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Manuel européen sur les données relatives à l'égalité - ABBL

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| <strong>Manuel</strong> européen <strong>sur</strong> <strong>les</strong> données <strong>relatives</strong> à l’égalité<strong>sur</strong>tout si ces contacts présentent une fréquence,une durée et une proximité suffisantes et qu'ils seproduisent entre des personnes de statut égal ( 37 ).L’importance des amitiés intergroupes, en particulier,a été mise en évidence ( 38 ).Habituellement, ces trois composantes se renforcementmutuellement, formant une attitude fondée <strong>sur</strong> le préjugé.Toutefois, l'importance de chacune d'el<strong>les</strong> varieprobablement selon la personne et la situation en question.Il n'en demeure pas moins que, en général, dessentiments négatifs provoquent une distance sociale(évitement du contact), qui à son tour crée l'espacenécessaire pour le maintien de stéréotypes négatifs, <strong>les</strong>quelsont pour effet de renforcer <strong>les</strong> sentiments négatifs.Une relation complexe unit <strong>les</strong> attitudes (comme <strong>les</strong> préjugés)au comportement (comme la discrimination). Ellenaît de l'existence d'un rapport causal entre <strong>les</strong> préjugéset la discrimination: <strong>les</strong> préjugés semblent déterminer latendance générale d'une personne à adopter un comportementdiscriminatoire mais ils ne peuvent servir àprédire très précisément des actes isolés ( 39 ). Une personneayant des préjugés n'agit pas nécessairement enaccord avec ceux-ci:• Une personne ayant des préjugés peut s'empêcherd'avoir un comportement discriminatoire dans unenvironnement où la discrimination est généralementjugée inacceptable et où d'autres personnes pourraienten avoir connaissance. Dans un autre environnement,par exemple au sein d'un groupe de personnesayant des idées semblab<strong>les</strong> ou dans unendroit où il n'y a pas de «monitoring social», cettepersonne est plus susceptible d'adopter un comportementdiscriminatoire.• Une personne ayant des préjugés peut avoir desmotivations variées, auquel cas le fait d'avoir uncomportement discriminatoire ne constitue qu'unemotivation parmi de nombreuses autres. Une personnequi tient vraiment à respecter la loi et qui aconscience du caractère illégal de la discriminationpeut ainsi s'empêcher de commettre des actes dediscrimination.D'un autre côté, une personne dont <strong>les</strong> intentions sontbonnes et qui ne nourrit pas sciemment de préjugés peutmalgré tout adopter un comportement discriminatoire.Cela s'explique par le fait que <strong>les</strong> catégories et associationscognitives orientées apprises socialement peuventpersister et apparaître à l'esprit automatiquement,en un éclair, façonnant <strong>les</strong> réponses comportementa<strong>les</strong>même de personnes bien intentionnée ( 40 ). Dans d'autrescas, des personnes peuvent exploiter <strong>les</strong> stéréotypesde façon plus consciente, c’est-à-dire utiliser descroyances généra<strong>les</strong> <strong>relatives</strong> à un groupe pour prendredes décisions concernant un individu de ce groupe.C'est là un exemple de discrimination statistique oud'établissement de profil, un comportement qui est parfoisbasé <strong>sur</strong> la connaissance réelle des caractéristiquesde différents groupes et non <strong>sur</strong> des croyances <strong>relatives</strong>à ces caractéristiques. De toute façon, quelle que soit labase de l'action, l'utilisation des caractéristiques d'ungroupe pour prendre des décisions concernant un individu,par exemple dans le contexte de l'emploi, n'esthabituellement pas justifié et constitue souvent une violationde la législation <strong>sur</strong> l'égalité de traitement.Étant donné l'impact du climat de l'attitude sociale entant que facteur conditionnant le comportement etcomme source de stéréotypes socialement partagés, i<strong>les</strong>t essentiel d'étudier ce climat, même si <strong>les</strong> attitudes etle comportement ne sont pas toujours en corrélation auniveau de l'individu.Il faut souligner que toutes <strong>les</strong> discriminations, ni mêmela plupart d'entre el<strong>les</strong>, ne peuvent être attribuées à despréjugés ou à de subtils stéréotypes intériorisés. La discrimination,même en termes juridiques, ne doit pasnécessairement être fondée <strong>sur</strong> une intention discriminatoire,qu'elle soit ouverte ou cachée. Comme nousl'avons vu au chapitre précédent, la discrimination indirectepeut se produire lorsqu'une pratique ou un critèreen apparence neutre a un effet négatif <strong>sur</strong> <strong>les</strong> membresd'un groupe protégé. La discrimination indirecte, en particulier,est souvent une question de négligence oud'ignorance, pas de préjugés. Elle peut par exemple fairepartie d'une culture organisationnelle formelle ou informelleet peut, dans certains cas, être très difficile àremarquer.( 37 ) Voir par ex. Pettigrew, T. F., & Tropp, L. R., «Does intergroup contact reduce prejudice? Recent meta-analytic findings» dans S. Oskamp (éd.), Reducing Prejudiceand Discrimination (p. 93-114) (Hillsdale, NJ, Lawrence Erlbaum, 2000). Il a été mis en évidence que l'effet du contact <strong>sur</strong> la diminution des préjugésétait le plus fort dans le cas des minorités ethniques et des minorités sexuel<strong>les</strong>, et le moins fort dans le cas des personnes âgées (idem). Notons cependantque le contact peut aussi avoir des effets négatifs: une expérience de préjugé même unique peut avoir un impact négatif considérable <strong>sur</strong> <strong>les</strong> sentiments desmembres d'un groupe dans un contexte intergroupes ainsi que <strong>sur</strong> leurs attentes quant aux futures interactions entre <strong>les</strong> groupes. Tropp, Linda R., «The PsychologicalImpact of Prejudice: Implications for Intergroup Contact», Group Processes & Intergroup Relations, 2003, vol. 6 (2), p. 131-149.( 38 ) Voir par ex. le numéro spécial consacré au contact intergroupes de la revue Group Processes & Intergroup Relations, 2003, vol. 6(1).( 39 ) Duckitt, John, The Social Psychology of Prejudice (London, Greenwood, 1994), p. 41.( 40 ) Voir National Research Council, Mea<strong>sur</strong>ing Racial Discrimination. Panel on Methods for Assessing Discrimination (Washington DC, National AcademiesPress, 2004), et <strong>les</strong> références qui y sont citées; Lieberman, Matthew D. et al. «An fMRI investigation of race-related amygdala activity in African-Americanand Caucasian-American individuals», Nature Neuroscience, vol. 8 n° 6, juin 2005.20 |

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