1882 - Université Libre de Bruxelles

4 L’ATHENÆUM BELGE
figurent, au bas des pages, tant d’indications
im portantes, tant de renseignem ents utiles su r
la vie de Scaliger, sur ses œ uvres et sur les personnages
qui furent en relation avec lui.
A. M.
B U L L E T IN .
C inquante ans de liberté. Tomes II et III.
Bruxelles, W eissenbruch. — Les deux volumes
qui, en 1881, sont venus s'ajouter à cette collection
dont l'ensemble formera un tableau complet du développement
intellectuel en Belgique depuis 1830,
sont consacrés aux sciences et à l ’a rt. Dans le
tome II. M. Charles Lagrange, astronom e-adjoint à
l ’Observatoire royal de Bruxelles, étudie les progrès
des sciences physiques : chimie, physique,
astronomie, m étéorologie et physique du globe,
philosophie de la science; M. È . Lagrange, officier
du génie, fait l'histoire des sciences m athém atiques :
géométrie infinitésimale, géométrie pure et descriptive,
théorie des séries et calcul intégral, mécanique;
M. Gilkinet, professeur à l'Université de
Liège, t race le tableau du développement des
sciences naturelles : botanique, phytopaléontologie,
zoologie, zoopaléontologie, géologie, m inéralogie.
Le travail de M. Ch. Lagrange est tout particulièrem
ent digne d'attention : ce n’est pas une nomenclature
de dates et de faits; c’est une étude raisonnée,
dans laquelle l’auteur prenant pour argum ent les
idées, en suit l'enchaînem ent rationnel, et m ontre
« dans quelle mesure leur étude et leur progrès ont
été poursuivis ni comme il le fait rem arquer dans
une introduction dont on ne saurait assez louer la
hauteur de vues, il assigne leur place aux ouvrages
im portant» et m ontre en quoi ils ont contribué au
développement général de la science. Cette méthode,
q u i donne à son travail un caractère original. M . Ch.
L agrange l ’a heureusem ent appliquée aux diverses
branches dont il avait à s'occuper. Nous ne le suivrons
pas dans les développements qu’il a donnés à
cet exposé critique : il nous suffit de pouvoir rendre
hommage à la supériorité avec laquelle il s’est
acquitté de sa tâche. A son exemple, M. E . Lagrange
fait moins l’histoire des hommes que celle
du développement scientifique; il fait “ pivoter
chaque partie de la science autour d ’un ou deux
grands noms qui la représentent et qui dominent
leur entourage. » — Dans le domaine que M. Gilkinet
avait à parcourir, les travaux sont nombreux,
et on ne s’etonnera pas que l’auteur ait dû le plus
souvent se borner à une revue rapide.
Le tome III comprend les beaux-arts : la peinture,
la sculpture, la gravure et l’architecture, par
M. Camille Lem onnier; la musique et les musiciens,
par M. Ad. Samuel, L’histoire de la peinture est
précédée dune introduction où on lira d'intéressantes
considérations sur l'école belge avant 1830 et
l’infl uence exercée par David, il est fâcheux que
M. Lem onnier ait transporté sa passion des néologismes
et ses tendances naturalistes dans un travail
qui, à notre avis, réclam ait plus de sobriété. La
critique d’art s’accommode m oins que les œuvres
d ’imagination de cette recherche de la nouveauté
dans la form e, qui fatigue le lecteur et reud parfois
inintelligible la pensée de l'auteur.
A n n u a ire de l'Observatoire royal de B ruxelles.
1882. Bruxelles, Hayez. — Comme les précédents,
ce volume, le 49e de la collection, comprend deux
parties : les éphém érides pour 1882 et les notices
ayant un caractère plus général Au sujet des éphémérides,
l'avant-propos, rédigé p ar M. Houzeau,
attire l'attention sur les modifications introduites
dans cette partie du recueil : c’est d ’abord un tableau
des passages au méridien des deux principales
étoiles circumpolaires, tableau qui contient pour
chaque jo u r de l’a nnée l’un des passages méridiens
à l’une ou l'autre de ces étoiles et fournit ainsi
pour toute date donnée l’élément d ’une observation.
On y trouve aussi reproduites les abréviations
proposées, pour désigner les m esures m étriques,
par la Commission internationale des poids et m esures.
M. Houzeau fait rem arquer que ce système
d’abréviations manque d'esprit systématique. Le
savant directeur de l’Observatoire insiste encore
une fois s u r la nécessité d ’abandonner définitivement
les anciennes m esures locales encore en usage
aujourd'hui. Parm i les renseignements spèciaux
réunis dans le volume de cette année figurent les
altitudes ou cotes de hauteur extraites des tableaux
publiés récemment par l’Institut cartographique
m ilitaire.
Les notices scientifiques sont : Le globe terrestre;
Les signes symboliques des planètes; Etude sur les
taches solaires, par M R. Tam ine; Note sur
l’histoire de l'algèbre ; La nature vierge ; Distances
m utuelles apparentes des principales
étoiles ; Sur un moyen facile d ’avoir l’heure; Quelques
renseignements historiques sur notre calend
rie r; M arees su r les cötes de la Belgique, par
M. F. Van Rysselberghe ; Astéroïdes découverts en
1881, par M. L. Niesten ; Comètes découvertes en
1881, par le même ; Étoiles filantes d'août 1880.
Bibliothèque belge illustrée. Bruxelles, P arent.—
On ne peut qu’applaudir aux efforts tentés par des
éditeurs intelligents pour doter la Belgique d'ouvrages
belges à l’usage de la jeunesse Ces sortes
d’ouvrages assurém ent exigent des qualités peu communes
; plus d'un écrivain doué de quelque facilité
peut croire qu’une causerie à bâtons rompus, pourvu
qu'elle soit assaisonnée de gaietés, rem plit le but
qu’i l se propose d’atteindre; c’est une méprise
fâcheuse, et nous souhaitons que l’éditeur de la
Bibliothèque belge illustrée, sans s’écarter de son
program m e, qui nous paraît se résum er dans l'adage
u tile dulci, sache être assez sévère pour ne pas
s'exposer au reproche d’avoir commis cette erreur.
Les cinq brochures qui ont paru ju sq u ’ici sont des
in-8° de 60 à 70 pages ornés de gravures sur bois
L'impression en est très soignée; une charm ante
couverture leur donne un aspect des plus attrayants.
En voici les titres : Voyages et métamorphoses
d'une goutte d'eau, par M. A. J . W au ters; Les
Ê tres méconnus, études su r l’araignée, excellente
m onographie, par M. Léon Becker, un spécialiste
qui est en même tem ps un aim able écrivain ; Une
ascension au M o n t-P e rd u (P yrénées espagnoles),
par M. Jules Leclercq, un ami de la nature qui sait
en faire aim er les beautés et les harmonies ; Les
A tom es, causerie scientifique, par M. E C attier;
Les F rasques de M ajesté, nouvelle, par Mlle M arguerite
Van de W iele. Prochainem ent paraîtront :
Contes, par M. Camille Lem onnier ; Un grand
artiste, par M X. de Reul. On voit que les sujets
sont variés et bien choisis.
E ncyklopädie der neueren Geschichte. In V erbindung
m it namhaften deutschen und ausserdeutschen
Historikern herausgegeben von W ilhelm
-Herbst. l . - 9 Lfg Gotha, F. A. P e rthes — Ce dictionnaire
d histoire m oderne — y compris l’histoire
contemporaine — est rédigé par un groupe
d’écrivains connus et compétents. Les articles, dont
l’importance est proportionnée à celle des faits ou
des hommes auxquels ils se rapportent, sont substantiels,
dégagés de réflexions critiques et d ’appréciations
qui leur donneraient un caractère personnel ;
ils sont accompagnés, quand le sujet le comporte,
dune bibliographie „ renseignant les sources
principales et les m atériaux à Consulter pour une
étude développée. L ’entreprise, conduite par
M. Herbst, directeur du sém inaire pédagogique à
l’Université de Halle, réunit, à tous égards, les
m eilleures conditions de succès. Outre l ’histoire
politique, une part est faite dans cette encyclopédie
à l'histoire de la civilisation, à la littérature, à 1' art,
à l’histoire ecclésiastique ; enfin, dans une longue
introduction, on trouve exposé à grands traits le
développement historique des nations civilisées
depuis trois siècles; cette vue générale complète
l ’ouvrage. L'encyclopédie p araîtra en 20 livraisons
form ant deux volumes. Chaque livraison coûte
1 m ark.
C H R O N IQ U E .
Le Catalogue des ouvrages périodiques que reçoivent
les principales bibliothèques de Belgique,
publié par le Bureau de traduction institué au ministère
de l’intérieur, vient de paraître (Bruxelles,
Mayolez; prix : un franc). Le rapport adressé au
m inistre par le président du Comité consultatif,
M. Alvin, nous apprend que le Bureau de traduction
sera prochainem ent transféré à la Bibliothèque
royale et les 900 ouvrages périodiques que reçoivent
les deux institutions, réunis dans la salle de travail
du Bureau. Cette mesure sera favorablem ent accueillie
du public, qui trouvera ainsi mise à sa disposition
une collection sinon complète, au moins déjà
très satisfaisante. Le Comité annonce d'ailleurs
l’intention de proposer des mesures pour combler
les lacunes qu’il constatera ou qui lui seront signalées
par les personnes autorisées à fréquenter la
salie de travail.
— Au mois de janvier 1881, on a découvert à
Tongres, dans la campagne de Coninxheim, un
tombeau chrétien orné de fresques. M . Ad. De Ceuleneer.
qui a étudié ce monument avec M. le chanoine
Reusens, professeur d ’archéologie à l’Université de
Louvaiu, indique les hypothèses que l’inspection de
la tombe lui a suggérées, dans une intéressante
brochure (Découverte d ’u n tombeau chrétien à
C oninxheim -lez-Tongres, Liège, 10 p.). La découverte
a été faite à une cent aine de pas d e l’ancienne
enceinte de la ville, à gauche de la voie rom aine,
dans une briqueterie occupant l’emplacement d ’un
ancien cimetière, comme le prouve l’existence de
tu m u li et un grand nombre d’ossements, de débris
de tuiles, de briques et de verreries rom aines.
Le m onument dont M. De Ceuleneer donne la
description, consiste en une tombe géminée,
construite en briques. Une partie était couverte de
tuiles, l'autre, de grandes dalles de pierre Le pavem
ent est en briques. Les deux tombes sont séparées
p ar un m ur de 43 centimètres d ’épaisseur. On y a
trouvé quelques ossements, des clous, des perles
d'or et de verre, restes d ’un collier, une petite
agrafe et une fiole de verre renferm ant une m atière
rouge dont il est difficile de déterm iner la nature.
Le plus grand intérêt de cette découverte réside
dans les traces de quatre lettres et dans les peintures
à fresques, assez bien conservées, qui ornent
les parois. Le tombeau, sur lequel on ne trouve pas
de traces de chiffres, paraît appartenir au IVe siècle
de notre ère. Dans tous les cas, il semble devoir
être antérieur à l’époque des invasions, c'est-à-dire
à la fin du IVe siècle. Qu'oi qu’il en soit, dit M. De
Ceuleneer, on peut affirmer que « la tombe de Coninxheim
est le plus ancien m onument chrétien de
notre pays, car je ne saurais adm ettre que l'inscription
de Juslenville soit chrétienne. Nous ne voulons
pas inférer de cette découverte que vers la fin du
IIIe ou au commencement du IVe siècle une grande
communauté chrétienne florissait à Tongres ; m ais
ce qui est prouvé par la tombe de Coninxheim, c'est
que des chrétiens vivaient à Tongres à cette
époque. »
— La presse judiciaire compte en Belgique deux
nouveaux organes depuis le 15 décembre : le Jo u rn
a l des T rib u n a u x , hebdom adaire, dirigé par
M. Edm ond Picard, s'occupe " de la vie judiciaire
dans toutes ses m anifestations et de la science ju ridique
dans tous ses domaines »; le P a la is, organe
bi-mensuel des Conférences du jeu ne barreau de
Belgique, transform ation du Bulletin de la Conférence
du jeune barreau de Bruxelles ; le secrétaire
de la rédaction du P a la is est M. R egnard, avocat.
— Dans la revue annuelle du m ouvement littéraire
à l'étranger que l’ Athenæ um de Londres
publie (numéro du 31 décembre), l’article « Belgique»
a, comme précédem m ent, pour auteurs MM. Emile
de Laveleye et Paul Fredericq.
— M. W . M. Conway, qui s’est occupé pendant
plusieurs années de l’histoire de la gravure sur