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1882 - Université Libre de Bruxelles

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fiant l’appendice <strong>de</strong> citations et en faisant quelques<br />

digressions. Mais son ouvrage est un agréable<br />

et excellent travail, le style ne manque pas <strong>de</strong><br />

mouvem ent et <strong>de</strong> grâce; l’auteur n’a négligé<br />

aucune recherche pour faire bien connaître les<br />

débuts <strong>de</strong> Fléchier et la société dans laquelle il<br />

passa sa jeunesse; il nous donne les renseignements<br />

les plus fidèles et les plus nom breux sur<br />

l’éducation que reçut son héros, sur l’école <strong>de</strong> ce<br />

m isérable Riehesource où Fléchier apprit peut-<br />

être à être subtil et raffiné, sur les premiers<br />

protecteurs du jeune homme. On voit Fléchier<br />

recom m andé par Conrart à Montausier et à Chapelain,<br />

et introduit dans les cercles littéraires<br />

du tem ps, non pas dans l’Hötel <strong>de</strong> Rambouillet<br />

qui allait périr, mais au Marais, dans la rue <strong>de</strong><br />

l’Homme Armé, chez Mme Des Houlières, et dans<br />

la rue <strong>de</strong> Beauce, chez Mlle d e Scudéry; Fléchier<br />

connaît les précieuses et les savants <strong>de</strong> l’époque,<br />

non seulem ent Pellisson et Huel, mais Mlle Dupré,<br />

la nièce <strong>de</strong> Desmarets <strong>de</strong> Saint-Sorlin, et M1le <strong>de</strong><br />

La Vigne, l’amie <strong>de</strong> Conrart; il entretient avec<br />

ces <strong>de</strong>ux femmes d e savoir et d’esprit un comm<br />

erce <strong>de</strong> lettres aimables, jolies, fort galamment<br />

tournées, mais où l’on aurait tort <strong>de</strong> voir autre<br />

chose qu’un charm ant badinage et un jeu <strong>de</strong><br />

société. Du salon <strong>de</strong> ces précieuses, qu’il ne faut<br />

pas confondre avec celles <strong>de</strong> Molière, M. Fabre<br />

nous transporte dans la rue Saint-Avoye, où est<br />

situé, non loin <strong>de</strong> l’hötel Carnavalet, l’hötel <strong>de</strong><br />

Caumartin. Fléchier est <strong>de</strong>venu le précepteur<br />

du fils <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Caumartin, et, pour plaire à la<br />

m aîtresse du logis, il compose le récit <strong>de</strong>s<br />

Grands Jours d'A uvergne, que M. Fabre analyse<br />

fort bien; « ils nous révèlent, dit-il, un écrivain<br />

distingué, m aître <strong>de</strong> la langue qu’il manie<br />

avec habileté; un écrivain spirituel, enjoué,<br />

délicat, doué d’une im agination gracieuse et<br />

possédant déjà cet art <strong>de</strong> bien dire, qu’il portera<br />

un jour à sa perfection ». L’ouvrage <strong>de</strong><br />

M. Fabre <strong>de</strong>vra être cité avec honneur par<br />

tous ceux qui s’occuperont <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la<br />

littérature du règne <strong>de</strong> Louis XIV; son plus<br />

g ran d attrait, c’est son extrême variété; l’auteur<br />

nous présente non seulem ent Fléchier, mais tous<br />

les personnages rem arquables qui ont été en relation<br />

avec lui, si bien qu’on ne pourra guère<br />

connaître à fond ces personnages mêmes sans<br />

consulter l’ouvrage <strong>de</strong> M. Fabre; en groupant<br />

autour <strong>de</strong> Fiéchier tant d’hommes et <strong>de</strong> femmes<br />

d’esprit, le savant abbé a peint en même temps<br />

la fin d’une époque littéraire, celle <strong>de</strong>s Précieuses.<br />

Sainte-Beuve disait qu’il ne fallait pas craindre<br />

<strong>de</strong> se représenter Fléchier dans sa prem ière<br />

fleur d’im agination et d’âme, dans sa prem ière<br />

forme <strong>de</strong> jeune homme, d’abbé honnête homme<br />

et encore mondain ; c’est ce Fléchier que M. Fabre<br />

nous a représenté, et il sera bien difficile <strong>de</strong><br />

le représenter aussi com plètem ent qu’il l’a fait.<br />

Le livre <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Magnienville est m oins u n<br />

livre qu’un « recueil <strong>de</strong> documents pour servir<br />

à l’histoire <strong>de</strong> l’Ile-<strong>de</strong>-France sous le règne <strong>de</strong><br />

Louis XIV » ; tel est du reste le sous-titre <strong>de</strong><br />

l’ouvrage. Il doit être consulté par tous ceux qui<br />

veulent connaître à fond le XVIIe siècle, car on y<br />

trouve, outre une notice un peu sèche su r le<br />

maréchal d ’Humières, un grand nom bre <strong>de</strong> détails<br />

qui servent à éclairer l’histoire du gouvernem<br />

ent d’une place forte sous le règne <strong>de</strong><br />

Louis XIV ; l’auteur s’occupe successivem ent<br />

<strong>de</strong>s lieutenants du roi, <strong>de</strong>s états-m ajors d’une<br />

ville <strong>de</strong> guerre, <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> fortification, etc.<br />

Un chapitre spécial est consacré à la visite que<br />

l e roi fit à Compiègne en 1630, et à l’occasion<br />

<strong>de</strong> laquelle il reçut <strong>de</strong> la m unicipalité, en présent,<br />

<strong>de</strong>ux douzaines <strong>de</strong> bouteilles <strong>de</strong> vin<br />

et une douzaine <strong>de</strong> bouteilles d’hypocras.<br />

Les livres <strong>de</strong> ce genre nous dépeignent au vif<br />

les mœurs et les usages d’une époque, et nous<br />

font mieux connaître la vie intim e du passé que<br />

les ouvrages d’histoire générale.<br />

Le ferm ier-général dont M. Campardon raconte<br />

L’ATHENÆUM BELGE 227<br />

les prodigalités e s t M. d’Epinay. L’auteur nous<br />

m ontre d’abord dans quel désordre étaient les<br />

affaires <strong>de</strong> ce ferm ier-général qui passait le<br />

temps au jeu et à l’Opéra ; ces dérèglements<br />

furent tels qu’on dut le rayer en 1762 du contröle<br />

<strong>de</strong>s fermes, et finalement, à force <strong>de</strong> folies,<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes et d’énorm es dépenses qu’il jurait sans<br />

cesse <strong>de</strong> ne plus faire et qu’il faisait toujours, il<br />

fut interdit, sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa famille, par<br />

ordonnance du lieutenant civil. A la suite <strong>de</strong><br />

cette intéressante biographie, M. Campardon a<br />

joint le Testam ent <strong>de</strong> Mme d ’E pinay dont il<br />

reproduit le texte intégralem ent, ainsi que <strong>de</strong>s<br />

pièces justificatives. On trouvera dans ces pièces<br />

quelques lignes curieuses relatives à Mme Di<strong>de</strong>rot,<br />

la femme du philosophe, dont le caractère ne<br />

semble pas avoir été fort conciliant ; on l’y voit<br />

frapper sa domestiqué du pied et du poing et<br />

recevoir d’une m archan<strong>de</strong> du marché un coup<br />

<strong>de</strong> pied dans le <strong>de</strong>rrière. Ce livre, très élégam ­<br />

m ent im primé, est un complément aux Mémoires<br />

<strong>de</strong> Mme d’Epinay ; on ne sait que peu <strong>de</strong><br />

choses sur la vie <strong>de</strong> cette femme spirituelle<br />

<strong>de</strong>puis l’époque où se term inent ses Mémoires,<br />

c’est-à-dire <strong>de</strong>puis 1759, jusqu’à sa m ort qui<br />

arriva en 1783 ; les documents découverts par<br />

M. Campardon aux Archives nationales comblent,<br />

en partie du moins, cette regrettable lacune.<br />

Sous le titre L e Secret <strong>de</strong>s Bourbons, M. Nau-<br />

roy raconte tout co qu’il sait du premier<br />

mariage du duc <strong>de</strong> Berry, et nous croyons volontiers<br />

qu’il est l’homme <strong>de</strong> France qui en sait<br />

le plus su r le sujet. Il a déjà publié sur Amy<br />

B row n et sa <strong>de</strong>scendance une brochure dont<br />

nous avons parlé ici même ; l’ouvrage qu’il nous<br />

donne aujourd’hui ne fait que développer ce<br />

que disait la brochure. La secon<strong>de</strong> partie du<br />

volume m érite un examen plus approfondi ;<br />

selon M. Nauroy, Louis XVII n’est pas m ort au<br />

Tem ple ; il s ’est échappé <strong>de</strong> sa prison ; mais ce<br />

n’est ni Hérvagault, ni Mathurin Bruneau, ni<br />

Richemont, ni Naundorff ; tous ceux-là sont <strong>de</strong>s<br />

faux Louis XVII. L’enfant mort au Temple était un<br />

enfant substitué; le vrai Louis XVII fut emmené en<br />

Vendée par M. <strong>de</strong> F rotté, mais, quand l’enfant<br />

du Temple m ourut, Louis XVIII fut proclamé <strong>de</strong><br />

suite, et dès lors Louis XVII était m ort pour<br />

l’histoire ; repoussé par les siens, homme assez<br />

ordinaire, il se résigna à vivre dans l’obscurité ;<br />

à son retour, la duchesse d’Angoulême lui fit<br />

une grosse pension ; et c’est ainsi qu’il vit défiler,<br />

sans mot dire, tous ceux qui se donnaient<br />

pour lui, jusqu’à Naundorff, son valet <strong>de</strong> cham ­<br />

bre ; il portait le nom <strong>de</strong> La Roche, et il est<br />

mort, en 1872 à l’hospice <strong>de</strong> Savenay. Sur quoi<br />

s’appuie M. Nauroy pour nous conter cette singulière<br />

et assez émouvante histoire? Sur le<br />

témoignage <strong>de</strong> la veuve Simon, et sur d ’autres<br />

preuves que nous ne pouvons énum érer ici,<br />

mais dont plusieurs nous ont paru assez<br />

faibles ; nous renvoyons le lecteur au livre <strong>de</strong><br />

M. Nauroy. Ajoutons que l’auteur a donné une<br />

bibliographie précieuse <strong>de</strong>s faux Louis XVII.<br />

M. Gilbert-Augustin Thierry porte un nom<br />

glorieux et qui oblige. Il a entrepris <strong>de</strong> raconter<br />

l’histoire <strong>de</strong> la contre-révolution par épiso<strong>de</strong>s ;<br />

il commence par nous narrer les m ystérieuses<br />

aventures du Capitaine Sans-Façon. Dans le<br />

fond du Maine, une poignée <strong>de</strong> paysans grossiers<br />

qui ne connaissent même pas le nom <strong>de</strong><br />

Napoléon, se soulèvent en 1813 contre le gouvernem<br />

ent et les gendarm es ; ils sont excités à<br />

la révolte par <strong>de</strong>s prêtres ennemis du Concordat;<br />

c’est une petite chouannerie qui s’organise dans<br />

ce coin p erd u ; embusca<strong>de</strong>s, surprises au milieu<br />

<strong>de</strong>s bois et dans les chemins boueux, les gendarm<br />

es im puissants et réduits à se faire soutenir<br />

par les troupes <strong>de</strong> ligne, etc.; rien ne manque<br />

à cet épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mise en scène ordinaire <strong>de</strong>s<br />

guérillas du Bocage vendéen ; ajoutez-y ce<br />

capitaine Sans-Façon qui paraît à tout instant<br />

et en tout lieu, avec une ubiquité prodigieuse.<br />

Rien <strong>de</strong> plus fantastique que ce récit historique;<br />

on trouvera même que l’auteur y prodigue un<br />

peu trop les effets <strong>de</strong> lune et les tira<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

mélodrame ; le sujet prêtait sans doute à l’appareil<br />

rom anesque déployé par M. Gilbert Thierry;<br />

nous apprenons finalement que le capitaine<br />

Sans-Façon n’existait pas ; c’était un nom que<br />

trois personnages différents prenaient tour à<br />

to u r; il suffisait <strong>de</strong> m ettre le manteau rouge et<br />

le feutre noir et <strong>de</strong> crier : Je suis le capitaine<br />

Sans-Façon. M. Gilbert Thierry donne à la fin<br />

<strong>de</strong> son livre les documents dont il s’est servi ;<br />

ils sont authentiques, mais il nous semble qu’il<br />

les a mis en œ uvre comme l’aurait fait Alexandre<br />

Dumas ; son livre est un rom an et non une<br />

histoire. On ne lira pas sans intérêt le récit <strong>de</strong><br />

la visite que l’auteur a faite en 1880 aux <strong>de</strong>rniers<br />

fidèles <strong>de</strong> la Petite-Eglise.<br />

Il n’était pas <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> autrefois do faire une<br />

biographie élogieuse <strong>de</strong>s vivants et <strong>de</strong> les traiter<br />

comme on traite les morts, en donnant une foule<br />

<strong>de</strong> détails sur leur naissance, leur famille et<br />

leur vie intime. Nous avons changé tout cela ;<br />

aujourd’hui les écrivains entrent <strong>de</strong> leur vivant<br />

dans l’histoire, et M. Ernest Dau<strong>de</strong>t consacre à<br />

son frère un livre où il nous raconte qu’Alphonse<br />

joua dans son enfance à l’enfant <strong>de</strong> chœ ur,<br />

répéta une comédie <strong>de</strong> Berquin, tira la sonnette<br />

du voisin, etc. Nous nous soucions fort peu du<br />

récit <strong>de</strong> ces gam ineries; néanmoins, on ne lira<br />

pas sans curiosité les pages consacrées à l’arrivée<br />

d ’Alphonse Dau<strong>de</strong>t à Paris, à ses débuts littéraires,<br />

à ses rom ans, et qui sait si le livre<br />

d ’Ernest Dau<strong>de</strong>t ne sera pas plus tard cité comme<br />

« source » dans une histoire <strong>de</strong> la littérature<br />

française ! Il fournit, en tout cas, dos renseignements<br />

plus exacts, plus complets, plus attachants<br />

qu’une notice d e Vapereau ou <strong>de</strong> tout autre,<br />

et ceux qui ont lu le Nabab n’apprendront peut-<br />

être pas sans intérêt que le caissier <strong>de</strong> la caisse<br />

« territoriale » ressemble terriblem ent à l’oncle<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Dau<strong>de</strong>t, qu’Ernest fut le secrétaire politique<br />

<strong>de</strong> Bravay (le Nabab), etc. Bien <strong>de</strong>s détails<br />

que renferme ce livre n ’ajoutent absolum ent<br />

rien à la renom mée du rom ancier français, mais<br />

flattent le cöté curieux <strong>de</strong> notre nature.<br />

M. Guillaume Guizot a publié un nouveau<br />

volume <strong>de</strong> sa traduction dos Essais <strong>de</strong> Macaulay;<br />

ce volume renferm e, entre autres étu<strong>de</strong>s du<br />

célèbre historien, un article fort rem arquable<br />

sur l’histoire et les essais sur Samuel Johnson,<br />

Addison et Mme d’Arblay (auteur d'E velina et do<br />

Cecilia). On a tout dit sur Macaulay; il n’y a pas<br />

<strong>de</strong> critique littéraire au mon<strong>de</strong> qui soit à la fois<br />

aussi instructif et aussi attrayant; quel vaste<br />

savoir, quelle mémoire prodigieuse, quelle im agination<br />

fécon<strong>de</strong> ! Lisez surtout l’étu<strong>de</strong> sur<br />

Samuel Johnson, et vous sentirez la vérité do<br />

ces paroles <strong>de</strong> Taine, que, chez Macaulay, la<br />

discussion saisit et emporte le lecteur; qu’elle<br />

avance d’un mouvement égal, comme ces grands<br />

fleuves d’Amérique aussi im pétueux qu’un torrent<br />

et aussi larges qu’une m er. Cette abondance<br />

<strong>de</strong> pensée et <strong>de</strong> style, ajoute Taine, cette<br />

multitu<strong>de</strong> d ’explications, d’idées et <strong>de</strong> faits, cet<br />

amas énorm e <strong>de</strong> science historique va roulant,<br />

précipité en avant par la passion intérieure,<br />

entraînant les objections sur son passage, et<br />

ajoutant à l’élan <strong>de</strong> l’éloquence, la force irrésistible<br />

<strong>de</strong> sa masse et <strong>de</strong> son poids. La traduction <strong>de</strong><br />

M. G. Guizot est d’ailleurs excellente <strong>de</strong> tous<br />

points et se lit aussi aisément que l’original.<br />

Il est inutile <strong>de</strong> faire l’éloge <strong>de</strong> la critique <strong>de</strong><br />

M. Edmond Scherer, à l’occasion du septième<br />

volume <strong>de</strong>s E t u <strong>de</strong>s su r la littérature contem pora<br />

in e; il suffit <strong>de</strong> citer le titre <strong>de</strong>s articles qui<br />

nous paraissent les plus rem arquables et <strong>de</strong> les<br />

analyser en quelques m ots. Nous citerons donc<br />

l’étu<strong>de</strong> sur W ordsw ortk, qui semble à M. Schorer<br />

« venir après Milton, notablem ent au-<strong>de</strong>ssous,<br />

mais pourtant le prem ier après lui »; sur Carlyle,<br />

qui a joué un « rôle mêlé <strong>de</strong> prophète et <strong>de</strong>

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