BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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couleur neutre sur la toile (tableau de droite) avant de peindre<br />
son sujet à proprement parler (tableau de gauche), il<br />
entrepose enfin sa toile avant l’exposition (tableau retourné<br />
au fond). Le diadème orné d’un œil que porte la jeune<br />
femme blonde en fait une allégorie de la peinture.<br />
Ainsi, l’autoportrait de Nicolas Poussin permet à l’artiste<br />
de faire une réflexion sur soi mais aussi sur son art.<br />
PARCOURS COMPLÉMENTAIRE<br />
• Ronsard, Les Amours (1555), « Vœu »<br />
• Du Bellay, Les Regrets (1558), « Las, où est maintenant<br />
ce mépris de Fortune ?»<br />
• La Fontaine, Les Fables, I, 1 (1668), « La Cigale et la<br />
fourmi »<br />
• Musset, Poésies nouvelles (1835-1841), « Nuit de mai »<br />
• Hugo, Les Châtiments (1853), « France, à l’heure où tu<br />
te prosternes »<br />
• Mallarmé, Poésies (1887), « Brise marine »<br />
Ce parcours complémentaire vise à proposer une vision<br />
diachronique du poète au travail et une réflexion sur la<br />
manière dont il envisage sa place dans le monde. Le poète<br />
se représente comme un être solitaire, qu’il choisisse la solitude<br />
ou qu’il soit exclu de la société, qu’il se sente inadapté<br />
à la vie sociale ou supérieur aux autres hommes. L’écriture<br />
est souvent associée à une forme de souffrance, liée à la<br />
peur de la perte de l’inspiration, instable, fuyante, éphémère.<br />
Deux traditions s’opposent quant à l’inspiration : elle<br />
apparaît tantôt comme un don divin, tantôt comme le fruit<br />
d’un travail acharné. Le poète assigne des fonctions variées<br />
à la poésie : politique, prophétique, esthétique surtout.<br />
<strong>PaRCouRS</strong> 2<br />
Forme, contrainte et invention<br />
Manuel de l’élève pp. 151-161<br />
PROBLÉMATIQUE<br />
Alors que le premier parcours est tourné du côté du<br />
poète et de ses choix, cette nouvelle approche explore la<br />
façon dont le créateur se saisit des formes héritées et des<br />
contraintes qu’elles supposent pour les intégrer à sa propre<br />
quête du sens dans un discours poétique dont la signification<br />
est alternativement amplifiée, déplacée, nuancée ou<br />
corrigée par les choix formels.<br />
Dans le texte 1, « La ballade des pendus », il conviendra<br />
d’attirer l’attention des élèves sur le rapport paradoxalement<br />
fécond entre une forme extrêmement codifiée et<br />
l’expression d’une forte subjectivité qui donne au lyrisme<br />
– qui désigne alors seulement l’accompagnement musical<br />
– un accent personnel. Ainsi le refrain en forme de prière<br />
qui fait pourtant partie des contraintes d’un genre populaire<br />
apparemment superficiel ou convenu, se charge-t-il d’une<br />
signification particulière : son retour obsédant au vocatif,<br />
l’adresse formulée à un « frère « chrétien » à une époque<br />
où la foi ne se discute pas, crée un pathétique qui contraste<br />
avec le naturalisme lié à la description du supplice et de<br />
ses effets. Villon y ajoute des éléments fantasmatiques qui<br />
lui sont propres et dont la morbidité tient sans doute à sa<br />
connaissance – que nous ne pouvons partager – de la ville<br />
médiévale et des bas-fonds de la société. On pourra confronter<br />
l’aisance avec laquelle le poète se joue de l’exercice<br />
littéraire avec la tradition véhiculée par Marot, admirateur<br />
de Villon, sur les conditions tragiques d’écriture du poème.<br />
Cette « épitaphe » est un premier exemple de détournement<br />
des formes héritées puisque Villon associe deux regitres<br />
apparemment antinomiques.<br />
Dans le texte 2, Ronsard, « Je vous envoie un bouquet »,<br />
on se trouve à la frontière entre la poésie de commande et<br />
le lyrisme personnel. Ce sera l’occasion d’un travail d’histoire<br />
littéraire qui mettra en évidence la fécondité de la<br />
contrainte qu’elle soit liée au goût du temps, ici la mode<br />
du sonnet, mis à la mode par Pétrarque, à la volonté du<br />
commanditaire, ou à un credo esthétique : dans le cas de<br />
Ronsard, les trois éléments sont présents. Ce texte permet<br />
de travailler sur la forme du sonnet régulier, en particulier<br />
l’opposition entre les deux quatrains et les deux tercets, et<br />
la singularité du dernier vers qui vient souvent donner au<br />
poème un sens en forme de chute, et d’un type de lyrisme<br />
totalement formalisé autour de thèmes récurrents comme<br />
le carpe diem, la déploration de la fuite du temps, le discours<br />
galant, l’image de la fleur renvoyant à la caducité de<br />
la beauté. On pourra comparer ce poème avec « Mignonne,<br />
allons voir… ». De cette omniprésence de la forme, on<br />
pourra dégager l’impression paradoxale de vérité propre à<br />
ce sonnet et la relier à une réflexion sur la poésie comme<br />
expression de l’universel. Il conviendra aussi d’insister sur<br />
la dimension argumentative du texte en soulignant l’importance<br />
du système d’énonciation, et sur celle du dernier vers<br />
qui donne son sens à l’ensemble du texte.<br />
Le texte 3, Verlaine, « Monsieur Prud’homme », donne<br />
un bon exemple de la manière dont la fortune des formes<br />
régulières comme le sonnet a été assurée par toute une série<br />
de détournements et de réécritures qui sur le mode parodique,<br />
dès le xvii e siècle, dans le registre de la satire ou<br />
sous l’angle de l’art poétique (voir dans le parcours 1, Le<br />
Chien à la mandoline, de Queneau). On travaillera sur le<br />
lien entre la solennité de la forme et la gravité ridicule du<br />
personnage, la critique du conformisme bourgeois (qu’on<br />
trouve chez Flaubert dans le roman) à travers la forme<br />
« noble » d’un sonnet en alexandrins, qui se trouve ici en<br />
écart par rapport à la norme : rimes provoquant des effets<br />
comiques, oppositions burlesques entre noblesse du rythme<br />
et prosaïsme, nombre important de diérèses destinées à<br />
ridiculiser le sérieux et la gravité du personnage… Ici la<br />
poésie se met au service d’une argumentation.<br />
L’étude du texte 4, Baudelaire, « Harmonie du soir »<br />
devrait permettre de tordre le cou à quelques idées reçues<br />
Chapitre 3 - Écriture poétique et quête du sens • 55