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1882 - Université Libre de Bruxelles

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théorie, la vraie d’après nous, est d’ailleurs prédominante<br />

dans la philosophique Italie et dans<br />

ses chaires d’économie politique. Si nous nous<br />

séparons <strong>de</strong> l’école historique pure, où le socialisme<br />

<strong>de</strong> la chaire a pris un <strong>de</strong> ses points <strong>de</strong><br />

départ, nous ne méconnaissons pas cependant<br />

l’im portance <strong>de</strong>s travaux qu’elle a produits.<br />

C’est donc avec un haut intérêt que nous<br />

signalons la savante étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. Loria sur la<br />

th è m e <strong>de</strong> La valeur. L’auteur nous montre la<br />

notion <strong>de</strong> la valeur se modifiant à travers les<br />

âges, à m esure du développement <strong>de</strong> la vie<br />

sociale. Cette modification, dont il analyse tous<br />

les termes, nous présente la valeur comme<br />

synonyme d’abord <strong>de</strong> l'utilité m êm e; cette utilité<br />

n’est d’abord q u e . celle <strong>de</strong>s contractants eux-<br />

mêmes, puis celle que la société entière lui<br />

attribue. La valeur n’est que l’utilité sociale<br />

reconnue par la coutume aux divers objets.<br />

Puis la vie industrielle <strong>de</strong>venant plus active,<br />

la concurrence naît; et on crée la théorie <strong>de</strong>s<br />

frais <strong>de</strong> production. Certains esprits constatent<br />

cependant que les variations sont nom ­<br />

breuses; ils se disent alors qu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />

valeur fixe et que les caprices du marché, par<br />

l’off re et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, sont la seule règle. Enfin,<br />

pénétrant par l’analyse dans tout ce mécanisme<br />

<strong>de</strong> l’échange, on arrive à fixer <strong>de</strong>s règles complexes<br />

que bien <strong>de</strong>s faits déroutent encore, si on<br />

veut les simplifier outre mesure, mais qui répon<strong>de</strong>nt<br />

plus ou moins aux multiples complications<br />

<strong>de</strong>s m archés mo<strong>de</strong>rnes. M. Loria analyse<br />

avec soin toutes les opinions émises à chaque<br />

époque; cette analyse est sérieuse, méthodique,<br />

instructive. La notion <strong>de</strong> la valeur est variable ;<br />

elle suit les modifications sociales, cela est certain,<br />

nous l’avons constaté nous-m êm es; mais<br />

cette variation <strong>de</strong>s faits contingents n’altère en<br />

rien le grand principe <strong>de</strong> justice qui doit p rési<strong>de</strong>r<br />

aux relations sociales et aux échanges<br />

économiques. Les applications varient, le principe<br />

<strong>de</strong>meure immuable et la prospérité économique<br />

y est intimement liée. En constatant <strong>de</strong>s<br />

faits analogues, nous croyons <strong>de</strong>voir ajouter<br />

cette règle nécessaire qui, elle aussi, se constate<br />

par l’histoire, comme elle se dém ontre par la<br />

théorie. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. Loria m érite l’attention<br />

<strong>de</strong>s économistes et <strong>de</strong>s historiens ; elle est le<br />

fruit <strong>de</strong> recherches sérieuses et approfondies<br />

et d’une connaissance très complète <strong>de</strong> la littérature<br />

économique.<br />

M. Fornari s’est placé à un autre point <strong>de</strong><br />

v u e; ce n’est pas l’histoire d'une idée économ ique,<br />

mais <strong>de</strong> toutes les théories dans une province,<br />

celle <strong>de</strong> Naples, qu’il offre au public. Le<br />

savant auteur est l’élève <strong>de</strong> M. Cossa et professeur<br />

à l’Istituto tecnico <strong>de</strong> Pavie. C’est avec<br />

l’érudition parfaite qui distingue d’ailleurs toutes<br />

les productions do la jeune école économique,<br />

que M. Fornari nous expose tous les systèmes et<br />

leur filiation historique. La division <strong>de</strong> son travail<br />

est heureuse. Il étudie d’abord les disciples<br />

d’Aristote, puis ses adversaires (les platoniciens<br />

<strong>de</strong> la Renaissance) et enfin les auteurs d’économie<br />

politique proprem ent dits, c’est-à-dire ceux<br />

qui la traitent comme science distincte <strong>de</strong> la<br />

politique et <strong>de</strong> la philosophie.<br />

M. Fornari glisse rapi<strong>de</strong>m ent sur les auteurs<br />

du moyen âge que cependant il connaît bien. Sur<br />

certains points, nous nous séparons <strong>de</strong> lui. Le<br />

moyen âge adm it-il l’esclavage ? Nous ne le<br />

croyons pas, du moins l’esclavage personnel et<br />

absolu <strong>de</strong> l’antiquité. Il ne connut et n ’admit<br />

que le servage, ce qui est tout différent. Les<br />

L’ATHENÆUM BELGE 139<br />

droits du maître antique supprimant la personnalité<br />

<strong>de</strong> l’esclave, et lui enlevant <strong>de</strong>s droits<br />

essentiels, ne pouvaient être admis par les théologiens<br />

catholiques. Quelques auteurs se laissèrent<br />

peut-être entraîner par Aristote, mais on<br />

ne peut voir dans leurs idées que la nécessité<br />

pour une classe sociale d’ê tr e subordonnée à<br />

une autre et dirigée par elle, et dans certains<br />

<strong>de</strong> leurs écrits que le commentaire <strong>de</strong>s traités<br />

du Stagyrite (1) . Nous attendons sur cette grave<br />

question si disputée la fin du travail commencé<br />

p arle Prof. Talamo, dans les mémoires <strong>de</strong> la nouvelle<br />

Académie rom aine <strong>de</strong> Saint-Thomas, et qui<br />

prom et aux savants <strong>de</strong>s appréciations nouvelles<br />

et autorisées (2).<br />

Dans le reste <strong>de</strong> son ouvrage, M. Fornari<br />

expose en détail toutes les opinions et les utopies,<br />

les critiquant et les rapprochant <strong>de</strong>s faits<br />

politiques contemporains. Une partie importante<br />

<strong>de</strong> son livre s’occupe d’Ant. Serra et <strong>de</strong> M. A. <strong>de</strong><br />

Sanctis. Il leur avait déjà consacré, en 1881,<br />

une monographie dont nous avons parlé aux<br />

lecteurs <strong>de</strong> l'A th en æ u m . Signalons, sans nous y<br />

arrêter ni faire les réserves que le détail pourrait<br />

nous im poser, la longue élu<strong>de</strong> sur Campanella,<br />

l’examen <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Thomas <strong>de</strong> Vio,<br />

cardinal Cajetan, <strong>de</strong> Carafa, <strong>de</strong> Cala, <strong>de</strong> De Luca,<br />

enfin <strong>de</strong> toute la série <strong>de</strong>s économistes napolitains<br />

jusqu’en 1734. C’est un ensemble très<br />

intéressant, écrit d’un style facile et clair sans<br />

prétention, et dénotant une étu<strong>de</strong> attentive et<br />

heureuse <strong>de</strong> l’économie comparée.<br />

M. Toniolo, professeur à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Pise,<br />

nous transporte à Florence, et cherche à nous<br />

expliquer les causes prem ières <strong>de</strong> sa puissance<br />

économique. Florence, il le reconnaît, a été très<br />

étudiée déjà, mais personne, d’après lui, n’a mis<br />

en lum ière la série <strong>de</strong>s causes qui firent sa<br />

gran<strong>de</strong>ur; ces causes sont <strong>de</strong> divers ordres.<br />

M. Toniolo nous explique dans <strong>de</strong>s chapitres<br />

successifs les facteurs d’ordre géographique et<br />

naturel, ceux que révèle l’ethnographie, ceux<br />

qu’on peut tirer <strong>de</strong> l’histoire et <strong>de</strong> la vie civile,<br />

enfin les causes d ’ordre moral e t économique.<br />

Le titre <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière série, ordre économique<br />

et moral, prouve assez l’union intime que<br />

l’auteur adm et entre ces <strong>de</strong>ux ordres ; notons en<br />

particulier la haute importance qu’il attribue à<br />

l’organisation <strong>de</strong> la famille (p. 148) et qui est en<br />

effet un <strong>de</strong>s traits les plus caractéristiques et<br />

les plus rem arquables <strong>de</strong> toute constitution<br />

sociale. Peut-être y a-t-il bien dans ce chapitre<br />

quelques conclusions trop absolues dans leur<br />

détail sur le caractère <strong>de</strong>s états fonciers, industriels<br />

et commerçants ; mais, sans nous rallier à<br />

toutes ses idées, il n ’y a pas moins dans cet<br />

ouvrage <strong>de</strong>s aperçus ingénieux, <strong>de</strong>s détails<br />

intéressants et <strong>de</strong> très sérieuses observations sur<br />

le röle <strong>de</strong>s communes, <strong>de</strong>s m étiers, <strong>de</strong> la féodalité<br />

et du clergé dont l’action patriotique a été<br />

si puissante dans l’histoire <strong>de</strong>s communes<br />

italiennes.<br />

Pour compléter cette revue, nous <strong>de</strong>vons signaler<br />

dans un tout autre ordre <strong>de</strong> travaux le manuel<br />

d’économie politique rédigé par le professeur<br />

Bartolomeo Gandolfi à l’usage <strong>de</strong>s Istituti tecnici.<br />

C’est un résumé net et clair <strong>de</strong> la science économique<br />

telle que la comprennent les économistes<br />

(1) V o ir notre étu<strong>de</strong> sur l 'Economie sociale au moyen âge.<br />

L o u v ain , 1881.<br />

{2) T alarao, L ’idée <strong>de</strong> l'esclavage d'après A ristote et Saint-<br />

Thomas, dans l'Acca<strong>de</strong>mia Romana d i San Tommaso<br />

d'Aquino, pubblicaz. period., t. I., p. 397. R o m a , Befani,<br />

1881.<br />

officiels, mais tem pérée et maintenue dans ses<br />

limites légitimes par la prédom inance hautement<br />

affirmée <strong>de</strong> l’idée du <strong>de</strong>voir. Ceci suffit,<br />

non pas à faire <strong>de</strong> son manuel un livre savant,<br />

ce qui n ’est pas son but, mais du moins, malgré<br />

quelques erreurs, un livre utile aux commençants,<br />

qui gagnerait cependant à être complété<br />

par <strong>de</strong>s argum ents tirés <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s faits<br />

sociaux cl <strong>de</strong> l’histoire.<br />

Au moment <strong>de</strong> mettre sous presse, nous<br />

recevons le volume pour <strong>1882</strong> <strong>de</strong> l'A nnuaire<br />

<strong>de</strong>s sciences ju ridiques, sociales et politiques,<br />

publié par la maison Hoepli sous la direction <strong>de</strong><br />

M. C. Ferraris, professeur à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Pavie.<br />

Nous nous prom ettons <strong>de</strong> revenir sur le contenu<br />

<strong>de</strong> cette savante et intéressante publication.<br />

V. Brants.<br />

CORRESPONDANCE LITTERAIRE DE PARIS.<br />

R ecueil <strong>de</strong>s bons mots <strong>de</strong>s Grecs et <strong>de</strong>s R om ains,<br />

p ar Lewis. Charavay. — Shakspeare, son œuvre<br />

et scs critiques, par Mézières. Hachette. —<br />

Louis X V et Elisabeth <strong>de</strong> R ussie, par Vandal.<br />

Plon. — H istoire du tribunal révolutionnaire,<br />

III, IVe et Ve vol., par W allon. Hachette. —<br />

Lam ennais et son école, Gerbet, par R icard.<br />

Didier. — Poètes et poésies, par Paul Albert.<br />

Hachette. — L 'A sie orientale, par El. Reclus.<br />

Hachette. — B erlioz, par Ad. Jullien. Charavay.<br />

— Discours parlem entaires d ’Ernest Picard.<br />

Plon.<br />

C’est une excellente idée qu’a eue M. Lewis <strong>de</strong><br />

faire un recueil <strong>de</strong> bons mots <strong>de</strong>s Grecs et <strong>de</strong>s<br />

Romains; on lira ce livre d ’anas avec autant<br />

d’intérêt que <strong>de</strong> profit; il y a dans ce faisceau,<br />

rassemblé pour la prem ière fois, beaucoup <strong>de</strong><br />

bouta<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> plaisanteries et <strong>de</strong> reparties que<br />

les lettrés connaissent pour la plupart, mais<br />

qu’ils ne seront pas fâchés <strong>de</strong> retrouver là. L’auteur<br />

dit être remonté aux sources originales et<br />

avoir consulté les principaux écrivains <strong>de</strong> l’antiquité,<br />

notamment Plutarque, Diogène Laercc,<br />

Athénée, Macrobe, Cicéron, Suétone, elc.; il a<br />

indiqué à la fin <strong>de</strong> chaque anecdote le nom <strong>de</strong><br />

l’auteur qui l’a racontée, ainsi que le livre et le<br />

chapitre qui la contiennent; il a. parmi les formes<br />

diverses d’une anecdote fréquemment citée,<br />

choisi la variante qui lui paraissait la meilleure,<br />

c’est-à-dire la plus piquante. Il nous avertit dans<br />

son introduction qu’il n’a pas admis dans son<br />

recueil quelques-uns <strong>de</strong>s bons mots rapportés<br />

par les anciens, soit à cause <strong>de</strong> la crudité <strong>de</strong>s<br />

expressions, soit à cause dos allusions trop peu<br />

saisissables qu’ils renferment. Nous ne croyons<br />

pas toutefois qu’il ait lieu d’être désappointé <strong>de</strong><br />

son excursion à travers l’antiquité, ni qu’il en<br />

soit revenu « chargé d’une légère dépouille »; à<br />

notre avis, sa moisson a été abondante. Mais<br />

pourquoi dire A<strong>de</strong>im antos et non Adimante,<br />

A ntigonus et non Antigone, Cur o ot non Curion<br />

(puisque M. Lewis écrit « Eurybia<strong>de</strong> » et « Cicéron<br />

»); le nom <strong>de</strong> l’amiral S p a rtia te est Callicralidas<br />

et non C allicritidas (p. 28); il faut lire<br />

Dercyllidas et non Dercylli<strong>de</strong>s (p 30), Pleistanax<br />

et non Pleistanaxe (p. 33); etc. Mais tel q u e l, ce<br />

recueil, comme dit son auteur, servira à faire<br />

passer agréablem ent une <strong>de</strong>m i-heure.<br />

Après les Prédécesseurs et contem porains <strong>de</strong><br />

Shakspeare, après les Contemporains et successeurs<br />

<strong>de</strong> Shakspeare, M. Mézières publie en tro isième<br />

édition Shakspeare, son œ uvre et ses c ritiques<br />

On connaît les m érites <strong>de</strong> l'ouvrage, la<br />

soli<strong>de</strong> érudition qu’y déploie l’auteur, le style<br />

agréable, vif, ingénieux dont il revêt ses appréciations,<br />

ses analyses et ses considérations sur<br />

le plus merveilleux génie <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes<br />

M. Mézières examine successivem ent à vie <strong>de</strong><br />

Shakspeare, puis ses débuts au théâtre, ses comédies,<br />

ses drames historiques, les principaux<br />

caractères historiques qu’il a mis en scène, ses

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