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Les ames vagabondes

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J’étais étendue sur une surface dure, rêche et incurvée. Le sol n’était<br />

pas plat mais curieusement concave, comme si j’avais dormi dans un<br />

bol géant. C’était très inconfortable. Mon dos et mes hanches me<br />

lançaient. C’était la douleur, sans doute, qui m’avait réveillée. Je ne me<br />

sentais nullement ragaillardie par ce somme.<br />

Il faisait sombre. Je le percevais sans même avoir besoin d’ouvrir les<br />

yeux. Ce n’était pas le noir complet, mais c’étaient les ténèbres quand<br />

même.<br />

L’air empestait encore plus fort le moisi – humide, rance, avec un effluve<br />

acide qui irritait la gorge. Il faisait moins chaud que dans le<br />

désert, mais cette odeur de moisissure gâtait cette fraîcheur. Je transpirais<br />

à nouveau. Je rejetais l’eau que m’avait donnée Jeb par tous les<br />

pores de ma peau.<br />

Une paroi toute proche me renvoyait le bruit de ma respiration. Il<br />

pouvait s’agir d’un mur isolé, mais un pressentiment me disait que je<br />

me trouvais dans un tout petit réduit. J’ai tendu l’oreille… Oui, mon<br />

souffle résonnait aussi derrière moi…<br />

Étant encore, selon toute vraisemblance, dans le dédale souterrain de<br />

Jeb, je serais acclimatée à l’obscurité quand j’ouvrirais les yeux. Ils<br />

avaient dû me transporter dans l’un de ces trous de gruyère qui parsemaient<br />

la paroi de la caverne.<br />

Je suis restée silencieuse, à l’exception des bruits que produisait mon<br />

corps. J’avais peur de soulever les paupières ; je préférais me fier à<br />

mes oreilles et scruter le silence. Il n’y avait donc plus personne ?<br />

C’était étrange. Ils ne m’auraient pas laissée sans surveillance. Soit<br />

l’oncle Jeb et son fusil, soit une sentinelle moins sympathique montait<br />

la garde. Me laisser seule allait à l’encontre de toute logique ; ils haïssaient<br />

ce que j’étais, je ne leur inspirais que peur et dégoût.

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