BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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Chapitre 5<br />
Vers un espace culturel européen :<br />
Renaissance et humanisme<br />
<strong>PaRCouRS</strong> 1<br />
Le roman de la sagesse humaniste :<br />
Gargantua (1534) de Rabelais<br />
Manuel de l’élève pp. 261-269<br />
PROBLÉMATIQUE<br />
Les autres parcours du chapitre proposeront essentiellement<br />
des textes de type argumentatif, ce type de discours se<br />
mettant aisément au service du développement d’une pensée.<br />
Le roman de Rabelais permet de donner tout d’abord<br />
accès à cette pensée de manière plus littéraire et plus fantaisiste<br />
grâce à la fiction, et souvent bien plus drôle, avant<br />
d’aborder le mouvement humaniste par des textes complexes.<br />
Le parcours insistera également sur la nouvelle<br />
importance que prend le corps dans l’esprit humaniste (et<br />
en particulier dans l’œuvre de Rabelais) et sur le caractère<br />
ambigu de l’œuvre qui se présente à la fois comme une<br />
sorte de roman et comme une parodie de très nombreuses<br />
formes de discours. Les diverses leçons humanistes apportées<br />
par Gargantua seront donc revues ensuite à travers<br />
d’autres textes.<br />
Contexte historique et esthétique<br />
Une œuvre humaniste<br />
Gargantua est une œuvre humaniste. Rabelais y accorde<br />
une large place à la réflexion sur l’éducation : il oppose un<br />
enseignement scolastique qui écrase le géant sous le poids<br />
d’un savoir appris par cœur et non compris et assimilé, et un<br />
enseignement humaniste qui fait sans cesse appel à l’esprit<br />
critique (textes 2 et 3). À travers le personnage de Grandgousier,<br />
il esquisse également une réflexion sur la politique<br />
et la justice : le roi en effet sait se montrer clément et respectueux<br />
de l’humanité jusque dans ses ennemis (textes 4<br />
et 5). Enfin, Rabelais profite de la fiction romanesque pour<br />
avancer des thèses évangélistes et critiquer l’Église (texte<br />
6). Pour développer ces différents points, nous renvoyons<br />
au manuel de l’élève et en particulier à l’introduction du<br />
chapitre, pp. 258-259, qui rappelle les principales caractéristiques<br />
de l’humanisme.<br />
Une œuvre inclassable<br />
On qualifie Gargantua et Pantagruel de romans, mais il<br />
s’agit en réalité d’œuvres d’un genre complexe, difficile à<br />
définir. Rabelais semble se plaire à emprunter à différents<br />
genres afin de les dépasser. Ainsi, il copie la structure des<br />
romans de chevalerie qui connaissent un grand succès au<br />
début du XVI e siècle. Il organise en effet Gargantua en<br />
trois temps : naissance prodigieuse, enfance et formation,<br />
exploits guerriers. Cette organisation ne l’empêche pas<br />
d’établir un système d’oppositions et de symétries entre différents<br />
chapitres de manière à mettre en évidence les chapitres<br />
39 et 40, qui soulignent le grand principe humaniste<br />
selon lequel l’homme n’est réellement homme que s’il sert<br />
la collectivité. Ainsi, deux structures se superposent. Jeu<br />
sur les genres encore quand Rabelais fait appel à la fois à<br />
un genre érudit, tel que l’épopée antique – on sait l’admiration<br />
des savants de la Renaissance pour l’Antiquité –, et<br />
à des éléments de folklore populaires – Gargantua existe<br />
dans les légendes folkloriques, de même que le thème de<br />
l’avalage… Enfin, on peut noter que Rabelais insère dans<br />
son roman plusieurs fragments relevant d’autres genres :<br />
des poèmes (à l’occasion de la description de l’abbaye<br />
de Thélème), des lettres (texte 4) – genre codifié par les<br />
humanistes, Érasme en particulier… Quels que soient les<br />
emprunts que fait Rabelais, il n’en reste pas moins que<br />
Gargantua est une œuvre singulière, dont la langue en<br />
particulier surprend. Elle mêle tous les registres, recourt<br />
à la fois à des néologismes et à des archaïsmes, mélange<br />
français et patois, et ne recule devant aucun effet sonore<br />
(allitérations, assonances, jeux de mots,…).<br />
Le rire rabelaisien<br />
Rabelais choisit de s’attaquer à ses cibles en s’en<br />
moquant en les rendant ridicules (texte 2) : le rire, si irrespectueux<br />
et libérateur soit-il, est donc avant tout une arme<br />
au service de l’argumentation. C’est ce que Rabelais essaie<br />
de montrer dans le prologue de Gargantua (texte 1) en<br />
invitant ses lecteurs à ne pas s’en tenir à l’apparence de<br />
légèreté (« vous pensez trop facilement qu’on n’y traite que<br />
de moqueries, folâtreries et joyeux mensonges ») mais à<br />
lire entre les lignes. Pourtant, nombreux sont ceux qui se<br />
refusent à voir dans les romans de Rabelais qu’une joyeuse<br />
ivresse carnavalesque, malentendu qui peine à se dissiper.<br />
De la genèse à la réception<br />
Pantagruel est publié pour la première fois en 1532 et<br />
remporte un vif succès. Pourtant Rabelais, moine et médecin,<br />
qui n’a pris la plume pour la première fois qu’à l’âge<br />
de quarante ou cinquante ans (sa date de naissance est<br />
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