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BILaN DE PaRCouRS 1 - Editions Bréal

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Agrippa d’Aubigné souligne la culpabilité du « fils<br />

aîné », qui représente la religion catholique (le parti protestant<br />

ne s’est affirmé que beaucoup plus tard). Le fils cadet<br />

est contraint à la lutte. Présentation partisane des guerres<br />

de religion.<br />

b. La victoire annoncée du parti protestant. Les deux<br />

frères sont comparés respectivement à Esaü et à Jacob.<br />

Dans le récit de la Genèse, c’est finalement Jacob, l’élu de<br />

Dieu, qui l’emporte : il achète à Esaü son droit d’aînesse ;<br />

grâce à sa mère, il est béni par son père à la place de son<br />

frère ; il est d’abord obligé de fuir mais il est finalement<br />

pardonné par Esaü. Cette comparaison suggèrerait la victoire<br />

ultime du peuple protestant.<br />

c. La dimension épique. Le poème est ainsi traversé par<br />

un souffle épique : champ lexical du combat ; grandissement<br />

des forces en présence (pluriels : « de coups / D’ongles,<br />

de poings, de pieds » ; hyperboles : « fait si furieux »).<br />

Il pourrait laisser espérer la victoire des protestants dans un<br />

ultime retournement de situation.<br />

B. La dimension tragique de l’allégorie<br />

Toutefois, la dimension tragique domine qui remet<br />

en cause le souffle épique. Il ne s’agit pas seulement de<br />

condamner les adversaires mais aussi de dénoncer les horreurs<br />

des guerres de religion.<br />

a. La malédiction finale. Elle s’adresse aux deux partis<br />

(« félons », « sanglante géniture », « votre »), également<br />

condamnés. Pas de futur, mort à l’horizon.<br />

b. Une vision tragique. C’est donc le registre tragique<br />

qui domine :<br />

- situation malheureuse : une mère déchirée par ses<br />

enfants<br />

- champ lexical de la douleur : v. 15-16<br />

- références à Dieu dans l’utilisation de la comparaison<br />

biblique<br />

La France représentée ici s’apparente aux héroïnes des<br />

tragédies antiques qui s’affligent sur les champs de bataille<br />

(cf. Sénèque, Les Troyennes).<br />

Texte 5 (manuel de l’élève p. 292)<br />

Le pouvoir relatif des lois<br />

Montaigne, Essais (1580-1588), II, XII<br />

Le passage dans l’économie générale de l’œuvre<br />

Le texte proposé est un extrait du très long chapitre<br />

XII du livre II, « Apologie de Raimond Sebond », dédié à<br />

une femme anonyme, sans doute Marguerite de Navarre.<br />

Ce chapitre, par sa longueur, déséquilibrait nettement<br />

l’ouvrage dans sa version de 1580. En revanche, l’adjonction<br />

d’un troisième livre en 1588 en fait le centre des Essais<br />

tant par sa position que par sa thématique. Il fait l’objet de<br />

constants remaniements au fil des diverses éditions.<br />

Contexte esthétique et culturel<br />

Voir focus sur Les Essais p. 104.<br />

Raimond Sebond (Raymond Sebon) est un théologien<br />

catalan, que Montaigne a traduit avant de commencer<br />

la rédaction des Essais. Cette « Apologie » se présente<br />

comme une réponse à deux accusations portées contre<br />

Raimond Sebond : la première contre son projet même<br />

d’établir une théologie rationaliste, la seconde contre sa<br />

réalisation (les arguments du théologien sont jugés faibles<br />

et maladroits). Montaigne répond à la première accusation<br />

qu’on ne peut démontrer l’existence de Dieu, que le<br />

mystère de la foi est certes impénétrable par la raison,<br />

mais que les efforts pour percer ce mystère ne sont pas<br />

condamnables. Pour répondre à la seconde accusation,<br />

il s’attaque à la raison humaine, démontrant systématiquement<br />

sa faiblesse. On voit combien cette « Apologie »<br />

est donc paradoxale… Montaigne développe donc ici son<br />

scepticisme, scepticisme radical mais qui ne s’exerce que<br />

sur la raison humaine : la vérité révélée et la parole de<br />

Dieu ne sont pas mises en doute.<br />

Caractérisation du passage<br />

Il convient de rappeler que le découpage en paragraphes<br />

n’est pas le fait de Montaigne. Le chapitre ne se compose<br />

que d’un seul grand bloc, que les éditeurs et les traducteurs<br />

ont aéré pour en faciliter la lecture.<br />

Plan de lecture analytique<br />

I. La relativité des lois<br />

A. La justice des États<br />

Les lois d’un pays, qui sont censées définir la « justice<br />

», « vertu[…] » et la « vérité », sont variables.<br />

a. Elles varient avec le temps. Opposition entre le passé<br />

et le futur (imparfait « voyais » vs futur simple « sera » ;<br />

« hier » vs « demain »).<br />

b. Elles varient en fonction des pays. Deux images :<br />

« au-delà d’une rivière », « que ces montagnes bornent »<br />

(deux images que reprendra Pascal dans ses Pensées).<br />

c. Elles ne représentent en réalité aucune valeur mais<br />

seulement les humeurs « d’un peuple ou d’un prince ».<br />

Hyperboles qui soulignent la versatilité de ces derniers et<br />

par conséquent l’instabilité des lois : « autant de couleurs »,<br />

« autant de visages ».<br />

B. Les lois « naturelles »<br />

a. L’hypothèse des « philosophes ». Les « philosophes »<br />

émettent l’idée qu’il y aurait des lois naturelles, universelles.<br />

Leur hypothèse est développée par un rythme ternaire<br />

« solides, éternelles et immuables » qui pourrait exprimer<br />

le sérieux de cette position et qui en réalité trahit l’ironie<br />

de Montaigne.<br />

b. Un leurre. Mais cette hypothèse se révèle fausse :<br />

- première preuve : les philosophes ne peuvent s’entendre<br />

entre eux pour définir ces lois naturelles (« tel fixe le<br />

nombre à trois, tel à quatre, tel à moins »).<br />

- deuxième preuve : il n’existe aucune loi sur laquelle<br />

tous les hommes s’entendent, or une loi naturelle devrait<br />

susciter l’adhésion unanime de tous (« universalité de l’assentiment<br />

», « commun accord »). Montaigne insiste sur<br />

cette réfutation par le rythme binaire (« contredite et désavouée<br />

», « non seulement par un peuple, mais par beaucoup<br />

», « non seulement tout un peuple, mais tout homme<br />

particulier », « la contrainte et la violence »).<br />

Chapitre 5 - Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme • 109

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