvertes d'ornem ents qui rappellent<br />

l'ancien art persan.<br />

>• La plupart <strong>de</strong> ces cimetières ont été pillés peu<br />

<strong>de</strong> temps après leur abandon et lorsqu'ou connaissait<br />

encore l’emplacement réservé à la sépulture <strong>de</strong>s<br />

chefs; jamaiSj en effet, nous ne rem arquons <strong>de</strong><br />

trace <strong>de</strong> violation dans la partie du champ <strong>de</strong>stinée<br />

aux serfs, dont la pauvreté ne pouvait tenter les<br />

voleurs.<br />

» Le nom que porte l’emplacement <strong>de</strong> ces cimetières,<br />

l’examen <strong>de</strong>s dépouilles qu’ils nous abandonnent,<br />

les légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s fontaines voisines, les<br />

traces <strong>de</strong>s superstitions païennes que l’on rencontre<br />

à cöté <strong>de</strong>s signes du christianisme, sont autant <strong>de</strong><br />

documents précieux qui jettent un rayon <strong>de</strong> lumière<br />

sur l'histoire et les moeurs <strong>de</strong> ces populations.<br />

» De l’ensemble <strong>de</strong> nos fouilles, nous pouvons conclure<br />

que les Francs qui se sont établis en si grand<br />

nombre dans le sud <strong>de</strong> la province, étaient les<br />

mêmes qui se sont avancés dans le nord <strong>de</strong> la France<br />

jusqu’à l’embouchure <strong>de</strong> la Seine. P artis <strong>de</strong>s bords<br />

<strong>de</strong> la Moselle et du R hin, ils ont suivi les gran<strong>de</strong>s<br />

voies romaines et les D iverticulum qui traversaient<br />

la province pour se diriger sur Bavay et Cambrai.<br />

L a femme d'un guerrier franc, trouvée par l’abbé<br />

Cochet à Everneu, près <strong>de</strong> Dieppe, qui portait à la<br />

ceinture une plaque d ’argent revêtue <strong>de</strong> figures<br />

symboliques em pruntées au christianism e prim itif,<br />

n ’était-elle paB la compagne <strong>de</strong> cette femme ensevelie<br />

sur le Tige, entre Eprave et Rochefort?<br />

Comme celle-ci, elle portait à la ceintura une<br />

boucle en fer revêtue d’une plaque d’argent, et cette<br />

plaque représentait le même sujet, frappé avec la<br />

même m atrice. Nous pourrions m ultiplier ces rapprochem<br />

ents.<br />

» Depuis cette année, nous prenons la mesura<br />

exacte <strong>de</strong>s squelettes, bien conservés, que nos fouilles<br />

m ettent au jour. Les personnes qui s'occupent d'anthropologie<br />

y trouveront uu sujet d’étu<strong>de</strong> aussi neuf<br />

qu'intéressant.<br />

» Dans le courant <strong>de</strong> cet été on a trouvé, sous lo<br />

pavement <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Spontin, <strong>de</strong> très curieuses<br />

pierres tombales du xivcsiècle, <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong> Beau-<br />

fort-Spontin; nous nous sommes rendus <strong>de</strong> suite sur<br />

les lieux pour veiller à leur conservation.<br />

«• A Dinant, une crypte intéressante du XH° siècle<br />

a été rencontrée en faisant <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> canalisation;<br />

nous en avons fait un relevé qui nous perm<br />

ettra <strong>de</strong> la publier avec d ’autres cryptes romanes<br />

existant dans la province.<br />

« La Société a fait paraître en 1881 <strong>de</strong>ux livraisons<br />

du tom eX V '<strong>de</strong>ses Annales; elle fait im prim er,<br />

en ce moment, le <strong>de</strong>rnier volume <strong>de</strong>s Fiefs du<br />

comté <strong>de</strong> Nam ur, publication d’une gran<strong>de</strong> im portance<br />

pour l’histoire <strong>de</strong>s familles et <strong>de</strong>s localités »<br />

LA COMMISSION RU BEN S. ,<br />

La commission instituée pour recueillir tous le<br />

documents relatifs à Rubens vient <strong>de</strong> publier le prem<br />

ier fascicule d'un Bulletin <strong>de</strong>stiné à faire connailre<br />

ses travaux et à servir d ’organe <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> ; il<br />

a pour titre : B ulletin-Rubens, Annales <strong>de</strong> la<br />

Commission officielle instituée par le Conseil comm<br />

unal d’Anvers pour la publication <strong>de</strong>s documents<br />

relatifs à la vie et aux œuvres <strong>de</strong> Rubens. (Anvers,<br />

Im prim erie V D eB acker; <strong>Bruxelles</strong>, M uquardt).<br />

Cette première livraison est précédée d ’une introduction<br />

dans laquelle la Commission, composée <strong>de</strong><br />

MM. Gachard, prési<strong>de</strong>nt, Ruelens, secrétaire, <strong>de</strong><br />

Burbure, Génard et Rooses, membres, caractérise<br />

ainsi l’entreprise dont elle s’est chargée :<br />

« La même pensée prési<strong>de</strong> à la confection du<br />

R ecueil <strong>de</strong>s documents et du B u lletin : c’est que<br />

rien n’est à négliger pour l’histoire <strong>de</strong>s hommes qui

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!