sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Tableau F 119<br />
Rol<strong>and</strong>, dans laquelle pérît Rol<strong>and</strong> sous l’attaque des Sarrasins. A partir du XIII e<br />
siècle, la Chanson de Rol<strong>and</strong> avait transformé l’attaque combinée des Basques et des<br />
Maures sur l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne en Espagne, en une attaque de<br />
Sarrazins seuls. Charlemagne était donc devenu un roi-croisé. C’est d’ailleurs, cette<br />
nouvelle version de la geste de Rol<strong>and</strong> qui fut adoptée dans le manuscrit des<br />
Chroniques de France comm<strong>and</strong>ité par l’évêque Guillaume Fillastre et illustré par<br />
Marmion (voir fig. 1).<br />
Margaret Scott identifia la personne à côté de Charlemagne, et portant le bonnet de<br />
fourrure germanique, comme étant l’empereur Sigismond. La ressemblance de son<br />
visage avec les dessins de Pisanello et le portrait de Sigismond à Vienne (fig. 134), ne<br />
peuvent que confirmer cette identification. Mais comme nous le verrons dans le cas<br />
du Tableau G (voir p. 143), il est probable que Van Eyck créa ce portrait à partir de<br />
médailles ou monnaies qui n’indiquaient pas la couleur de sa barbe, sinon il aurait dû<br />
avoir une barbe grisaillante, comme sur le dessin de Pisanello préparé sur place, à<br />
l’occasion de la visite de Sigismond en Italie dans les années 1432-33 (fig. 178).<br />
A la gauche de Sigismond se trouve un autre roi germanique portant le bonnet de<br />
fourrure. C’est Albert II de Habsbourg (r. 1437-39), le futur gendre de Sigismond et<br />
son successeur au trône des empereurs des Romains ; à l’époque de la production du<br />
retable de G<strong>and</strong>, il était encore l’archiduc d’Autriche. Son nez rond, ainsi que sa<br />
moustache, sont visibles sur deux autres de ses portraits (fig. 137-38). Sa présence à<br />
côté de Sigismond est justifiée par le rôle de l’Autriche en première ligne de la<br />
défense contre les Turcs. Sigismond et Albert sont les seuls <strong>princes</strong> contemporains du<br />
tableau ; en revanche, ils sont entourés par des rois croisés du passé, dont<br />
Charlemagne. Derrière eux, se trouve un roi portant la couronne de France. Il ne peutêtre<br />
que Louis IX (St Louis, r. 1227-70) qui entreprit deux expéditions de croisades et<br />
finit par succomber à la peste, près de Tunis. Deux portraits, plus récents, le montrent<br />
avec la même couronne et certains traits similaires, tel le nez allongé sur les figures<br />
135-36 ; il semble qu’un portrait prototype de St Louis servit de modèle pour toutes<br />
les reproductions ultérieures.<br />
Diagonalement opposé à Charlemagne et en dessous de Louis IX, nous avons<br />
l’empereur du Saint Empire Romain, Frédéric Barberousse (r. 1155-1190). En 1189 il<br />
avait rejoint, à la tête d’une armée de 100 000 hommes, la Troisième Croisade dans<br />
laquelle participèrent aussi le roi de France, Philippe Auguste (r. 1180-1223), et le roi<br />
d’Angleterre, Richard Cœur de Lion (r. 1189-99). Il mourut noyé en traversant une<br />
rivière en Cilicie. Le retable étant produit pour un sujet du duc de Bourgogne, il était<br />
normal d’y faire figurer des rois croisés français ou allem<strong>and</strong>s, et non anglais.