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Cinéma du réel 2011

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¹Errere errera…Je suis en voyage au Mexique et j’ai une mémoire un rien percée. Je mesouviens d’un film d’un peintre portugais dont le nom doit ressemblerà Jose Sistiaga (orthographe défaillante je suppose) et le titre deson film Errere errera baleibouk ikic aruaren (ce n’est pas une blague,mais je suis certain qu’ici l’orthographe <strong>du</strong> titre est sûrement fausse).Il s’agit d’un film peint photogramme par photogramme, muet et quicréait un état hypnotique étonnant. Il doit dater de la fin des années60, début des années 70. Un groupe de diffusion de films expérimendegréet des effets visuels hyperboliques. Samuel Goldwyn, qui était enaffaire, avec Korda, détesta le film et ordonna de sérieuses coupes, intermèdesmusicaux compris. Le film sortit aux Etats-Unis dans quelquescopies noir et blanc ! Je l’ai vu en couleur sur la 42 e rue, et ce souvenir estancré en moi. Michael pensait que les coupes d’origine étaient définitivementper<strong>du</strong>es, mais nous préférons croire qu’elles attendent au fondd’une cave quelque part dans ce monde.Le Procès Paradine (The Paradine Case)Au fur et à mesure que je vieillis, je trouve les films d’Hitchcock toujoursmeilleurs ; ils s’enrichissent et deviennent plus complexes à chaque nouvellevision. Y compris les films censés être les moins réussis, commeL’Etau (Topaz) ou Le Rideau déchiré (Torn Curtain).Ce film sur un avocat britannique de plus en plus attiré par la mystérieuseaccusée de meurtre qu’il défend est d’un genre un peu différent. Hitchcockn’a jamais vraiment cru au scénario, alors que Selznick lui-même le trouvaitporteur. Hitchcock avait travaillé sur la première version <strong>du</strong> scénario,mais il avait aussi essayé de faire en sorte que le film fonctionne tel qu’ilétait — son premier montage <strong>du</strong>rait 3 heures et demie. Le Procès Paradineserait probablement imparfait dans n’importe quelle version, maisun Hitchcock imparfait reste plus excitant que bien des films.The Other Side of the Wind, Orson Welles 1970-1975Dans les vingt dernières années de sa vie, Orson Welles a fait des films quiéchappaient aux standards de l’in<strong>du</strong>strie cinématographique. Il travaillaità la manière d’un peintre ou d’un compositeur, tournant un peu ici, unpeu là, retravaillant ceci et reprenant cela <strong>du</strong>rant de longues périodes.Quand Welles mourut, il laissa de nombreux projets à divers niveauxd’avancement. Cependant son œuvre maîtresse reste ce film sur un anciencinéaste hollywoodien vieillissant (interprété par John Huston, authentiquevétéran d’Hollywood lui-même) qui tourne un film « jeune » etpseudo-artistique pour rester à la page <strong>du</strong> nouveau « Nouvel Hollywood »d’alors avec en toile de fond son désir homosexuel sous-jacent pour lejeune premier. Le projet se développa lentement au cours des ans, necessant de changer de forme et de ton. Welles avait l’intention d’entrecroiserdes séquences de style « cinéma vérité » de la fête d’anniversaire <strong>du</strong>réalisateur et des parties « film dans le film ». A sa mort, la copie de travailet tous les rushes furent saisis par le gouvernement iranien (le principalinvestisseur <strong>du</strong> film était iranien), puis confisqués par le gouvernementfrançais. Il y a eu depuis plusieurs tentatives pour terminer le film, aucunen’ayant abouti à ce jour. En 1975, quand l’American Film Institute a ren<strong>du</strong>hommage à Welles, il en a montré deux longues séquences, toutes deuxabsolument éblouissantes. On peut maintenant facilement les visionnersur You Tube. J’espère qu’un jour on pourra voir le film dans une versionqui rende justice aux intentions de Welles.La Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons)Après Citizen Kane, le jeune Orson Welles enchaîne sur l’adaptationde ce roman de Booth Tarkington sur la lente déchéance d’une familled’Indianapolis dont le mode de vie est entièrement détruit par le progrèsin<strong>du</strong>striel. Alors que tout s’était bien passé pour Welles sur sonpremier film, tout se passa mal pour le second. La direction <strong>du</strong> studioavait changé et avait beaucoup moins de sympathie pour lui et pour sontalent artistique ; l’avant-première <strong>du</strong> film fut un désastre et quand descoupes drastiques furent ordonnées, Welles était en Amérique <strong>du</strong> Sudoù il tournait son documentaire It’s All True. Le film fut sévèrementamputé et on fit tourner une nouvelle fin à un autre réalisateur. Il fautdire que Welles était un tel génie que La Splendeur des Amberson resteun très grand film, même dans sa version si manifestement dénaturée ;chaque moment en est si fort qu’on peut d’une certaine manière ressentirles vastes passages manquants. Mais quand on lit le script qu’utilisaitWelles pendant le tournage et qu’on comprend soudain pleinementce qu’il avait en tête, ça vous brise le cœur. Pendant des années, lescinéphiles ont entretenu l’espoir que la copie de travail des Ambersonavait survécu et qu’elle dormait dans des archives en Amérique <strong>du</strong>Sud. Ces espoirs s’amenuisent. Elle semble avoir disparu pour toujours,exactement comme la splendeur victorienne <strong>du</strong> manoir des Amberson.Tra<strong>du</strong>it de l’anglais par Muriel CarpentierPhilippe Simon Cinéaste et libraireLes Invisibles

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