146147Joachim Lepastier Critique de cinémaHollywood Tower, un (projetde) film de René Daalder(avec la collaboration de RemKoolhaas) et Russ Meyer(1974).« 1974. La mort d’Hollywood, mais telle phénix, c’est pour mieux se réinventer.Suite à leurs rachats par de richissimesmagnats <strong>du</strong> pétrole, les studiosabandonnent les tournages en prisesde vues réelles sont abandonnées et les films sont pro<strong>du</strong>its par des bases dedonnées et des ordinateurs qui peuvent faire rejouer à leur guise toutes lesstars <strong>du</strong> passé. Ce nouvel Hollywood virtuel excite la curiosité de l’administrationNixon qui cherche à remettre en selle certaines vieilles gloires amies.La résistance s’organise sous la forme des derniers tournages « en chair eten os » sous la houlette de Russ Meyer, le dernier magnat d’un septième artréellement humaniste ». En voilà un beau scénario méta sur la mort et larenaissance de cet éternel phénix, le cinéma. Cet Hollywood Tower, écritdonc il y a plus de 35 ans, synthétise le Hollywood des années 70 (la fictionparanoïaque y croise le porno libertaire) et anticipe celui des années2000 (l’avènement <strong>du</strong> virtuel). Trop en avance sur son temps, resté austade d’un scénario proposé, donc, à Russ Meyer, ce projet était principalementporté par René Daalder (pionnier des effets spéciaux digitaux dèsle début des années 70), mais Rem Koolhaas (futur architecte démiurgeet théoricien de la frénésie urbaine) y apporta aussi son concours. Cefantasme de film peut se voir comme l’aboutissement de la longue amitiélibertaire entre Daalder et Koolhaas, amitié qui trouvait sa source ausein <strong>du</strong> groupe 1,2,3…, collectif démocratique et anti-auteuriste (au sein<strong>du</strong>quel gravitaient également Jan De Bont et de futurs noms <strong>du</strong> design)ayant lâché une poignée de films potaches et vaguement situationnistesdans la sage Hollande de la fin des années 60. Dommage que le début deleur aventure américaine n’ait pu concrétiser ce scénario et se soit limitéà une brève rencontre avec leur idole Russ Meyer (placé sur l’échelle desvaleurs <strong>du</strong> groupe à égalité avec Fassbinder) qui ne se sentait pas lesépaules pour un tel film, malgré des contacts pris également avec TippiHedren et Chet Baker pour la musique. Restons longtemps à fantasmersur ce beau chant <strong>du</strong> cygne d’un groupe cinématographique totalementinconnu mais dont on ne peut saluer que les géniales intuitions. Carenfin, un récit qui prophétise, avec au moins vingt ans d’avance, SecondLife (version glamour qui plus est), la relecture des mythes et de l’histoiresecrète des USA « à la James Ellroy », les frères Wachowski et le cinémaen motion capture, on ne doit pas en trouver beaucoup dans les tiroirs !Sources : Interview de Rem Koolhaas dans le Spiegel, 27 mars 2006« Le film à l’envers, les années 60 de Rem Koolhaas », article de BartLoosma, revue Le visiteur, automne 2001.Jacques Lourcelles Historien <strong>du</strong> cinémaL’un des films que je recherche le plus est Magie moderne de DimitriBuchowetzki. Voici les renseignements que donne sur ce film RaymondChirat dans son Catalogue des films français de long métrage 1929 – 1939 :Magie moderne1931. Réal. Dimitri Buchowetzki. Prod. Films Paramount. Sc. etdial. Michel Duran, d’après la pièce de Howard Irving Young. 65Int. Fanny Clair, Madeleine Guitty, Lucien Gallas, Raymond Ceccaldi,Pierre Piérade, Sunshine Woodward, Gaston Jacquet.Sujet Un jeune inventeur, sur le point d’achever un appareil detélévision, cherche un commanditaire. La fille de sa concierge leprésente à son patron, un financier malhonnête qui tente de s’approprierl’invention. Mais sa machination est déjouée et en mêmetemps que la fortune, le jeune homme trouve l’amour.Notes Autre titre Télévision. Les séquences en couleur sur les expériencesde télévision (procédé Technicolor), tirées de la version américaine( ?) furent montées dans toutes les versions européennes.Raisons pour lesquelles je souhaite le voir :1) Je souhaite voir tous les films français des années trente.2) Pour l’originalité <strong>du</strong> sujet. C’est sans doute l’un des tout premiers filmsà prendre pour sujet la télévision sous forme de fiction. Peut-être (?)y a-t-il même dans ce film un aspect documentaire, si minime soit-il.3) Parce que Buchowetzki (1895-1932) est un cinéaste talentueux etexcentrique (il circule sur lui plusieurs anecdotes hilarantes que je n’aipas le temps de raconter ici).4) Parce que c’est le film des années trente qui a donné lieu au plusgrand nombre de versions étrangères (entre 5 et 9). On devrait bien enretrouver une quelque part.
¹Marcel Lozinski CinéasteA la recherche d’un film per<strong>du</strong>Varsovie, 1983. L’hiver de l’Etat de siège. Une ambiance sombre, dans lesrues des tanks, des soldats avec des mitraillettes. Personne n’achète lesjournaux officiels. Les gens les boycottent. En revanche, la presse clandestinevit des jours de gloire. Avec mon ami opérateur, Jacek Petrycki,on tourne en cachette, évitant la milice, un film publicitaire pour l’une desmaisons d’édition clandestine, CDN (en français : A suivre) pour l’envoyerà la Foire Internationale <strong>du</strong> Livre de Francfort.Le film : plusieurs kiosques devant lesquels personne ne s’arrête.Les vendeurs déposent des inven<strong>du</strong>s devant leur kiosque. De nombreuxcamions ramassent ces piles de journaux. Ils les transportent hors de laville et les déchargent dans un énorme champ envahi à l’infini de centainesde milliers de journaux à recycler. Des dizaines de corbeaux survolentce champ.La caméra suit des oiseaux montant dans le ciel et descend dans un grenier.Elle traverse plusieurs couloirs vers une porte fermée. Au fur et à mesurequ’elle s’en approche, on entend de plus en plus fort un drôle de bruit : touctouc, touc touc. La caméra franchit la porte et on voit, de dos, un hommequi tourne la manivelle d’une petite imprimerie.La caméra se rapproche <strong>du</strong> tract qui sort de la machine.On lit le texte écrit en français, en allemand et en anglais : IMPRIMEZCHEZ NOUS ! ICI, PAS D’INVENDUS.Le film tourné en 16mm inversible, avec un son parfaitement élaboréclandestinement par nos amis <strong>du</strong> Studio des Films Documentaires, futenvoyé par le réseau diplomatique à Francfort. Il a été diffusé là-bas etnous avons eu de très bons échos.Mais le film a disparu. Nous avons beaucoup cherché. Sans succès.Quiconque aurait des informations à ce sujet est prié de me contacter.Forte récompense.Tim Lucas Critique de cinéma, rédacteur en chef de larevue Video WatchdogOne in Twenty ThousandNous vivons aujourd’hui dans un monde où trop de choses nous sontfacilement accessibles. Nos sens sont engorgés. Pendant ces quarantedernières années, j’ai ardemment désiré revoir le film de George FranjuThomas l’imposteur, que j’avais vu une fois lors d’une projection universi-taire – à la suite de quoi le film semblait avoir disparu de la surface de laterre. Cette année, j’en ai finalement trouvé une copie… Plusieurs moisse sont écoulés, mais je n’ai toujours pas pris la peine de le regarder – leposséder semble me suffire. Si une copie <strong>du</strong> film per<strong>du</strong> de Lon Chaney,London After Midnight, tombait entre mes mains, il pourrait bien sepasser des jours ou des semaines avant que je ne le regarde. Au lieu dequoi, que ferais-je ? Je partirais intensément à la recherche d’un autreobjet à posséder et à délaisser.Cependant, au cours de ma vie, il y a un film que j’ai vu dont personnene semble connaître l’existence. Il s’agit d’un court métrage intitulé Onein Twenty Thousand, avec Richard Boone. Je l’ai vu en cours de biologie,en sixième, il s’agissait donc d’une copie 16mm de location. Auvu de mon souvenir de l’aspect de Boone dans le film, je dirais qu’ilfut réalisé à la fin des années soixante. Dans le film, Boone jouait sonpropre rôle, celui d’un homme que sa dépendance au tabac mène à uncancer <strong>du</strong> poumon, et qui se voit contraint à l’ablation d’un poumonmalade. On y trouvait des images très crues de la véritable opération<strong>du</strong> poumon, noirci par le goudron, de Boone. Je me souviens que notreprof avait prévenu la classe qu’une telle scène figurait dans le film, quec’était même la raison d’être <strong>du</strong> film et qu’il excusait d’avance ceux dontl’estomac ne supporterait pas les images. Je suis resté, j’ai regardé, et c’estresté gravé dans ma mémoire. Non seulement l’image de l’ouverture dela poitrine de Boone, des deux moitiés de son torse écartées, de sa cagethoracique repliée, mais aussi le jeu de Boone dans les autres scènes,dramatiques malgré leur nature documentaire. Bien des années plustard, j’ai été étonné d’apprendre que l’acteur n’était pas mort de soncancer <strong>du</strong> poumon, mais d’une pneumonie survenue alors qu’il luttaitcontre un cancer de la gorge.En quarante ans, je n’ai trouvé qu’une seule référence écrite à ce film :un article sur le net intitulé « Alcool, drogues et éthique » par Don Lutz,auteur de The Weaning of America 1 . Il écrit : « Il y a environ trente ans,j’ai été ému aux larmes par un film d’une demi-heure réalisé par l’acteurRichard Boone. Boone était un fumeur invétéré, souffrant d’un trèsgrave cancer <strong>du</strong> poumon. Il jouait son propre rôle dans le film, dont lebut était de montrer la douleur et la souffrance causées par une dépendanceà la nicotine. Le film a apparemment été diffusé une seule fois,un dimanche matin de bonne heure. Peu de gens ont vu cette histoiredéchirante ; elle n’eut pas d’effet notable sur les bénéfices de l’in<strong>du</strong>strie. »Tra<strong>du</strong>it de l’anglais par Olivia Cooper Hadjian et Aurélia Georges1 « Le Sevrage de l’Amérique », non publié en France, ndr.Les Invisibles
- Page 3 and 4:
Cinéma du réelremercie toutpartic
- Page 5 and 6:
Patrick BazinDirecteur de la BpiBib
- Page 7 and 8:
Guy SeligmannPrésident de laScamSo
- Page 9 and 10:
Claude LemeslePrésident duConseild
- Page 13 and 14:
Autres jurys13Le Jury des jeunes, c
- Page 15 and 16:
Compétition internationaleCompéti
- Page 17 and 18:
Ruth BeckermannAmerican Passages17C
- Page 19 and 20:
Claudio PazienzaExercices de dispar
- Page 21:
Lee Anne SchmittThe Last Buffalo Hu
- Page 24:
2425Ariane DoubletLa Pluie et le be
- Page 30:
3031Olga MaurinaDomHome2011, Russie
- Page 33 and 34:
Bettina BüttnerKinderKids2011, All
- Page 35 and 36:
Filipa ReisJoão Miller GuerraNuno
- Page 37 and 38:
Marco SantarelliScuolaMediaJunior H
- Page 39 and 40:
Michele PennettaI Cani abbaianoThe
- Page 41 and 42:
juan Manuel SepúlvedaExtraño rumo
- Page 43 and 44:
Javier LoarteMe llamoRoberto Delgad
- Page 45 and 46:
Vania AillonLa Terre tremble2011, S
- Page 47:
Mehdi BenallalAux rêveurstous les
- Page 50 and 51:
Matthieu ChatellierDoux amer5051201
- Page 53 and 54:
Gaël LépingleJulien2010, France,
- Page 55 and 56:
Sophie BruneauMarc-Antoine RoudilMa
- Page 57 and 58:
Marie DumoraLa Place2011, France, 1
- Page 60:
News From…Patrick KeillerNicolás
- Page 63 and 64:
Verena Paravel, J.P. Sniadeckisamed
- Page 65 and 66:
2010, Chine, 356 minMandarin, coule
- Page 67 and 68:
Séancesspéciales10. Mythologie ou
- Page 69 and 70:
Andrei Ujică,La révolution, live1
- Page 71 and 72:
2010, Roumanie, 180 minRoumain, cou
- Page 73 and 74:
1993, États-Unis /Italie, 55 minHi
- Page 75 and 76:
Leo HurwitzAmerica never was Americ
- Page 77 and 78:
Leo Hurwitz #1samedi 26 mars 2011,
- Page 79 and 80:
Leo Hurwitz #3jeudi 31 mars 2011, 1
- Page 81 and 82:
Richard LeacockRichard Leacock aura
- Page 83 and 84:
Dédicace Richard Leacocksamedi 2 a
- Page 85 and 86:
Les outils du cinéma documentaire
- Page 87 and 88:
Camera #3 Pierre Lhomme, Renato Ber
- Page 89 and 90:
Dédicaces& Ateliers
- Page 91 and 92:
Le poème documentaireLe 28 octobre
- Page 93 and 94:
Exploring documentary #2 Rudy Burck
- Page 96 and 97: Exploring documentary # 5 Helga Fan
- Page 98 and 99: Exploring documentary #7 Leighton P
- Page 100 and 101: Exploring documentary #9 Odes ciné
- Page 103 and 104: 1994 et 2001, France, 8 minFrançai
- Page 105 and 106: Thanks for the American dream,To vu
- Page 107 and 108: 1931, États-Unis, 11 minCartons an
- Page 109 and 110: 1935, États-Unis, 6 minCartons ang
- Page 112 and 113: Réalisateur inconnuProtestExtrait
- Page 116 and 117: Écoute Voir !Hors scèneAvec le so
- Page 118 and 119: Hors scène #2jeudi 31 mars 2011, 1
- Page 120: Hors scène #5samedi 2 avril 2011,
- Page 123 and 124: Hors scène #10dimanche 3 avril 201
- Page 125 and 126: Lech Kowalski : Underground Rock St
- Page 127 and 128: Le cinéma est parfois invisible.Ce
- Page 129 and 130: Adriano Aprà Historien du cinéma,
- Page 131 and 132: Était-ce un téléfilm ? Un oubli
- Page 133 and 134: ¹de connaître les films du Hollan
- Page 135 and 136: Freddy BuacheAncien conservateur de
- Page 137 and 138: ¹Vincent Dieutre CinéasteLe film
- Page 139 and 140: ¹c’était une manière de miracl
- Page 141 and 142: Mon film et l’entretien ont été
- Page 143 and 144: ¹au paysage urbain de New York, le
- Page 145: ¹Eric Le Roy Chef du service Accè
- Page 149 and 150: ¹surgissent quand on les a cherch
- Page 151 and 152: ¹contenu réaliste, voire ethnogra
- Page 153 and 154: ¹Errere errera…Je suis en voyage
- Page 155 and 156: ¹teur, je suis presque sûr que se
- Page 158 and 159: 158159Peter von Bagh Cinéaste, his
- Page 160 and 161: Mémoire du réel
- Page 162 and 163: Les 20 ans du Prix Louis Marcorelle
- Page 164 and 165: Rencontres et événements
- Page 166 and 167: Soirée Video et Après / Cinéma d
- Page 168 and 169: Rencontres et débats168169Rencontr
- Page 170 and 171: Forum AddocQuand le documentairereg
- Page 172 and 173: 172173Séances hors les mursCENTRE
- Page 174 and 175: 176177Index des réalisateursAAbi S
- Page 176 and 177: 178KGP Kranzelbinder GabrieleProduc
- Page 178: 180181L’ équipe du Cinéma du r