1882 - Université Libre de Bruxelles
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et à l’explication du texte, m érite tous nos<br />
éloges.<br />
Dans les Prolegomena (p. XIX-LXI1), M. Ellis<br />
étudie les diverses questions relatives au poème.<br />
Il est porté à croire que le personnage qu’Ovi<strong>de</strong><br />
désigne sous le nom d'Ibis est Titus Labienus,<br />
surnommé « le Rageur » ou l’astrologue Tlira-<br />
sylius. Tout en rendant hommage à l’érudition<br />
extraordinaire <strong>de</strong> l’auteur et à la façon ingénieuse<br />
dont il défend ses hypothèses, nous<br />
sommes obligé <strong>de</strong> déclarer qu’il ne nous a<br />
nullem ent convaincu ; c’est peine perdue, à<br />
notre sens, <strong>de</strong> chercher à résoudre le problème.<br />
Après les Prolegomena, vient le texte accompagné<br />
d e l’apparat critique (p. 1-41). Les scolies<br />
sont imprimées intégralem ent (p. 43-104): on est<br />
tenté <strong>de</strong> regretter la dépense <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> beau<br />
papier, quand on voit la masse d’inepties que<br />
renferm ent ces scolies; mais ferons-nous un<br />
crime à M. Ellis <strong>de</strong> s’ètre m ontré trop consciencieux?<br />
Le com m entaire, qui occupe les pages<br />
105 à 170, est excellent <strong>de</strong> tout point; nous en<br />
avons examiné soigneusement une bonne partie,<br />
et nous n ’avons trouvé à faire que <strong>de</strong>s observations<br />
insignifiantes (note sur le v. 79_: lire<br />
torlo au lieu <strong>de</strong> intorto ; v. 248 consum ptus ab<br />
annis, cf. 176 Quique agitur rapidæ vinctus<br />
ab orbe rotæ ; v. 169, nous préférerions l’explication<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong> Salvaing; etc.). Dix-huit excursus<br />
(p. 171-188), pleins, comme le commentaire, <strong>de</strong><br />
savantes recherches, et un in d ex <strong>de</strong> tous les<br />
mots qui se rencontrent dans l'Ibis, complètent<br />
le volume.<br />
L’exécution matérielle du livre présente ce<br />
caractère d’élégance soli<strong>de</strong> et riche qui distingue<br />
les productions typographiques d’Outre-<br />
Manche (1 ). P a u l T h o m a s .<br />
Studien zu m Avesta, von Karl Geldner.<br />
Strassburg, <strong>1882</strong>, in-8°.<br />
Cet ouvrage est un essai <strong>de</strong> justification <strong>de</strong>s<br />
principes <strong>de</strong> l’école ultra-sanscritisante à laquelle<br />
appartient M. Geldner. Selon cette école, !’Avesta<br />
ne doit en général s’interpréter qu’au moyen<br />
du dictionnaire sanscrit; en outre, pour résoudre<br />
les difficultés que les textes présentent au<br />
point <strong>de</strong> vue tant <strong>de</strong> la gram m aire que du sens,<br />
on peut et l’on doit transform er les mots et<br />
les phrases à son gré et sans motifs réels.<br />
Bien qu’écrit à ce point <strong>de</strong> vue exclusif et<br />
purem ent subjectif, le livre <strong>de</strong> M. Geldner a<br />
quelques pages intéressantes ; il s’y trouve <strong>de</strong>s<br />
conjectures ingénieuses, malheureusement elles<br />
manquent en général <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ments réels : il<br />
faudrait jurer in verba m agistri. Mais ce défaut<br />
n’est encore rien ; M. Geldner dépare ce que<br />
l’on voudrait approuver dans son œuvre par <strong>de</strong>s<br />
procédés insolites que nous <strong>de</strong>vons signaler :<br />
les injures et les .contre-vérités y sont prodiguées,;<br />
gare à qui n ’est pas <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong><br />
M. Geldner! Il est vrai que ses traits ne portent<br />
pas loin.<br />
Tantöt il accuse un orientaliste français, <strong>de</strong>s<br />
plus distingués, d ’ignorer le sanscrit et <strong>de</strong><br />
cbmmettre en conséquence <strong>de</strong> grosses bévues.<br />
Tantöt il gourm an<strong>de</strong> en pédagogue les princes<br />
<strong>de</strong> la science alleman<strong>de</strong> qui ne sont pas <strong>de</strong><br />
son cöté. Mieux encore : à propos <strong>de</strong> qaèlû<br />
(Yaçna XXXIII, 3), il me fait dire précisém ent le<br />
(1 ) P . 3, v . 45, com m itam est une faute d ’im pression pour<br />
commiitam.<br />
L’ATHENÆUM BELGE 151<br />
contraire <strong>de</strong> ce que j ’affirme et défigure ma traduction<br />
du Yaçna XXX11, 1, manière très commo<strong>de</strong><br />
d’avoir raison. Ignorant la racine sanscrite<br />
varp, il adresse <strong>de</strong>s injures à qui l’admet justement.<br />
Il use <strong>de</strong>s mêmes moyens pour l’emporter<br />
relativement à l’explication du Vendidad V, 14,<br />
du Yaçna XXXli, 1 et du Yesht XIV, 13 (hita),<br />
y substituant <strong>de</strong>s choses qui font sourire, falsifiant<br />
du reste avec la plus parfaite désinvolture.<br />
Par contre il se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> signaler ce qu’il<br />
em prunte à moi ou à d’autres. Il esl possible<br />
que M. Geldner ne comprenne qu’imparfaitement<br />
le français, car il se moque d’explications qu’il<br />
donne lui-même ailleurs (v. Yaçna LII, 9', dêjî-<br />
tareto). Nous y reviendrons.<br />
Les discussions que contient le livre <strong>de</strong><br />
M. Geldner ne peuvent guère intéresser que les<br />
spécialistes; nous en réservons donc l’examen<br />
pour une autre Revue.<br />
Le seul passage que l’on pourrait signaler est<br />
celui où il cherche en vain à transform er le<br />
terme fameux <strong>de</strong> pesliotanus en synonyme<br />
d’excom m unié. Le raisonnement est celui-ci :<br />
il y a dans l’Avesta quelque trace d’une sorte<br />
d’excommunication ; donc le mot en question s’y<br />
rapporte. En outre, per signifie peut-être chasser.<br />
Il est vrai que tous les textes sont contraires<br />
à cette explication, mais cela n’y fait<br />
rien.<br />
Nous ne signalerons pas davantage ici les<br />
erreurs que nous avons rem arquées; il nous<br />
suffit d ’avoir fait connaître les caractères <strong>de</strong><br />
l’œuvre et les procédés <strong>de</strong> l’écrivain. Nous ne<br />
pensons pas qu’il trouve beaucoup d’im itateurs.<br />
C . d e H a r l e z .<br />
Nieuu) Schetsenboek, door Max Rooses.— Gand,<br />
Ad. Hoste, <strong>1882</strong>.<br />
M. Max Rooses, conservateur du Musée Plantin,<br />
à Anvers, est, sans contredit, un <strong>de</strong> nos m eilleurs<br />
prosateurs flamands. A cöté <strong>de</strong> nos bons<br />
rom anciers, tels que Conscience, Tony Berg-<br />
mann, les sœ urs Loveling, Sleeckx et Snie<strong>de</strong>rs,<br />
il occupe une place à part comme critique d’art<br />
et <strong>de</strong> littérature.<br />
Ses débuts datent <strong>de</strong> 1865. A peine avait-il<br />
quitté l’université <strong>de</strong> Liège, qu’il publiait trois<br />
étu<strong>de</strong>s d’histoire littéraire (E en drietat vei'han-<br />
<strong>de</strong>lingen over <strong>de</strong> geschie<strong>de</strong>nis <strong>de</strong>r letterkundë),<br />
consacrées à Maerlant, au R einaert et aux<br />
vieilles chansons flaman<strong>de</strong>s. Ce livre <strong>de</strong> jeunesse<br />
était plein <strong>de</strong> promesses. Surtout le chapitre où<br />
l’auteur faisait ressortir le prem ier l’importance<br />
<strong>de</strong>s chansons populaires dans la littérature néerlandaise,<br />
était original et savoureux. Bientöt<br />
les principales revues flaman<strong>de</strong>s et hollandaises<br />
com ptèrent M. Rooses au nombre <strong>de</strong> leurs collaborateurs<br />
les plus brillants.<br />
D’emblée il se fit un nom dans la Belgique<br />
flaman<strong>de</strong> par la façon prim esautière et exempte<br />
<strong>de</strong> toule camara<strong>de</strong>rie dont il comprenait la<br />
critique littéraire. Ses m eilleurs morceaux dans<br />
ce genre furent réunis par lui en un volume qui<br />
parut en 1877 sous le titre <strong>de</strong> Schetsenboek<br />
(Livre d ’esquisses). On y trouve, en effet, tracées<br />
d’une main ferme et délicate à la fois, <strong>de</strong>s<br />
esquisses littéraires sur les principaux prosateurs<br />
et poètes <strong>de</strong> la littérature flaman<strong>de</strong> contem<br />
poraine <strong>de</strong>puis sa renaissance après 1830.<br />
Willems, Le<strong>de</strong>ganck, Théodore van Rijswijck,<br />
Conscience, Van Beers, Frans <strong>de</strong> Cort, Julius<br />
Vuylsteke, Hiel, Tony Bergmann et les dames<br />
' Loveling n’ont jam ais été appréciés avec plus<br />
<strong>de</strong> lacl ni plus d’indépendance que parM. Rooses,<br />
dont le livre m ériterait d’ötre traduit en français<br />
pour les lecteurs w allons désireux do se rondre<br />
compte <strong>de</strong> la rem arquable rénovation littéraire<br />
accomplie dans la Belgique flaman<strong>de</strong> durant les<br />
cinquante <strong>de</strong>rnières années. En Hollan<strong>de</strong>,'.d’ailleurs,<br />
le Schetsenboek obtint un succès bien<br />
mérité.<br />
De bonne heure M. Rooses avait fait marcher<br />
<strong>de</strong> front la critique d’art avec la critique littéraire.<br />
Si je ne me trom pe, son début dans lo<br />
domaine artistique date <strong>de</strong> 1875; la revue gantoise<br />
N e<strong>de</strong>rlandsch M uséum publia alors <strong>de</strong> lui<br />
une série <strong>de</strong> notes <strong>de</strong> voyago sur les cathédrales<br />
gothiques et les musées du nord <strong>de</strong> la France.<br />
A partir <strong>de</strong> ce mom ent, M. Rooses parcourut<br />
toutes les galeries <strong>de</strong> tableaux do l’Europe et il<br />
consigna le fruit <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s dans son admirable<br />
livre Geschie<strong>de</strong>nis <strong>de</strong>r Antwerpsclic scldl-<br />
dœrschool (Histoire <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> peinture d’Anvers),<br />
qui fut couronné lors du centenaire <strong>de</strong><br />
Rubens et qui parut en 1879,<br />
Déjà en 1881 une traduction alleman<strong>de</strong> était<br />
publiée à Munich par le directeur <strong>de</strong>s Musées<br />
royaux <strong>de</strong> Bavière, le Dr Franz Reber. C’est<br />
assez dire que cet ouvrage <strong>de</strong> M. Rooses est une<br />
œuvre <strong>de</strong> prem ier ordre comme fond. La forme<br />
aussi en est excellente. Cette prose vibrante,<br />
pleine d ’images et riche en détails ravissants, est<br />
à la hauteur du sujet. M. Rooses esl un colorislo<br />
comme les peiu très anversois, ses compalrioles,<br />
dont il décrit 'les toiles con amore et donl il<br />
apprécie nettem ent les talents si variés et si<br />
semblables à la fois.<br />
Un an après sa gran<strong>de</strong> histoire <strong>de</strong> la peinture<br />
anversoise, M. Rooses nous donnait, sous lo<br />
titre <strong>de</strong> Over <strong>de</strong> Alpen (Par <strong>de</strong> la les Alpes), une<br />
nouvelle série <strong>de</strong> notes do voyage sur les monuments<br />
et les œuvres d ’art <strong>de</strong> Reims, Dijon,<br />
Lyon, Grenoble, T urin, Milan, Gènes, l’ise,<br />
Florence, Sienne, Orviélo, Naples, Pompêi,<br />
Rome, Bologne, Parme, Venise, Padouo ci<br />
Mantoue. Que <strong>de</strong> fois ces chefs-d’œuvre ont été<br />
décrils ! Et cependant M. Rooses est parvenu à<br />
m arquer ses <strong>de</strong>scriptions et ses réflexions artistiques<br />
du sceau <strong>de</strong> son originalité. Il y a là <strong>de</strong>s<br />
pages ravissantes.<br />
Actuellement il prépare une gran<strong>de</strong> publication<br />
en français : (Christophe P lantin, im p rim<br />
eur anversois), qui sera ornée <strong>de</strong> cent planches<br />
pholotypiques hors texte et <strong>de</strong> plusieurs centaines<br />
<strong>de</strong> planches dans le lexle. Ce gros livre sera le<br />
développement <strong>de</strong> son petit mémoire si intéressant,<br />
couronné par l’Académie <strong>de</strong> Belgique,<br />
P lantijn en <strong>de</strong> P lantijnsclie drukkerij (Plantin<br />
et l’im prim erie plantinienne) ; mais dans l’intervalle<br />
l’auteur a pu puiser à pleines mains dans<br />
les archives et dans les collections jusqu’ici<br />
inexplorées <strong>de</strong> l’incomparable Musée Plantin.<br />
Aussi peut-on s’attendre à une œuvre do haute<br />
valeur.<br />
Mais M. Rooses n’est pas encore complètement<br />
accaparé par l’histoire <strong>de</strong> la peinture et <strong>de</strong> la<br />
typographie anversoises. Son <strong>de</strong>rnier livre qui<br />
vient <strong>de</strong> paraître, le N ieuw Schetsenboek (Nouveau<br />
livre d’esquisses), nous le montre dans toute<br />
sa force <strong>de</strong> critique littéraire. On y trouve une<br />
série d’étu<strong>de</strong>s fort différentes par le sujet, mais<br />
également intéressantes.<br />
La prem ière compare les Nibelungen aux<br />
chants <strong>de</strong> l’Edda et contient quelques aperçus<br />
<strong>de</strong>s plus curieux. La secon<strong>de</strong> est ravissante <strong>de</strong><br />
fraîcheur et <strong>de</strong> verve : c’est l’histoire entièrement<br />
neuve <strong>de</strong> la chanson politique et religieuse