sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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TABLEAU A 45<br />
15 août 1464, peu après son arrivé à Ancône. Antoine dut rebrousser chemin, et la<br />
croisade fut avortée malgré tous les préparatifs, et les coûts engendrés.<br />
A.8 - Guillaume Fillastre : à la défense de Philippe<br />
Guillaume Fillastre (le Jeune) était l’enfant illégitime d’une moniale bénédictine et du<br />
cardinal humaniste Guillaume Fillastre (d. 1428), duquel il héritait le nom. Il subit une<br />
formation ecclésiastique mais offrit ses services aux ducs de Bourgogne. Il devint<br />
conseiller de Philippe en 1440 et s’attira les faveurs du duc, grâce à son érudition et<br />
ses talents de diplomate. Le duc admirait en lui « son sens, prudence, loyauté,<br />
sciences et bon diligence… » 57 et le nomma chef de son conseil en 1457, et chancelier<br />
de l’ordre de la Toison d’or en 1461. Cependant, il resta dévoué à l’Eglise, et fut tour<br />
à tour évêque de Verdun (1437), de Toul (1449), et de Tournai (1460). Le pape<br />
Nicolas V le nomma en plus, légat a latere pour son rôle de promoteur de croisade à<br />
la cour de Bourgogne ; position qui fut par la suite reconfirmée par Calixte III et Pie<br />
II. Son amitié pour ce dernier, et le respect mutuel qui les liait l’un à l’autre, avaient<br />
sans doute facilité le démarrage de la croisade entamée par Pie II. Mais elle n’était pas<br />
sans attirer l’animosité de la noblesse bourguignonne qui se voyait trop vieille pour<br />
une expédition aussi hasardeuse. 58<br />
La situation changea considérablement après l’élection du pape Paul II (p. 1464-71).<br />
Philippe était fatigué et faible, donc réticent à l’idée d’organiser une nouvelle<br />
expédition. Mais le nouveau pape, sans avoir la conviction de son prédécesseur ni le<br />
courage de mener lui-même une croisade, le poussait néanmoins à prendre la Croix.<br />
Du point de vue politique, c’était la bonne chose à faire même si les chances de succès<br />
étaient inexistantes. Son moyen de pression était toujours le vœu du Faisan, sachant<br />
très bien qu’une dem<strong>and</strong>e répétée à Philippe, même si les conditions de croisades<br />
n’étaient pas réunies, aurait effet de bonne propag<strong>and</strong>e. 59 En réponse à ces dem<strong>and</strong>es,<br />
Fillastre se rendit chez le pape Paul II, pour exonérer son prince des allégations<br />
soulevées, et pour expliquer en détail les efforts qu’avait entrepris le duc envers son<br />
serment, et enfin pourquoi ce serment n’était plus valable 60 :<br />
(1) Il rappela que Philippe n’avait pas été contraint de faire son serment, mais l’avait<br />
fait de sa propre volonté, à cause de son « désir ardent » de servir Dieu et le<br />
57<br />
Beltran et Prietzel 1996, p. 119-21.<br />
58<br />
Paviot 1996, p. 73.<br />
59<br />
La même tactique fut utilisée plus tard par le pape Sixtus IV, qui en 1476 dem<strong>and</strong>ait à Charles le<br />
Téméraire soit d’aller en croisade lui-même, soit d’envoyer quelqu’un de son sang, soit de payer une<br />
somme importante pour racheter le serment de son père; Paviot 2003, p. 193.<br />
60<br />
Le compte rendu du discours de Fillastre au pape nous est parvenu grâce à une transcription fournie<br />
par Fillastre; Prietzel 2003, p. 235-53. J’avais supposé dans mon texte anglais qu’il s’agissait d’une lettre<br />
rédigée par Fillastre. Je suis reconnaissant à Malte Prietzel de m’avoir signalé cette erreur.