BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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- Première conséquence : pas de possibilité d’étendre<br />
ce concept à un plus grand nombre, donc l’utopie rabelaisienne<br />
ne remet pas en cause le principe fondamentalement<br />
inégalitaire de la société du XVI e siècle.<br />
- Deuxième conséquence : un certain pessimisme de la<br />
part de Rabelais : rares sont les hommes vertueux.<br />
B. La place des femmes<br />
a. La présence des femmes dans l’abbaye. Elle est<br />
remarquable car :<br />
- il n’y a pas mixité dans les abbayes (Rabelais conçoit<br />
une anti-abbaye).<br />
- il n’y a quasiment pas de femmes dans les romans de<br />
Rabelais.<br />
b. L’inégalité homme / femme. Pourtant, malgré le<br />
parallélisme de construction de l’avant-dernier paragraphe,<br />
les hommes et les femmes ne pratiquent pas les mêmes activités.<br />
Les hommes peuvent se défendre, être utiles, les femmes<br />
ne font que des activités d’agrément (champ lexical de<br />
la beauté : « si fraîches, si jolies »). Les femmes doivent<br />
être belles et faire des activités agréables (chanter, broder).<br />
Pas de remise en cause de l’amour courtois et de la vision<br />
de la femme comme bel objet (qui finit par se réaliser dans<br />
le mariage « il emmenait avec lui une des dames »).<br />
Prolongement iconographique<br />
Raphaël, L’École d’Athènes, fresque de la chambre<br />
de la Signature (Vatican), 1509-1510<br />
Raffaello Sanzio (1483-1520) est chargé par le pape<br />
Jules II de la peinture des fresques de ses appartements au<br />
Vatican. Il réalise cette vaste fresque de 7, 70 m sur 4, 40<br />
dans la Chambre de la signature en 1509-1510.<br />
mis en évidence par leur position centrale, de part et d’autre<br />
du point de fuite. Il s’agit de Platon, qui a ici les traits de<br />
Léonard de Vinci, et qui pointe son doigt vers le ciel, et<br />
d’Aristote, qui pointe son doigt vers la terre. D’autres philosophes<br />
antiques prennent les traits d’artistes de la Renaissance<br />
: Héraclite a ainsi le visage de Michel Ange. Raphaël<br />
rend ainsi hommage à son rival en train de peindre le plafond<br />
de la chapelle Sixtine ! On reconnaît les philosophes<br />
à leurs activités : Euclide dessine des figures géométriques<br />
entouré de ses élèves, Diogène, philosophe cynique, est<br />
avachi sur les marches, Pythagore écrit ses théorèmes….<br />
II. Interprétation<br />
A. L’admiration de la Renaissance pour l’Antiquité<br />
Certains éléments évoquent l’Antiquité, tant dans le<br />
décor (frise grecque sur la voûte, statues de dieux grecs),<br />
les costumes (toges des personnages), que le choix des personnages<br />
représentés (philosophes antiques). D’autres éléments,<br />
en revanche, font clairement référence à la Renaissance<br />
(la perspective, le sol, le visage attribué à certains<br />
philosophes…). En effet, la Renaissance est l’époque de<br />
la restauration des « bonnes lettres » de l’Antiquité grecque<br />
et latine. Après la chute de Constantinople en 1453,<br />
l’Italie accueille des savants qui apportent avec eux des<br />
ouvrages antiques, que l’on découvre dans leur version<br />
originale (« Même les textes grecs se répandent en force,<br />
grâce à l’œuvre des imprimeurs, et aussi à l’application de<br />
certains hommes savants qui font la chasse à toute espèce<br />
de livres », Guillaume Budé, L’Étude des lettres, 1532).<br />
B. Un savoir encyclopédique<br />
De même que Rabelais prône un enseignement varié,<br />
Raphaël représente sur sa fresque de très nombreuses disciplines,<br />
parmi lesquelles des sciences (géométrie, astronomie)<br />
et de la philosophie. En effet, on appréhende la culture<br />
antique comme un tout, considérant avec autant d’intérêt<br />
et de curiosité les ouvrages de médecine, d’astronomie, de<br />
poésie, d’architecture, de mathématiques, de philosophie…<br />
Il s’agit donc d’accumuler des savoirs dans un esprit encyclopédique<br />
mais cela implique un esprit critique averti.<br />
Raphaël suggère l’importance du dialogue pour le savant<br />
(groupes de philosophes et de scientifiques qui échangent<br />
leurs connaissances de manière harmonieuse).<br />
C. La dimension spirituelle<br />
La religion à proprement parler est absente du tableau<br />
mais la dimension spirituelle n’en est pas absente. Platon,<br />
au centre, invite le lecteur à lever les yeux vers le ciel.<br />
Indications bibliographiques<br />
I. Description<br />
A. Le décor<br />
On remarque d’une part le rôle de la perspective qui<br />
donne une impression d’espace, grâce aux enfilades de pièces<br />
et à l’ouverture sur le ciel à l’arrière-plan, et d’autre part<br />
l’importance des lignes verticales qui organisent l’œuvre.<br />
B. Les personnages<br />
Les personnages sont nombreux. Deux d’entre eux sont<br />
Ouvrages critiques<br />
• Mikhaïl Bakhtine, L’Œuvre de François Rabelais et la<br />
culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Gallimard,<br />
« Tel », 1970<br />
• Claude-Gilbert Dubois, L’Imaginaire de la Renaissance,<br />
PUF, 1985<br />
• Arlette Jouanna, La France du XVI e siècle, PUF, 1996<br />
• Madeleine Lazard, Rabelais l’humaniste, Hachette, 1993<br />
• Daniel Ménager, Rabelais, Bordas, En toutes lettres, 1989<br />
102 • Chapitre 5 - Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme