BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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écrivains et intellectuels leur hypocrisie et leurs contradictions.<br />
En effet, ils mettent à mort Dieu, clament les vertus<br />
de la liberté absolue, mais s’avèrent incapables de l’assumer<br />
: ils ont immédiatement besoin de constituer d’autres<br />
systèmes pour être rassurés. Les procédés de la dénonciation<br />
sont l’usage de l’ironie, l’interpellation directe du destinataire<br />
pour le réveiller et l’inviter à penser, la simplicité<br />
voire la familiarité du ton.<br />
b. La mort de Dieu effraie l’homme qui se sent obligé<br />
de construire d’autres systèmes de pensée pour compenser<br />
et réparer son absence.<br />
Vers la problématique<br />
Bien que l’on ne cesse d’affirmer au XX e siècle que<br />
« Dieu est mort » selon la formule nietzschéenne, on<br />
continue à le définir par rapport à la représentation et à<br />
l’existence de Dieu. Comme s’il était impossible de situer<br />
l’homme dans l’univers en dehors de ce repère. Quand la<br />
transcendance est postulée comme existante, Dieu est cet<br />
être tout puissant auquel l’être humain doit se mesurer pour<br />
sentir son infinie petitesse (textes 1 et 2). Chez Voltaire,<br />
Dieu est le garant du devoir de fraternité et de solidarité<br />
entre les hommes. Il est donc l’Être qui permet à l’homme<br />
de se transcender, de s’exhausser. En revanche, quand la<br />
transcendance est niée, l’homme n’est plus que bassesse<br />
et médiocrité (textes 4 et 5). Dans le texte de Léon Bloy,<br />
l’homme est devenu la pâle image du prophète et ne pense<br />
que par clichés et stéréotypes. Pour Camus, la mort de<br />
Dieu a engendré une liberté dont l’homme ne sait que faire.<br />
Même absent, Dieu est là par le vide qu’il a laissé et que<br />
l’homme est incapable de combler.<br />
3. Synthèse<br />
La littérature aborde la question de l’homme à travers<br />
ses croyances car jusqu’à la laïcisation de la société<br />
l’homme pense et se pense dans un monde habité par Dieu.<br />
Le substrat théologique permet donc de situer et de définir<br />
l’homme. Quand « Dieu est mort », la question du vide<br />
idéologique est posée puisque l’homme peine à le combler<br />
et à assumer ses responsabilités au sein d’un monde déserté<br />
par la transcendance. Pleinement responsable, il est effrayé<br />
par cette écrasante liberté.<br />
BILan <strong>DE</strong> paRCouRS 3<br />
Manuel de l’élève pp. 240-241<br />
1. Lexique<br />
Vivre l’antisémitisme<br />
Le tableau permet d’établir le lien entre la violence verbale<br />
et la description caricaturale de l’autre propres à l’’antisémitisme<br />
et la souffrance des victimes. Il permet donc de<br />
mettre en évidence la dimension quotidienne et malheureusement<br />
banale.<br />
Une métaphore filée : c’est la métaphore du mensonge<br />
symbolisée par la figure de l’aryen tout-puissant telle que<br />
la propagande nazie l’a répandue qui se déploie derrière la<br />
représentation du « blond camelot » (texte 2, ligne 1) : sa<br />
parole pateline et son sourire « carnassier » recouvrent la<br />
cruauté d’un « bourreau » fort de sa blondeur et de sa toutepuissance<br />
qui assassine joyeusement l’identité d’un enfant.<br />
Le métier de « camelot » qui consiste à « vendre » par la<br />
persuasion une marchandise de mauvaise qualité devient la<br />
métaphore parfaite de l’hypocrisie en forme de « rictus »<br />
des antisémites qui sont interpellés de façon récurrente et<br />
qualifiés à plusieurs reprises d’ « âmes tendres » à l’instar<br />
du bourreau nazi, bon père de famille qui caresse tendrement<br />
son chat pendant le supplice de ses victimes (texte<br />
1, ligne 30 ; texte 6, ligne 31 ; texte 7, ligne 25). Mais<br />
dès le texte 3, s’esquisse la définition du camelot (ligne 3)<br />
comme un « frère et un jumeau » et la métaphore du mensonge<br />
disparaît dans le dernier extrait qui accorde le pardon<br />
à ces « frères humains, futurs agonisants ».<br />
Le mécanisme du souvenir<br />
L’auteur évoque au départ un « souvenir d’enfance »,<br />
motif anodin et convenu qui renvoie à un topos de la littérature<br />
autobiographique, puis il mentionne un « souvenir<br />
d’enfance juive », ce qui lui permet de distinguer son<br />
propos des lieux communs de l’enfance. L’auteur justifie<br />
son récit au fil du texte : dans la première page, il suggère<br />
qu’écrire est une forme de « consolation », que l’écriture<br />
permettra également de fixer le souvenir, de l’empêcher de<br />
sombrer dans l’oubli (« mémorial ») ; plus loin, il fait de ce<br />
récit une réponse à une promesse d’enfance (« C’est pour<br />
tenir ma promesse à l’enfant de dix ans que morosement<br />
j’écris ces pages sans espoir », texte 5) ; enfin, on peut penser<br />
que c’est aussi pour persuader le lecteur et se persuader<br />
de la nécessité du pardon (texte 8). Dans tout le texte, présent<br />
d’énonciation et passé se mêlent car l’argumentation<br />
se nourrit du récit<br />
Vers la problématique<br />
L’écriture permet à Albert Cohen de revivre un épisode<br />
traumatisant de son enfance : à dix ans, il a été insulté par<br />
un camelot dans la rue, qui l’a traité de « youpin » et lui a<br />
lancé une série de lieux communs sur les juifs. Il cherche à<br />
revivre l’événement au plus près en employant par exemple<br />
le discours direct. Mais il n’en reste pas là. Il cherche<br />
également à analyser l’événement, à dépasser la dimension<br />
individuelle pour lui donner une dimension universelle. En<br />
effet pour lui, le pardon n’est possible que si l’on prend<br />
conscience du dénominateur commun entre tous les hommes<br />
: la mort.<br />
2. Lecture<br />
• Texte 1. Voir lecture analytique, p. 89.<br />
• Texte 2. L’emploi du discours direct donne l’impression<br />
au lecteur d’être lui-même confronté à un acte d’antisémitisme.<br />
Ce discours véhicule un certain nombre de<br />
clichés en particulier celui selon lequel les juifs, avares<br />
et riches, dirigent les finances du monde – et sont<br />
donc responsables des difficultés financières de tous.<br />
Cette confrontation directe du lecteur à l’antisémitisme<br />
oblige le lecteur à formuler lui-même une condamna-<br />
Chapitre 4 - La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du xvi e siècle à nos jours • 95