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Cinéma du réel 2011

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Mais le plus grand obstacle est peut-être que son chef d’œuvre présenteun véritable défi dans sa façon de rendre l’art et la vie indissociablesl’un de l’autre : Romand y fait fusionner choix artistiques et initiativeséthiques, et nous met au défi de faire de même en la suivant. La rivalitéimplicite entre les deux mères, leur culture et leur vision <strong>du</strong> monderespective, transparaît partout. Mais le génie de la cinéaste tient en partieà ce qu’elle réussit à faire participer la famille entière au jeu de rôlesérieux que constitue la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> film, jeu auquel le spectateurest lui aussi forcé de participer. Ceci fait de son art à la fois une aventureimprévisible et périlleuse, et un processus de guérison inhabituel,pour les personnes filmées aussi bien que pour nous. La devise pleined’espoir qui clôt le film - « Nous sommes faits pour vivre ensemble » -peut paraître un peu optimiste, mais le film lui-même n’est rien d’autrequ’une démonstration à plusieurs facettes de cette thèse.Barbet Schroeder CinéasteUne partie de plaisirJe pense à Une partie de plaisir de Claude Chabrol et Paul Géauff. AprèsLes Bonnes femmes leur deuxième collaboration totale.Je crois qu’il s’agit d’une question de droits.Ce film est une expérience limite puisque Gégauff a écrit sous formede fiction à peine déformée la réalité de ses relations avec sa femme.Chabrol a eu le culot de les faire jouer tous deux leur propre rôle oupresque.Un film terrible et douloureux qui est tout à fait à part dans l’œuvre deChabrol et que j’aimerais beaucoup revoir.Il est si proche dans le temps et si lointain, si inaccessible déjà.¹152153Tra<strong>du</strong>it de l’anglais par Olivia Cooper Hadjian et Aurélia GeorgesFederico Rossin Critique et programmateurMon invisibleMon film invisible est Mueda, mémoire et massacre (Mueda, Memóriae Massacre) de Ruy Guerra (1979). J’ai découvert ce film grâce à unami, un grand cinéaste, John Gianvito. Il m’en a parlé comme d’unchef d’œuvre per<strong>du</strong> <strong>du</strong> cinéma, comme d’un film essentiel dont ona per<strong>du</strong> la trace. J’ai lu ensuite comment Guerra, né au Mozambiqueavant d’émigrer au Brésil, retourne dans son pays natal pour tourner lepremier long métrage jamais réalisé là-bas. Il choisit un épisode terrible,le massacre de Mueda le 16 juin 1960, au cours <strong>du</strong>quel l’armée colonialeportugaise extermina plus de 600 personnes qui réclamaient la fin destravaux forcés. Guerra fait un film foncièrement radical qui entrelacevertigineusement reconstitution, fiction et documentaire et associeles survivants <strong>du</strong> massacre et les nouveaux habitants de Mueda à saréalisation. J’ai cherché partout une copie DVD de Mueda et contactédes collectionneurs sur tous les continents sans jamais parvenir à envoir ne serait-ce qu’une séquence : c’est comme si, par la force desmots de John, ce film était planté dans mon cœur comme une épine.Je voudrais pouvoir en finir avec cette douleur – qui tient moins de laboulimie cinéphilique que de la colère politique – en le voyant enfinpendant le festival.Tra<strong>du</strong>it de l’italien par Muriel CarpentierMartin Scorsese CinéasteLes Rapaces (Greed), 1924, d’Erich von StroheimCette adaptation <strong>du</strong> roman épique de Frank Norris sur la soif d’or destructricede trois indivi<strong>du</strong>s ordinaires reste un grand film, même danssa version sévèrement tronquée. Mais Stroheim entendait en faire toutautre chose : une grande fresque réaliste qui dépeindrait tout un style devie, ainsi que les rêves et les ambitions de ceux qui le vivent. Irving Thalberg,le jeune pro<strong>du</strong>cteur en chef de la MGM ne voyait pas les choses<strong>du</strong> même œil (contre toute attente, Stroheim travailla pour Thalberg unan plus tard sur un film beaucoup moins ambitieux, son remake de LaVeuve Joyeuse (The Merry Widow). Il existe aujourd’hui une version desRapaces dans laquelle on a remplacé les séquences manquantes par desimages fixes, version intéressante mais en fin de compte insatisfaisante :on passe son temps à imaginer ce que le film aurait dû être.The Elusive Pimpernel, 1950, de Michael Powell & EmericPressburgerAlexander Korda, l’un des quelques hommes qui contribuèrent à créerune in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> film au Royaume-Uni, demanda à Powell et Pressburgerde faire un remake en Technicolor <strong>du</strong> Mouron rouge (The ScarletPimpernel), l’histoire d’un aristocrate britannique qui opère incognito àParis pendant la Terreur. Les « Archers » (le nom de leur maison de pro<strong>du</strong>ction,ndt) imaginèrent leur propre version de l’histoire, totalementfantaisiste, avec des numéros musicaux, des sous-enten<strong>du</strong>s au second

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