Manuel européen sur les données relatives à l'égalité - ABBL

| Synthèsecontentent donc de décrire la nature et l'ampleur desdiscriminations ayant fait l'objet de plaintes, alors que denombreuses études ont montré que seule une petitepartie des faits de discrimination donne lieu à uneplainte. Les données relatives aux plaintes sont les plusutiles lorsqu'elles sont analysées à la lumière d'autresinformations, par exemple des données tirées d'enquêtesauprès des victimes. Pour exploiter au mieux lesdonnées relatives aux plaintes, le manuel suggère auxorganisations concernées d'instaurer des procédures etpratiques d'enregistrement systématiques leur permettantd'obtenir des données complètes, fiables et exploitables.RechercheAlors que les statistiques officielles ne mesurent la discriminationque de façon indirecte, et que les donnéesrelatives aux plaintes ne révèlent qu'une partie des actesdiscriminatoires, diverses méthodes de recherche fournissentdes moyens plus solides de mesurer la discrimination.Pour qui tient à obtenir une image raisonnablementcomplète et précise de la discrimination, il est doncessentiel de mener des recherches dans le domaine del'égalité et de la discrimination. Les principales méthodesde recherche qui y sont applicables comprennent:• L’enquête auprès des victimes, qui interroge sur leursexpériences les personnes particulièrement exposéesà la discrimination.• L’enquête par autodéclaration, par laquelle la populationen général et certains groupes-cibles (par ex. lesresponsables du recrutement) sont interrogés surleurs attitudes et/ou comportements vis-à-vis desgroupes protégés.• Le test de situation, où des expériences dans la vieréelle permettent d’enquêter sur les façons d'agir decertains groupes-clés tels que les employeurs ou lesfournisseurs de services.• La recherche qualitative, qui comprend une largepalette de stratégies de recherche, comme les entretiensapprofondis ou les groupes de discussion.La difficulté liée à la recherche en tant que moyen derecueillir des données sur l'égalité est que les projets derecherche nécessitent en général un financement extérieur,qui doit souvent s'obtenir séparément pourchaque projet. Il serait donc recommandé que les gouvernementsreconnaissent l'importance fondamentalede la recherche dans ce domaine en lui octroyant desressources financières adéquates.Le monitoring de la diversitéLe monitoring de la diversité est très probablement lamesure la plus efficace qu'une organisation puisse prendrepour s'assurer de sa conformité avec les lois surl'égalité. Le terme «monitoring» désigne le processuspar lequel une organisation observe l'impact de ses politiqueset pratiques sur les groupes protégés. Une distinctionpeut être établie entre monitoring quantitatif etmonitoring qualitatif. Le monitoring quantitatif, sur lequelse concentre le présent manuel, désigne des situationsoù une organisation recueille des données relatives à lacomposition de sa main-d'œuvre, par exemple quant àl’âge et/ou l’origine ethnique, afin de repérer tout déséquilibre.Le monitoring qualitatif s’appuie par contre surdes méthodes de collecte d'informations moins systématiques.Le monitoring quantitatif, surtout s’il est requispar la loi (auquel cas les données seront recueillies defaçon systématique) et pour autant que les donnéesagrégées qui en résultent soient transmises à un organismecompétent (par exemple une agence chargée defaire respecter la législation), peut permettre de mettreen évidence les déséquilibres existant au sein non seulementd'un lieu de travail mais également de la sociétédans son ensemble. C'est pourquoi le présent manuelrecommande aux gouvernements d'entamer, avec lespartenaires sociaux, les groupes protégés et les autresparties concernées, un dialogue sur la nécessité d'instaurerun monitoring sur le lieu de travail.Quelques difficultésLa collecte de données sur l'égalité ne va pas sans unesérie de difficultés. Dans les enquêtes par autodéclaration,les personnes interrogées ne répondent pas toujoursavec sincérité aux questions qui leur sont poséessur leurs attitudes ou comportements vis-à-vis desgroupes protégés. Dans les enquêtes auprès des victimes,celles-ci ne font pas nécessairement état deleurs expériences de discrimination, notamment parcequ'elles ne sont pas conscientes d'avoir fait l'objet d'unediscrimination ou qu'elles en doutent. D'un autre côté, ilarrive que certaines personnes voient à tort une discriminationdans une expérience négative, alors qu’il n’enest rien. Il est possible de réduire sensiblement cerisque de sous-estimation ou de surestimation de la discriminationen élaborant les enquêtes avec soin et surtouten choisissant le mode de collecte de données leplus approprié.Une autre difficulté a trait à l'utilisation de notionscomme «origine ethnique». La comparabilité des donnéescollectées, au niveau tant national qu'international,pourrait être considérablement améliorée par l'adoption| 9