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1882 - Université Libre de Bruxelles

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econnaissance. Il n ’y a en ceci rien d’étonnant.<br />

Deux philosophes sont rarem ent du même avis<br />

sur n ’importe quoi. Aussi me suis-je étendu<br />

spécialement sur l’image tactile, parce que ce<br />

sujet m’a paru neuf. Les réflexions que je viens<br />

d’ém ettre m’ont été suggérées par la lecture du<br />

livre; j ’ajouterai même que c’est sur l’invitation<br />

expresse <strong>de</strong> M. Egger que j’ai concentré sur ce<br />

point ma critique — un peu tém éraire. Dans le<br />

complément que son travail appelle et qu’il ne<br />

peut tar<strong>de</strong>r à nous donner, il me fera voir probablement<br />

que je me suis fourvoyé. Pour le cas<br />

où j’aurais touché juste, à lui en reviendrait tout<br />

le mérite ; car les bons livres ne sont pas seulement<br />

ceux qui contiennent la vérité, mais aussi<br />

ceux qui la-font trouver. J. D e l b o e u f .<br />

L A B E L G IQ U E A LA. F I N D U X I I I 3 S I È C L E .<br />

Table chronologique <strong>de</strong>s chartes et diplömes<br />

im prim és concernant l’histoire <strong>de</strong> la Belgique,<br />

par Alphonse W auters. Tome VI. <strong>Bruxelles</strong>,<br />

Hayez, 1881<br />

II.<br />

Le x i i i » siècle est l âge <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s<br />

communes; la richesse s’y développe et ceux qui<br />

profilent surtout <strong>de</strong> cette situation essayent d ’accaparer<br />

le pouvoir communal. La gil<strong>de</strong> qui, à<br />

l’origine, avait puisé sa force dans les sentim ents<br />

d ’amitié et <strong>de</strong> solidarité <strong>de</strong> ses mem bres, aspire<br />

à jouer un rôle nouveau : elle se sent assez puissante<br />

pour « réclam er ouvertem ent, outre le<br />

monopole du grand commerce, celui <strong>de</strong>s droits<br />

politiques » ; elle se transforme en association<br />

« aristocratique ou ploutocratique », ou elle<br />

produit <strong>de</strong>s corps nouveaux, égalem ent exclusifs<br />

qui prennent le nom <strong>de</strong> lignages ou familles<br />

(gesiaciiten) ou <strong>de</strong> vinâves (voisinages). Ici,<br />

M. W auters revient sur l’opinion qu’il a émise<br />

déjà dans d’autres ouvrages au sujet <strong>de</strong> l’origine<br />

<strong>de</strong> la bourgeoisie, opinion qu’il m aintient et à<br />

l’appui <strong>de</strong> laquelle il présente <strong>de</strong> nouveaux arguments.<br />

Peut-on donner pour prem ière base à<br />

la bourgeoisie « une ancienne corporation agricole<br />

ou, si l’on veut, l’ensemble <strong>de</strong>s propriétaires<br />

fermiers <strong>de</strong> la localité? » M. W auters re ­<br />

connaît qu’on ne peut exclure cet élém ent d’une<br />

m anière complète, mais il fait observer d’abord<br />

qu’il dut être bien faible, le territoire, dans<br />

presque toutes les gran<strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la<br />

Belgique, étant peu étendu à l’origine; ces territoires<br />

restreints, où il n’aurait pu se maintenir<br />

que quelques fermes, se couvrirent <strong>de</strong> maisons<br />

lorsque le commerce s’y fixa. D’autre part,<br />

l’auteur cite <strong>de</strong>s faits qui, d’après lui, renversent<br />

la thèse suivant laquelle la juridiction <strong>de</strong>s<br />

villes et <strong>de</strong>s franchises seraient une transform ation<br />

<strong>de</strong> la centaine franque.<br />

L a bourgeoisie, dans le mon<strong>de</strong> du moyen âge,<br />

constitue une exception, une innovation ; c’est, si<br />

l’on veut, une oasis, où l’habitant reste en <strong>de</strong>hors<br />

du mon<strong>de</strong> guerroyeur et se voue aux occupations<br />

pacifiques, au travail, au commerce. Il ne combat<br />

plus que s’il y est forcé, pour sa défense. De même<br />

que les mots m iles ou combattant et noble <strong>de</strong>viennent<br />

<strong>de</strong>s synonymes, on s’habitue à associer les dé<br />

nom inations <strong>de</strong> burgensis ou bourgeois et <strong>de</strong> m er-<br />

cator ou m archand. Si celui-ci se transforme en<br />

propriétaire ou oisif (oliosus), c'est que le travail lui<br />

ayant procuré la richesse, il a assis sa fortune sur<br />

la possession <strong>de</strong> biens-fonds, <strong>de</strong> m aisons surtout,<br />

dont il perçoit le loyer, ou <strong>de</strong> rentes viagères ou<br />

héréditaires, dont on lui paye l'intérêt. Ce qui provoque,<br />

accroît et consoli<strong>de</strong> sans relâche cette situation<br />

économique, c’est la gran<strong>de</strong> industrie, jointe<br />

au grand commerce ; en ceux qui s’en occupent<br />

rési<strong>de</strong> la force <strong>de</strong>s bourgeoisies,<br />

L’ATHEN Æ UM BELGE 251<br />

et non pas dans les corps <strong>de</strong> métiers ou d’artisans,<br />

comme on l'a fréquemment soutenu.<br />

Le bourgeois riche du xnt® siècle se rapproche<br />

insensiblement du gentilhomme et surtout du gentilhomme<br />

<strong>de</strong> rang inférieur. L’un et l’autre possè<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s fiefs, celui-ci grâce à son origine, celui-là<br />

grâce à son argent; tous <strong>de</strong>ux com battent à cheval<br />

et se voient, non-seulem ent à l’arm ée, mais dans<br />

les cours <strong>de</strong> justice Iis ont les mêmes intérêts contractent<br />

le3 mêmes goûts et resserrent encore leur<br />

union par <strong>de</strong>s m ariages. Faut-il s’étonner si l’on vit<br />

parfois la gil<strong>de</strong> se fractionner en associations aristocratiques,<br />

qui se réservèrent les fonctions <strong>de</strong> m agistrats<br />

communaux et n'adm irent dans leur sein<br />

que leurs parents, ceux qui <strong>de</strong>scendaient d’un même<br />

père, soit par les hommes, soit par les femmes i<br />

On voit par ces citations que pour M. W auters,<br />

le noyau <strong>de</strong> la commune, c’est le m arché avec<br />

les négociants qui le fréquentent; que, d’autre<br />

part, les lignages patriciens ne proviennent pas<br />

<strong>de</strong> véritables familles, mais <strong>de</strong> groupes qui<br />

s’étaient constitués d’une m anière factice afin <strong>de</strong><br />

se partager les fonctions municipales. Celte<br />

opinion est contraire à celle que I\I. Van<strong>de</strong>rkin<strong>de</strong>re<br />

a émise dans soa Siècle <strong>de</strong>s Artevel<strong>de</strong>,<br />

où il affirme que « la commune a pour noyau<br />

une corporation rurale et que, dans le droit <strong>de</strong><br />

modifier sa coutum e et <strong>de</strong> veiller à l’en tr tien<br />

du territoire et à la sécurité générale, elle<br />

exerça ses prem ières attributions » ; mais à cette<br />

affirmation, M. W auters répond qu’on ne trouve<br />

pas <strong>de</strong> trace d’antagonism e entre les lignages e t<br />

la gil<strong>de</strong>; si les premiers, rem arque-l-il, avaient<br />

existé d ’abord, comment la gil<strong>de</strong> aurait-elle<br />

acquis la position prépondérante dont elle jo u it<br />

longtemps, et pour quelle raison aurait-elle<br />

abandonné à un certain nombre <strong>de</strong> familles<br />

seulem ent les droits <strong>de</strong> rem plir les fonctions<br />

d ’échevins et <strong>de</strong> jurés ou <strong>de</strong> consuls?<br />

Admettez, au contraire, que la gil<strong>de</strong> a longtemps<br />

existé en accentuant <strong>de</strong> plus en plus son caractère<br />

aristocratique : fatigués <strong>de</strong> divisions et <strong>de</strong> querelles<br />

intestine*, désireux <strong>de</strong> m aintenir leur union afin <strong>de</strong><br />

mieux résisler à la pression exercée d’en h aut et<br />

aux revendications du peuple, ses membres, après<br />

<strong>de</strong>s essais inutiles, form ulent enfin une o rg anisation<br />

qui les répartit, soit dans autant <strong>de</strong> lignages<br />

qu’il y a d’échevins ou <strong>de</strong> m agistrats principaux <strong>de</strong><br />

la commune, soit dans un nombre déterm iné <strong>de</strong><br />

voisinages.<br />

Cette combinaison explique tout. La base <strong>de</strong> la<br />

commune est la corporation <strong>de</strong>s m archands ou <strong>de</strong>s<br />

membres <strong>de</strong> la hanse, la yil<strong>de</strong> ; on n y entre qu’à<br />

prix d'argent et à condition <strong>de</strong> renoncer à tout<br />

travail manuel. Séparé ainsi <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s<br />

artisans, dont il faut empêcher l’intrusion dans le<br />

mon te <strong>de</strong>s privilégiés, on se fait plus tard, et<br />

seulem ent si on le désire, affilier à l’un <strong>de</strong>s lignages<br />

ou <strong>de</strong>s vtuàves, on ai<strong>de</strong> à en supporter les charges,<br />

on en épouse les querelles, et, grâce aux suffrages<br />

<strong>de</strong> ses confrères, par le simple jeu <strong>de</strong>s m ajorités,<br />

on est, sinon élu échevin, du moins inscrit sur une<br />

liste <strong>de</strong> candidats pour être présenté au choix du<br />

prince.<br />

. .On pouvait être bourgeois et membre <strong>de</strong> la<br />

commune et jo u ir <strong>de</strong>s p riv ilège <strong>de</strong> la ville sans<br />

être <strong>de</strong> la gil<strong>de</strong>, c’est-à-dire du corps dirigeant <strong>de</strong><br />

la commune ; les artisans entraient dans cette<br />

<strong>de</strong>rnière et cependant n’étaient reçus dans la gil<strong>de</strong><br />

q u ’après avoir renoncé à la vie d’artisan. De même,<br />

sans doute, il était loisible d’appartenir à la gil<strong>de</strong><br />

sans être obligé d’appartenir aux lignages ou<br />

pam ges. Quant à ces <strong>de</strong>rniers, ils n ’apparaissent<br />

nulle part avec une organisation bien déterm inée;<br />

ce n’est q u ’à la longue, à la suite <strong>de</strong> réactions, <strong>de</strong><br />

triom phes rem portés sur leurs adversaires, que<br />

leurs droits se définissent nettement.<br />

Si le xm 6 siècle est l’époque <strong>de</strong> l’elïlorescence<br />

<strong>de</strong> la vie com m unale,c’est le xnie siècle également<br />

qui a vu s’achever la constitution <strong>de</strong> ce qui fui<br />

<strong>de</strong>puis le village. Dans le chapitre où il étudie<br />

les modifications que subit la vie rurale, 51. W au­<br />

ters remonte à l'origine du village, à l’ancienne<br />

villa ; il moutro comment l'abandon aux communautés<br />

rurales <strong>de</strong> grands biens dont elles<br />

pouvaient disposer pour faire face à <strong>de</strong>s dépenses<br />

imprévues ou qu’elles étaient libres d’employer<br />

à divers usages dans l’intérêt <strong>de</strong> leurs mem bres,<br />

contribua puissamment à répandre le bien-ölre<br />

dans les campagnes, comment les changem ents<br />

qui s'opérèrent au x i i i " siècle dans les conditions<br />

<strong>de</strong>s personnes produisirent aussi <strong>de</strong>s résultats<br />

considérables. Nous <strong>de</strong>vons nous borner également<br />

à m entionner, bien qu’elles soient très<br />

intéressantes, les considérations qu’il émet sur<br />

les effets <strong>de</strong>s mesures prises par quelques princes<br />

belges pour supprim er ou atténuer le servage,<br />

sur les am éliorations apportées dans le régime<br />

auquel les cam pagnes étaient soum ises, le développement<br />

<strong>de</strong> l’industrie et du commerce, la<br />

m ultiplication dos relations <strong>de</strong> la Belgique avec<br />

les contrées du Midi et <strong>de</strong> l’Orient, les modifications<br />

introduites dans le régime <strong>de</strong>s péages,<br />

les banques et les monnaies, les travaux <strong>de</strong> tout<br />

genre entrepris à cette époque.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chartes ollre <strong>de</strong> nom breuses ressources<br />

ù l’historien qui veut suivre <strong>de</strong> près les<br />

traces <strong>de</strong> ce développement <strong>de</strong> la prospérité<br />

matérielle. Dans les domaines <strong>de</strong> l'art, <strong>de</strong> la<br />

science et <strong>de</strong> la littérature, lesjélénients d’information<br />

sont loin d’être aussi complets.<br />

L’histoire <strong>de</strong>s arts est très difficile à écrire parce<br />

que le souvenir <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s personnalités s’est<br />

perdu sans laisser d'autres traces que quelques<br />

rares mentions, comme celle d’Arnoul <strong>de</strong> Binche,<br />

l’architecte <strong>de</strong> l’ég ise Notre-D am e <strong>de</strong> Pam ele, à<br />

A u<strong>de</strong>nar<strong>de</strong>, celle du m aître Baldéric, le constructeur<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame d'A rras, celle <strong>de</strong> Jean le B rabançon,<br />

l’auteur du mausolée du roi <strong>de</strong> Bohême,<br />

W enceslas III, celle <strong>de</strong>s orfèvres Hugues d ’Oignies<br />

et Jacques l’Orfèvre, moine d’Anchin, etc Dans le<br />

domaine scientifique, les noms sont plus nombreux,<br />

et les différentes branches <strong>de</strong>s connaissances h u ­<br />

m aines comptaient <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes fervents, sans que<br />

ceux-ci paraissent avoir exercé une influence considérable<br />

sur le mon<strong>de</strong> dans lequel ils vivaient. Les<br />

littérature française et flaman<strong>de</strong> étaient aussi très<br />

cultivées, et, dans l'étendue <strong>de</strong>s pays où on parlait<br />

la langue d ’oil, aucune contrée ne produisit autant<br />

<strong>de</strong> trouvères que la Flandre, l’Artois, le Hainaut<br />

et le B rabant Sauf quelques exceptions, l'existence<br />

<strong>de</strong> ces individualités n'est guère révélée que par<br />

leurs propres poésies. Elles passent, on peut le dire,<br />

inaperçues, même le grand poète dont s’honore la<br />

littératu re flaman<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce temps et dont la biographie<br />

a, jusqu'aujourd’hui, donné lieu à tant <strong>de</strong> controverses.<br />

Q uanta l’enseignement supérieur, M. W auters<br />

se borne à constater que l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Paris<br />

continuait à être le foyer <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s.<br />

Jusqu’à l’établissem ent <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Louvain,<br />

elle resta la source préférée où Flamands<br />

et Wallons allaient s'instruire dans la théologie,<br />

le droit et la m é<strong>de</strong>cine. T. E.<br />

l ’ e n s e i g n e m e n t d e l a b i o l o g i e e t d e l a<br />

M É D E C I N E E T L E S E T U D E S P R A T IQ U E S .<br />

Il.<br />

En présence <strong>de</strong> ces progrès accomplis chez<br />

nos voisins, dans l’enseignem ent pratique <strong>de</strong> la<br />

biologie, la Belgique doit-elle rester en arrière?<br />

Les flots <strong>de</strong> la mer du Nord qui baignent sa<br />

plage sablonneuse sur une étendue <strong>de</strong> soixante<br />

kilomètres à peine, sont loin, sans doute,<br />

d’égaler en richesse le golfe <strong>de</strong> Naples ou même<br />

les eaux <strong>de</strong> certaines cötes rocheuses <strong>de</strong> l'ouest<br />

et du nord <strong>de</strong> la France; mais, si mal partagée<br />

qu’elle soit sous ce rapport, ses ressources sont<br />

encore assez gran<strong>de</strong>s pour qu’elle prenne une<br />

* part active à cette lutte où l’existence scienti-

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