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1882 - Université Libre de Bruxelles

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288 L’ATHENÆUM BELGE<br />

récente publication <strong>de</strong> M. Y riarte; je tiens, pour<br />

le moment, à appeler l’attention <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong><br />

Y Athenæ um su r une revue d’art portugais qui<br />

parait mensuellement à Porto <strong>de</strong>puis le com m encement<br />

<strong>de</strong> cette année et est publiée par le<br />

Centro artistico portuense (d).<br />

La direction en est dévolue à MÏI. Manoel<br />

Maria Kodrigues ot Joaquim <strong>de</strong> Vasconcellos,<br />

<strong>de</strong>ux critiques d ’art dont la répuiation bien<br />

fondée est une garantie <strong>de</strong> la valeur scientifique<br />

<strong>de</strong> la nouvelle revue. Les travaux portugais<br />

étant peu répandus en Belgique, je crois être<br />

utile à ceux qui s'intéressent à l’histoire <strong>de</strong><br />

l’art en disant quelques mots dos écrits <strong>de</strong><br />

M. Vasconcellos et <strong>de</strong>s principaux articles parus<br />

dans A arie portugueza. M. Joaquim <strong>de</strong> Vasconcellos<br />

s’est fait connaître, dans lo mon<strong>de</strong> savant,<br />

par <strong>de</strong>s travaux sur l’histoire <strong>de</strong>s beaux-arts<br />

dont plus d’un, celui sur Durer par exemple, ne<br />

sauraient être assez étudiés par ceux, assez<br />

nombreux heureusem ent, que les choses <strong>de</strong><br />

l’art ne laissent pas in JifTérents. Son livre<br />

A Reform a do ensino <strong>de</strong> bellas-artes (Porto,<br />

1877 -1879), tout en étant écrit en vue d’indiquer<br />

les mesures qu’il y aurait à prendre en<br />

Portugal pour relever les étu<strong>de</strong>s artistiques et<br />

pour donner dans ce pays une impulsion nouvelle<br />

au progrès <strong>de</strong> l’art industriel, renferme <strong>de</strong>s<br />

idées très justes donl l’application serait <strong>de</strong>s plus<br />

heureuses en Belgique. Au moment où le gouvernem<br />

ent songe à établir un musée analogue à<br />

celui du South-Kensington et à celui <strong>de</strong>s Arts<br />

industriels <strong>de</strong> Vienne, je ne saurais assez insister<br />

s u rl’importance <strong>de</strong> ce livre. L’auteur a visité les.<br />

principaux musées <strong>de</strong> l’Europe, il a comparé les<br />

résultats obtenus, pour les arts industriels, à<br />

Vienne et à Londres; et ce n ’est qu’après avoir<br />

vu et décrit ce qui avait été fait à l’étranger qu’il<br />

expose le plan <strong>de</strong> l’organisation qui <strong>de</strong>vrait être<br />

introduite en Portugal. Nous ne pouvons que<br />

gagner, pour nous-mêmes, à m éditer ce projet.<br />

M. <strong>de</strong> Vasconcellos appartient à cette école,<br />

la seule scientifique, qui fait marcher <strong>de</strong><br />

pair l’élu<strong>de</strong> critique <strong>de</strong>s sources avec l’examen<br />

approfondi <strong>de</strong>s monuments. Il a appliqué cette<br />

métho<strong>de</strong> dans toute sa rigueur dans son Archeo-<br />

logia ar/istica et sa Rennscença portugueza. Ces<br />

<strong>de</strong>ux recueils renferment plus d’un article d’autant<br />

plus intéressant pour nous que l’auteur y étudie<br />

l’influence exercée par les peintres flamands sur<br />

le développement artistique du Portugal. Actuellement<br />

M. <strong>de</strong> Vasconcellos publie une Histoire<br />

<strong>de</strong> l’orfévrerie portugaise. On peut déjà bien<br />

augurer <strong>de</strong> cet ouvrage par les extraits qui en<br />

ont paru dans A arte portugueza.<br />

Je citerai, entre autres, une étu<strong>de</strong> sur les croix<br />

<strong>de</strong> procession <strong>de</strong> la Sé do Funchal et <strong>de</strong>s couvents<br />

d’Alcobaça et <strong>de</strong> Beja, trois curieux spécimens<br />

<strong>de</strong> l’orfévrerie <strong>de</strong> l'époque manuélique.<br />

Un article, non moins curieux, est consacré à<br />

une plaque commémorative <strong>de</strong> bronze encastrée<br />

dans le m ur <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> Leça do Balio. L’inscription,<br />

que l’auteur n ’a malheureusement pas<br />

cru <strong>de</strong>voir reproduire, rappelle les vertus et les<br />

gran<strong>de</strong>s actions du fondateur du monastère Dom<br />

Eslevao Vasques Pimentel. Parmi les <strong>de</strong>ssins<br />

qui encadrent l’inscription, le plus curieux est<br />

celui qui représente l’Annonciation, conçu<br />

d’une manière bien singulière. Un vase rempli<br />

<strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong> lis sét are l’ange annoncialeur <strong>de</strong> la<br />

( 1 ) A arte Portugueza, revista m ensal <strong>de</strong> B ellas A rtcs,<br />

p ublicada pclo Centro artistico portuense. A nno I . P orto,<br />

<strong>1882</strong>, g r. in-4".<br />

Vierge Marie : disposition qui se retrouve dans<br />

les Annonciationsd’un grand nom bre <strong>de</strong> peintres<br />

italiens. Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> lis et assis sur<br />

les nuages, on voit le Père Éternel lançant <strong>de</strong> sa<br />

bouche un rayon, dirigé vers la Sainte Vierge,<br />

sur lequel vole le divin enfant tout nu et portant<br />

le nimbe crucifère. Cette manière réaliste<br />

<strong>de</strong> concevoir le sujet se retrouve, quoique ra re ­<br />

m ent cependant, dans <strong>de</strong>s sculptures et <strong>de</strong>s<br />

m iniatures du moyen Age. Le travail, du<br />

xiv° siècle, semble être d’origine française.<br />

M. <strong>de</strong> Vasconcellos continue dans A arte portugueza<br />

la publication <strong>de</strong>s dialogues inédits <strong>de</strong><br />

François <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong> sur la peinture ancienne,<br />

commencée dans son Arclieotogia artistica. Le<br />

comte Raczynski publia, il y a déjà près <strong>de</strong> quarante<br />

ans, une traduction française d’une partie<br />

<strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> François <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong> dans son<br />

célèbre ouvrage sur les Arts en Portugal. Les<br />

dialogues <strong>de</strong> François <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong> sont d’une<br />

lecture bien instructive pour celui qui veut se<br />

rendre compte <strong>de</strong> la m anière dont les principes<br />

<strong>de</strong> la peinture italienne parvinrent petit à petit<br />

à détruire en Portugal l’influence <strong>de</strong>s m aîtres<br />

flamands.<br />

Si M. <strong>de</strong> Vasconcellos fournit le plus grand<br />

nom bre d ’articles à la nouvelle revue, nous ne<br />

pouvons cependant pas om ettre <strong>de</strong> signaler <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s signées d'autres écrivains <strong>de</strong> m érite, qui<br />

témoignent <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> l’esprit scientifique<br />

faits en Portugal <strong>de</strong>puis quelques années. Nous<br />

y avons lu avec un vif intérêt l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

M. Marlins Sarmento, l’auteur <strong>de</strong>s belles fouill s<br />

<strong>de</strong>s Citanias <strong>de</strong> Briteiros et <strong>de</strong> Sabroso, dans<br />

laquelle il discute savamment l’opinion <strong>de</strong> M. H.<br />

Martin qui considère les antiquités <strong>de</strong>s Citanias<br />

comme postérieures à la dom ination romaine et<br />

les rapproche, <strong>de</strong> l’époque visigothe, alors que<br />

par <strong>de</strong>s raisons qu’il m’est impossible <strong>de</strong> développer<br />

ici, la plupart <strong>de</strong>s objets trouvés dans les<br />

Citanias ne peuvent être attribués à une époque<br />

postérieure à celle d ’Auguste.<br />

J ’ai rem arqué aussi une excellente dissertation<br />

<strong>de</strong> M. Rodrigo <strong>de</strong> Almeida su r le Sacrarium<br />

d ’argent <strong>de</strong> Belem. Comme le prouve l’auteur,<br />

cette belle œ uvre est <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Souza, qui l’exécuta<br />

aux frais du roi Alphonse VI (1651-1667).<br />

Ce prince en fit don au monastère <strong>de</strong> Belem en<br />

souvenir <strong>de</strong> la victoire <strong>de</strong> Montes Claros rem ­<br />

portée sur les troupes espagnoles. On doil donc<br />

considérer comme fausse l’inscription du Sacrarium<br />

, d’après laquelle le m onum ent aurait été<br />

donné au monastère <strong>de</strong> Belem en 1675 par le<br />

roi don Pedro II. Ceci prouve une fois <strong>de</strong> plus le<br />

rapport intime qui existe entre l’histoire politique<br />

et le développement <strong>de</strong>s arts en Portugal.<br />

La chronique ainsi que les articles relatifs à<br />

l’art portugais mo<strong>de</strong>rne sont écrits avec beaucoup<br />

<strong>de</strong> talent par M. Manoel M. Rodrigues.<br />

Mentionnons encore <strong>de</strong>s articles d’esthétique <strong>de</strong><br />

M. Paiva e Ponce et les comptes rendus <strong>de</strong>s<br />

séances du Centro artistico portuense. La plupart<br />

<strong>de</strong>s planches qui accompagnent le texte sont<br />

assez réussies; je me perm ettrai cependant <strong>de</strong><br />

souhaiter une plus gran<strong>de</strong> précision dans le <strong>de</strong>ssin<br />

et l’indication <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> proportion entre<br />

le <strong>de</strong>ssin et l’original.<br />

Dès maintenant déjà A arte portugueza occupe<br />

une place <strong>de</strong>s plus honorables à cöté <strong>de</strong>s principales<br />

revues artistiques. Je ne veux point terminer<br />

cet article sans exprim er l’espoir que<br />

bientôt on étudiera et on reproduira dans la<br />

Revue les vieux tableaux portugais. Le Centro<br />

artistico portuense rendrait un grand service à.<br />

la science en faisant connaître ces tableaux par<strong>de</strong>s<br />

photographies ou au moins par <strong>de</strong> bons <strong>de</strong>ssins.<br />

J’ai parlé ailleurs <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> ces tableaux<br />

et <strong>de</strong>s nom breuses difficultés que soulève leur<br />

étu<strong>de</strong> (Le Portugal. Notes d'art et d'archéologie.<br />

Anvers, <strong>1882</strong>, p. 60-90) ; et je ne saurais assez<br />

insister auprès <strong>de</strong> ceux qui sont à même <strong>de</strong> les<br />

faire connaître au mon<strong>de</strong> savant, pour qu’ils<br />

fournissent aux critiques les moyens <strong>de</strong> les étu ­<br />

dier en les divulguant par <strong>de</strong> bonnes reproductions<br />

A d o l f D e C e u l e n e e r .<br />

A. Graf. Roma nella m em oria e nelle im m a g inazioni<br />

<strong>de</strong>l m edio evo, vol. I. Torino, Loescher,<br />

<strong>1882</strong>, in-8°.<br />

L’auteur <strong>de</strong> cet intéressant ouvrage a raison<br />

.<strong>de</strong> dire que son œ uvre, à la façon dont il l’a<br />

comprise, est une nouveauté. On n ’avait pas<br />

encore essayé <strong>de</strong> recueillir toutes ensem ble les<br />

légen<strong>de</strong>s que l'im agination populaire au moyen<br />

âge avait enfantées su r Rome, su r ses monuments,<br />

sur ses grands hommes, sur les différents<br />

épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> son histoire. Sans doute, sur <strong>de</strong>s<br />

points <strong>de</strong> détail on pouvait com pter déjà plus<br />

d’une m onographie, comme celle queM .G. Paris<br />

a consacrée à la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Trajan, ou celle<br />

encore <strong>de</strong> M. Comparetti sur V irgile au m oyen<br />

âge; mais un ouvrage d'ensem ble sur un sujet<br />

aussi im portant.étaitencore à faire, et c’est cette<br />

lacune que M. Graf a eu l’intention <strong>de</strong> combler.<br />

La tâche que l’auteur s’était donnée était singulièrem<br />

ent vaste : vouloir suivre toutes les<br />

manifestations d’une seule légen<strong>de</strong> à travers les<br />

siècles, la prendre à sa naissance, l’étudier<br />

dans toutes ses transform ations, cherche!’ com ­<br />

ment ces métamorphoses ou ces développements<br />

s’enchaînent m utuellem ent, comment ils se rattachent<br />

à une idée m aîtresse qui persiste au-<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> toutes ses évolutions et qui est en<br />

quelque sorte la m atière cachée <strong>de</strong> tous les phénomènes<br />

visibles; m ontrer le profit que le c ritique<br />

et l’historien pourront trouver dans ces travaux<br />

<strong>de</strong> l’imagination populaire,élaguer toutes les<br />

branches touffues, toutes les végétations parasites<br />

qui croissent sur les légen<strong>de</strong>s comme sur les<br />

arbres centenaires, dégager en un mot la part<br />

<strong>de</strong> vérité, voilà déjà un plan bien am bitieux; et<br />

si l’on veut étudier la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Virgile ou celle<br />

<strong>de</strong> Charlemagne au moyen ;îge, il ne faudra pas<br />

moins que les volumineux ouvrages <strong>de</strong> M. Comparetti<br />

ou <strong>de</strong> M. G. Paris, Si, au lieu <strong>de</strong> borner<br />

le travail à une seule légen<strong>de</strong>, on veut l’étendre<br />

à toutes, on comprend les proportions énormes<br />

que l’œ uvre prendra, surtout s’il s’agit <strong>de</strong> Rome,<br />

<strong>de</strong>s choses <strong>de</strong>. Rome, <strong>de</strong>s héros <strong>de</strong> Rome, la<br />

matière la plus riche, le sujet le plus séduisant<br />

que la légen<strong>de</strong> ait jam ais eue.<br />

M. Graf a compris que pour pouvoir écrire, il<br />

fallait savoir se borner, et à la place d’un travail<br />

d’ensemble sur chaque légen<strong>de</strong>, il sem ble avoir<br />

songé plutöt à faire comme un recueil et comme<br />

un répertoire <strong>de</strong> toutes les légen<strong>de</strong>s sur Rome,<br />

à constater, à grouper les faits sim ilaires plus<br />

encore qu’à en faire la critique et à en chercher<br />

l’explication.<br />

On <strong>de</strong>meure étonné <strong>de</strong> la quantité infinie <strong>de</strong>s<br />

récits merveilleux qui ont trait à l’histoire <strong>de</strong><br />

Rome; il n ’est pas un monum ent antique, pas<br />

un débris <strong>de</strong> temple ou d’aqueduc, pas un fût<br />

<strong>de</strong> colonne peur ainsi dire, qui n ’ait son histoire,<br />

pas un événement <strong>de</strong> la république ou <strong>de</strong><br />

l’empire sur lequel l’im agination du peuple n ’ait<br />

exercé son inépuisable fécondité. Ce n’est pas à

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