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1882 - Université Libre de Bruxelles

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il paraît ici dans son intégrité, et tel qu’il fut<br />

publié par Müller en 1776 et en 1778.<br />

Nous avons rendu compte, autrefois, <strong>de</strong>s<br />

quatre prem iers volumes <strong>de</strong> l’édition complète<br />

<strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r ; <strong>de</strong>puis, plusieurs autres<br />

volumes ont paru, grâce au zèle infatigable <strong>de</strong><br />

M. Suphan et à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques collaborateurs<br />

(non om nia possumus) qu’il s’est adjoints,<br />

comme MM Naumann et Imelmann, surtout<br />

M. Redlich. Ce sont les X°, XI”, XIIe volumes<br />

(Esprit <strong>de</strong> la poésie liébraique et Lettres sur<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la théologie), les XIXe et XX0 volumes<br />

(É crits chrétiens et petits écrits <strong>de</strong> 1797-1800,<br />

recensions <strong>de</strong>s « Nouvelles d’Erfurt », préface<br />

<strong>de</strong>s « Recherches sur l’histoire <strong>de</strong> la civilisation,<br />

<strong>de</strong> Majer ») ; les XXIe et XXIIe volumes qui<br />

contiennent les <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s œ uvres <strong>de</strong> polémique<br />

publiées par Her<strong>de</strong>r en 1799 et en 1800,<br />

la M etakritik et Kaltigone; le XXVIIe vol. formant<br />

le IIIe volume <strong>de</strong>s œ uvres poétiques<br />

(publié par M. Redlich) et comprenant une introduction,<br />

les trois parties <strong>de</strong> la Terpsichore et<br />

<strong>de</strong>s traductions <strong>de</strong> poètes m o<strong>de</strong>rnes; le XVIIe vol.<br />

enfin qui paraissait hier et qui renferme les six<br />

prem iers recueils <strong>de</strong>s Briefe zu Beför<strong>de</strong>rung dur<br />

H u m anitàt. Cette publication est une <strong>de</strong>s plus<br />

louables qu’on ait entreprises dans ces <strong>de</strong>rnières<br />

années sur le domaine <strong>de</strong> la littérature alleman<strong>de</strong><br />

: non seulem ent les volumes, sont d’une<br />

gran<strong>de</strong> élégance, d’une beauté qui fait le plaisir<br />

<strong>de</strong>s yeux et dont l’on doit cordialem ent rem ercier<br />

la librairie Weidmann, mais le texte <strong>de</strong> Iler<strong>de</strong>r est<br />

fixé avec une exactitu<strong>de</strong>, une diligence, une<br />

m inutie digne <strong>de</strong> tous les éloges. Les introductions<br />

sont rem plies <strong>de</strong>s renseignem ents les<br />

plus abondants sur le texte qu’elles précè<strong>de</strong>nt,<br />

sur l’histoire <strong>de</strong> ce texte, su r la pensée primitive<br />

<strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r, sur le plan <strong>de</strong> l’ouvrage formé, puis<br />

rem anié, sur les diverses formes <strong>de</strong> cet ouvrage<br />

même, telles que M. Suphan les a retrouvées dans<br />

les manuscrits et les papiers du grand écrivain; il<br />

semble parfois que le jeune et actif éditeur nous<br />

iritrodu ise dans l’atelier même <strong>de</strong> l’ouvrier, in die<br />

W erkstatt, comme disent les Allemands, et qu’il<br />

nous m ontre Her<strong>de</strong>r à sa table <strong>de</strong> travail, méditant<br />

et composant. En un mot, ces introductions<br />

témoignent d’une étu<strong>de</strong> profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r, <strong>de</strong><br />

ses écrits, <strong>de</strong> ses procédés <strong>de</strong> style, ainsi que<br />

d’une singulière pénétration et d’une science<br />

profon<strong>de</strong>; on rem arquera surtout celle qui est<br />

consacrée aux écrits <strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r <strong>de</strong>puis 1780.<br />

Les rem arques et les comm entaires qui accompagnent<br />

chaque œuvre <strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r sont également<br />

fort rem arquables ; elles éclairent le texte d’une<br />

vive lum ière ; elles sont courtes et sobres, mais<br />

précises et disant en peu <strong>de</strong> mots ce qu’il faut<br />

savoir; elles apportent surtout <strong>de</strong>s informations<br />

historiques et souvent aussi <strong>de</strong> précieuses observations<br />

sur la langue <strong>de</strong> Her<strong>de</strong>r. Souhaitons à<br />

M. Suphan <strong>de</strong> term iner bientôt le beau monument<br />

qu’il élève à Her<strong>de</strong>r, et félicitons l’Allemagne<br />

<strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r les œuvres d’un <strong>de</strong> ses plus<br />

illustres enfants dans une édition aussi m agnifique,<br />

qui restera comme un modèle-par le soin<br />

donné à l’établissem ent du texte et par l’excellence<br />

du commentaire.<br />

M. Ziesing (I) a réussi à retracer aussi exactem<br />

ent que possible les rapports du Globe avec<br />

l’école rom antique; le Globe, malgré sa célébrité,<br />

malgré le succès qu’il obtint durant son<br />

existence, malgré les éloges que lui décernent<br />

(1) M . Ziesing étant Suisse et professeur à l'<strong>Université</strong> <strong>de</strong><br />

Zurich, nous nous permettons <strong>de</strong> ranger son livre parmi les<br />

publcations alleman<strong>de</strong>s.<br />

L’ATHENÆUM BELGE 67<br />

toutes les histoires <strong>de</strong> la littérature française,<br />

n’a pas encore été l’objet d’un travail spécial ; on<br />

l’a nommé, on a vanté son influence, mais, sauf<br />

un article <strong>de</strong> M. Janet dans la Revue <strong>de</strong>s D eux-<br />

Mon<strong>de</strong>s et le recueil <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> Dubois publiés<br />

récem ment parM . Vacherot, il n ’existe pas<br />

encore d ’étu<strong>de</strong> complète sur ce journal qui<br />

exerça <strong>de</strong> son temps une si gran<strong>de</strong> influence et<br />

compta parm i ses rédacteurs les jeunes littérateurs<br />

les mieux doués <strong>de</strong> l’époque, Thiers, Ré-<br />

m usat,D uvergier, etc. M. Ziesing a fait précé<strong>de</strong>r<br />

son travail d’une introduction sur le développem<br />

ent <strong>de</strong>s idées rom antiques avant 1820; il n’a<br />

pas traité la question en détail ; il se contente<br />

d’indiquer en passant les points connus et n ’insiste<br />

que sur les événements et les hommes auxquels<br />

les critiques précé<strong>de</strong>nts n’ont accordé ju squ’ici<br />

qu’une médiocre attention ; on rem arquera<br />

dans cette introduction les pages consacrées<br />

à la Comparaison <strong>de</strong> Scblegel entre la<br />

Phèdre <strong>de</strong> Racine et celle d’Euripi<strong>de</strong>, à \'Allem<br />

agne <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong> Staël, à l'Histoire <strong>de</strong> là littérature<br />

du m id i <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> Sismondi. Après<br />

ces prélim inaires, M. Ziesing entre dans le vif<br />

do son sujet, et traite, tout d’une haleine, du<br />

Globe et <strong>de</strong> l’école romantique-, il examine<br />

successivem ent les théories rom antiques du<br />

journal (articles <strong>de</strong> Thiers sur le Salon <strong>de</strong> 1824,<br />

<strong>de</strong> Duvergier <strong>de</strong> Hauranne, d ’Ampère, <strong>de</strong><br />

M. D. — qui est, à ce que croit M. Ziezing,<br />

Sism ondi,— <strong>de</strong> Vitet et <strong>de</strong> Rémusat), la participation<br />

du Globe à la lutte <strong>de</strong>s écoles (attaques<br />

contre Viennet, Baour-Lormian, Lemercier,<br />

Victor), le théâtre (critiques <strong>de</strong> Dubois, Magnin,<br />

Trognon qui inaugurent le système alors tout<br />

nouveau <strong>de</strong> la vérité historique). Ici, M. Ziesing<br />

a heureusem ent divisé son sujet; il rappelle<br />

d’abord la lutte <strong>de</strong> la critique théâtrale du Globe<br />

contre le théâtre prétendu classique (le Germa-<br />

nicus d’Arnault, le Julien dans les Gaules <strong>de</strong><br />

Jouy, le Camille <strong>de</strong> Lem ercier, le Sigism ond <strong>de</strong><br />

Bourgogne <strong>de</strong> Viennet, la Mort, <strong>de</strong> César <strong>de</strong><br />

Royou, la V irginie <strong>de</strong> Guiraud), puis les attaques<br />

du trium virat critique <strong>de</strong> Dubois, Magnin<br />

et Trognon contre le théâtre sem i-rom antique<br />

(la Jeanne d'A rc et l’Elisabeth <strong>de</strong> France <strong>de</strong><br />

Soumet, le Fiesque, l’Olga et la M arie <strong>de</strong> B ra-<br />

bant d’Ancelot, le Tasse <strong>de</strong> Duval, le W allen-<br />

stein <strong>de</strong> Liadières, etc.), enfin les appréciations<br />

élogieuses du Globe sur le Théâtre <strong>de</strong> Clara<br />

Gazul, les E tats <strong>de</strong> Blois <strong>de</strong> Vitet, le Cromwell<br />

<strong>de</strong> Victor Hugo et le H enri III d’Alexandre<br />

Dumas. M Ziesing term ine son livre par les<br />

jugem ents du Globe sur la poésie <strong>de</strong> l’époque,<br />

sur les <strong>de</strong>rniers représentants <strong>de</strong> la poésie<br />

classique <strong>de</strong> l’Empire, sur Lamartine, sur Alfred<br />

<strong>de</strong> Vigny, sur Victor Hugo. — Nous blâmerons<br />

M. Ziesing <strong>de</strong> n ’avoir pas marqué plus nettem ent<br />

les divisions <strong>de</strong> son sujet; il aurait fallu partager<br />

l’ouvrage en chapitres distincts, bien déterminés<br />

et visibles pour l’œ il, quœ su n t oculis<br />

subjecta fi<strong>de</strong>libus; il aurait fallu aussi indiquer<br />

exactem ent le num éro du Globe auquel est empruntée<br />

chaque citation, ainsi que sa date ;<br />

enfin, il nous semble que la conclusion <strong>de</strong> l'ouvrage<br />

est bien laconique, et nous doutons<br />

qu’elle satisfasse entièrem ent le lecteur : « Nous<br />

croyons avoir dém ontré, dit M. Ziesing, que<br />

fidèle à ses principes et à son program m e, ce<br />

journal, à juste titre célèbre, a toujours été<br />

sévère, mais toujours juste, et que loin d ’encourager<br />

les écarts <strong>de</strong>s rom antiques à tous crins, il<br />

a toujours su les ram ener dans le chemin <strong>de</strong> la<br />

véritable poésie. » .le souligne le mot véritable;<br />

c’est là-<strong>de</strong>ssus, je crois, que M. Ziesing aurait<br />

dû insister ; en réalilé, le Globe n’est pas du tout<br />

rom antique ; ce qu’il met au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tout, ce<br />

qu’il proclame et préconise, c’est la vérité;<br />

j ’aurais voulu que dans quelques pages, consacrées<br />

à une sorte <strong>de</strong> tableau d ’ensemble,<br />

M. Ziesing rassem blât les traits épars dans son<br />

ouvrage et relatifs à ce culte <strong>de</strong> la vérité que<br />

prêchaient sans exception tous les critiques du<br />

Globe. J’aurais aimé aussi que M. Ziesing mît en<br />

relief la direction ferme et intelligente <strong>de</strong> Dubois.<br />

Ajouterais-je encore quelques menues critiques?<br />

L’ouvrage <strong>de</strong> Gœthe (p. SI) est intitulé Poésie et<br />

vérité', et. non « Vérité et poésie »; pourquoi ne<br />

pas donner le titre du « rom an allégorique » <strong>de</strong><br />

Beyle, dont il esl question p. 111 ; pourquoi,<br />

dans cette même page, ne pas dire que le Globe<br />

fut extrêm em ent sévère envers l’Académie française,<br />

parce que les chefs <strong>de</strong> l’école classique<br />

étaient membres <strong>de</strong> la docte compagnie; ne faut-<br />

il pas lire, p. 141 « tira<strong>de</strong>s » au lieu do tira d e s?<br />

Mais l’ouvrage <strong>de</strong> M. Ziesing est plein <strong>de</strong> citations<br />

intéressantes et <strong>de</strong> m inutieux renseignem<br />

ents; il nous dispense <strong>de</strong> feuilleter la collection<br />

du Globe; c’est une soli<strong>de</strong>- et très utile contribution<br />

à celle histoire du rom antism e qui<br />

n ’est pas écrile encore, et l’on ne peutqu’approu-<br />

ver ces paroles <strong>de</strong> M. Ziesing (p.64) qui résum ent<br />

tout son livre: « Les rapports du Globe avec<br />

l’école rom antique ne sont pas aussi directs<br />

qu’on pourrait le cro ire;... le seul rom antique<br />

écrivant régulièrem ent dansle Globe était Sainte-<br />

Beuve. Le r öle du journal fut plulöt négatif, en<br />

ce qu’il tenait avant tout à dém olir le théâtre<br />

classique, et c’est seulement après avoir déblayé<br />

le terrain et consolidé les fon<strong>de</strong>ments du nouvel<br />

édifice qu’il donna quelques fragments d’ouvrages<br />

rom antiques. Poser les principes tout en<br />

com battant les classiques, avancer <strong>de</strong>s théories<br />

nouvelles en rejetant celles <strong>de</strong>s tragiques <strong>de</strong><br />

l’époque, apprécier et surtout com parer les littératures<br />

étrangères, puis critiquer enfin les productions<br />

<strong>de</strong> la nouvelle école, qui <strong>de</strong>vait éclore<br />

sous les auspices du Globe,tels sont les points <strong>de</strong><br />

contact du journal avec les rom antiques. » Nous<br />

attendons avec impatience le livre <strong>de</strong> M. Ziesing<br />

sur les relations du Globe avec les littératures<br />

étrangères.<br />

On connaît déjà le livre que M. Bran<strong>de</strong>s a intitulé<br />

« La Littérature du xix1* siècle dans ses<br />

principaux courants »; ce livre, écrit en danois,<br />

provoqua dans le pays natal <strong>de</strong> l’auteur et en <strong>de</strong>hors<br />

mêm e du Danemark une polémique assez<br />

retentissante; à la suite <strong>de</strong> cette guerre <strong>de</strong><br />

plum e, M. Bran<strong>de</strong>s quitta sa patrie et vint se<br />

fixer à Berlin. Ç’a été, paraît-il, un bonheur pour<br />

son esprit et le développement <strong>de</strong> son talent ; il<br />

apprit l’allemand ; il le savait déjà sans doute,<br />

mais en Allemagne même il en com prit mieux<br />

toutes les ressources et ne tarda pas à l’écrire<br />

avec tant d ’aisance et d’éclat qu'il est aujourd’hui<br />

un <strong>de</strong>s rédacteurs les plus estimés <strong>de</strong> la<br />

Deutsche Rundschau. La <strong>de</strong>stinée, dit M. Bran<strong>de</strong>s<br />

dans son introduction, a m is à néant mes vues<br />

d’établissem ent dans ma patrie, mais m’a forcé<br />

<strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> me conquérir une place dans un<br />

autre pays et dans une autre littérature. On peut<br />

dire que cette tentative a réussi et que<br />

M. Bran<strong>de</strong>s a conquis sa place, et une <strong>de</strong>s meilleures,<br />

dans la littérature alleman<strong>de</strong>. En attendant,<br />

le livre qu’il publie aujourd’hui n ’est que<br />

le prem ier d’une œ uvre considérable, qui comprendra<br />

cinq volumes; après la Littérature <strong>de</strong>s<br />

ém igrés, dont il est question dans le prem ier

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