BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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Chapitre 3<br />
Écriture poétique et quête du sens<br />
PROBLÉMATIQUE D’ENSEMBLE<br />
Les trois parcours présentés dans ce chapitre se proposent<br />
de guider l’élève dans une démarche progressive<br />
qui, conformément à l’esprit du programme, approfondit<br />
le travail suggéré par le manuel : en seconde, ils ont appris<br />
à découvrir, au-delà de l’émotion suscitée par le jeu et la<br />
musique du poème, la singularité d’univers poétiques intégrés<br />
aux deux grands moments que furent le romantisme<br />
et le surréalisme. Les trois parcours proposés en première<br />
orientent la réflexion des élèves vers la notion de recherche.<br />
Ils sont centrés sur le rôle et la fonction du poète, qui<br />
en inventant son propre langage, réinvente le monde, en<br />
résonance avec les mouvements esthétiques de son temps,<br />
et, par son écriture, se trouve constamment en quête du<br />
sens : le parcours 1 explore d’abord le travail du poète qui<br />
répond à sa propre interrogation sur le monde dans des poèmes<br />
qu’on peut lire comme autant de déclinaisons d’un art<br />
poétique plus ou moins ambitieux. Le parcours 2 convie<br />
les élèves à une découverte chronologique de différentes<br />
écritures poétiques conditionnées par le recours à des formes<br />
fixes ou à des contraintes, en tant qu’elles produisent<br />
un sens qui leur est consubstantiel. Enfin, le choix de La<br />
Nuit remue (première partie) de Michaux invite les élèves<br />
à comprendre comment « le poète [se trouve] souvent aux<br />
avant-postes de la littérature et de la culture » (I0 du 21<br />
juillet 2010). Il leur permet de découvrir comment l’écriture<br />
poétique traduit la quête toujours recommencée, sous<br />
différents angles et avec des voix et des voies diverses,<br />
d’un sens qui se refuse.<br />
On pourra ainsi montrer comment, dans sa recherche,<br />
son exploration et sa détermination d’un sens, l’écriture<br />
poétique oscille constamment entre deux attitudes et se<br />
situe entre deux pôles : tantôt elle aspire à une ouverture<br />
vers l’être qu’elle n’atteint jamais, dans le cas d’Henri<br />
Michaux et de Philippe Jaccottet, en affrontant le risque<br />
du vide ; tantôt, face à cette épreuve du vide, la poésie se<br />
donne pour finalité elle-même. La forme devient sens et<br />
ouvre le sens dans le cas de Ronsard, de Raymond Queneau<br />
ou de Francis Ponge. Ces deux attitudes sont, en quelque<br />
sorte, combinées dans la quête des deux grands poètes<br />
de la modernité : Baudelaire et Rimbaud. Baudelaire hésite<br />
entre deux formes de tension : celle qui le pousse vers un<br />
« Idéal » proche du divin et celle qui situe l’Idéal dans le<br />
poème lui-même, qui se fixe dans l’éternité de sa forme<br />
pour pallier l’absence de sens. L’horizon de sa recherche<br />
est celui de Mallarmé, qu’on pourra aborder de façon<br />
complémentaire. Quant à Rimbaud, il adopte lui aussi une<br />
recherche double : sa poésie ouvre des possibles infinis,<br />
dans la mesure où son exploration est infinie, tandis que la<br />
forme du poème incarne finalement ce monde inlassablement<br />
rêvé.<br />
<strong>PaRCouRS</strong> 1<br />
Le travail du poète<br />
Manuel de l’élève pp. 141-147<br />
Problématique<br />
L’analyse successive des poèmes a pour but de montrer<br />
comment le travail sur la forme aboutit à la production<br />
du sens. On pourra opposer les trois textes écrits au XX e<br />
siècle aux premiers. Mais en réalité, c’est la radicalité du<br />
surréalisme, et sa volonté de laisser surgir une profusion<br />
d’images gratuites, indifférentes au sens, qu’ils rejettent.<br />
Les trois poètes estiment que le sens naît d’un travail sur<br />
la langue. Jaccottet suppose un sens qui nous échappe<br />
toujours, que la poésie tente de saisir par approximations,<br />
tentatives, efforts. Pour Ponge, il y a un « aller-retour du<br />
sens » entre le monde et le poème : le poème tente de dire<br />
le monde, mais la forme à laquelle il aboutit constitue un<br />
monde à part entière. Queneau ouvre les possibilités du<br />
langage qui crée le sens, il n’y a pas de sens préétabli, tout<br />
est jeu et construction de la langue.<br />
Dans le texte 1, « Art poétique » de Rimbaud, les associations<br />
produites par la langue grâce à la synesthésie, un<br />
principe de correspondance entre les sons et les couleurs,<br />
ouvrent dans la forme dense du sonnet – le dernier écrit<br />
par Rimbaud – où se multiplient les échos sonores, à une<br />
réalité autre.<br />
Dans le texte 3, Francis Ponge quête le sens à travers la<br />
précision extrême de la langue obtenue par un travail minutieux<br />
: il s’agit pour lui de produire un équivalent linguistique<br />
de la matérialité des objets. Par ce travail minutieux<br />
sur la langue, le dépassement du sens premier fait entrer le<br />
texte dans une dimension presque surnaturelle qui l’arrache<br />
à toute fonction descriptive et ornementale. Le poète<br />
démiurge prend appui sur l’humour et la distance critique<br />
pour atteindre le fantastique. Dans ce registre, « L’huître »<br />
apparaît comme la mise en abyme du travail du poète et<br />
s’apparente à un art poétique.<br />
Dans le texte 4, Philippe Jaccottet vit l’écriture poétique<br />
comme une expérience périlleuse, fondée sur la remémoration,<br />
pour donner forme à ce sur quoi on n’a pas prise.<br />
Parmi les tâtonnements et les silences de l’écriture, les hési-<br />
Chapitre 3 - Écriture poétique et quête du sens • 47