BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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construction poétique et mentale qui met à jour des forces<br />
profondes (un « théâtre de l’âme », selon Maeterlinck).<br />
Le texte 3, « la célébration distanciée de l’illusion théâtrale<br />
», constitue après celui de Hugo un deuxième exemple<br />
de texte « théorique », un nouvel extrait de « préface », destiné<br />
au lecteur/spectateur mais aussi à l’éventuel metteur en<br />
scène de la pièce. Il met en place un avant-spectacle : l’entrée<br />
de l’Annoncier, qui rappelle le prologue shakespearien,<br />
sur le proscenium (c’est-à-dire en dehors de l’aire de<br />
jeu proprement dite, aire de l’illusion). On en profitera pour<br />
parler de la notion de « quatrième mur », celui qui se dresse<br />
entre les spectateurs et le spectacle, en montrant comment<br />
il peut être rompu. On repèrera dans ce texte le rapport particulier<br />
que la scène entend entretenir avec l’illusion et avec<br />
la représentation. Ce sera l’occasion de montrer comment<br />
deux dramaturges aussi différents que Claudel et Brecht,<br />
qui l’a théorisée, ont affirmé le choix très prégnant au XX e<br />
siècle et aujourd’hui de la distanciation. Les indications<br />
données par Claudel rappellent les effets de distanciation<br />
brechtiens.<br />
Polémique comme celui de Hugo, mais dans un tout<br />
autre registre, le texte 4, « le théâtre créateur de son propre<br />
monde », apparaît comme un « manifeste » dans lequel<br />
Artaud insiste sur la nature spécifique des outils propres au<br />
théâtre, qu’il distingue de la « littérature ». Il définit notamment<br />
la nature singulière du langage théâtral qui remet en<br />
question la place du texte écrit, la notion même d’écriture<br />
dramatique. Le théâtre retrouve un caractère sacré, en rapport<br />
avec des forces premières, insondables, inconscientes.<br />
Dans le texte 5, « théâtre de l’absurde et déconstruction<br />
des codes », l’analyse s’attachera à montrer de quelle<br />
façon les « ficelles » dramatiques traditionnelles – liées ici<br />
à la notion d’exposition – sont reprises et parodiées pour<br />
mettre en évidence l’artificialité de l’écriture théâtrale et<br />
s’en moquer. On pourra renvoyer à la didascalie initiale<br />
de La Puce à l’oreille (1907) de Georges Feydeau comme<br />
modèle de cette parodie.<br />
Le texte 6, « La réinvention de l’illusion théâtrale »,<br />
permet d’aborder la complexité de la dramaturgie : l’espace,<br />
la co-présence de la mort et de la vie, le rapport au<br />
surnaturel, la combinaison de la tragédie incarnée par le<br />
personnage de Kadidja qui en appelle aux forces du mal et<br />
du prosaïsme historique et politique représenté par les actes<br />
de vengeance des Arabes contre les Blancs. On insistera<br />
notamment sur le rôle joué par les paravents et ce qu’ils<br />
permettent de représenter. Genet invente une façon proprement<br />
théâtrale de représenter des événements réels en<br />
opérant un déplacement métaphorique et symbolique de la<br />
violence.<br />
Le texte 7, « Le théâtre, lieu d’expérimentation », est<br />
révélateur de l’interaction entre le renouvellement de l’écriture<br />
dramatique et l’influence de mises en scène indifférentes<br />
à la notion d’illusion théâtrale. On insistera ainsi sur le<br />
dispositif narratif mis en place : présence-absence de la mère<br />
proche d’une figure, d’une image issue du souvenir, récit en<br />
distance par ses deux enfants de leur histoire commune…<br />
À l’intérieur d’un tel dispositif, on verra comment la langue<br />
(poétique, elliptique) occupe une place particulière en<br />
remettant en question la notion de dialogue – ce qui est une<br />
grande caractéristique de l’écriture théâtrale au XX e siècle<br />
(faire échapper le langage dramatique au seul dialogue).<br />
L’arrêt sur image : Bob Wilson et Les Fables de La<br />
Fontaine, vise à montrer la précision de l’image scénique<br />
construite par Bob Wilson pour insister sur son caractère<br />
onirique et surnaturel (ou surréel). Puis on mettra l’image<br />
en rapport avec les textes d’Antonin Artaud et ce qu’ils<br />
disent du langage scénique.<br />
Texte 1 (manuel de l’élève p. 76)<br />
La révolte romantique contre les règles<br />
Victor Hugo, Préface de Cromwell, 1827<br />
Éléments pour une analyse informelle du texte<br />
Ce texte militant dont le ton est celui du pamphlet invite<br />
les élèves à revenir sur les acquis de seconde concernant la<br />
dramaturgie classique mais en les examinant sous l’angle<br />
critique. On relèvera les formules employées par Hugo qui<br />
renvoient directement aux règles classiques (exemple : les<br />
« fils d’araignée » des « milices de Lilliput »), pour montrer<br />
comment le drame romantique se construit contre l’esthétique<br />
classique et revendique une volonté de « tout représenter<br />
», de représenter la vie dans tous ses aspects, d’où le<br />
mélange des genres, grotesque et sublime. Alors que l’esthétique<br />
classique régulait ce qui pouvait être représenté,<br />
l’esthétique romantique réclame une liberté absolue.<br />
Pour une étude analytique, on pourra construire le commentaire<br />
en deux temps, en tentant de toujours garder en<br />
tête le caractère polémique du texte (qui constitue sa tonalité<br />
ou son registre principal et doit être pris en compte sur<br />
l’ensemble du commentaire d’un point de vue stylistique) :<br />
- l’attaque polémique contre le classicisme : a. La fin<br />
des règles « conventionnelles » / b. le théâtre classique ou<br />
le règne de l’abstraction ;<br />
- la revendication d’un retour au réel comme fondement<br />
du drame romantique : a. tout ce qui est dans la nature est<br />
dans l’art / b. le mélange des genres : le terrible et le bouffon,<br />
le sublime et le grotesque.<br />
En face d’un théâtre classique dans lequel l’illusion du<br />
réel repose, selon son jeune pourfendeur, sur un code « laborieusement<br />
» (ligne 8) constitué à la suite de querelles de<br />
chapelles – des « labyrinthes scolastiques et de « problèmes<br />
mesquins » (lignes 8-9), Hugo construit l’image idéale d’un<br />
réel romantique qui au lieu « d’enchaîner » (ligne 12) la vie<br />
et ses drames, restitue la double dimension de l’homme, « la<br />
bête humaine » et « son âme » (ligne 21) à travers « l’ harmonie<br />
des contraires », l’alliance du sublime et du grotesque.<br />
Texte 2 (manuel de l’élève p. 77)<br />
L’effacement symboliste de l’illusion réaliste<br />
Maurice Maeterlinck, La Mort de Tintagiles, 1894<br />
Éléments pour une analyse informelle du texte<br />
Dans ce texte, il s’agit de mettre en évidence le caractère<br />
« symboliste » de l’action et du dialogue pour voir<br />
24 • Chapitre 2 - Le théâtre : texte et représentation