| <strong>Manuel</strong> européen <strong>sur</strong> <strong>les</strong> données <strong>relatives</strong> à l’égalitématériel de la législation finlandaise pour la lutte contre ladiscrimination est un peu plus large que celui des directiveseuropéennes. Ainsi, le code pénal interdit, dans ledomaine de l'accès aux biens et services, la discriminationfondée <strong>sur</strong> tout motif de discrimination et pas seulement<strong>sur</strong> l'origine ethnique ( 253 ).L'État-providence de type scandinave pratiqué en Finlandemet traditionnellement l'accent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> valeurs égalitaires( 254 ), et en particulier <strong>sur</strong> la question de l'égalitéentre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> hommes. La nécessité d'accorderaussi une priorité à l'égalité ethnique a commencé àapparaître dans <strong>les</strong> années 90, parallèlement à l'augmentationde l'immigration. Dans cet esprit, le ministèrefinlandais du travail a constitué en 1996 un groupe detravail interdépartemental dont la mission était d'élaborerune proposition de système de monitoring de la discriminationethnique. Les recommandations formulées parce groupe de travail ont en général été suivies et ontdonné, entre autres, <strong>les</strong> résultats suivants:• Réalisation de plusieurs enquêtes auprès des victimesconcernant <strong>les</strong> principaux groupes d'immigrantsen Finlande ( 255 ).• Réalisation de plusieurs études au sujet des attitudesdes Finlandais vis-à-vis des étrangers et desminorités ethniques ( 256 ).• Réalisation d'une série d'études <strong>sur</strong> le thème duracisme dans <strong>les</strong> médias ( 257 ).• L'Académie finlandaise des sciences a financé unprogramme de recherche <strong>sur</strong> l'exclusion sociale et<strong>les</strong> relations ethniques (SYREENI), dans le cadreduquel plus de 40 projets de recherche ont bénéficiéd'un financement entre 2001 et 2003 ( 258 ).• La police a systématisé ses pratiques d'enregistrementconcernant <strong>les</strong> crimes à motivation raciste, etcommencé à élaborer un rapport annuel appelé«Crimes racistes déclarés à la police en Finlande».• La Ligue finlandaise des droits de l’homme (uneONG) a commencé à produire un rapport annuel intitulé«Racisme et discrimination ethnique en Finlande»( 259 ).Ces me<strong>sur</strong>es peuvent être considérées comme le débutd'une attention systématique accordée à la collecte dedonnées <strong>sur</strong> la discrimination en Finlande. Les actionsentreprises accusent cependant des limitations à deuxégards: le monitoring de la discrimination ethnique n'estpas global, comme le note d'ailleurs l'ECRI dans ses rapportspar pays relatifs à la Finlande ( 260 ), et l'on n'a relevéque de rares – bien qu'importantes – initiatives visant àme<strong>sur</strong>er la discrimination fondée <strong>sur</strong> <strong>les</strong> autres motifscourants ( 261 ). Ces lacunes du socle national de connaissancessont devenues d'autant plus apparentes depuisl'adoption de la nouvelle législation de lutte contre <strong>les</strong>discriminations conforme aux deux directives de l'UE. Lanécessité s'est fait sentir d'adopter des me<strong>sur</strong>es pourévaluer l'impact effectif de la nouvelle législation et identifier<strong>les</strong> principaux problèmes posés dans ce contexte.Élaboration de la proposition d’un système de collecte de donnéesLes instances concernées ont vite compris que desme<strong>sur</strong>es s'imposaient pour pouvoir s'atteler aux besoinsd'informations grandissants, et qu'il devait probablementen aller de même dans <strong>les</strong> autres États membres de l'UE.Dans cet esprit, la Finlande a participé activement audéveloppement d'indicateurs de la discrimination dansl'UE en présidant, de 2003 à 2005, le Groupe de travailde l'UE <strong>sur</strong> la me<strong>sur</strong>e de l'ampleur et de l'impact de ladiscrimination, et en organisant, en 2004, la conférencede l'UE <strong>sur</strong> <strong>les</strong> «Données pour promouvoirl'égalité» ( 262 ). En 2005, le ministère du travail a lancé leprojet intitulé «Making Equality a Reality with Adequate( 253 ) Makkonen, Timo, Report on Mea<strong>sur</strong>es to Combat Discrimination: Country Report Finland, décembre 2004, consultable à l'adresse:http://ec.europa.eu/employment_social/fundamental_rights/pdf/legnet/firep05_en.pdf( 254 ) Cette caractéristique se retrouve par ex. dans la recherche à grande échelle <strong>sur</strong> le thème de la stratification sociale de la santé et de la morbidité, ainsi quedans <strong>les</strong> politiques soutenant <strong>les</strong> régions économiquement défavorisées et leurs services publics.( 255 ) La plus récente de ces études: Jasinskaja-Lahti, Inga et al, Rasismi ja syrjintä Suomessa: Maahanmuuttajien kokemuksia (Helsinki, Gaudeamus, 2002).( 256 ) Voir par ex. Jaakkola, Magdalena, Suomalaisten suhtautuminen maahanmuuttajiin vuosina 1987-2003 (Helsinki, Työministeriö, 2005).( 257 ) Par ex. Raittila, Pentti et Kutilainen, Tommi, Rasismi ja etnisyys Suomen sanomalehdissä syksyllä 1999, Journalismin tutkimusyksikkö, Tampereen yliopisto,tiedotusopin laitos, julkaisuja C 31/2000.( 258 ) www.aka.fi( 259 ) www.ihmisoikeusliitto.fi( 260 ) Voir <strong>les</strong> rapports par pays dressés par l'ECRI au sujet de la Finlande entre 1997 et 2002, à l'adresse: http://www.coe.int( 261 ) Ces initiatives traitaient de la discrimination fondée <strong>sur</strong> l'âge, l'orientation sexuelle ou un handicap. Pour prendre connaissance de quelques-unes de ces initiatives,voir Ilmarinen J., Towards a Longer Worklife! Ageing and the quality of worklife in the European Union, (Helsinki, Finnish Institute of OccupationalHealth, 2006). Lehtonen J., Seksuaali- ja sukupuolivähemmistöt työelämässä. Raportteja 269 (Helsinki, Stakes, 2002). Lehtonen J. & Mustola K., ”Eihänheterotkaan kerro…” Seksuaalisuuden ja sukupuolen rajankäyntiä työelämässä, ESR tutkimuksia ja selvityksiä 2/04 (Helsinki, Työministeriö, 2004). Yfantopoulos,Handicap et exclusion sociale dans l'Union européenne. Le temps du changement, <strong>les</strong> outils du changement, rapport d'étude final 2002, consultableà l'adresse: http://www.edf-feph.org. Il faut souligner (hors du champ d'application du présent manuel) que la recherche elle aussi accorde traditionnellementune grande priorité au thème de l'égalité des sexes.( 262 ) Mannila, Simo (éd.), Data to Promote Equality: Proceedings of the European Conference (Helsinki, Edita, 2005).112 |
7 | Élaborer un plan d’action nationalData» (MERA). Ce projet se compose de deux volets,dont le premier est l'élaboration d'un manuel européen<strong>sur</strong> <strong>les</strong> données <strong>relatives</strong> à l'égalité (le présent manuel),et le second la préparation d'une proposition nationaleportant <strong>sur</strong> un système de collecte de données. Le projetMERA est financé conjointement par la Commissioneuropéenne (via son programme d'action communautairede lutte contre la discrimination) et le ministère dutravail ainsi que le ministère de l'éducation de la Finlande.Le ministère du travail a constitué un groupe de travailnational ayant pour tâche d'élaborer la proposition d'établissementd'un système de collecte de données. Cegroupe se composait de représentants des organes etorganisations suivants: ministère du travail (présidence),ministère de l'éducation, ministère de la santé et desaffaires socia<strong>les</strong>, Médiateur finlandais pour <strong>les</strong> minorités,ministère de la justice, Institut national de recherche <strong>sur</strong>la politique juridique, Médiateur finlandais pour la protectiondes données, ministère finlandais de l'intérieur(département de la police et direction de l'immigration),le Forum des personnes handicapées (ONG), le Conseilconsultatif des affaires <strong>relatives</strong> aux Roms, l'organisationÉgalité sexuelle en Finlande (ONG) et l'Association suédoisedes pensionnés en Finlande. Un expert externe aété engagé pour conduire <strong>les</strong> recherches de base nécessaires.Ce groupe de travail a décidé qu'une approche globalede la collecte de données devait être adoptée par principe:l'utilité de toutes <strong>les</strong> sources de données potentiel<strong>les</strong>,tant quantitatives que qualitatives, est à évaluer.L'élaboration de la proposition en question s'est dérouléeen deux phases parallè<strong>les</strong>: (1) production d'un «rapportde données» qui décrit toutes <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong>,commente leur utilité et recense <strong>les</strong> lacunes en lamatière; (2) élaboration de la proposition à proprementparler, qui se base <strong>sur</strong> le «rapport de données» pour enrésumer <strong>les</strong> points clés et formuler des recommandationsspécifiques.Contenu de la propositionLa proposition assigne <strong>les</strong> missions de coordination de lacollecte de données, de monitoring et de déclaration desdiscriminations au ministère du travail, et recommande lamise en place d'un groupe de référence ayant pour tâchede faciliter l'accomplissement de ces missions. Cegroupe de référence sera composé de représentantsdes départements gouvernementaux concernés, desautorités statistiques, d'organismes de promotion del'égalité de traitement, d'ONG et de la communautéscientifique. Il sera chargé de superviser <strong>les</strong> déclarationsde discriminations, de lancer <strong>les</strong> projets de recherche etd'obtenir <strong>les</strong> budgets nécessaires à tous ces travaux. Legroupe de référence opérera <strong>sur</strong> des cyc<strong>les</strong> de quatreans.La proposition suggère que le système de collecte dedonnées se compose de deux parties: une «partie préétablie»consistant en statistiques, données <strong>relatives</strong> auxplaintes et autres informations de sources prédéfinies;une «partie ad hoc» répondant aux besoins d'informations<strong>les</strong> plus urgents, tels que définis par le groupe deréférence pour chaque période de référence de quatreans. La proposition met fort l'accent <strong>sur</strong> la partie ad hocdu processus de déclaration, cela <strong>sur</strong>tout pour <strong>les</strong> troisraisons suivantes:• Les groupes-cib<strong>les</strong> (à l'exception de divers groupesd'âges) étant assez peu nombreux, ils ne peuventêtre atteints, dans des valeurs représentatives, aumoyen d’enquêtes par sondage <strong>sur</strong> l'ensemble de lapopulation.• La Finlande ne réalise plus de recensements (quipourraient constituer une source de donnéesexhaustive) mais préfère se baser <strong>sur</strong> <strong>les</strong> donnéestirées des registres.• Ces données des registres ne comportent pas <strong>les</strong>variab<strong>les</strong> nécessaires à une évaluation directe de lasituation des groupes protégés (à l'exception, iciaussi, de l'âge).En outre, il est proposé que le groupe de référencedésigne une organisation chargée d'agir en qualité decentre national de ressources dans le domaine de ladiscrimination. Cette organisation devrait compilertoutes <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> en la matière et servir depoint d'information. De plus, elle gérerait un site Internetactualisé proposant des informations <strong>sur</strong> l'égalité et <strong>les</strong>discriminations fondées <strong>sur</strong> tous motifs, et publierait unrapport annuel <strong>sur</strong> l'égalité et la discrimination.Un rapport officiel présentant un résumé de l'ensembledes données sera publié tous <strong>les</strong> quatre ans et soumisau gouvernement par le ministère du travail.La proposition énumère une série d'initiatives <strong>relatives</strong>au mode de compilation des données <strong>sur</strong> l'égalité. Certainessuggestions, d'ordre général, concernent plusieursou tous <strong>les</strong> motifs de discrimination, et d'autresont trait de façon spécifique à certains motifs. Voici unesélection des recommandations et des autres élémentsessentiels de la proposition:1 Mener des recherches, en particulier des enquêtesauprès des victimes mais également des enquêtes<strong>sur</strong> <strong>les</strong> conditions de vie qui ont un rapport avec ladiscrimination. En plus de ces deux types d'en-| 113