sophisticated princes and enigmatic xv century paintings - Abolala ...
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AVANT-PROPOS 15<br />
peintures furent comm<strong>and</strong>és à des artistes comme Loyset Liédet, Guillaume Vrelant et<br />
Simon Marmion. Le nom de ce dernier, qui reviendra beaucoup dans les pages qui<br />
vont suivre, est attaché tout à la fois à l’illustration des manuscrits et à la peinture de<br />
chevalet.<br />
Les ducs Philippe le Hardi et Jean Sans Peur (duc de 1404 à 1419) passèrent des<br />
comm<strong>and</strong>es de peintures sur bois à des peintres comme Melchior Broederlam, Jean<br />
Malouel et Henri Bellechose. Les œuvres réalisées par ceux-ci étaient notamment<br />
destinées à la décoration de la Chartreuse de Champmol, près de Dijon, haut-lieu de la<br />
piété ducale et lieu de sépulture dynastique. On sait que, par la suite, Philippe le Bon<br />
s’attacha les services de Jan van Eyck, dont il fit son peintre et valet de chambre.<br />
Philippe fit travailler d’autres peintres, parmi lesquels Rogier Van der Weyden. Par<br />
ailleurs, il faut rappeler que le mécénat ducal, par un phénomène d’imitation<br />
classique, donna naissance aussi à un mécénat des gr<strong>and</strong>s personnages de la cour.<br />
Chacun connaît les œuvres d’art les plus importantes réalisées, sur comm<strong>and</strong>e, pour<br />
Nicolas Rolin, chancelier du duc Philippe le Bon : Le Jugement dernier de l’Hôtel-<br />
Dieu de Beaune, due à Rogier Van der Weyden, et La Vierge du chancelier Rolin,<br />
réalisée par Jan van Eyck. Or le cas de Rolin était loin d’être isolé. D’autres gr<strong>and</strong>s<br />
serviteurs des ducs de Bourgogne comme Jean Chevrot et Guillaume Fillastre, tous<br />
deux conseillers ducaux, ayant occupé successivement le siège épiscopal de Tournai,<br />
se signalèrent par un mécénat actif.<br />
Le nom de Guillaume Fillastre est lié à celui de Simon Marmion et l’on n’est pas<br />
étonné de les trouver tous deux associés dans l’étude stimulante et novatrice que nous<br />
offre ici <strong>Abolala</strong> Soudavar. Ce dernier, qui est à la fois un amateur d’art et un<br />
remarquable connaisseur des miniatures persanes, a eu l’attention attirée par une belle<br />
peinture sur bois représentant une Déploration où le Christ, dont le corps vient d’être<br />
descendu de la croix, est entouré de Joseph d’Arimathé, Nicodème, saint Jean, la<br />
Vierge Marie et Marie-Madeleine. Les spécificités de l’œuvre, qu’il a soigneusement<br />
étudiées, l’ont conduit à en proposer l’attribution à Simon Marmion et à en rattacher<br />
la réalisation au mécénat de Guillaume Fillastre. Par ailleurs, il a émis l’hypothèse<br />
selon laquelle elle offrirait deux niveaux de lecture : l’un, purement dévotionnel, est<br />
immédiatement compréhensible, l’autre, allégorique et politique, renvoyant aux<br />
entreprises de croisade de Philippe le Bon, nécessite une réflexion interprétative. Pour<br />
appuyer sa démonstration et placer la Déploration attribuée à Marmion dans le<br />
contexte d’un art pictural allégorique et polysémique, A. Soudavar l’a placée dans une<br />
perspective comparatiste en recherchant, dans six autres œuvres contemporaines, les<br />
signes d’une semblable volonté de faire coexister deux significations différentes.<br />
L’une des idées qui sous-tendent l’ensemble de l’étude de M. Soudavar est que, la<br />
physionomie des figures scripturaires ou héroïques représentées renvoyant à celle de<br />
personnalités du XV e siècle parfaitement identifiables, un message d’actualité a<br />
délibérément été joint au message religieux intemporel qui constitue l’élément central