sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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34 MECENES ERUDITS ET PEINTURES ENIGMATIQUES<br />
de la dextérité de Marmion à utiliser l’orientation des yeux pour animer ses<br />
compositions (voir aussi section A.6).<br />
Ces changements donnèrent à Frédéric non seulement un air détaché, mais un regard<br />
désemparé, amplifié par ce ruban défait et tombant de son chapeau. D’une manière<br />
générale, les historiens ne reconnaissent pas en lui de gr<strong>and</strong>es qualités, à l’exception<br />
peut-être de sa ténacité, et de sa préférence pour la diplomatie au lieu des guerres à<br />
issues incertaines. 29 Par contre, ses manières vulgaires et ses anomalies physiques,<br />
parfois infligées par lui même, tel ce pied déformé par l’habitude d’ouvrir les portes à<br />
coups de pied, occupent souvent une gr<strong>and</strong>e place dans sa biographie. Des<br />
ambassadeurs de France qui lui rendirent visite en 1458 le décrivent comme un<br />
« homme endormi, lâche, morne, pesant, pensif, mélancolieux, avaricieux, chiche,<br />
craintif, qui se laisse plumer la barbe à chacun sans revanger, variable, hypocrite,<br />
dissimulant, et à qui tout mauvais adjectif appartient ». 30 Il n’est donc pas surprenant<br />
de voir Marmion le présenter avec un portrait si peu flatteur.<br />
A.4 - Charles le Téméraire<br />
Les portraits connus de Charles le Téméraire, presque tous des copies d’originaux<br />
perdus, peuvent être divisés en trois catégories. 31 La première offre des portraits tels<br />
celui du musée de l’hospice Comtesse à Lille et le dessin du Recueil d’Arras (fig. 33-<br />
34), qui le représentent comme un adolescent. Dans la seconde, nous avons un portrait<br />
attribué à Van der Weyden, qui le représente comme un jeune adulte d’environ vingt<br />
ans (fig. 35). Pour la troisième, nous avons une série de copies d’un original perdu qui<br />
le montrent vers la trentaine et priant (fig. 37). La multiplicité de ces copies<br />
(Versailles, Vienne, Nancy, Cincinnati, etc.) pousse à croire que l’original devait être<br />
un portrait officiel, et bien établi, de Charles le Téméraire. 32 Et comme Marmion est<br />
réputé avoir peint un portrait de lui quelques temps avant 1465, 33 il est certainement<br />
le bon c<strong>and</strong>idat pour en être l’auteur.<br />
Ce qui mérite notre attention est la ressemblance frappante de ce portrait avec le<br />
visage de St Jean. En effet, tous deux reflètent parfaitement la description que donne<br />
Chastellain de Charles : « Non si haut que le père …, mais estoit corpulent, bien<br />
croisé et bien formé ; fort de bras et d’échine ; avoit la bouche du père grossette et<br />
vermeille ; le nez tractif, et brune barbe ; portoit un vif teint, clair brun, beau front et<br />
29<br />
Bérenger 1990, p. 110-11.<br />
30<br />
Brion 2006, p. 182.<br />
31<br />
Jugie 1997, p. 60-63.<br />
32<br />
Jugie 1997, p. 61. Fig. 37, par exemple, est visiblement une copie posthume car elle porte l’inscription<br />
« Charles, duc de Bourgogne, tué devant Nancy ».<br />
33<br />
Kren 1992, p. 21.