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Les ames vagabondes

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centimètres de notre nez. Nos oreilles écoutaient notre respiration sifflante,<br />

mourante.<br />

Au bout d’un moment, dont je ne pourrai jamais évaluer la durée,<br />

nous avons fermé les yeux. Nos paupières étaient rouges à l’intérieur,<br />

lumineuses. Nous ne sentions plus l’ombre squelettique de l’arbre sur<br />

notre corps ; peut-être nous avait-elle fui.<br />

Combien de temps encore ? ai-je demandé.<br />

Je ne sais pas. C’est la première fois que je meurs.<br />

Une heure ? Davantage encore ?<br />

Je n’en sais pas plus que toi.<br />

Mais que font les coyotes quand on a besoin d’eux ?<br />

Peut-être aura-t-on de la chance. Un monstre de la Planète des<br />

Brumes, qui se sera égaré… Sa voix s’est éteinte, en suspens.<br />

C’était notre dernière conversation. Trop difficile de se concentrer à<br />

présent sur des mots. La douleur dépassait tout ce à quoi je m’attendais.<br />

<strong>Les</strong> muscles de notre corps se révoltaient, se tétanisaient<br />

spasmodiquement, luttant contre cette raideur mortifère qui les<br />

envahissait.<br />

Mais nous, nous ne combattions plus. Nous nous laissions porter, emporter,<br />

nos pensées allant et venant dans le dédale de nos souvenirs,<br />

comme des Léviathans désorientés. Dans nos derniers instants de lucidité,<br />

nous nous sommes fredonné une berceuse, celle que l’on chantait<br />

à Jamie pour le consoler lorsque le sol était trop dur, l’air trop<br />

froid, ou la peur trop grande. Nous sentions sa tête contre notre<br />

poitrine, juste au creux de l’épaule, la rondeur de son dos dans notre

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