sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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EPILOGUE 135<br />
G.2 - Palla Strozzi et la renaissance de Constantinople<br />
L’Adoration des Mages fut réalisée à la dem<strong>and</strong>e de Palla Strozzi, l’héritier d’une des<br />
plus riches familles de banquiers de Florence, et le rival des Médicis. Strozzi<br />
s’intéressait énormément à la culture grecque, et s’était engagé à payer les frais de<br />
chaire du philosophe grec, Manuel Chrysoloras, en vue de son enseignement à<br />
l’université de Florence. 223 Celui-ci avait débarqué à Venise à la tête d’une ambassade<br />
envoyée en 1390 par Manuel II, pour implorer l’aide des <strong>princes</strong> chrétiens contre les<br />
Ottomans. Il retourna à Florence en 1397 pour y résider et enseigner, mais garda<br />
néanmoins le contact avec Manuel II, qui lui confia une seconde ambassade en 1408,<br />
cette fois-ci pour Paris. Par l’intermédiaire de Chrysoloras, Strozzi acheta beaucoup<br />
de manuscrits pour sa bibliothèque, 224 et son amitié avec ce philosophe développa en<br />
lui une très gr<strong>and</strong>e reconnaissance vis-à-vis de Constantinople en tant que dépositaire<br />
de la culture grecque.<br />
En 1394, le sultan ottoman Bayezid commença le siège de Constantinople. Cinq ans<br />
plus tard, désespéré, Manuel II confia la cité à son neveu et entreprit un long voyage<br />
afin de solliciter personnellement l’aide des puissances occidentales contre les<br />
Ottomans. Aucun souverain ne consentit à l’aider ; mais au moment où les Ottomans<br />
étaient sur le point de prendre Constantinople, il y<br />
eut un miracle : le conquérant Timour, ou Tamerlan<br />
comme il était appelé en Europe, 225 vainquît et<br />
emprisonna Bayezid en 1402 à la bataille d’Ankara.<br />
Turc d’origine centre-asiatique, Tamerlan rêvait de<br />
recréer l’empire mongol de Gengis Khan (r. 1206-<br />
27), mais ne pouvait tolérer la présence d’un autre<br />
conquérant turc dans son voisinage. Par sa victoire<br />
sur Bayezid, et contrairement aux sources persanes<br />
et arabes qui le représentent comme un conquérant<br />
sans pitié et sans vertus, Tamerlan apparut comme<br />
un sauveur pour les chrétiens. Cette image fut<br />
propagée, entre autres, par le catholicos de la ville<br />
de Sultaniyeh en Iran, Monseigneur Jean, qui arriva<br />
à Paris, juste après la bataille d’Ankara. Grâce à<br />
une lettre fabriquée de toutes pièces, le nommant<br />
ambassadeur de Tamerlan, il s’introduisit avec<br />
gr<strong>and</strong> succès à la cour des souverains occidentaux<br />
Fig. 168 - Contrefaçon de lettre de<br />
Timour, faite par by Monseigneur Jean<br />
223<br />
Christiansen 2006, p. 3 ; Chrysoloras aussi était disciple de Gemistos Plethon.<br />
224<br />
Diller 1961, p. 313.<br />
225<br />
Tamerlan, provient de l’appellation dérogatoire Teymour-e lang (le Boiteux) que les Persans avaient<br />
donnée à ce conquérant, à cause d’une blessure au pied lors d’une campagne militaire.