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Cinéma du réel 2011

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¹Marcel Lozinski CinéasteA la recherche d’un film per<strong>du</strong>Varsovie, 1983. L’hiver de l’Etat de siège. Une ambiance sombre, dans lesrues des tanks, des soldats avec des mitraillettes. Personne n’achète lesjournaux officiels. Les gens les boycottent. En revanche, la presse clandestinevit des jours de gloire. Avec mon ami opérateur, Jacek Petrycki,on tourne en cachette, évitant la milice, un film publicitaire pour l’une desmaisons d’édition clandestine, CDN (en français : A suivre) pour l’envoyerà la Foire Internationale <strong>du</strong> Livre de Francfort.Le film : plusieurs kiosques devant lesquels personne ne s’arrête.Les vendeurs déposent des inven<strong>du</strong>s devant leur kiosque. De nombreuxcamions ramassent ces piles de journaux. Ils les transportent hors de laville et les déchargent dans un énorme champ envahi à l’infini de centainesde milliers de journaux à recycler. Des dizaines de corbeaux survolentce champ.La caméra suit des oiseaux montant dans le ciel et descend dans un grenier.Elle traverse plusieurs couloirs vers une porte fermée. Au fur et à mesurequ’elle s’en approche, on entend de plus en plus fort un drôle de bruit : touctouc, touc touc. La caméra franchit la porte et on voit, de dos, un hommequi tourne la manivelle d’une petite imprimerie.La caméra se rapproche <strong>du</strong> tract qui sort de la machine.On lit le texte écrit en français, en allemand et en anglais : IMPRIMEZCHEZ NOUS ! ICI, PAS D’INVENDUS.Le film tourné en 16mm inversible, avec un son parfaitement élaboréclandestinement par nos amis <strong>du</strong> Studio des Films Documentaires, futenvoyé par le réseau diplomatique à Francfort. Il a été diffusé là-bas etnous avons eu de très bons échos.Mais le film a disparu. Nous avons beaucoup cherché. Sans succès.Quiconque aurait des informations à ce sujet est prié de me contacter.Forte récompense.Tim Lucas Critique de cinéma, rédacteur en chef de larevue Video WatchdogOne in Twenty ThousandNous vivons aujourd’hui dans un monde où trop de choses nous sontfacilement accessibles. Nos sens sont engorgés. Pendant ces quarantedernières années, j’ai ardemment désiré revoir le film de George FranjuThomas l’imposteur, que j’avais vu une fois lors d’une projection universi-taire – à la suite de quoi le film semblait avoir disparu de la surface de laterre. Cette année, j’en ai finalement trouvé une copie… Plusieurs moisse sont écoulés, mais je n’ai toujours pas pris la peine de le regarder – leposséder semble me suffire. Si une copie <strong>du</strong> film per<strong>du</strong> de Lon Chaney,London After Midnight, tombait entre mes mains, il pourrait bien sepasser des jours ou des semaines avant que je ne le regarde. Au lieu dequoi, que ferais-je ? Je partirais intensément à la recherche d’un autreobjet à posséder et à délaisser.Cependant, au cours de ma vie, il y a un film que j’ai vu dont personnene semble connaître l’existence. Il s’agit d’un court métrage intitulé Onein Twenty Thousand, avec Richard Boone. Je l’ai vu en cours de biologie,en sixième, il s’agissait donc d’une copie 16mm de location. Auvu de mon souvenir de l’aspect de Boone dans le film, je dirais qu’ilfut réalisé à la fin des années soixante. Dans le film, Boone jouait sonpropre rôle, celui d’un homme que sa dépendance au tabac mène à uncancer <strong>du</strong> poumon, et qui se voit contraint à l’ablation d’un poumonmalade. On y trouvait des images très crues de la véritable opération<strong>du</strong> poumon, noirci par le goudron, de Boone. Je me souviens que notreprof avait prévenu la classe qu’une telle scène figurait dans le film, quec’était même la raison d’être <strong>du</strong> film et qu’il excusait d’avance ceux dontl’estomac ne supporterait pas les images. Je suis resté, j’ai regardé, et c’estresté gravé dans ma mémoire. Non seulement l’image de l’ouverture dela poitrine de Boone, des deux moitiés de son torse écartées, de sa cagethoracique repliée, mais aussi le jeu de Boone dans les autres scènes,dramatiques malgré leur nature documentaire. Bien des années plustard, j’ai été étonné d’apprendre que l’acteur n’était pas mort de soncancer <strong>du</strong> poumon, mais d’une pneumonie survenue alors qu’il luttaitcontre un cancer de la gorge.En quarante ans, je n’ai trouvé qu’une seule référence écrite à ce film :un article sur le net intitulé « Alcool, drogues et éthique » par Don Lutz,auteur de The Weaning of America 1 . Il écrit : « Il y a environ trente ans,j’ai été ému aux larmes par un film d’une demi-heure réalisé par l’acteurRichard Boone. Boone était un fumeur invétéré, souffrant d’un trèsgrave cancer <strong>du</strong> poumon. Il jouait son propre rôle dans le film, dont lebut était de montrer la douleur et la souffrance causées par une dépendanceà la nicotine. Le film a apparemment été diffusé une seule fois,un dimanche matin de bonne heure. Peu de gens ont vu cette histoiredéchirante ; elle n’eut pas d’effet notable sur les bénéfices de l’in<strong>du</strong>strie. »Tra<strong>du</strong>it de l’anglais par Olivia Cooper Hadjian et Aurélia Georges1 « Le Sevrage de l’Amérique », non publié en France, ndr.Les Invisibles

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