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sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...

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TABLEAU D 91<br />

Charles le Téméraire. En plus, la présence proéminente de Jean d’Auxy dans ces<br />

illustrations, le désigne comme comm<strong>and</strong>itaire de ce manuscrit, préparé en hommage<br />

à son ex-disciple.<br />

A travers l’exemple de la figure 2 de mon Introduction, j’avais insinué qu’une<br />

tradition similaire de superposition d’événements politiques, sur les illustrations d’un<br />

texte littéraire, existait dans le monde iranien. Comme j’en discuterai brièvement dans<br />

mon Epilogue, cette tradition remonte au XIV e siècle, lorsque sous la dominance<br />

mongole, le premier manuscrit illustré royal de la célèbre épopée persane, le<br />

Châhnâma (Livre des rois), avait été préparé de façon à ce que chaque illustration<br />

reflète à la fois une histoire du Châhnâma et un événement de l’histoire des<br />

Mongols. 168 Il faut imaginer dans ce genre de projet, le scribe, le peintre, et plus<br />

généralement le groupe responsable de cette production, essayant de trouver un lien<br />

entre les événements historiques et les histoires épiques, afin de produire des<br />

illustrations à double niveau de lectures. Tout naturellement, certains liens seraient<br />

forts, et d’autres, plus faibles. Pour renforcer ces derniers, ou créer un lien qui<br />

n’existait pas, le groupe devait faire preuve de créativité : au besoin, on modifiait un<br />

tant soi peu les textes et la réalité. Le projet était un jeu, dans lequel on pouvait<br />

modifier les règles, ou tricher pour le rendre plus intéressant. Ceci s’est produit dans<br />

le cas du Châhnâma persan ; et la même chose s’est produite dans le cas du manuscrit<br />

du Getty, comme les exemples suivants vont le montrer:<br />

Folio 123 - Alex<strong>and</strong>re et la nièce d’Artaxerxés – Dans le texte original de Quinte<br />

Curce (6.2.8-9), Alex<strong>and</strong>re remarque parmi les prisonniers persans, une femme aux<br />

traits nobles qui est reconnue comme étant la petite-fille du roi achéménide Ochus (r.<br />

359-338 BC). Il donne l’ordre de sa mise en liberté et le retour de ses biens. 169 Quinte<br />

Curce spécifie en outre que cette <strong>princes</strong>se était la fille d’un des fils de Ochus. Mais<br />

dans la traduction de Vasco da Lucena, cette <strong>princes</strong>se est désignée comme la nièce de<br />

Ochus, tout en laissant entrevoir une deuxième possibilité : qu’elle était peut-être<br />

« procréée par son fils ». 170 Ceci a mystifié les commentateurs modernes qui l’ont<br />

désignée comme nièce d’Artaxerxés, peut-être parce que le nom de règne d’Ochus<br />

était Artaxerxés III. 171 Même s’il est vrai qu’Ochus eut comme successeur son fils<br />

Artaxerxés IV (r. 338-336 BC) et que cette <strong>princes</strong>se était la nièce d’un Artaxerxés<br />

(pas III mais IV), le fait est que Vasco da Lucena la désigne comme nièce d’Ochus et<br />

non pas d’Artaxerxés. Il faut se dem<strong>and</strong>er alors : pourquoi a-t-il introduit cette<br />

désignation additionnelle de « nièce » dans le texte ?<br />

168 Soudavar 1996.<br />

169 Quintus Curtius 2004, p. 120.<br />

170 « Icelle dame doncques interroguee de son estre respõdr estoit niepce de Ocus qui avoit regne en<br />

Perse unpou devant Si etoit procree de son fils et femme de.. » (fol. 127r); Je suis reconnaissant à<br />

Thomas Kren pour m’avoir fourni les photocopies de cette section du manuscrit.<br />

171 McKendrick 1996, p. 180.

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