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Cinéma du réel 2011

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Freddy BuacheAncien conservateur de la Cinémathèque suisseLes Trouble-fêteAu moment où vient de paraître un livre : Elisée Reclus, géographe, anarchiste,écologiste (Ed. Robert Laffont, 2010), un projet <strong>du</strong> cinéaste suisse¹Michel Soutter qui ne parvint pas à se réaliser, revient à la mémoire.Après avoir signé Repérages (1977, évocation lointaine de Tchékhovet Tolstoï), L’Amour des femmes (1981, comme son titre l’indique) ouSigné Renart (1991, évocation de sa propre solitude) ou, pour la télévision,L’Eolienne (1975, mal reçu), Michel Soutter porta sa réflexion,d’une façon moins assurée, <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> monde patriotique entourantson travail qui, d’ailleurs, ne l’avait guère soutenu. Alors, un peu partout,l’économie prenait le pouvoir contre les aspirations des peuples,et la chute <strong>du</strong> Mur de Berlin marquait pour lui moins d’enthousiasmeque ne le disaient les journaux. Depuis un temps certain, l’idée quisignalait, par la caméra, les manifestes de contre-culture (commencésdans les années 60 par la télévision romande et dès 1965 par le « nouveaucinéma suisse ») l’intriguait toujours mieux en lui faisant porterson regard <strong>du</strong> côté des utopistes de la Franche-Comté.Pierre-Joseph Proudhon (de Besançon), Charles-Louis Fourier (deBesançon également, avec son Nouveau monde amoureux), Arc-et-Senans de « l’architecte maudit » Claude-Nicolas Ledoux (étudié parun court métrage de Pierre Kast en 1954) lui donnèrent l’occasion deconnaître avec attention le peintre Gustave Courbet réfugié en Suisseau lendemain de La Commune de Paris. Du coup, il se mit à lireBakounine, Kropotkine ou Max Stirner (L’unique et sa propriété), cequi l’engagea de tout cœur à préparer un scénario qu’il intitula : LesTrouble-fête.Il s’agissait de l’organisation d’un spectacle champêtre dans la villenatale de Courbet (Ornans) où l’artiste célèbre est interprété parun barman d’un lieu voisin. Il surprend la population par sa libertéd’ordre érotique en faisant défiler dans une exposition les gens devantun tableau : L’origine <strong>du</strong> monde. Une trouble réaction, partisane ouviolemment contraire, partage la communauté de la bourgade tandisque divers éléments de la pièce contribuent encore à soulever l’exaltationou l’indignation de ces Jurassiens que filme, en outre, un documentaristehollandais. De la sorte, devaient s’exprimer des rapportsliés à la politique et aux relations ordonnées avec le corps des femmes(et non sur de vagues considérations philosophiques marquant lesréalités générales de la société).Les commissions d’experts mises en place pour l’éventuel soutiend’une telle œuvre livrant une nouvelle idéologie dans le septièmeart helvétique le refusèrent comme elles avaient renvoyé, vers 1960,Blaise Cendrars qui souhaitait parler de lui-même et de ses amis avecGeorges Franju que l’aide française prenait pourtant en charge pourla moitié <strong>du</strong> budget.Alain Carou Conservateur au départementde l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de FranceL’Empreinte ou la Main rouge.L’Empreinte ou la Main rouge. Réalisateur : Paul Henry Burguet. Pro<strong>du</strong>cteur: Le Film d’Art. France. 1908. Curieuse incertitude <strong>du</strong> titre,comme si le pro<strong>du</strong>cteur n’avait pas réussi à choisir : L’Empreinte, ou LaMain rouge ? De ce film tourné il y a 103 ans, seule une moitié subsisteaux Archives françaises <strong>du</strong> film, retrouvée par la Cinémathèque suisseen 1993. Comme quantité d’épaves <strong>du</strong> cinéma des premiers temps, onne le projette pour ainsi dire jamais. Le spectateur ne peut pas mêmemonter dans le train en marche comme dans une autre bande de lahaute époque, poursuite ou mélodrame aux figures stéréotypées. Latrame de l’intrigue est ici inhabituellement serrée, et l’acteur principals’exprime en hiéroglyphes gestuels. Mais ces images constituent unirremplaçable document sur un acteur, Séverin, et sur une discipline,la pantomime, telle qu’on la jouait au dix-neuvième siècle.Séverin fut le dernier mime à se revendiquer descendant en lignedirecte de Deburau, le Baptiste des Enfants <strong>du</strong> paradis. On est d’aborddécontenancé par ce Pierrot qui parle avec ses mains. Plusieurs visionnementssont nécessaires pour apprendre à lire les rébus qu’il tracedans les airs. Alors deviennent sensibles la singulière virtuosité desenchaînements, un engagement de tout le corps. Ce morceau de pelliculeorphelin tire <strong>du</strong> néant quelques motifs d’un art de l’acteur quinous est devenu parfaitement étrange(r) – et l’art des spectateurs quile comprenaient au vol non moins.Pour rêver à la moitié per<strong>du</strong>e <strong>du</strong> film, enfin, il nous reste la partitionde la musique d’accompagnement, pleine de didascalies.Les Invisibles

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