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Cinéma du réel 2011

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l’immense théâtre antique avec en toile de fond les coulées de lave del’Etna rougeoyant dans la nuit, son destin de chef d’œuvre manquantmais pas manqué me semble presque juste et approprié, comme lefantôme extraordinaire d’un film hors <strong>du</strong> temps qui flotte dans l’espacejusqu’à découvrir que l’ennemi a notre visage, le visage de qui croitvivre et voir.(Le cas de Fear and Desire m’empêche heureusement de déplorer ladisparition étrange et sans intérêt de ma première « chose » vidéo, en1978, un film « amoureux » d’une demi-heure en ¾ U-matic noir etblanc, commis en 1978 : Un difficile parlare (di queste cose, senza paroleadatte 3 ). Jamais revenue <strong>du</strong> premier petit festival qui l’avait demandéeet montrée : une vengeance d’amour, je le crains.Tra<strong>du</strong>it de l’italien par Muriel Carpentier3 Ndt : Parler difficilement (de ces choses, sans les mots qui conviennent).140141Romain Goupil CinéasteMon Premier FilmJ’avais seize ans. Je connaissais Nicole Higelin, elle participait au servicede recherche de l’ORTF, dirigé par Pierre Schaeffer.Ils cherchaient une quinzaine de jeunes, intéressés par la découvertede la vidéo. À l’époque, le procédé semblait encore nouveau etrévolutionnaire.Caméra de studio énorme et régie fixe. Pendant toute une journée,le studio mettait à la disposition de chaque stagiaire ce matériel detournage.J’ai écrit le scénario et choisi la musique : Miles Davis. C’était donc monpremier contrat, mon premier vrai film pour le coup.L’EXCLU. Il racontait l’histoire de mes deux meilleurs copains Coyotteet Baptiste.Nous avions enregistré en cachette la colère <strong>du</strong> père de Coyotte quenous avions provoquée pour qu’il foute son fils à la porte !On illustrait cette terrible bande-son d’images de mes deux personnagesstoïques au milieu de piles d’assiettes – trois mille – tandis qu’entransparence apparaissait le visage <strong>du</strong> père accompagné par la trompettede Miles Davis… Bien enten<strong>du</strong> au bout de cinq minutes, Coyotteet Baptiste se jetaient sur les piles d’assiettes, elles se cassaient dans unvacarme d’enfer sur fond d’effroyables engueulades paternelles…Ce film d’une dizaine de minutes était suivi par un entretien avec Gainsbourg,le parrain de mon projet. Notre discussion n’a porté que surle Vietnam, alors qu’il n’avait d’autre envie que de me parler de « gonzesses», de l’amour, « les rousses… les brunes… ahhhh les blondes »...L’entretien se déroulait dans les fous rires, ponctués d’insultes complices.Je ne comprenais rien à ses histoires de filles, je le bassinais avec mesVietcongs… Notre échange se résumait à une vingtaine de minutes surla guerre <strong>du</strong> Vietnam, ce qui ne se faisait pas <strong>du</strong> tout à l’ORTF, si librementet sur ce thème.

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