sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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TABLEAU B 69<br />
simplement que les deux positions étaient équivalentes et qu’ « à travers le Fils »<br />
signifiait aussi « du Père et du fils »!<br />
Le compromis sur une aussi importante question de dogme démontrait que le but<br />
principal de la rencontre, aussi bien pour les Latins que pour les Grecs, était d’ordre<br />
politique et non théologique. Les Byzantins étaient venus chercher l’aide militaire<br />
pour défendre leur capitale, et le pape voulait réaffirmait sa suprématie. Les Byzantins<br />
étaient faibles et prêts au compromis, et le pape voulait en tirer parti. La disposition<br />
des sièges au sein de la cathédrale où se déroulait le concile, montre bien la force des<br />
Latins, et l’humiliation infligée aux Byzantins. Après beaucoup de négociations, le<br />
hall fut divisé en deux : du côté des Latins, le trône du pape était placé plus haut que<br />
tous les autres, y compris le trône vide de l’empereur Sigismond qui avait convoqué le<br />
concile mais était décédé depuis ; du côté des Grecs, le trône du basileus fut placé visà-vis<br />
de celui de l’empereur, et au même niveau, mais celui du patriarche Joseph fut<br />
rabaissé au niveau d’un simple cardinal. Lorsqu’advint le moment de rédiger le décret<br />
final, le basileus rappela que depuis Constantin le Gr<strong>and</strong> (r. 306-37), la convocation<br />
des conciles œcuméniques était une prérogative impériale, et que ce décret devait<br />
mentionner son nom en premier. Mais il ne put obtenir gain de cause car, dans le<br />
décret final, c’est le pape qui affirme avoir convoqué le concile. 113<br />
L’Eglise latine obtint toutes les concessions qu’elle avait souhaitées et ne donna rien<br />
en échange. La suprématie du pape fut rétablie, 114 et l’union des deux Eglises fut<br />
solennellement proclamée le 6 Juillet 1439, lors d’une messe célébrée à Santa Maria<br />
del Fiore. Ces célébrations honoraient l’Eglise latine, ainsi que Florence, et il était<br />
certain que les Médicis allait en tirer parti, d’autant plus que cet accord en enclencha<br />
d’autres : le décret avec les Arméniens fut proclamé à Florence le 22 novembre 1439,<br />
et celui avec les Jacobites le 4 février 1442. 115 Une telle série d’accord avec les<br />
principales branches de la chrétienté pouvait vraisemblablement être vue comme une<br />
renaissance de l’Eglise, ou une seconde nativité.<br />
En reconnaissance du rôle important que Philippe avait joué dans cette affaire, une<br />
copie du décret de l’union avec les Grecs, richement illuminée et décorée avec les<br />
armoiries du duc, lui fut envoyée par Eugène IV. Le pape expliquait aussi par une<br />
bulle que Philippe avait fait la paix avec la France, et avait facilité le ralliement des<br />
113 La mention ajoutée en signe de compromis : « avec le consentement de notre très cher fils, Jean<br />
Paléologue, l’illustre empereur des Romains », ne rendait pas le basileus plus maître de la situation ;<br />
Geanakoplos 1991, p. 348.<br />
114 Le décret final affirmait la suprématie du pape, comme vicaire du Christ à la tête de l’Eglise, et le<br />
père de tous les chrétiens; mais pour satisfaire les Grecs, le document stipulait aussi que tous les droits et<br />
privilèges du patriarche de l’Orient devaient rester intacts ; Geanakoplos 1991, p. 348.<br />
115 Techniquement le concile continua, et fut transféré à Rome, où l’accord avec les Syriens fut proclamé<br />
en Septembre 1444, et celui avec les Chaldéens (nestoriens) et les Maronites (monothélites) fut proclamé<br />
à la dernière session du concile le 7 août, 1445.