BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Ce tableau se trouve au Staatliche Museum de Berlin.<br />
I. Description<br />
A. Une scène familière<br />
Scène fourmillante de personnages et d’animaux. Cadre<br />
campagnard réaliste. À gauche : une ferme, à droite, une<br />
chaumière et un four à pain, beaucoup d’animaux : porcs,<br />
cochons, volaille.<br />
Mais des incongruités : un balai en équilibre sur le toit de<br />
la maison ainsi que des galettes et des assiettes de bouillie ;<br />
un homme urine par la fenêtre de la maison, personnage à<br />
califourchon en haut d’une tour, deux hommes montrent<br />
leur derrière à la fenêtre, un autre jette une pièce d’or dans<br />
une rivière, un personnage se cogne la tête contre le mur,<br />
un renard est attablé en face d’une cigogne, un homme se<br />
confesse au diable, un œuf marche sur deux pattes, une<br />
femme étrangle un démon.<br />
Bilan : étrangeté. Impression de familiarité mais en fait<br />
monde de folie. Surnom du peintre : Pier den Fol, Pierre le<br />
drôle. Proche du monde de Rabelais, loufoque.<br />
B. Composition<br />
Composition asymétrique. Désordre : ni ordre, ni centre.<br />
Le monde envahit tout le tableau, peu d’espace libre. Idée<br />
d’un monde confus, brouillon. Très différent des peintures<br />
religieuses de l’époque.<br />
II. Interprétation<br />
A. Titre<br />
Proverbes. Nombreux proverbes sont illustrés :<br />
- enrager parce que le soleil se reflète dans l’eau (être<br />
envieux)<br />
- les ciseaux sont pendus dehors (coupeurs de bourse<br />
partout)<br />
- la cigogne reçoit le renard (fable d’Esope)<br />
- savoir prendre les poissons avec les mains (être<br />
habile)<br />
- se cogner la tête contre les murs<br />
- faire endosser le manteau bleu à son mari (le tromper)<br />
- la meilleure des femmes lia les diables au coussin<br />
(femme plus maligne que le diable).<br />
- donner des roses aux porcs (ne pas mériter les choses)<br />
Jeu verbal et pictural. Recherche du spectateur. Cf<br />
Rabelais, plaisir des mots.<br />
Leçon morale par l’aspect ludique : sens premier, sens<br />
figuré. Les travers humains sont illustrés. Aspect concret de<br />
l’argumentation.<br />
B. Second titre<br />
Le monde renversé. Pourquoi ? Folie, désordre. Monde<br />
cruel des humains. Monde des hommes apparaît comme<br />
insensé. Il faut au contraire aspirer à la sagesse. Vision pessimiste<br />
du monde : monde qui ne tourne pas rond.<br />
<strong>PaRCouRS</strong> 3<br />
Transposer un thème obsédant : les<br />
variations de Marguerite Duras<br />
Manuel de l’élève p. 339-347<br />
PROBLÉMATIQUE<br />
Ce parcours invite les élèves à explorer les formes de<br />
la réécriture interne, c’est-à-dire l’exploitation par l’auteur<br />
lui-même de ses premiers écrits constamment revus et corrigés<br />
dont se dégagent des motifs obsédants : on les trouve<br />
déjà chez Flaubert, dans l’œuvre de Chateaubriand, des<br />
Mémoires de ma vie aux Mémoires d’outre-tombe et dans<br />
ses différentes préfaces, chez Baudelaire réécrivant certaines<br />
pièces des Fleurs du Mal dans les poèmes en prose du<br />
Spleen de Paris. On pourra intéresser la classe à ce phénomène<br />
chez les contemporains à travers, par exemple, l’obsession<br />
des années d’occupation chez Modiano ou celle de<br />
la guerre chez Claude Simon.<br />
L’intérêt principal de ce parcours durassien réside<br />
dans l’adéquation entre le principe même de la réécriture<br />
et l’idiosyncrasie du style de Marguerite Duras, entièrement<br />
fondé sur la mélopée et le ressassement, en un mot<br />
la reprise.<br />
Le texte 1, Un barrage contre le Pacifique, est à considérer<br />
comme le texte « source » par rapport aux passages<br />
qui suivent ou du moins comme la première réécriture (fictionnelle<br />
et romanesque) du matériau autobiographique. Il<br />
conviendra de mettre en évidence les caractéristiques formelles<br />
de cette écriture : situation, personnages, point de<br />
vue, place du dialogue.<br />
Le texte 2, L’Éden Cinéma appelle une réflexion sur<br />
un changement de genre complexe : on passe au théâtre.<br />
Mais il ne s’agit pas d’une simple mise en dialogues du<br />
récit romanesque. Duras se propose de mettre en scène<br />
l’articulation du récit (le souvenir) et sa représentation<br />
dans une forme choisie expressément pour cela. Les voix<br />
sont devenues personnelles (celles de Suzanne et celle de<br />
Joseph) et opèrent une sélection (ellipse, focalisation…)<br />
dans la matière initiale, qui donne à entendre et à voir le<br />
travail de différentes mémoires d’un événement.<br />
Dans le texte 3, L’Amant, c’est sur la matière même du<br />
récit que s’effectue une réécriture en forme de correction :<br />
on mettra en évidence ce qui change par rapport à la scène<br />
décrite dans Un barrage : il y a maintenant deux frères,<br />
le récit est fait à la 1 re personne avec le recul du souvenir<br />
raconté. On peut voir finalement comment Duras joue précisément<br />
avec la distance de la réécriture, comment elle<br />
l’inscrit dans son texte (notamment par le jeu entre présent<br />
et passé).<br />
Avec le texte 4 L’Amant de la Chine du Nord, on<br />
aborde une forme singulière de réécriture à la fois romanesque<br />
et filmique (les dialogues très présents, et l’action<br />
décrite comme dans un scénario). Ce changement de genre<br />
se double d’un changement de point de vue très significatif<br />
: l’amant est un personnage noble et drôle, la mère n’est<br />
124 • Chapitre 6 - Du modèle aux réécritures, du xvii e siècle à nos jours