BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal
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démesurément agrandies, mannequins ou acteurs. Artaud<br />
eût aimé cette utilisation, dans Death, Destruction and<br />
Detroit, d’une ampoule électrique de trois mètres de diamètre…<br />
»<br />
Jean-Jacques Roubine, Introduction aux grandes<br />
théories du théâtre, Dunod, p.153<br />
Dans les spectacles de François Tanguy et du Théâtre<br />
du Radeau, le texte apparaît comme un matériau poétique,<br />
souvent à peine audible, emprunté aussi bien à la poésie<br />
qu’au théâtre ou au roman. Ces textes existent à égalité<br />
avec les autres éléments du spectacle, la musique en particulier,<br />
avec laquelle il joue sur divers modes, parfois<br />
portés, parfois submergés par elle (Orphéon, 1997, Les<br />
Cantates, 2001, Coda, 2005). Nous renvoyons pour la description<br />
et l’analyse de ces spectacles aux pages 894 à 903<br />
de Qu’est-ce que le théâtre ? et à l’ouvrage de Bruno Taeckels,<br />
François Tanguy et le Théâtre du Radeau. Écrivains<br />
de Plateau 2, Les Solitaires Intempestifs, 2005.<br />
À voir :<br />
- le site de la compagnie : http://www.lafonderie.fr<br />
- le nouveau spectacle : Onzième, créé dans le cadre du<br />
Festival d’automne, au théâtre de Gennevilliers en novembre<br />
2011.<br />
Texte 5 (manuel de l’élève p. 81)<br />
Théâtre de l’absurde et déconstruction des codes<br />
Eugène Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950<br />
Éléments pour la lecture du texte<br />
La lecture et l’analyse de ce texte nécessitent de revenir<br />
sur la question dramaturgique de l’exposition. Dans cette<br />
scène d’ouverture, Mme Smith donne des informations sans<br />
utilité dramatique, des informations qui ne construisent ni<br />
action, ni histoire, ni situation : elles imitent grossièrement<br />
le principe de l’exposition mais vidé de son sens. L’effet<br />
d’artificialité est encore augmenté par la manière factice<br />
dont elle s’adresse à son mari. Tous les signes du vraisemblable<br />
nous sont donnés mais ils sont vides : le dramaturge<br />
pousse l’artifice jusqu’à l’extrême pour en montrer la possible<br />
absurdité, image de l’absurdité du monde.<br />
Proposition de plan pour une lecture analytique :<br />
1. Une ouverture en forme de parodie de comédie<br />
bourgeoise<br />
a. Un espace de comédie bourgeoise<br />
b. Des personnages de comédie bourgeoise<br />
c. Les indices de la visée parodique<br />
2. Une ouverture en forme de parodie de l’exposition<br />
a. Une exposition en forme de présentation : l’illusion<br />
mimétique en question<br />
b. L’artificialité dénoncée<br />
c. L’absence d’intérêt dramatique ou la banalité sur<br />
scène<br />
3. Une parodie qui invite à une théâtralité fondée sur<br />
le jeu<br />
a. La jubilation de l’ennui<br />
b. La présence de M. Smith<br />
c. Une parole musicale<br />
Travail complémentaire : du principe de l’exposition à<br />
sa mise en question<br />
On pourra à l’occasion de l’étude de ce texte choisir un<br />
texte d’exposition classique (Molière ou Feydeau) pour le<br />
confronter à des écritures qui jouent avec cet élément dramaturgique<br />
ou le renouvellent :<br />
- le début d’Ubu roi (1896) d’Alfred Jarry<br />
- le début de La Bonne Âme de Setchouan (1939-1940)<br />
de Bertolt Brecht<br />
- le début d’Antigone (1944) de Jean Anouilh<br />
- le début de Oh les beaux jours (1963) de Beckett<br />
- le début de Pour un oui ou pour un non (1982) de<br />
Nathalie Sarraute.<br />
On pourra montrer comment le principe de l’exposition<br />
repose sur le redoublement de la notion d’exposition dramatique<br />
par celle d’exposition scénique : lorsqu’on assiste à une<br />
représentation et que la pièce commence, la scène propose<br />
au spectateur un ensemble de signes non textuels qui ont eux<br />
aussi une fonction d’exposition, qui informent et renseignent<br />
(scénographie, lumière, costumes, comédiens, musique…).<br />
Ces éléments scéniques mettent d’emblée en évidence un<br />
choix interprétatif et esthétique : le spectateur repère des<br />
signes qui construisent son horizon d’attente et sa perception<br />
du spectacle (et qui peuvent tout aussi bien s’accorder ou<br />
s’opposer aux indications fournies par le texte).<br />
Le site du théâtre de l’Athénée propose, dans un dossier<br />
de presse à télécharger en ligne, un entretien du metteur en<br />
scène Jean-Luc Lagarce avec le critique Jean-Pierre Han à<br />
propos de sa mise en scène de La Cantatrice chauve :<br />
http://www.athenee-theatre.com/athenee/fiche_saison.<br />
cfm/76620_saison_athenee_2009-2010.html<br />
Ce texte peut permettre d’aborder la question de l’exposition<br />
scénique pour montrer comment la mise en scène<br />
joue avec les éléments de l’exposition fournis par le texte.<br />
Texte 6 (manuel de l’élève p. 82)<br />
La réinvention de l’illusion théâtrale<br />
Jean Genet, Les Paravents, 1961<br />
Éléments pour la lecture de la scène<br />
L’analyse de cet extrait mettra avant tout en évidence les<br />
effets de collage et de formalisation proposés par Genet :<br />
mélange de tragique et de prosaïque, coprésence de la mort<br />
et de la vie, stylisation des gestes, de la diction, du rythme,<br />
« représentation » non réaliste des gestes de violence via le<br />
recours au dessin sur les paravents…<br />
Le dramaturge propose de cette façon une reconstruction<br />
poétique du matériel historique et redonne au théâtre sa fonction<br />
sacrée en en faisant le lieu de la magie et du rituel (héritage<br />
de la réflexion d’Artaud). L’artifice, montré et utilisé,<br />
28 • Chapitre 2 - Le théâtre : texte et représentation